L'art du carnet de voyage et de l'aquarelle au service du peintre voyageur : ce blog en explique les différentes facettes inspiratrices, techniques et créatives à travers une vie d'aquarelliste . Il vous convie à partir en voyage pictural . C'est donc le journal d'un peintre qui aime découvrir et partager, mais pas seulement ...
Présentation
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Aquarelliste et peintre voyageur
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En peinture, l'art de l'aquarelle est un mode d'expression qui va des carnets de voyages à la création de tableaux : en voici les différentes facettes inspiratrices, techniques et créatives selon Alain MARC ...
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- Les stages "aquarelle" dans l'Hexagone sont ouverts aux débutants et aux pratiquants déjà confirmés souhaitant se perfectionner : ils ont pour but d'apporter efficacité et aisance d'expression à l'aquarelliste de terrain. Nombreux sont les aquarellistes issus de mes stages ou passés s'y perfectionner depuis 4 décennies...
- Les stages"carnets de voyages" sont une véritable immersion dans la pratiquedu carnet de voyage et de l'aquarellesur le terrain, orientés "autonomie" ils sont ouverts aux stagiaires ayant assez de pratique pour en profiter pleinement. De la Provence au Jura Orientalet jusqu'en Andalousie,ce sont quelques destinations où vous pourrez aller en 2024...
- Tous les stages sont différents, n'hésitez pas à m'en demander les informations par courriel (voir plus haut) .
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en aquarelle de voyage il vous suffit de cliquer sur mon nuancier ci-dessous. Ensuite, en cliquant sur chacun des produits que j'utilise, vous arrivez directement sur leurs références sans avoir à les chercher dans le catalogue d'Aquarelles et Pinceaux où je me fournis habituellement, vous pouvez ainsi les commander en gagnant beaucoup de temps :
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«Andalousie, la Route d’Alain MARC», carnet de voyage de Pierre NAVA Découvrez article après article en cliquant sur les vignettes ci-dessous le carnet spontané de Pierre m’accompagnant en Andalousie, et les «Petites Histoires vidéo» qu’il m’a inspirées :
Je profite de la recherche de l'auteur d’un e-mail perdu (il venait du possesseur d’une œuvre magistrale de mon père JEAN MARC, qu’il avait nommé « Régal des yeux » (ou "Les trois moines"), pour vous dire combien en toute chose est essentiel pour moi l’humain, et pour faire un parallèle avec l’une de mes principales motivations utilisant la création digitale, numérique, et algorithmique dans mes recherches artistiques personnelles, en soulevant que question des Intelligences Artificielles en vous donnant mon point de vue : vous le connaîtrez en lisant le dernier billet de mon autre journal en ligne sur mon site principal, un article me semble-t’il, qui ne pourra pas vous laisser indifférents…
Avant tout, je voulais vous remercier pour le grand nombre de commentaires publics et de messages privés si enthousiastes, que vous m’avez envoyés suite à la publication de mon dernier billet de blogue « La mutation carnettiste, 1er épisode : le voyage intemporel ».
Á présent, voici le deuxième épisode :
- Pourquoi vous ne me verrez plus aux « Rendez-vous des carnets de voyage » de Clermont-Ferrand ?
Si l’on considère l’origine étymologique du mot « sculpture » qui vient du latin « sculpere », on pense aussitôt au dépouillement du bloc initial (de pierre, de glaise), pour laisser paraître ce qui, d’ébauche va devenir œuvre, matière transmutée sous les mains et par la pensée de l’artiste, pour prendre corps, et par la forme, le volume, l’occupation de l’espace, s’animer de la puissance invisible de sa propre vie, défiant le temps en survivant à son créateur.
C’est comme si l’esprit de son identité particulière, qu’elle soit de bois, d’albâtre, de marbre, d’acier, de verre, ou de tout autre matériau, la projetait dans l’intemporalité d’une existence en apparence figée, mais pourtant si vivante par l’émotion qu’elle provoque chez celle ou celui qui « voit » en elle le mystère envoûtant que le sculpteur a su lui insuffler.
- Alors, essayer de définir ce qui se cache derrière la beauté sublimée de la matière, n’est-ce pas percevoir déjà ce que l’on pourrait considérer comme le reflet d’une âme ?
C’est ainsi que je ne peux détacher de ma pensée les œuvres occupant l’espace de ma mémoire, comme celles qui frappèrent mon enfance, telle la « Victoire de Samothrace» en haut de son grand escalier, ou « la Vénus de Milo », que je découvrais accompagné par mon père au Musée du Louvre, ou bien plus tard, lorsque je pris conscience de l’héritage qu’il nous léguait à travers son propre univers fait de fer et du feu de sa forge, lorsqu’il donnait à ses personnages toute l’humanité qui allait en son temps porter son message très loin du petit village où il vivait.
Depuis ces instants précieux, au cœur même de la nature, lorsque celle-ci nous offre quelque racine décharnée, une roche remarquable modelée par les millénaires et les intempéries, un arbre tourmenté à la forme singulière, un bois flotté poli par les vagues sur les galets, je ne peux m’empêcherd’établir un parallèle entre l’étonnante beauté de la nature dont un élément s’empare de l’espace comme une sculpture, et l’œuvre née des mains d’un artiste génial, sous ses coups de marteau, l’emprise du burin, sa persévérance, son talent et ses ciseaux...
Car ce qui les réunit, par-delà leurs si différentes sources, c’est la puissance de la vie et le mystère de la création : l’une naturelle, fruit du hasard et de l’écoulement du temps qui a modelé ses éléments sans une conscience particulière qui nous soit perceptible, l’autre née de la réflexion, de la volonté, et de la virtuosité humaine, fruit du génie d’un être conscient de son propre amoindrissement, nous livrant une œuvre apte à prolonger sa pensée et à l’éterniser dans la matière qu’il a transformée.
Cette dernière forme de création se distinguant de celles livrées par la nature à cause de son fondement spécifiquement humain(que l’on perçoive ou nonla présence d’une âme en ses réalisations), c’est la force de la pensée d’un artiste qui en est l’origine, qui donne tout son sens à la beauté des œuvres d’art !
