« Démarche globale du peintre voyageur», du carnet de terrain à celui d'atelier ...
Après le carnet de voyage réalisé sur le terrain (prise de notes, de documents divers, peintures, croquis et textes), entrons à présent dans la problématique du « carnet d’atelier » … Nous avons vu dans les actes fondamentaux de la démarche globale après le voyage, combien sa « réappropriation » et son « imprégnation mentale » sont importantes pour le peintre voyageur lors de travaux réalisés ensuite en atelier . D'où l'intérêt du carnet réalisé sur le terrain qui conditionne cette « réappropriation » du voyage et lui permet de s’affirmer dans le cadre du carnet d’atelier en lui donnant toute sa dimension . Rappel de définition du carnet « de terrain » : Réalisé sur le motif, il est le témoignage direct du voyage, se nourrit des rencontres et découvertes de l’instant, rapporte l’immersion de son auteur dans l’univers qu’il découvre, traverse, explore . Il est fait du rapports des premières écoutes et des premiers échanges, regards et réflexions . Il est constitué de notes graphiques, dessinées, peintes et écrites, ainsi que de textes et d’illustrations plus élaborés qui sont fonction de la disponibilité, des possibilités du moment, autant que du rythme et de la nature du voyage . Les techniques utilisées sont des procédés de voyage faciles à transporter et exécuter, ils vont du dessin pur à l’aquarelle, avec quelques collages qui restent dans un domaine plus décoratif, ou de mise en valeur, que purement créatif . À ce carnet de terrain se rajoute selon possibilités de l’instant des prises photo, vidéo et son . L'attention que nous devons donc lui accorder au cœur de l’action (« in situe ») est par conséquent capitale pour la suite du processus . Pour continuer mon exemple à propos du volet « tauromachie », voici une aquarelle de « terrain » où je me suis efforcé de ne traduire que l’ambiance globale du « ruedo », (la partie centrale des arènes où se déroule le coeur de l’action), en la traitant directement, sans dessin, à larges coups de pinceau … (aquarelle Alain MARC, détail)
Avec le carnet d’atelier commence une démarche plus « créative », qu’elle soit basée sur une expression figurative ou largement informelle (abstraite, synthétique ou matiériste libre), car elle porte en germe une dimension plastique plus affirmée, que je considère parfois comme un support « d’étude » pour de futures toiles ou autres réalisations de grand format .
Une sorte de « creuset à gestation picturale » en quelque sorte !
Parce que le carnet de voyage est une introduction à la peinture, et la peinture un prolongement du carnet de voyage ...
Entre les deux il y a dans une démarche globale le « carnet d’atelier », produit de l’acte créatif qui amorce la « transfiguration » du voyage comme je le précisais dans l’article précédent .
Nous définirons donc la prochaine fois le carnet « d’atelier » et ce qui le singularise par rapport au carnet « de terrain » .
Voici le détail d’une page du « carnet d’atelier », concernant le travail transposé du « ruedo » (à opposer à l’aquarelle précédente) : j’y utilise le sable ramené des arènes même, et les taches et couleurs se rapportant à l’action nous projettent dans une autre dimension, plus informelle celle-ci … (peinture Alain MARC, détail)
Mais le carnet d’atelier ne se limite pas à une approche informelle de la réalité dans ses manifestations de mémoire : il peut nous ramener par le jeu des rapports d’écriture, de graphisme et de peinture à sa perception fidèle tout en étant plus poétique ou même onirique, qui prolonge le voyage différemment dans les méandres de la pensée … (peinture Alain MARC, détail)