La piste de lumière rose .
Tafraoute .
Déjà au lever du soleil, la journée est pleine de promesses, le rose est partout : sur les pentes abruptes et tourmentées du Lekst, sur les ressauts de granit saumoné, sur les façades des maisons, et il se reflète même sur l’ombre des grands minarets qui étincellent de blancheur sous les premiers rayons ardents !
Le lever de soleil sur Tafraoute . (Photo Alain MARC)
Notre journée commence donc par cette abondance de lumière colorée qui va dès cet instant nous accompagner tout le long de notre étape .
Premier objectif : le village de Aguer-Oudad et son fameux rocher appelé « Les doigts croisés » ou « Le chapeau de Bonaparte » suivant l’endroit où on le voit . Nous y réalisons une séance de peinture où doivent être abordées les applications de blanc couvrant de façon graphique ou en rehauts sur fonds préparés, en kraft par exemple, afin d’obtenir un résultat plus dynamique dans le rendu de notre motif .
La séance d’aquarelle à Aguer-Oudad . (Photo Alain MARC)
La version sur papier Kraft de Viviane (croquis aquarellé Viviane Barbin) .
Le fameux rocher vu latéralement, un peu à contre-jour . On dirait bien les doigts d’une main ou la forme particulière du chapeau de Napoléon ! (Photo Alain MARC)
L’interprétation sur papier blanc de Nicole (croquis aquarellé Nicole Guenin) .
Peu de temps après nous sommes dans cette superbe vallée des Ammeln véritable oasis au pied du djebel sauvage et désertique, où les petits villages sont aussi adorables les un que les autres . Ambiance bucolique et douce dans les palmeraies, les jardins et les ruelles écrasés de soleil .
Parmi ces si beaux villages celui de Aday se blottit au pied d’énormes rochers de granit, dont certains, de centaines de tonnes, en équilibre au dessus des maisons, paraissent par miracle suspendus au dessus du vide ! (Photo Alain MARC)
Plus loin dans la vallée se cachent de vraies merveilles : des gravures rupestre néolithiques superbes, d’assez grande dimensions . Si vous souhaitez les voir, demandez un guide local, il se fera une joie de vous les montrer .
C’est le plaisir que nous fait notre guide Hassan, un homme formidable et très cultivé, grâce à qui nous pouvons accéder à des lieux privilégiés comme celui-ci . Il est de plus un excellent interprète et un très grand connaisseur de cette région .
Le granit n’est pas de la craie, et le travail pour graver ce splendide caprin de près de 2 m de haut a dû être énorme à un moment où l’âge du fer était encore loin dans le futur … (Photo Alain MARC)
Au cours de cette matinée nous ne voyons pas le temps passer . Aussi c’est un peu l’estomac dans les talons que nous nous précipitons sur le délicieux repas qui nous attend dans un petit restaurant de Tafraoute et que je vous recommande vivement : c’est « l’Étoile du Sud », là-bas tout le monde connaît .
Un petit coin du restaurant par Marianne (Croquis aquarellé Marianne Schneitder)
Déjeuner tout de même hâtif, car il nous reste beaucoup de piste à parcourir après cette petite boucle autour de Tafraoute : environ 60 km dans les splendides gorges de Mezdac .
Montée aux panoramas vastes et incomparables sur le plateau d’Aït-Abadallah, à 1500 m d’altitude, longue traversée de cette sorte de steppe caillouteuse, puis plongée par la piste vertigineuse et très étroite (les roues toujours au bord du vide), sur les fabuleuses gorges de Mezdac .
Incroyables paysages de roches stratifiées, aux chaudes couleurs .
Envoûtante minéralité .
Le paysage qui défile maintenant à la verticale de chaque côté des 4 x 4, avec de temps en temps des palmiers isolés paraissant piqués ici comme pour le décor d’un prodigieux tournage d’aventures .
Seul lieu de passage au fond des gorges : le lit de l'Oued, où la vie s'écoule tranquillement, grande source de réflexion sur nos parcours toujours trop pressés ! (Photo Alain MARC)
Au fond des gorges, pur bonheur : nous cheminons à pied dans cette profonde entaille de la montagne qui paraît avoir échappée à toute usure du temps . Le petit village de Mezdac nous réserve la joie de recontrer les enfants du hameau qui descendent en nombre de toutes les maisons semi troglodytiques accrochées à la falaise .
Endroit magique où nous serions bien restés … Adorables gamines qui s’amusent à reconnaître les dessins que je leur grave sur un galet au bord de la piste : elle me donnent la prononciation dans leur langage, je leur explique en français, on se comprend très bien … (Photo Rose-Marie HENRY)
Le village de Mezdac avec sa petite mosquée blanche coincée entre l’oued et la falaise et les jeunes filles de dos qui regagnent leurs maisons de pisée … (Aquarelle Alain MARC)