Ce pourrait être une sculpture née de l’imagination débordante de quelque créateur contemporain, mais ce sont des concrétions d’aragonite blanche de la rivière souterraine de Malaval, qui dorment au fond de cette magnifique grotte depuis la nuit des temps (avec l’aimable autorisation du propriétaire de la cavité).
Intéressant en tout point de vue, ton article, Nicolas !
D'abord, parce qu'il relève de tout ce que ressentent nombre de blogueurs qui ont l'impression de prêcher dans le désert en voyant le peu de retours qu'ils ont après une dépense de temps, d'énergie et de travail considérable alors qu'ils font tout cela tout à fait gracieusement, avec la seule force de leur passion, de leur enthousiasme, de leur désintéressement, et le sens de leur partage.
S'acharner "pour rien" cela épuise, car on ne voit plus un horizon qui se nomme "espoir" (peut-être ressentez-vous aussi cela par rapport à vos publications quand vous partagez des choses qui vous ont demandé non seulement un grand engagement personnel, sont sincèrement généreuses, sans arrière-pensée de "profit", mais qui aussi, représentent une immense part de votre être profond, car partagées à partir de l'intériorité même de votre vie).
Alors ?
Oui Nicolas, tu as raison de constater que nous sommes dans une époque ou l'éphémère et le "tape-à-l’œil" (le superficiel) prédominent sur les engagements profonds et de durée, que les apparences prédominent sur la réalité, où les valeurs humaines les plus solides du "passé" se diluent dans le hourvari de l'information, ou le sens de l'image s'est banalisé dans l'overdose d'images, où les masses deviennent passives, soumises, pressées, insensibles aux notions mêmes qui ancraient autrefois le "beau" dans la durée (je veux dire le vrai dans le "beau") quand celui-ci était le fruit d'un engagement durable et total de l'être.
Paradoxe entre ce constat et les files immenses de visiteurs à l'entrée des grandes expositions à la mode, où on vient justement voir ce que ces valeurs ont produit dans l’œuvre des artistes "reconnus" et "célèbres" du passé (et parfois du présent) : on met peut-être là, le doigt sur quelque chose d'important : la communication à grande échelle !
Car c'est celle-là à laquelle nous n'avons pas accès (à qui profite-t-elle, posons-nous la question ?) qui pourrait mettre en valeur nos actions créatives les plus intéressantes et profitables pour autrui.
Aussi, sois fier de ce que tu as fait et continues de le faire : il y a des gens (même si c'est un nombre infime) qui te suivent et suivent tes publications, s'intéressent à elles, reconnaissent leur sens, et en ce qui concerne ton méritoire travail envers le Canal du Midi je t'assure qu'il n'est pas vain, car il participe à une iconographie aussi bien qu'à un "état de mémoire" qui a de la valeur comme témoignage et regard actuel s'inscrivant dans son histoire.
Rien qu'à cause de cela tu as bien fait de faire ce que tu as fait. Qu'au moins en prenant du recul et en changeant d'horizon tu sois nourri par le chemin que tu as tracé au bord du canal du Midi !
Juste pour vous faire partager entre 2 stages et deux voyages, 2 mn exactement de carnet «différent», ici il y a 2 jours, dans un gouffre du Causse de Sauveterre juste à côté de chez moi.
2 mn extraites d'une dernière parenthèse expérimentale à mettre dans ma quête de la « conscience essentielle » liée à mes recherches picturales où le travail carnettiste de terrain tient (en amont) une grande place (voir articles précédents ici, ou là).
La vidéo tout de suite après la pub !
Bien sûr, il faut comme pour les expériences précédentes la complicité d'une sympathique équipe acceptant de se prêter au jeu pour tout ce qui relève de l'esprit de groupe et de la logistique (je tiens encore à les remercier ici), un minimum de matériel et de connaissances pratiques, un peu d'entraînement, et la volonté de suivre des objectifs picturaux, techniques et sportifs précis.
Je vous ferai part plus tard des résultats obtenus, sachez seulement qu'il ne s'agit pas d'une fantaisie ni d'une volonté d'originalité à tout prix : mes travaux picturaux nés de cette démarche et de ses implications sont visibles dans les salons et expositions de peinture auxquels j'ai le plaisir de participer…
Bien qu'ils en soient loin dans les apparences de mes toiles, les croquis, pochades et aquarelles réalisés sur le motif lors de ces expériences, ont une importance dont je développerai plus tard l'intérêt pour ce type de peinture.
Je n'ai pas oublié notre série de reportages concernant le carnet de voyage du Guatemala, mais mon billet d'aujourd'hui est juste là pour vous dire que tout est lié, j'y reviendrai plus tard.
En attendant, je fonce pour le Portugal...
« Écholocation karstique » (acrylique sur toile 100 x 100 cm) est l'une des toiles résultant de mes expériences en milieu karstique liées à l'exploration de l'Aven Noir (voir son histoire ici).
Elle a été sélectionnée lors de l'exposition « Rat d'Art Volant » de la FFS (voir catalogue des oeuvres / exposants sélectionnés et contexte de l'exposition dans le document du Musée de Millau que vous pourrez téléchargerici)
Seconde importante halte sur notre itinéraire du premier jour de stage carnet de voyage au Guatemala, qui vous permettra de nous retrouver non pas dans ce pays mais au Honduras, après la superbe étape matinale de San Cristóbal Acasaguastlán.
Je ne reviendrai pas sur le nombre de motifs abordés ici, mais j'en choisis seulement un (faisant double page sur mon carnet), parce qu'il symbolise à lui seul une rencontre avec l'esprit d'un lieu.
Car en aquarelle, en carnet de voyage particulièrement, ce ne sont pas seulement les gens, les paysages, ou les monuments qui nous parlent : ce sont de véritables entités (là on peut parler de « magie » parce qu'elles sont réellement perceptibles) qui se manifestent à nous, et cela, il faut l'avoir vécu pour savoir toute la différence qu'il y a entre elles et une simple émotion esthétique (ce qui n'est déjà pas mal), un plaisir intellectuel ou une belle rencontre humaine …
Pierres ensoleillées du temple 21 à Copán Ruinas
Peut-être cela ne se perçoit-il pas à travers ma double page ni le final de ma vidéo, mais j'ai en ce lieu du temple 21 des ruines de Copán, perçu « quelque chose » qui m'a, par le jeu du dialogue entre la force de la nature et les pierres soudain devenues « soleil », pendant quelques secondes projeté dans un univers magnifique, effrayant et vertigineux, absorbé presque aussitôt par les rayons même du soleil qui descendait à l'horizon !
