Andalousie, d’Almeria à la Sierra Nevada . Nous quittons le sud-est des faubourgs d’Almeria en contournant la ville par l’est, direction Grenade . Almeria nécessiterait une visite approfondie, surtout son vieux quartier de pêcheurs dénommé « El Chanco » et son château arabe (l’Alcabaza) dominant toute la ville . Les vieilles murailles s’élèvent toujours fièrement autour de l’antique médina dont il ne reste plus grand-chose . Ce sera pour une autre fois … Peu de temps après avoir dépassé les banlieues nord de la ville, le paysage devient plus aride et grandiose encore : c’est que nous entrons au pied de la Sierra de Alhamilla dans le désert de Tabernas, traversé par la « rambla » du même nom . Décor somptueux des « westerns-spaghettis », la Sierra de Alhamilla se dresse au dessus des célèbres ruines en plâtre et carton-pâte de films aussi célèbres que « Il était une fois dans l’Ouest », « El Condor » ou « Les sept mercenaires » . Ce paysage que nous traversons trop vite est très attirant : le désert de Tabernas est un miracle de la vie qui cache ses trésors au fond de ses ramblas arides, un univers de poussière allant d’ondulations en canyons pulvérulents et torturés aux couleurs ocres, dorées et cuivrées à la végétation steppique qui n’a pas changée depuis des millénaires . (photo Alain MARC) J’ai voulu avec cette encre aquarellée traduire les nuances tranchées des teintes du désert de Tabernas, dernier désert d’Europe, étonnant de sauvagerie . Les herbes sèches qui y courent en hordes de boules fauves nous emmènent dans des rêves enfantins où on croit deviner des Sioux ou des Comanches se cachant derrière les rochers … (aquarelle Alain MARC) Parfois une sorte d’oasis, avec des oliviers et des orangers, quelques bouquets de palmiers, et un troupeau de chèvre broutant les rares herbes jaunies . (photo Alain MARC) C’est qu’il y a non loin d’ici un ancien cortijo aux murs blanchis à la chaux ressemblant à de vielles maisons de la campagne mexicaine . (aquarelle Alain MARC) J’y avais peint il y a quelques années déjà cette aquarelle du verger protégé de sa haie de figuiers de Barbarie et de bouquets d’agaves bleutés qui faisaient vibrer les couleurs du sol ocres rouge et vieil or tandis que la montagne derrière disparaissait dans une pulvérulence violine et lie de vin . (aquarelle Alain MARC) Nous laissons derrière nous cette terre étonnante, dernier désert d’Europe , espace mystérieux disparaissant de notre regard pour voir en face se profiler la Sierra de Los Filabres que nous longeons au sud ouest avant de voir sur notre gauche les premières pentes de la Sierra Névada s’enfonçant dans les nuages . Rayon de soleil sur le Cerro Grande, dernière avancée de la Sierra De los Filabres et de Baza vers l’ouest . (photo Alain MARC) Sierra Névada : encore une montagne mythique ! Elle culmine à 3482m au dessus de Grenade, et ses sommets enneigés disparaissent aujourd’hui dans la tourmente car le temps s’est beaucoup dégradé . Nous sommes passés sans nous en rendre compte des chaleurs arides aux froidures enneigées . La Sierra est sauvage et désolée . Nul village ne vient ponctuer son immensité . Pourtant sa secrète beauté tient à sa nature protégée où la chèvre ibérique (sorte de bouquetin local) est l’une des fiertés de ses parcs naturels . La Sierra Névada que j’aime le plus est celle de son piémont du sud, celle des Alpujarras, endroit particulièrement attachant dont les villages accrochés à ses pentes ressemblent à s’y méprendre à ceux de l’Atlas . Il faut dire qu’ici les maures chassés de Grenade trouvèrent de quoi vivre et se réfugier longtemps encore après la reconquête . Des rouleaux de nuages noirs témoignent de la tempête qui souffle sur les sommets vers la pointe du Chullo 2600m plus haut … (photo Alain MARC) Parfois une éclaircie permet aux sommets d'apparaître : magnifique vision nous laissant présager qu’à Grenade il va faire ce soir certainement plus que frais ! (aquarelle Alain MARC) Une halte à La Calahorra, car le ciel se déchire et le paysage se transforme en décor fantastique où le jour le dispute à la nuit à grands coups de gloires et de trouées de lumière surgissant des nuées . Le château de la Calahorra découpe sa silhouette massive au dessus du village et de la vallée comme un récif défiant les éléments . (photo Alain MARC)
J’aime ces ambiance de fin des temps qui nous propulsent dans le rêve et l’irréalité . Dire que la silhouette massive de ce château sans apparent attrait cache comme un écrin un adorable patio renaissance ! C’est que l’ensemble avait été réalisé par des artisans artistes italiens pour le fils naturel d’un cardinal en ces temps reculés … (aquarelle Alain MARC)
Mais la nuit tombe très vite : il est trop tard pour rallier Grenade, nous faisons étape à Guadix où nous resterons demain pour la journée, car cette petite ville offre de nombreuses particularités, et dans la pénombre sa cathédrale éclairée est déjà une invitation à rester : nous allons d’ailleurs avoir bien des surprises dans une aussi étonnante contrée !
(photo Alain MARC)
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