Cette fois, Pierre NAVA partage avec vous sa manière de travailler dans le merveilleux petit paradis de Huebro, en pleine Sierra de Alhamilla au bout d’une route
étroite et escarpée.
L’endroit se prête à merveille à la rêverie, il est très facile de s’y croire en plein Atlas, et la source cristalline qui jaillit au cœur même du hameau apporte au
regard des peintres et des poètes une indicible inspiration, véritable bénédiction créative pour qui connaît ses bienfaits.
Certainement Pierre lorsqu’il est venu rejoindre mes stages il y a déjà près de 20 ans était-il doué... Il l’était forcément puisqu’il s’exprimait déjà avec
caractère et inspiration, mais il ne me démentira pas si j’affirme avec conviction qu’une fois bien maîtrisée sa techniques de l’aquarelle, c’est lors de nos séances les plus rapides et à force
d’exercices de terrain souvent inachevés faute de temps (surtout quand, m’accompagnant en repérages, il avait à peine ouvert son matériel qu’il fallait repartir), qu’il a acquis cette dextérité
qui lui fait manier à merveille le pinceau réservoir et traiter en quelques minutes des sujets fort compliqués !
Ce fut aussi la source de son style, cette valeur d’expression qui s’affirme au cours des années.
Alors, je vous laisse découvrir avec ravissement ces nouvelles pages qu’il a réalisées dans le carnet qu’il me dédie, depuis notre passage à Nijar jusqu’à la
montagne enchantée de Huebro :
Nous avons découvert à Nijar un sympathique petit bistrot où les gens du quartier viennent partager un verre avant d’aller se coucher. Demain nous montons à Huebro et la soirée est loin d’être terminée, mais pourquoi le patron me surveillait-il quand Pierre nous a dessinés ? - Je ne le saurai jamais !
Sur cette double page, en panoramique, la montagne et le hameau de Huebro (blotti dans un cirque de crêtes tout en haut de
la Sierra de Alhamilla), qui nous renvoient d’un seul coup à des images d’Atlas, en pleine Andalousie …
Détail de la page de gauche, nous sommes en milieu d’après-midi et la lumière est si belle, le soleil si chaud, qu’on ne
s’imaginerait pas à la veille de l’hiver…
Il faut dire qu’ici le mot «hiver» n’a guère de sens, et c’est toutes vitres grandes ouvertes que nous terminons notre ascension
pour rejoindre Huebro (page de droite du panorama).
Derrière le clocher du village (dont la partie supérieure est bâtie sur un ancien minaret
ce qui est le cas de la plupart des églises ici), une falaise aux chaudes couleurs protège le hameau du vent du nord, créant à cet endroit un micro climat parmi les plus
agréables.
En face de nous, paradoxe des temps modernes, les serres de plastique de la plaine d’Alméria miroitent à perte de vue, contrastant singulièrement avec les cultures millénaires, traditionnelles et écologiques des petits jardins en terrasses du village de Huebro.
Vue d’un peu plus loin on reconnaît bien derrière la petite église au charme mudéjar, toute l’empreinte d’une fort ancienne culture qui laissa à l’Andalousie quelques-uns de ses plus extraordinaires trésors.
Je sacrifie mon temps d’aquarelle pour filmer Pierre en plein travail... Vous pouvez ainsi le voir travailler et être avec nous en voyage pour profiter de ces instants magiques malgré les milliers de kilomètres et le temps qui nous séparent, par la magie de l’Internet et des «Petites Histoires» vidéo que je ne cesse de réaliser pour vous !
La Petite histoire :
C’est aujourd’hui le bonheur de vous faire partager la découverte de Huebro, sa source merveilleuse et sa montagne enchantée…
Heureux les amis (es) qui m’accompagnaient ce jour-là où nous avons vécu hors du temps l’espace d’une journée dans un petit paradis que j’ai longtemps tenu secret,
et dont j’espère bien que les guides touristiques ne le connaîtront jamais !
Non seulement lieu chargé d’histoire et sanctuaire naturel encore authentique et protégé, c’est un site de légendes où l’on dirait que le temps s’est
arrêté…
L’une d’entre-elles nous parle de l'existence d'une grotte dans les rochers escarpés d'Inox tout près du village, où se trouverait un grand trésor amassé là par les
morisques durant leur fuite (à la Reconquête, lors de la chute du royaume nasride). Son entrée est si petite et cachée, qu’il est difficile de la découvrir par hasard et vous n'obtiendrez de
personne qu'un veuille vous y conduire malgré le fait qu'ils sont nombreux ceux qui disent la connaître en la décrivant à la perfection.
Il semblerait que pour y accéder, il faille entrer par un petit trou et ramper quelques mètres. Ensuite la cavité s’élargit et devient immense...
Une grande crevasse en partage la principale salle, telle un précipice d'où monte le mugissement intense de l'eau et les courants d’air qui la traversent en
éteignent les flambeaux et les lanternes, comme si une force supérieure la fréquentait, terrorisant même les plus audacieux et vaillant visiteurs.
Les restes d'une épaisse planche vermoulue permettent de franchir les 5 mètres de crevasse, menant à une porte à l'autre côté .
Une clef rouillée toujours dans la serrure laisse supposer qu'après la porte se trouve le trésor, dont on dit qu’il déborde de joyaux, d’or et de pierres
précieuses. Pour s'approprier le trésor si convoité il faut franchir cette porte après avoir surpassé sa peur de l'inconnu et emprunté la planche avec succès.
On dit qu’ils sont nombreux les aventuriers cupides et audacieux n’en sont jamais revenus, mais on entend toujours aujourd'hui les mugissements provenant des
rumeurs de l'eau et du vent.
Cependant en ce qui me concerne, si je n’ai entendu que de jolis bruissements d’eau auprès de la source de Huebro, je ne doute pas qu’il y ait dans les environs
quelque aven ou conduit fossile qui mène au réseau actif dont est issue cette source. Par contre, je doute fort de la présence d’un trésor, de la planche vermoulue et de la porte, et si je vivais
dans cette région je me serais attaché à effectuer les recherches permettant de distinguer la légende de la réalité…