Peut-être le fait que nous étions les seuls visiteurs ou presque dans ce site mondialement connu a-t-il joué en ma faveur, mais voici ce que je recherche à travers mes « expériences créatives » d'une part, le carnet de voyage d'autre part (et que j'essaie de transmettre à travers mes stages en fin de progression) : la capacité en plus de l'émerveillement et du rapport au vivant, à entrer en relation profonde avec le visage invisible du monde...
Et croyez-moi, cela provoque inévitablement des choses tout à fait extraordinaires !
Vous entrez aujourd'hui dans le vif du sujet de ce rapport « action – création » avec une aventure qui va vous emmener sur les parois de l'une des « classiques » d’escalade en Haut-Languedoc.
Outre les valeurs essentielles que représente la pratique de la montagne et de l'escalade, leur pouvoir d'émerveillement au contact d'une nature généralement intacte, ma quête par delà ma recherche des « étants » qui constituent le cosmos (si bien évoqués par Michel Onfray, interprétés ici même à travers les éléments de la terre et de l'air), initie une nouvelle série d'articles (et de mini reportages vidéo) dans lesquels j'aborde nombre de questions liées à une exploration créative atypique de l'aquarelle.
Il ne s'agit pas d'une nième redite de peinture sur le motif, mais de l'ouverture de champs exploratoires essayant de confronter activité sportive, complet engagement physique et mental en terrain d'aventure, et application picturale élémentaire de circonstance.
Je vais donc tenter d'apporter quelques éléments de réponse tout au long des articles qui suivent, à cette question :
Les états modifiés de conscience induits par une activité sportive intense en conditions de grande concentration peuvent-ils avoir une influence pendant et après cette activité sur l'expression créative traduite par l'aquarelle ?
Si vous voulez avoir une meilleure idée de l'ambiance de cette vidéo je vous conseille de la voir dans un plus grand format en vous rendant sur http://dai.ly/x3779j5
Elle est consacrée à la première longueur d'escalade de la Tête de braque où j'aborde une définition de la forme d'aquarelle « action – communion - » qui en découle, me servant de l'escalade pour tester à posteriori les effets conjugués euphorisants de l'adrénaline et des endorphines sur mon regard, ma pensée, et les sensations que je vais éprouver par rapport au sujet (lui-même d'ailleurs inspiré par le milieu naturel dans lequel j'évolue, quitte à revenir en « solo » revivre l'expérience ultérieurement si je ne dispose pas d'assez de temps sur le moment, pour me remettre dans les conditions psychologiques, mentales et physiques de l'instant)...
A) Contexte :
Le lieu où va se dérouler pour nous cette première expérience est le splendide massif gneissique du Caroux (souvent nommé « montagne de lumière ») culminant à 1 091 m d'altitude dans le Parc Naturel du Haut-Languedoc (en fait, ce n'est pas la première puisque j'ai déjà consacré plusieurs articles à des expériences similaires mais sans réellement prendre conscience de l'importance du sujet).
L'ambiance vertigineuse de ses parois plongeant vers la plaine du Languedoc, l'escarpement de son relief, l'ampleur de ses dénivelés, en font un excellent lieu d'entraînement à la pratique de l'alpinisme dans un véritable terrain d’aventure.
Le choix de la voie, en ce qui nous concerne mes compagnons de cordée et moi-même, de l'arête Nord-Est de la Tête de braque (qui porte ce nom à cause de l'étrange rocher en forme de tête de chien en coiffe le sommet), est d'abord dicté par l'hommage que nous souhaitons symboliquement rendre en la gravissant à notre ami Guy S. et à mon fils Jean-Sébastien qui sont aujourd'hui tous deux disparus et pour lesquels cette arrête avait une grande importance. Nous dédions aussi notre ascension à Daniel, un autre compagnon de cordée qui ne nous accompagne pas cette fois.
Grande similitude entre la forme de la tête d'un braque et le rocher du sommet de cette aiguille !
Grande similitude entre la forme de la tête d'un braque et le rocher du sommet de cette aiguille !
La voie d'escalade, classée « assez difficile » en alpinisme (mais ne dépassant pas le 4+ / 5 en escalade) est composée de six longueurs de corde particulièrement belles et aériennes à partir de la 3e, la progression entrecoupée d'essences végétales dans la première longueur inspirera mon choix d'un chêne vert comme sujet d'aquarelle symbolisant le long dièdre incliné du départ.
Tracé de la voie d'escalade de la Tête de braque vue depuis les Gorges d'Eric.
Tracé de la voie d'escalade de la Tête de braque vue depuis les Gorges d'Eric.
L'historique des voies d'escalade de ces aiguilles et parois remonte à 1896, dès la création du club alpin français de Béziers Caroux. En 1910 déjà, les plus hautes aiguilles sont gravies par Viala, Déplasse, Dulong-de-Rosnay. Viendront ensuite Azéma, Frayssinet et d'autres grimpeurs émérites qui ouvrent de nombreuses voies. Puis de 1960 à 1980, Henri Blanc, Guy Pistre, François Pugibet et les frères Raynal signent d'autres beaux itinéraires, et les « plus grands » tels Armand Charlet, Robert Flématti, et René Demaison, ont également grimpé ici.
