Mon atelier du « carnet-fleur » à la Biennale des Carnets de Voyages :
En voici le bilan : les quatre ateliers que j’ai eu le plaisir d’animer à la dernière Biennale des Carnets de Voyages de Clermont-Ferrand étaient tous complets, et les participants de dernière minute inscrits auprès des organisateurs de cette vaste manifestation ont tout de même pu y assister en « auditeurs libres » en fonction des places disponibles (je ne vous recommanderai jamais assez de vous inscrire le plus tôt possible, lorsque les thèmes de travail étant publiés, vous décidez de participer à un atelier de la Biennale) !
En ce qui me concerne, le thème développé cette année était celui du « carnet-fleur », un concept dont je suis l’auteur dans son adaptation aux carnets de voyages (particulièrement pour la préparation des fonds en fonction des usages auxquels ils sont destinés, l’organisation des espaces d’expression, et la fonctionnalité d’utilisation) mais dont je ne suis pas l’inventeur, ce procédé étant connu depuis très longtemps dans l’art du pliage dont les origines nous ramènent en Extrême Orient (Chine - Japon, ce qui est déjà un beau voyage en soi) .
Un petit carnet qui tient dans la main, dispose d’une fermeture très solide et très simple, et qui est autant le reflet de votre voyage que de votre personnalité … (Photo Alain MARC)
1) Un peu d’histoire :
C’est à la Chine (surtout provinces du Jiangsu, du Shaanxi et de la péninsule du Jiaodong) que l’on doit les origines de cet art qui existe depuis 2000 ans environs, dès que le papier y fut inventé : il y fut appelé jiezhi, activité décorative et symbolique où le découpage prédomine sur le pliage .
Le jiezhi se propagea ensuite au Japon où il devint kirigami (papier plié et découpé, kirie signifiant « papier découpé », son usage le plus ancien se faisant dans les temples lors des cérémonies religieuses) et origami (de oru qui veut dire plier et kami signifiant papier) .
C’est donc en partant de ces bases traditionnelles aux valeurs ancestrales que j’ai réadapté le concept et les pliages pour l’usage à la fois contemporain et créatif que je leur attribue .
La destination de mon propre carnet apporté en modèle à la Biennale est d’ailleurs en conformité avec ses origines, puisqu’il est préparé pour le stage carnet de voyage au Yunnan que je dois animer en octobre 2009, (et où je le terminerai sur place) .
2) Les 4 ateliers (2 x 2 séances d’1h 30) :
Par modules de 2 se suivant à une ½ h d’intervalle ou entrecoupés par le déjeuner, il était vivement conseillé de participer au premier pour bien suivre dans le second, le but étant de réaliser un carnet de 14 pages fonctionnel, original, prêt à l’emploi avec ses fonds spécifiquement adaptés à une destination particulière (le Maroc en l’occurrence pour nos exercices), en 3 heures minimum, objectif atteint par la plupart des participants sur la globalité des ateliers .
a) Thème du premier atelier :
- Préparation, confection et mise en oeuvre des supports et fonds pour un carnet au pouvoir évocateur unique destiné à des voyages de courte durée dans le concept du "carnet-fleur",
b) Thème du second atelier :
- Assemblage, finalisation et mise en valeur du "carnet-fleur" dans une démarche carnettiste créative basée sur « l'objet mémoire » .
Pendant les ateliers de la Biennale : mise en œuvre des différentes préparations de fond facilement réalisables sans trop de matériel (usage de techniques diverses dont de nombreux procédés personnels : 1er atelier) conditionnant la réussite de ce carnet … (Photo Jean-François DUCHET)
Explications sur la préparation et le pliage du papier (2ème atelier) pour la réalisation de la version « ouverture en accordéon » du carnet . (Photo Jean-François DUCHET)
3 ) De l’usage du « carnet-fleur » :
C’est sans doute en me lassant un peu des formats traditionnels qu’il m’a paru intéressant de repenser le concept du carnet de voyage en tant qu’objet à la fois précieux et personnel (donc restant produit intime de sa personnalité et de son expression), qui répondrait aussi à un renouvellement du support et de la façon de mémoriser son voyage, tout en restant fidèle à la tradition de l’écrit et de l’image, des autres formes d’expression qu’il peut contenir (collages, relevés d’empreintes, tampons, etc.), et des possibilités de s’adapter à la créativité de chacun .
