Carnets de voyages et chemins créatifs …
Voilà revenu le printemps . Et avec lui la redécouverte de mon pays qui est beau, lumineux, débordant de potentialités .
Il est temps que je me penche à nouveau sur lui, que je me relance dans ces textes, aquarelles et peintures de « corps à corps » avec son terroir, ses paysages, ses richesses naturelles et humaines … Comme je le fis lors de la réalisation de mon livre « Aveyron, Carnet de routes » ou tel que je le faisais dans quelques articles déjà anciens de ce blog tels ceux relatant mes randonnées sur les vires des Gorges du Tarn et de la Jonte avec Katia, nos raids à skis ou à raquettes avec Serge et Isabelle sur les hauteurs de l’Aubrac et bien d’autres sorties solitaires ou non évoquées dans les articles rétrospectifs de l’année 2005 . Mais il faut cette fois que j’aille plus loin dans ma démarche, mon engagement, et le produit « créatif » que je pourrai en retirer . Pour moi-même certes puisque j’en ressens l’impérieux besoin, mais aussi pour continuer d’écouter battre le cœur de la vie avec tous les gens qui m’aiment et que j’apprécie (ceux qui me connaissent personnellement et ceux qui ne me connaissent que virtuellement), pour mon petit Jo qui attend de moi autre choses que des igloos, et aussi pour ceux qui me détestent ou m’ignorent tout en me connaissant fort bien (cela leur donnera l’occasion de me détester ou de m’ignorer encore plus, ce qui venant de leur part me ravit de plaisir, le jugement que j’ai d’eux en étant ainsi particulièrement renforcé ) .
Un peintre n’a même pas à s’expliquer sur cela puisqu’il s’exprime en peignant, mais je le fais tout de même car ma propre démarche passe aussi par l’expression écrite tout aussi modeste qu’elle soit, bien que je sois tout à fait conscient que ma responsabilité d’artiste : je ne l’ai que par rapport à moi-même … C’est un impérieux besoin qui vient de profond, qui submerge tout mon être, un peu comme si ce printemps qui inonde le causse de débordements parfumés et fleuris me disait : « … tu ne fais rien, tu n’avances pas, des multitudes de richesses t’entourent, des émotions intenses t’attendent, des expériences extraordinaires sont à vivre en urgence, ne perds plus une minute ! » . - Peut-être est-ce là une certaine forme d’inspiration qui se manifeste ainsi ? - Peut-être comme le disait René HUYGHE parce que « L’art relevant essentiellement de perceptions qualitatives, l’artiste est plus sensible qu’un autre à tous les souffles de l’espace ambiant » ? Même si je n’ai pas été très loin depuis la mise en ligne de ce blog, j’ai cependant beaucoup voyagé, ne laissant s’écouler plus d’une semaine sans une escapade vers des cieux connus ou inconnus .
Hors, pendant les dizaines de milliers de kilomètres que j’ai parcourus en ces quelques mois (surtout en voiture et en avion), j’ai eu le temps de réfléchir sur les tenants et aboutissants des actes fondamentaux du peintre voyageur . J’ai pu mesurer malgré les réussites et éloges dont beaucoup de mes précédents travaux ont été l’objet, à quel point je peux avec du recul les trouver faibles, insipides, inconsistants, et médiocres . J’en conclus qu’il est temps que je me réveille, que je n’avancerai pas sans plus de qualité, d’authenticité, de rigueur ! Cette réflexion m’a pris plus de temps que les actes de peinture ou d’écriture eux-mêmes, et avant de m’engager dans une nouvelle épopée créative dont je vous ferai partager les difficultés, les aventures et peut-être les réussites (car c’est aussi un combat dont vous êtes les témoins - pour beaucoup c’est aussi le vôtre mais vous le vivez différemment -), je crois que le temps d’une mise au point s’impose comme s’il fallait toujours repartir de « bases reconsidérées » pour pouvoir s’engager correctement dans une démarche picturale globale ! - Vous ai-je déjà parlé de ma peinture sur toile ? - Jamais, je crois ! Elle est pour le moment en « attente de devenir », volontairement arrêtée sur le bord des Chemins de mon existence … La peinture c’est quelque chose de grave, d’immense, de profond … Ce n’est pas si « léger » qu’on le croit . Elle n’est possible que si la vie qui la sous-tend ressemble au miracle d’un soleil qui éclairerait votre être intérieur . Parfois surgit la nuit . Je vais donc en priorité dans mes prochains articles vous parler des quatre actes fondamentaux du peintre voyageur tels que je les conçois dans cette démarche globale, tels qu’ils me paraissent évidents et indispensables .