B) Action - création :
a) - Partie « escalade » :
Le fait pour moi de grimper cette fois en tête de cordée me permet simplement de mieux entrer en connivence avec la roche, la végétation ambiante, le vent et la lumière qui y prennent une toute autre dimension. Si pour d'évidentes raisons d'équilibre, d'horaire et de sécurité je ne vais pas systématiquement réaliser d'aquarelle en plein milieu des longueurs de corde, je vais par contre m'imprégner de tout ce qui dans mon environnement me permettra de dépasser le cadre de la simple contemplation. L'implication mentale, la concentration, l'effort physique, les sensations uniques liées à l'évolution dans une dimension de l'espace indissociable du vide et de la verticalité créent des émotions aptes à transcender le filtre du simple regard, ouvrant de nouvelles portes d'entrée me reliant à une conscience indéfinissable du cosmos... Je me sens « rechargé » d'énergie, dans un calme étrange où j'ai l'impression de parfaitement contrôler mes pensées et actions, dans un état de sérénité exempt de toute forme de distraction comme si j'étais dans une sorte de transe. Je ne ressens même plus la douleur liée à certains efforts mais suis davantage à « l'écoute du monde » tout en m'en sentant détaché.
b) -Partie aquarelle :
J'ai rapidement enchaîné la réalisation des 3 aquarelles correspondant aux principales longueurs de l'escalade sans interruption ni dessin préalable.
Sur le plan purement technique j'ai emporté dans mon sac à dos mon plus léger matériel d'aquarelle (dont pinceau à réservoir d'eau Pentel et petite boite pliable de Winsor et Newton) avec un petit carnet Paperblanks pour un travail dans la voie et un bloc de plus grand format + boite d'aquarelle en tube à alvéoles et différents pinceaux dont un spalter et un stryper n°1 de Léonard (que vous pouvez commander de ma part à aquarelle et pinceau si vous n'en avez pas) pour le travail à postériori.
Je pense avoir bénéficié de l'effet euphorisant de la partie « escalade » pendant plus d'une heure après les rappels de redescente de la voie, ce qui est suffisant pour plus de disponibilité créative dans la démarche picturale, bien que certaines des sensations et des perceptions sensorielles ressenties pendant l'escalade aient disparues. Par contre, il faut beaucoup d'efforts dans sa « remise en conditions » ultérieure pour retrouver sur les lieux une partie des sensations déjà éprouvées, afin de terminer certaines aquarelles, lorsque tout n'a pas été fait dans l'immédiateté.
Le chêne vert fruit de mon "expérience".
C) Conclusion :
Le motif du chêne vert a été très vite réalisé sans que je réfléchisse vraiment aux couleurs que j'employais ni à la façon dont je travaillais, dans une sorte d'euphorie (ou plutôt de vide intérieur), sans notion de temps et d'espace, où j'avais l'impression d'être en lien avec l'essence même de l'arbuste. Je peux en cela dire qu'effectivement « quelque chose » s'est également passé après l'escalade pour cette partie créative (nous verrons le cas de l'aquarelle réalisée au troisième relais de la voie elle-même dans un futur article).
Je n'ai pas encore assez de données pour tirer des conclusions évidentes mettant en valeur l'effet des composantes « fatigue – adrénaline – endorphines – etc. » sur la pensée et le produit qui en découle (l'aquarelle), mais je constate au résultat final que j'ai travaillé différemment, plus librement, plus « facilement » presque sans m'en apercevoir comme dans un état second.
Nous verrons dans le prochain article avec la deuxième longueur où davantage d'efforts physiques et d'implication mentale sont sollicités pour l'escalade quel motif elle m'a inspirée, comment je l'ai réalisé, et quelles réflexions elle a soulevées...
Il y a l’aquarelle « faite pour être vue » dont le produit de plus en plus élitiste et sophistiqué se structure en pyramide dans une perverse course en avant initiée par les salons à la mode : - cette forme d’aquarelle détient-elle « l’entière vérité » ?
- Le mécanisme économique produit par les tendances ainsi déterminées, est-il représentatif des initiatives individuelles échappant au système qui en découle, des expressions oubliées, des créateurs isolés ?
…Ou du plaisir de peindre comme on veut, loin des courants structurés ?
- Ce que l’on fait dans ces cas-là, est-il méprisable ?
Bien sûr, l’aquarelle dite « de création » est parfois une aquarelle d’action. Il y a le geste, l’implication, l’intention…
Plus simple, il y a l’aquarelle « de contemplation », à mes yeux davantage en harmonie avec les équilibres naturels révélant d‘autres formes de beauté que celles produites par l’humanité et ses civilisations.
L’aquarelle de voyage, relève souvent de cette dernière forme d‘expression.
Et puis, il y a l’aquarelle faite pour être vécue (l‘aquarelle de voyage en fait également partie).
Mais vécue autrement, loin des élitismes de toutes sortes. Pour soi, bien qu’elle puisse être partagée.
Il y a aussi action et « action ». J’évoque ici une action forcément différente de ce que l‘on peut généralement imaginer.
Une action plus « impliquante » qu’une simple promenade picturale, qui peut être créative si elle débouche sur un acte global assimilable à un « produit » créatif. L’ensemble pouvant alors être considéré comme une démarche artistique à part entière, à la fois active et créative.
« Petit matin au refuge Vallot ». Aquarelle figurative de 55 x 70 cm
« Petit matin au refuge Vallot ». Cette aquarelle figurative de 55 x 70 cm date des années 1970 (elle a aujourd’hui retrouvé la proximité du Mont Blanc dans la collection privée d‘un alpiniste de la vallée). Réalisée d’après les notes prises sur place à l’occasion de mon ascension du sommet. Elle était déjà dans l’esprit de cet inséparable relation « création - action » qui m’anime toujours au cœur de la nature chaque fois qu'elle dépasse l'échelle humaine…
Cette forme d’aquarelle « d’action » sera alors forcément aquarelle de création, car née au cœur de l‘action ou de la pensée incarnée par l‘action, même si le résultat ne correspond pas forcément aux critères définis par les canons de la « beauté » en matière d‘aquarelle contemporaine.
- Où situer ce concept dans un monde qui ne vous juge que par votre valeur médiatique ?
- Et comment en démontrer la valeur, quand il suffit d’acheter un billet d’avion pour aller à l’autre bout du monde initier un carnet de voyage ce qui, (tout problème de budget mis à part), est à la portée de tout le monde aujourd’hui ?
Maintenant, tout à été fait. Les réseaux sociaux regorgent d’œuvres magnifiques dont la plupart des auteurs sont complètement inconnus.
Même nos « élites » et « chefs de file » dans cette discipline n’ont pas fait mieux que nos grands maîtres du passé qui avaient pourtant bien moins de moyens que nous….
