Au Cabo de Gata, Pierre NAVA fait de nouvelles aquarelles. Nous allons de petits ports en petits ports dans une ambiance d’îles grecques.
C’est à La Isleta del Moro où nous aimons le plus dessiner et peindre sous une tonnelle sur les quais tout en nous rafraîchissant avec un bon «fino» ou un
«manzanilla» fruité et en dégustant les fruits de mer et les poissons frais qui viennent d’être pêchés à nos pieds, puisque la terrasse de la petite auberge est directement léchée par les vagues
de la Méditerranée.
C’est un endroit que nous aimons beaucoup, car il est tranquille, authentique, pas encore trop dénaturé par le tourisme.
Le minuscule port vit au rythme des barques qui rentrent ou partent en pêche, et c’est un vrai bonheur que de se sentir ici hors du temps, de tout oublier comme si
les pages de nos carnets de voyages devenaient des bulles magiques qui nous préservaient des soucis quotidiens laissés en France à notre départ.
Nous savons combien nous sommes privilégiés sous ce soleil, avec l’odeur de la mer, le bruit des vagues et le cri des mouettes qui nous apportent une impression
délicieuse de douceur, de quiétude et d’insouciance, encore accentuées par le plaisir de réaliser un carnet de voyage alors qu’en ce mois de novembre tant de tracas et de brumes plombent de leurs
frimas nos pays occidentaux...
Alors, nous voulons ne serait-ce qu'avec nos aquarelles et petits reportages vidéo envoyer un peu de ce bonheur, un peu d'évasion, d'oxygène et d'air pur à nos amis
(es) connus (es) et inconnus (es) qui lisent ce blog en ce moment, leur dire qu'il est encore possible de s'évader (déjà par la force de la pensée) d'une façon ou d'une autre quand une "prison"
(sous quelle forme que ce soit), se referme autour de nous …
Depuis la terrasse de notre restaurant, Pierre dessine sur une double page le petit bateau entouré de mouettes qui se balance
sur les vagues juste en face de nous : il trie le poisson fraîchement pêché que nous aurons ce soir dans nos assiettes !
Je repense en le regardant à ces mêmes petits chalutiers lui ressemblant comme deux gouttes d’eau que nous avions dessinés ici même il y a déjà
près de vingt ans lors du premier stage carnet de voyage que j'avais organisé en Andalousie …
Pierre a bien saisi l’ambiance dans laquelle nous nous trouvons devant nos verres remplis des meilleurs vins du pays, face à nos assiettes
de poisson grillé, tout seuls à la terrasse de ce petit restaurant : impossible à décrire, c’est le paradis !
Tout en face de l’autre côté de la crique ce n’est pas le Vésuve mais ce volcan y ressemble, nous sommes «ailleurs», un si merveilleux
«ailleurs» que l’Europe ne nous paraît même pas commencer là, juste derrière le Fraile Alto, premier sommet volcanique de la chaîne du Cabo de Gata dominant la mer.
Il ne se lasse pas de le dessiner ce petit bateau, et il en dessine plusieurs versions.
Mais à chaque fois que l’assiette était vide le serveur est revenu et pendant ce temps nous avons dégusté plusieurs sortes de poissons…
Tout au fond de la terrasse où nous sommes installés le quai se prolonge par une crique escarpée, où les barques de pêche sont toutes
remontées sur la pente de galets à l’aide de treuils et de cabestans ce qui donne une fière allure au rocher qui la borde comme s’il se parait d’un collier de bijoux sacrés !
C’est par une halte au vieux château mauresque de Rodalquilar que nous quittons la Isleta. Ce n’est qu’une ruine à l’abandon
(je l’ai vue avec tristesse se dégrader d’année en année), mais elle a fière allure, s’intégrant parfaitement au paysage, représentant à elle seule le génie défensif des derniers nasrides qui
protégeaient en ces lieux leurs arrières, à l’époque de leur royaume vacillant…
La Petite histoire :
La plupart des séquences vidéos d’aujourd’hui sont des images d’archives (toujours inédites, la vidéo n’étant pas encore entièrement entrée dans les meurs au moment
où je l’utilisais pour la première fois) car elle est déjà ancienne cette «Petite histoire» qui m’a amenée dans les minuscules ports d’ici !
…Une piste incertaine il y a des décennies, et la surprise de voir se détacher au bout de la piste depuis notre «R4 L passe - partout» entre le bleu de la mer et
l’ocre de la terre, le vert d’un bouquet de palmiers entouré de cubiques maisons blanches étincelantes au soleil.
Et le bonheur de faire découvrir tout cela sans que rien n’ait changé quelques dizaines d’années plus tard à mes premiers
stagiaires.
Simplement plus de tristesse aujourd’hui quand j’y amène toujours mes amis (es), à constater que des promoteurs aux dents longues dressent des grues à côté de la
verdure des palmiers sans le moindre scrupule quant aux incidences directes et indirectes des imapcts visuels et écologiques sur le parc naturel du Cabo de Gata…