Zagora, puis le désert …
Nous retrouvons Ptit-Jo plus au sud dans sa quête du désert …
Depuis tout petit, il en rêvait . Lui, a plus de chance que bon nombre d’entre-nous qui n’y sommes jamais allé !
Il va pouvoir y réaliser quelques pages de plus à rajouter à son carnet de voyage . Une "première" là aussi, car il voulait voir le sable recouvrir ses feuilles de papier, avant d’être emporté par la brise du soir …
Mais de Ouarzazate à Zagora, le chemin est initiatique . Ptit-Jo le sait : nous n’irons pas dans le désert tout de suite .
Nous voulons le deviner tout proche, le comprendre, le mériter enfin pour mieux l’aimer …
Avant, nous irons parler aux cigognes, nous irons écouter les architectures de pisé, nous suivrons le chemin de l’eau, nous respirerons l’odeur des fleurs fragiles et rares qui poussent dans les oasis, et accompagnerons le fleuve bleu jusqu’à ce qu’il se perde dans les premières dunes, en suivant le vent chaud qui redescend du Djebel Bani …
La Casbah des Cigognes sera notre première étape sur la route de Zagora . Pure, lumineuse, comme dans un rêve éveillé ... (Photo Alain MARC)
À cette heure matinale les cigognes font leur toilette et sont toutes étonnées de voir un petit garçon leur parler… Elles tendent le cou, inclinent leur tête et paraissent l‘écouter . Ptit-Jo croit reconnaître dans leur étrange caquètement l’histoire des voyages à grands coups d‘ailes au dessus du désert, le chemin des caravanes vu de très haut et celui des étoiles lorsque la nuit se voile pour laisser place au sommeil … (Photo Alain MARC)
Son petit sac d’aquarelliste sur le dos, il avance seul au milieu des grandes murailles d’argile rose . Elles paraissent lui dire l’art et la sagesse des hommes et des femmes d’ici qui de génération en génération savent cultiver la beauté simple et ancestrale d’une philosophie des êtres et des choses que nous ne savons pas …
Elles lui parlent des secrets de la couleur qui mènent pour qui va jusqu‘au bout du chemin, jusqu’aux plénitudes de la lumière .
Au milieu de ces murs empreints de l’histoire des hommes qui les ont bâtis, il me revient en mémoire cette musique nostalgique de notre ami Allali El HOUSSAIN (jouée ici au rebec), qui évoque le désert tout proche et tout un univers qui ne se révèlera qu’à la sensibilité de celle ou celui qui l’aura mérité . On entend même en arrière-plan comme la voix des murs qui parlent à Ptit-Jo ...
Je profite de cet article pour y insérer un petit message personnel : Khadija, toi qui es sur le chemin du désert, habitée de cette lumière qui enveloppe les dunes et fait briller les neiges de l'Atlas, comme c'est ton anniversaire, que cette musique soit aussi jouée pour toi ! Aussi étrange que cela paraisse, le chemin du désert est lié à la symphonie de l’eau, si précieuse, si rare qu’il faut savoir d’abord la respecter et la protéger avant de la boire . Ptit-Jo, est sous le charme du fleuve Draâ qui véhicule la vie jusqu’à ce qu’il disparaisse dans son silencieux cheminement sous le sable du Sahara bien à l’abri du soleil .
Il s’émerveille aussi de la beauté de cet immense oasis, qui, de Ouarzazate à Zagora déploie sous ses milliers de palmes l’ombre fraîche et bienfaisante accompagnant chaque instant de la vie des plantes, et de tous les êtres qui s’y développent et s’y réfugient, avec au milieu des chants d’oiseau comme un rendez-vous avec le paradis . Ptit-Jo voulait marcher au bord de l’oued Draâ . Il voulait savoir s’il y avait des grenouille et peut-être des poissons, si la vie sur le bord de ses rives ressemblait bien au paradis … . (Photo Alain MARC)
« Oui », me dit-il en me montrant une très belle fleur rose, « elle ressemble au paradis, mais ce paradis, tu vois, c’est le travail des hommes et des femmes d’ici dont il est le fruit, et cette jolie fleur, si je te l’offre, c’est grâce à leurs efforts depuis des siècles, et pour qu’elle continue de pousser dans ton cœur il faut penser à eux » . (Photo Alain MARC)
Le fleuve Draâ s’accompagne de verdure bien plus loin que Zagora . Puis il s’enfonce doucement sous les rochers et le sable comme pour laisser discrètement un autre monde prendre possession de l’espace, des grandes vallées et des étendues désolées tout juste ponctuées de tamaris à l’horizon . Moment de silence et de quiétude avec Ptit-Jo au bord des dernières grandes flaques d’eau … (Photo Alain MARC)
Enfin voici le vent, le soleil et le sable, le débordement d’un enthousiasme si longtemps contenu, et l’allégresse de courir dans l’immensité ou commence la vraie vie jusqu’à perte de vue ! (Photo Alain MARC)
Je réaliserai cette aquarelle de mémoire au retour pour ne rien perdre de l’instant ainsi partagé avec Ptit-Jo . Au fond, c’est le Tizi-Beni-Selmane, il y a du sable dans le ciel, et tellement de bonheur d’être ici … (Alain MARC, technique mixte aquarelle et amidon)
Ptit-Jo, lui, s’étonne tout à coup de découvrir de si étonnants bouquets de fleurs au mileu du sable : c’est encore le fruit de l’eau après la pluie qui est tombée (fait rarissime en ces contrées) il y a trois jours à peine sur tout ce pays . (Photo Alain MARC)
Mais les jeux d’enfants reprennent vite le dessus : nous faisons un concours de roulades ! … Comme j’aurais aimé rester un enfant toute ma vie ! (photo Alain MARC)
Il reste de ces instants merveilleux la récolte de Ptit-Jo, qui veut sur son carnet de voyage démontrer que la vie est partout et que dans le désert, elle existe bien sur aussi … (Page du carnet de voyage dans le Grand Sud Marocain de Ptit-Jo)