Bien sûr, la subjectivité est reine en matière d’expression artistique, mais lorsque j’ai découvert en art les dégâts provoqués par les idéologies dominantes sur nombre de créateurs isolés, le pouvoir qu‘elles peuvent exercer à travers la puissance médiatique, l‘hégémonie des courants à la mode indissociables des intérêts économiques, j‘ai fui en me réfugiant dans ces valeurs essentielles dont Michel Onfray et François-Xavier Bellamy, à travers le passionnant entretien croisé entre ces deux philosophes paru dans le Figaro du 25 mars 2015 à l'occasion de la sortie du livre de Michel Onfray, « Cosmos », déplorent la raréfaction.
Je cite deux ou trois phrases qui sans les couper de leur contexte rejoignent (par rapport à la nature) le fond de ma pensée :
LE FIGAROVOX. « - Michel Onfray, dans Cosmos, le premier volume de votre triptyque philosophique, vous rappelez la beauté du monde. Nous ne la voyons plus ? »
*Michel ONFRAY. « - Nous avons perdu l'émerveillement. De Virgile jusqu'à la naissance du moteur, il nous habitait. Mais depuis, nous avons changé de civilisation: de leur naissance à leur mort, certains individus n'auront vécu que dans le béton, le bitume, le gaz carbonique. Des saisons, ils ne connaîtront que les feuilles qui tombent des quelques arbres qui restent dans leur rue.
Il s'agit d'une véritable rupture anthropologique et ontologique: la fin des campagnes, la mort de la province et de la paysannerie au profit d'une hyper cérébralisation. Le vrai problème n'est pas l'oubli de l'être, comme disait Heidegger, mais l'oubli des étants qui constituent le Cosmos. »
*François-Xavier BELLAMY. « - Il faut aller plus loin encore: l'homme n'est plus en contact avec la nature qui l'environne, ni surtout avec la nature dont il se reçoit… Nous avons perdu le sens des saisons, mais aussi celui du rythme naturel de notre propre vie. Le citoyen est devenu citadin, et il a oublié que l'homme ne se construit pas ex nihilo, qu'il n'est pas un produit parmi d'autres, artificiel et transformable, dans la société de consommation. »
Alors, pour retrouver ce sens de l’émerveillement, pour vous le faire partager, pour renouer picturalement, activement (par le biais de l’aquarelle mais pas seulement, j’y reviendrai plus tard), avec la nature et l’intimité des éléments naturels, je suis revenu au contact de ces choses simples (en apparence) que sont l’air et la terre, en essayant d’en extraire l’essence, en les prenant à ma façon à « bras le corps ».
Dans l’esprit de la formidable aventure de « L’Aven aux Merveilles », quand vous m’avez accompagné dans l’exploration des nuits karstiques de l’Aven Noir en compagnie de Roland Pélissier, je vous invite cette fois à me suivre à travers de nouvelles aventures où action et création mêlées vous ouvriront d’autres perspectives sur le croquis aquarellé et l’aquarelle, loin des sentiers battus déjà tracés par les maîtres de la discipline, présents et passés.
Une banale prise de notes comme celles qui sont à l’origine de mon aquarelle du refuge Vallot. C’est sous cet immense porche que je vous donne rendez-vous dès le prochain article pour partir avec moi vivre de nouvelles aventures aptes à nous émerveiller en mêlant création et action. C’est d’abord à un nouveau concept que je souhaite vous inviter…
*François-Xavier Bellamy est maire adjoint de Versailles (sans étiquette). Ancien élève de l'École normale supérieure et agrégé de philosophie, il enseigne en classe préparatoire. Il est également l'auteur de Les Déshérités, ou l'urgence de transmettre paru aux éditions Plon en septembre 2014. *Michel Onfray est philosophe. Après le 21 avril 2002, il fonde l'Université Populaire de Caen. Son dernier livre, Cosmos, est paru chez Flammarion. Vous pouvez retrouver ses chroniques sur son site.
Il m’a fallu beaucoup de temps pour finaliser cette vidéo, et même si elle est réalisée avec les moyens du bord tant aux
prises de vues (extraites de 10 ans de stages et repérages sur place, où je n’avais ni la place ni le temps d’emporter un pied pour stabiliser la caméra, encore moins de soigner mes plans
surtout quand j’étais en charge de mes groupes qui passent avant tout), qu’au montage (où mon ordinateur poussif est au bord de l’asphyxie), je tenais cependant à ne pas en bâcler la charge
symbolique, et j’espère que vous me pardonnerez ses défauts techniques, ses images bougées et le temps où vous avez attendu ce nouvel article .
De la même façon j’ai travaillé de longues heures sur l’arrangement musical, laissant une part significative (générique de fin) à la musique
que m’avait laissé dans le but précisément d’illustrer le désert, mon fils Jean-Sébastien, quelques jours avant sa trop rapide disparition . Aussi c’est à lui que je la dédie en même temps
que je vous l’offre …
Pour voir la vidéo laissez-là se télécharger entièrement avant de lancer la lecture, vous pouvez alors la lire en basse définition et plein
écran si vous le souhaitez .
Mais pour l’avoir en haute définition ouvrez le lien «La musique du désert » (très peu
de perte mais ADSL rapide conseillé : laisser également la vidéo se charger, pour la lire en toute fluidité), ici le plein écran prend toute sa valeur : cliquez sur le bouton « HD » (pour
être en haute définition), puis sur le bouton « Full » du lecteur représenté par 4 petites flèches groupées en bas à droite du lecteur après le curseur de lecture et du volume audio . ("La
musique du désert", vidéo d’Alain MARC)
De retour avec vous pour terminer ce beau voyage dans le Grand Sud Marocain, je vous emmène aujourd’hui jusqu’aux immensités de roches et de sable qui se
dévoilent au voyageur se rendant aux ergs Chebbi et Lihoudi
.
Vous savez combien il m’importe ici de vous offrir des moments que je souhaite de qualité, avec des articles authentiques, (même si leur teneur en est parfois
modeste), des articles qui (en dehors des liens) ne soient pas constitués d’éléments « pêchés » dans d’autres sites ou blogs .
