Je ne voulais pas repartir en voyage sans commencer de partager avec vous notre première halte sur les routes du Guatemala, que nous venons de quitter à regret...
Oh, ce n'est qu'une toute petite étape sur notre itinéraire du premier jour, mais elle vous permettra de vous imaginer quelques instants avec nous, en attendant de nous retrouver vers la fin du mois, pour la suite de cette belle aventure (quand je serai revenu des balades en Algarve qui n'en sont pas moins belles pour autant).
Chaleur tropicale ce matin dans le joli petit village de San Cristóbal Acasaguastlán, au bord du fleuve Motagua qui va se jeter 400 km plus loin dans le golfe du Honduras. C'est notre première halte depuis notre matinal départ de Guatemala City.
Des oiseaux que nous ne connaissons pas chantent dans les arbres (« Acasaguastlán » signifiant en « Nahuatl ancien « endroit à hérons et à grives »), tandis que nous dessinons l'une des plus charmantes églises de la région, toute blanche, à la façade baroque de pur style colonial l'une des premières édifiées sur cette terre à la conquête des Espagnols, par le « corregidor » Diego de Vitoria y Zapata en 1654 ...
Nous aurions pu passer beaucoup plus de temps à dessiner et peindre les maisons colorées du village, à l'ombre des palmiers et des grands arbres entourant la petite place où convergent toutes les rues, mais à peine le temps de nous mettre une petite heure sous la protection picturale (et routière) de Saint Christophe (le saint patron des lieux auquel est dédiée l'église), que nous devons reprendre la route.
Il faut dire qu'elle est encore longue jusqu'au Honduras où nous attendent nos prochains motifs, ce que je vous raconterai la prochaine fois, vous verrez que l'attente vaudra bien ce voyage et les fabuleuses découvertes qui vont avec !
Le petit Jésus sur son épaule, il a fière allure le Saint Christophe qui trône derrière l'autel de l'église, même si, des dorures qui le recouvraient sans doute entièrement il ne reste plus que quelques traces éparses, qui nous donnent une idée de ce que pouvait être le retable tout entier aux meilleurs moments de son époque de gloire...
Nous laissons derrière nous la Sierra de las Minas et ses 130 km de longueur, qui domine San Cristóbal Acasaguastlán et la vallée du fleuve Motagua (montagne imposante dont les sommets disparaissent dans d'épaisses brumes), pour nous diriger plein est, vers la frontière du Honduras.
Même si nous n'avons pas assez de temps pour emprunter une piste montant vers ses sommets, nous ne pouvons quitter les lieux sans évoquer l'importance considérable de ce sauvage massif, pour les équilibres naturels de notre planète.
Ses forêts, qui s'étagent progressivement jusqu'à plus de 3000 m (son principal sommet, le Cerro Raxón culmine à 3 015 m d'altitude), recèlent, outre leurs riches gisements de jade et de marbre, des écosystèmes tout à fait rares tels que les plus grandes forêts de nuages de Méso-Amérique à la flore et à la faune dense et variée, dont les habitats sont partout ailleurs menacés.
On y a répertorié plus de 885 espèces d'oiseaux, mammifères, reptiles y amphibiens, dont le fameux et très rare quetzal. Quant aux forêts de la Sierra de las Minas, elles s'étagent des zones tropophiles à la forêt subtropicale humide de montagne et de nuages, avec 15 espèces de conifères tropicaux d'exception, ce qui donne à ce massif une valeur d'extraordinaire banque génétique.
Esquisse rapide de la très riche réserve de biosphère que nous laissons derrière nous, reconnue par l'UNESCO depuis 1992, et de ses très nuageux sommets...
Magnifique et éblouissant de beauté, le quetzal sacré, emblème du Guatemala, farouche et invisible oiseau de la Sierra de las Minas, animal épris de liberté qui ne survit jamais en captivité, vit dans la partie « forêt de nuage » du massif, en haut de la canopée de cette dense forêt tropicale typique de Mézo-Amérique en permanence humide, située entre 1 000 et 3 000 mètres d'altitude, ici bien au-dessus de nos têtes, dans la brume dense qui nous cache les sommets.
C'est l'oiseau mythique des Mayas que l'on retrouve au centre du drapeau guatémaltèque et qui a d'ailleurs donné son nom à sa monnaie du pays.
Il a malheureusement pratiquement disparu des forêts guatémaltèques et bien sûr, à notre grand regret, nous ne le verrons pas, j'ai bien fait de le dessiner « par anticipation » avant de partir !
Pour mieux profiter de cette vidéo vous pouvez la visionner en plein écran sans perte de qualité.
Je voudrais pour terminer ce billet évoquer les deux illustrations sonores de ma vidéo :
D'abord, la chanson « Soy de Zacapa » (ce qui veut dire « Je suis de Zacapa ») ici interprétée au marimba (je reviendrai plus tard sur cet instrument de musique indissociable du Guatemala) créée par José Ernesto Monzón, auteur-compositeur-interprète disparu en 2003, illustre et intéressant poète Guatémaltèque.
Je l'ai choisie comme fil conducteur de ma vidéo, car Zacapa est une petite ville toute proche de San Cristóbal Acasaguastlán, et parce que la revendication de son identité locale à travers cette chanson est devenue en quelques années seulement une sorte d'hymne dans la musique populaire, où chaque guatémaltèque se reconnaît un peu.
Quant à la séquence « Victimæ paschali laudes », même si ses origines l'éloignent de l'Espagne des conquistadors, elle était certainement chantée en l'église de San Cristóbal Acasaguastlán le jour de Pâques, l'officialisation de l'œuvre par l'Église étant définitive depuis 1570 (elle fait partie des chants liturgiques formellement fixés pour la messe depuis cette époque-là, malgré de nombreuses modifications).
commenter cet article …