Ses fonctionnalités :
- tenir dans la poche en très petit volume tout en offrant un grand nombre de (grandes) pages,
- offrir des surfaces de travail imbriquées permettant toute liberté d’expression avec une logique simple et pratique quel qu’en soit le moyen (écrit, dessin, peinture, collage, etc.),
- faciliter un travail rapide sur le terrain,
- faciliter un travail discret sur le terrain,
- être fonctionnel et résistant (pas besoin de pinces pour tenir les pages dans le vent, carnet solide et bien tenu d’une seule main - celle qui tient aussi la boîte d’aquarelles quand on se sert de l’autre pour peindre - lorsqu’on travaille sans possibilités de s’asseoir, se replier facilement page après page, bien protéger le travail déjà réalisé, etc.),
- pouvoir être ouvert en partie seulement (l’ensemble du carnet reste dans la poche de la veste ou du gilet - il s’agit des poches au niveau de l’abdomen - si on veut n'en laisser dépasser qu’une seule page sur laquelle on travaille avec plus de discrétion),
- être un bel objet,
- pouvoir être entièrement monté sur place jour après jour aussi bien qu’assemblé avant de partir en voyage (ou les deux),
- être modulaire dans le cas de rajouts au retour,
- avoir accès à l’ensemble des pages en un seul coup d’œil dans le cadre de la version « accordéon »,
- pouvoir à partir d’éléments identiques, prendre des formes variées selon les désirs de son concepteur,
- fournir des pages réalisées avec toutes sortes de matériaux (papier de soie, tissus fins, papier journal, subjectiles très fragiles, etc.) sur lesquelles on peut peindre, dessiner et écrire avec toutes les techniques possibles (gouache, aquarelle, dessin à la plume ou au crayon graphite, écriture aux feutres les plus fins, etc.) .
Le « carnet-fleur » semi-déployé en version « fleur » … (On voit que les pages ouvertes font à peu près quatre fois la surface qu’elles occupent une fois pliées) . (Futur carnet du Yunnan Alain MARC)
Une page déjà évoquée dans un article précédent terminée (on devine en dessous les deux couvertures du carnet qui se consolident mutuellement en diagonale lorsque le carnet est ouvert pour constituer un support rigide à la page déployée) (Futur carnet du Yunnan Alain MARC) .
Celle-ci donne une idée de l’exploitation des fonds d’isochromie en dynamique de l’image, dans la mise en valeur du rapport graphisme direct / valeurs, . (Futur carnet du Yunnan Alain MARC) .
Déploiement du carnet sur trois pages (les espaces blancs de la page centrale sont des petits modules « texte » mais peuvent aussi être utilisés pour de l’illustration, on peut y laisser des pages entières qui sont soit préparées, soit entièrement blanches pour s’adapter indifféremment à l’écrit ou à l’illustration, toutes les pages peuvent être aquarellées grâce à la préparation des supports même si elles sont en papier journal ou faites d’éléments très fragiles, et on peut le déployer sur toutes les pages si on veut dans sa version « accordéon ») . (Futur carnet du Yunnan Alain MARC) .
Voilà pour le « carnet-fleur », vous en savez maintenant beaucoup plus, je réserve à mes élèves et stagiaires les procédés de préparation, de réalisation, les techniques de mise en valeur et les petites astuces qui font de cet objet le plus précieux des supports de votre expression au service de vos souvenirs de voyages .
Comme d’habitude la chronologie des ateliers permettait aux participants les ayant suivi de profiter d’une véritable session de formation .
Pour terminer je vous invite à découvrir sur le blog de Jean Paul le peintre de Nîmes (adresse blog à copier dans votre navigateur car je n'arrive pas à faire marcher le lien avec O-B = http://lepeintre30.blog4ever.com), le carnet qu’il a ainsi réalisé à partir des ateliers que j’animais à la dernière Biennale des Carnets de Voyages de Clermont-Ferrand, cela vous donnera une autre idée concrète de ce qu’on peut faire avec un tel support .
Préparation d’un autre fond sur Kraft, adaptable soit à un motif ou à un texte soit utilisable en intercalaire, ce décor pouvant tout à fait rester « tel quel » dans sa version « abstraite » . Il est possible de réaliser ainsi des pages très colorées sur fond blanc ou de toute autre couleur, et faire des relevés d’empreintes de la plus grande finesse qui soient sans avoir un résultat « sale » qui dévalorise le carnet . (Futur carnet du Yunnan Alain MARC)