Quoi qu’il en soit, certains d’entre eux me demandent un énorme travail en amont, ils vous font alors attendre un peu leur parution (je suis loin de la cadence
d‘un article par jour !), mais je suis très fier de vous « récompenser » à chaque fois pour votre patience et votre fidélité .
Plutôt que de développer dans ce nouvel article les particularités des Ergs Lihoudi et Chebbi, que d’en illustrer le propos par une peinture sur le motif ou par
la reproduction d’aquarelles figuratives, j’ai préféré vous transmettre quelques réflexions inspirées par le désert de sable à propos de la peinture et du carnet de voyage en général, j’ai
surtout souhaité vous mettre au contact de cette beauté à l’état pur qu’est le désert tel que je l’aime …
En repérages en 2006 avec Pierre et Yolande au sud de M’Hamid . Là, nous sommes ensablés et plutôt en mauvaise posture : si un sympathique
berbère ne nous avait tiré de ce mauvais pas nous y serions encore ! … Comme quoi la peine que je me donne, (parfois des années à l’avance), pour aller préparer sur place et de façon
novatrice mes stages « carnets de voyages » n’est pas toujours récompensée sur le moment . (Photo Alain MARC)
J’avais intitulé cet article « Notre conscience du réel est-elle transformée par l’art ? … ou la musique du désert ? », mais
c’est le sujet du bac philo qui me fait inverser cette phrase, en guise de clin d’œil à tous les enseignants de France et de Navarre .
Nous avions pris, lors de l'avant dernier article de cette série, une journée de repos à Zagora pour nous ressourcer et peindre, l’occasion pour nous de
voir comment exécuter très rapidement et de façon assez libre une petite pochade à l’aquarelle apte à mémoriser un lieu,
une rencontre, un moment de notre voyage .
Dunes à perte de vue dans l’erg Lihoudi … (Photo Alain MARC)
Tout au long de ce périple, notre attention picturale s’est portée sur la réalité du monde telle que nous la percevions, en nous posant sans
cesse la question de savoir comment nous devions le traduire par l’aquarelle :
- soit avec une grande fidélité descriptive (afin que ceux qui voient notre description aillent au plus près de ce que la majorité d’entre-nous perçoit, je
repense au portrait d’Ahmed) - car le voyage (découverte qui nous sort du quotidien) peut déjà en soi être considéré
comme un objet créatif qui « nous ouvre le regard » et que la transcription de cette réalité dans sa compréhension nécessite une fidélité au sujet formel afin de ne pas le trahir et
en rapporter la vision la plus « objective » possible permettant de l’identifier ou de l’imaginer facilement en conservant dans son authenticité cette « ouverture du
regard » - ,
Kaïmas du bivouac du Fort Bou Jérif automne 2006, travail descriptif . (Aquarelle Alain MARC)
Kaïmas du campement dans l’erg Lihoudi, stage Grand sud printemps 2005, (la tente caïdale blanche était notre atelier en
cas de tempête de sable) . (Photo Alain MARC)
- soit avec notre liberté d’expression et notre sensibilité créative (plus conforme à notre affect, à notre perception intuitive, à notre
puissance imaginative ou à nos référents culturels et artistiques), traduisant du sujet l’interprétation que nous en avons individuellement ou la lecture que nous en percevons (par exemple
avec mes différentes interprétations d’Aït-Ben-Addou).
Mon attitude face à ce dilemme a toujours été soit d’en effectuer les deux
approches (si l’une ne devait pas nuire à l’autre), soit de privilégier l’approche informelle et intuitive lorsqu’il
est possible de la compléter par des éléments descriptifs, soit d’utiliser une expression de synthèse qui sans trop
s’éloigner du formel s’affranchit de détails ou de lourdeurs inutiles afin d’être plus proche de l’atmosphère d’un lieu, du caractère d’un personnage, de l’esprit d’une scène, de l’importance
d’un moment éphémère .
Aquarelles généralement synthétisées, réalisées par les participants (tes) au stage Grand Sud Maroc 2007 . (Photo Alain
MARC)
On y parvient mieux dans ce dernier cas en se mettant à « l’écoute du vivant » par une attention, (déjà Ptit’Jo avait compris l’importance de cette démarche lors de sa découverte du désert au cours de son premier voyage dans le Grand
Sud), un éveil de tous les instants, et une compréhension de la lumière, des formes et des couleurs où notre éducation du regard et notre réceptivité jouent un grand rôle, mais aussi par la
liberté qu’on va bien vouloir s’accorder dans l’expression, dès l’instant où nous dépassons les contraintes techniques, environnementales ou conjoncturelles (celles de la rapidité d’exécution
faisant partie des difficultés à maîtriser pour une plus grande force d’expression) .
S’il n’est pas très écolo, le 4 x 4 possède au moins un immense avantage pour l’aquarelliste : il permet de peindre
en servant d’abri en cas de vent de sable ! (Photo Alain MARC)
« Sable soulevé par le vent devant une dune » , aquarelle de synthèse . (Aquarelle Alain MARC)
Avec ce nouvel article, nous entrons aujourd’hui dans une dimension complémentaire aux précédentes, de l’expression carnettiste :
l’expression informelle, qui allant à l’essence des choses par notre intériorité, n’exclut en rien la puissance évocatrice du réel sur lequel elle repose, et lui reste fidèle dans l’esprit,
sublimant même sa dimension émotionnelle .
Nous rejoignons en cela le sujet de philosophie du bac 2008 « L'art transforme-t-il notre conscience du réel ? », j’ai même été étonné de voir ce
sujet apparaître au moment où cet article était presque terminé alors que la vidéo ci-dessus était en cours de finalisation !
Il faut dire que le sujet est aussi passionnant qu’on soit esthète ou artiste, simple « consommateur » d’art ou créateur soi-même, quand ce n’est pas
les deux à la fois !
« Dans les vagues de sable » . Aquarelle informelle .(Aquarelle Alain MARC)
« Les œuvres d’art, qu’elles soient figuratives ou abstraites, sont des créations qui se superposent aux êtres et aux
choses, sans avoir la même réalité que celle qu’on attribue au monde » : certes oui si on n’en considère que l’objet, mais leur pouvoir de véhiculer une certaine dimension de cette réalité
permet d’en prendre conscience de façon différente et complémentaire, en même temps qu’elles donnent au monde une existence inaccoutumée, une qualité supérieure, le métamorphosant même
parfois à l’état de merveille, le rendant quoi qu’il en soit plus intelligible .