Indissociables surtout d’un véritable travail de fond, loin de tous les artifices et toutes les paillettes, des faux-semblants, facilités et influences relationnelles plus ou moins sincères (car souvent directement ou indirectement intéressées), des arrivismes, opportunismes et autres « ismes » qui polluent la scène artistique, trompent l’artiste sans repaires, et égarent le grand public qui est presque toujours complètement dérouté devant les manifestations et impasses de bien des formes d’art actuel dit « contemporain » . J’aurai beaucoup à dire à ce sujet, celui du marché de l’art, de la critique, et sur celui de ce pauvre public qu’on infantilise s’il n’a choisi de suivre aveuglément les « ténors » qui mènent la danse, ou s’il ne s’est déjà empêtré (pour ne pas dire englué) ses chausses culturelles dans les rutilants tapis d’une certaine "intelligentsia" qui croit depuis toujours détenir l’entière vérité ! Mais point n’est là mon propos aujourd’hui, on va reprendre ce chemin qui du simple croquis de voyage va nous amener à la plénitude picturale, celle qui incarne l’un des plus beaux, des plus grands accomplissements de l’individualité humaine, à la fois plastique, intellectuelle et spirituelle car il n’y a pas d’art sans spiritualité (au sens « esprit » du terme - et pas forcément « religieux » -) ni métamorphose (relire les « Antémémoires » d’André Malraux) . De cette phase du simple croquis ou de l’aquarelle de voyage, j’ai déjà eu l’occasion de parler dans mes articles « L’aquarelle comme témoignage », « Peindre vite » ou « Esprit d’humanisme » …
Ce que nous allons voir plus précisément très bientôt, ce sont les principales marches de l’accomplissement qui emprunte le voyage pour aboutir à la peinture, à travers ses objectifs, son déroulement dans le temps, les actes ou actions qu’elles impliquent, et enfin les moyens mis en œuvre pour se concrétiser de différentes façons . Voilà donc un premier projet en perspective, avant de se relancer à corps perdu dans les verticalités ou les profondeurs à la fois émotives, esthétiques et naturelles de ce beau pays qui englobe les Grands Causses du Haut Rouergue jusqu’aux Cévennes méditerranéennes, et là aussi je vous promets quelques surprises « de taille » … Tout à l’heure, un loriot est venu se poser sur la plus haute branche de l’acacia au fond du jardin et il s’est mis à chanter comme on les entendait dans notre enfance . Des années que je n’en avais revu : - serait-ce un bon présage ? « L’envers du Puy de Gudette au printemps » double page extraite d’ « Aveyron, Carnet de routes » Alain MARC - Éditions du Rouergue 2005 . Oui, il reste encore un peu de neige parfois en Aubrac au mois de mai !
« Soleil se levant à travers les arbres dans les bois de Mélagues» aquarelle extraite d’ « Aveyron, Carnet de routes » Alain MARC - Éditions du Rouergue 2005 .
« Sans titre» Technique mixte sur toile 80 x 80 cm (Alain MARC 2005) .
« Sans titre» Technique mixte sur toile 160 x 160 cm (Alain MARC 2000) Une toile du temps où le soleil brillait …