Dans les grandes dunes de Chigaga … (Photo Alain MARC)
En nous montrant que l’art nous fait prendre conscience d’une réalité supérieure à celle que nous avons l’habitude de ne plus regarder,
l’évidence dans laquelle est engagé tout individu en démarche créative (aussi bien que tout voyageur - dans « démarche » il y a « marche » -), l’amène à constater (allez
voir ce qu’en pensait Nietzsche) que c’est par l’art qu’on prend « conscience que la réalité est elle-même une œuvre
à laquelle chacun doit participer » … Alors que dire si on est voyageur et artiste en même temps, cela, sous un aspect trivial, « nous crève les yeux » !
Notre carnet et voyage, en devenant « morceau de mémoire », rend plus réelle et intemporelle l’éphémère durée du voyage en éternisant les êtres et les
choses que nous y avons rencontrés . Il rend même permanents nos souvenirs et notre propre existence à travers sa réalisation alors que nous ne sommes que poussière traversant la vie .
Peu importe sa qualité graphique ou plastique car c’est l’acte lui-même qui compte : c’est de l’acte que naît la beauté et non de la seule contemplation du
monde dès l’instant où le regard s’approprie la beauté du monde pour mieux la partager ou la transcender (il y a beaucoup à dire aussi au sujet de « la beauté » - autre sujet de
philo -, j’y reviendrai un autre jour) .
En croquis sur le motif avec les chameliers de l’erg Chébbi .
Ainsi, comme à travers nombre d’engagements basés sur le partage, on peut faire de sa vie une œuvre d’art .
Bien sur, si une excellente maîtrise s’ajoute à une plénitude d’expression accomplie, l’acte artistique n’en sera que plus porteur des valeurs qu’il diffuse
.
Mais la première des nécessités pour comprendre l’importance de cette prise de conscience est de ne pas croire que l’art est un simple divertissement sans
influence décisive sur notre conscience du monde . De ne pas croire non plus que la suffisance de notre intelligence, de nos acquis et certitudes autant de nos biens matériels peut répondre à
toutes les questions de notre existence .
Être toujours à l’écoute, en éveil, toujours en aptitude d’apprentissage, avec amour pour nos semblables et humilité me parait être l’indispensable consigne de
vie pour qui veut en transmettre des éléments essentiels, à plus forte raison si notre position sociale nous distingue de nos semblables par les recours ou les références qu’elle produit . Le
cas du peintre voyageur n’échappe pas à cet exemple …
Se laisser absorber par la beauté des éléments, y laisser nos traces, n’est-ce pas déjà créer une œuvre éphémère qui
nous englobe et dans laquelle nous sommes acteurs ? (Photo Alain MARC)
Pour qui est sensible aux milieux naturels c’est dans le désert, les forêts sauvages, en haute montagne, en haute mer, dans les profondeurs
de la terre que se trouvent les réponses à ces questions .
Et le désert me direz- vous ?
- C’est en vous parlant de l’art et de notre conscience du réel que je vous ai parlé du désert .
S’il y a des mirages dans le désert, c’est parce que le réel y est différent, que notre conscience de la réalité doit y faire un apprentissage différent de la
beauté .
Deux petits points dans l’océan de sable : aquarellistes lovés au creux d’une dune saisissent de bon matin les premiers
rayons de soleil léchant le désert … (Photo Alain MARC)
Il n’y a rien de plus éphémère et de plus permanant qu’une dune .
Hors, non seulement les dunes se déplacent sous l’effet du vent, mais leur forme, leur couleur, évoluent sans cesse selon les conditions météo, la lumière, et
la position du soleil ou de la lune …
Les dunes, ce sont un peu les nuages de la terre . Parfois dans les tempêtes de sable ils rejoignent même ceux du ciel pour aller jusqu’au cœur de l’Afrique
avec le vent de l’harmattan .
C’est pour cela que je privilégie pour le désert l’expression informelle, trouvant que nulle représentation n’est assez forte pour le traduire et l’évoquer
.
Petit jour sur l’Erg Chebbi : l’incroyable beauté des dunes de Merzouga . (Photo Alain MARC)
Lever de soleil dans les dunes de Chigaga … (Photo Alain MARC)
« Hamada du Drâa », la peinture informelle qui a servi de trame à la vidéo ci-dessus : encres, aquarelle et acrylique . (Technique
mixte sur papier, Alain MARC)
Trouvant que seule sa musicalité est significative des beautés qu’il révèle à qui veut bien se donner la peine d’aller les chercher … Sans doute la musique et
la poésie sont-elles aptes plus que la peinture à restituer l’abstraction du désert à travers les émotions et les sentiments qu’il nous procure .
Alors je préfère, moi qui ne suis pas un homme du désert, qui ne sais rien de l’adaptation à cet univers de rigueur et de beauté au quotidien, laisser la
conclusion de cet article et de notre voyage pictural dans le Grand Sud Marocain à Fati, fille du désert, poète méconnue des grands espaces et des verdoyantes oasis qui nous écrit depuis le
bord des rives du Drâa (confirmant en cela dans son poème de façon très simple par un constat d'amour né de son contact permanent avec le désert, que la réalité est elle-même
une œuvre à laquelle chacun doit participer) :
«J’aime la magie des lumières du grand sud,
J’aime les caresses du souffle chaud, dans le climat aride,
J’aime la tendresse de l'aurore dans le désert,
J’aime la lune, dans ses apparitions les plus claires,
J’aime la majesté du soleil, qui prépare son coucher,
J’aime le rugissement du vent dans les rochers,
J’aime le déferlement des vagues contre les falaises,
J’aime ces regards troublants qui provoquent le malaise,
J’aime ce silence paisible lorsqu'il vient m'enlacer,
J’aime les étoiles aux yeux des enfants qui passaient,
J’aime les chants des oiseaux au petit matin,
J’aime ces fleurs épanouies, qui exhalent leurs parfums,
J’aime ces discussions surréalistes d'après minuit,
J’aime cette présence qui vient hanter mes nuits ! »
Lever de soleil sur l’erg Lihoudi . (Photo Alain MARC)
« Vagues de sable », peinture informelle : encres, aquarelle et acrylique . (Technique mixte sur papier, Alain
MARC)
Il n’y avait qu’un pas, et je le franchis grâce à Adil, notre fidèle ami correspondant avec nous depuis le Pays du Soleil couchant (quelle chance a-t-il de vivre si
près du désert), qui sans le savoir dans son commentaire de l’article précédent, a entrouvert les portes de billets en préparation qui soulèvent des questionnements artistiques touchant à
l’existentiel, dont je vous réserve quelques articles pour l’avenir, et parce que c’est la fête de la musique, je vous invite à écouter le chant des dunes …
« La dune bleue » . (Aquarelle Alain MARC) Cliquez sur l’aquarelle pour entendre « chanter la dune » .Alors,
qu’en pensez-vous ?
Vous savez combien le rapport de notre conscience au réel à travers l’art, la poésie, la musique et les questionnements qu’ils soulèvent m’importe .
Il faut dire que les mystères qui entourent l’existence elle-même sont si nombreux et complexes, qu’en artiste attentif je suis autant à l’écoute du monde à travers ce que la science nous en
apporte d’éclairage, qu’à l’écoute de mes propres perceptions et intuitions surtout lorsqu‘elles viennent du fond de mon intériorité …
Alors, pour en revenir aux dunes, je vous invite d’abord à cliquer sur les liens ci-dessous, qui comme je le disais à Adil, vous permettront d’aller à la réalité physique du chant des dunes, et
pour celles et ceux qui ne savent pas ce que c’est de les « entendre chanter » comme vous en avez entendu une en cliquant sur mon aquarelle :
1) -Superbes enregistrements de différentes dunes du monde(il vous faut le lecteur Quick Time),
2) -La physique des dunes et du sable,
3) -Intéressant site
universitaire.
Mais une fois dévoilé le mystère acoustique dans toute sa compréhension scientifique, que reste-t-il, que reste-t-il face à cette extraordinaire sonorité qui nous envahit et nous élève comme la
prière des mélopées de moines tibétains ?
Il nous reste le magnétisme, l’éblouissement, l’hypnotique plongée dans un univers de pure beauté sonore qui nous emporte bien au-delà de ce que nous explique la science, de la cause à l’effet .
Elle nous projette dans un autre dialogue entre nos plus obscures profondeurs et ce que nous dit la dune . Avec cette étrange impression de ne savoir déchiffrer quel message nous transmet la voix
des sables, sur quels rivages elle veut nous emmener …
Face à ce trouble, à cet appel mystérieux, et en pensant au cours du fleuve Drâa qui disparaît dans les sables du désert pour ne réapparaître à son embouchure qu’à des centaines de kilomètres je
vous laisse découvrir ce merveilleux conte perse « La voix des sables » extrait du très beau livre d’Henri Gougaud «L’arbre d’amour et de sagesse» : "Il était une fois un vieux fleuve perdu dans les sables du désert. Il était descendu d’une haute montagne qui se confondait maintenant avec le bleu du ciel. Il
se souvenait avoir traversé des forêts, des plaines, des villes, vivace, bondissant, puis large, fier et noble. Quel mauvais sort l’avait conduit à s’enliser parmi ces dunes basses où n’était
plus aucun chemin ? Où aller désormais, et comment franchir ces espaces brûlés qui semblaient infinis ? Il l’ignorait et se désespérait.
Or, comme il perdait courage à s’efforcer en vain, lui vint des sables une voix qui lui dit :
- Le vent traverse le désert. Le fleuve peut en faire autant. Il répondit qu’il ne savait voler, comme faisait le vent.
- Fait donc confiance aux brises, aux grands souffles qui vont, dit encore la voix. Laisse-toi absorber et emporter au loin.
Faire confiance à l’air hasardeux, impalpable ? Il ne pouvait accepter cela. Il répondit qu’il était un terrien, qu’il avait toujours poussé ses cascades, ses vagues, ses courants dans le monde
solide, que c’était là sa vie, et qu’il lui était inconcevable de ne plus suivre sa route vers des horizons sans cesse renouvelés. Alors la voix lui dit (ce n’était qu’un murmure) :
- La vie est faite de métamorphoses. Le vent t ‘emportera au-delà du désert, il te laissera retomber en pluie, et tu redeviendras rivière.
Il eut peur tout à coup. Il cria :
- Mais moi je veux rester le fleuve que je suis !
- Tu ne peux, dit la voix des sables. Et si tu parles ainsi, c’est que tu ignores ta véritable nature. Le fleuve que tu es n’est qu’un corps passager. Sache que ton être impérissable fut déjà
maintes fois emporté par le vent, vécut dans les nuages et retrouvera la Terre pour à nouveau courir, ruisseler, gambader.
Le fleuve resta silencieux. Et comme il se taisait un souvenir lui vint, semblable à un parfum à peine perceptible. « Ce n’est peut-être rien qu’un rêve », pensa-t-il. Son cœur lui dit : « Et si
ce rêve était ton seul chemin de vie, désormais ? »
Le fleuve se fit brume à la tombée du jour. Craintif, il accueillit le vent, qui l’emporta. Et soudain familier du ciel où planaient des oiseaux il se laissa mener jusqu’au sommet d’un mont. Loin
au-dessous de lui les sables murmuraient :
- Il va pleuvoir là-bas où pousse l’herbe tendre. Un nouveau ruisseau va naître. Nous savons cela. Nous savons tout des mille visages de la vie, nous qui sommes partout semblables.
La voix sans cesse parle. Comme la mémoire du monde, le conte des sables est infini. " Enfin, pour vous emmener dans un autre voyage de l’imaginaire et du merveilleux né de la
rencontre des hommes et du désert, je vous laisse cliquer sur le curseur de lecture situé sous la dernière aquarelle ci-dessous, un petit bijou du site d’Arte Radio.
« Chanson du fleuve de
sable » (Aquarelle Alain MARC)
Cliquez sur le curseur traingulaire de lecture ci-dessus, et régalez-vous de cette histoire magnifique !