Je plains beaucoup les Francs-Comtois du XXIe siècle : le bel arbre (un frêne ?) qui était situé rive droite à l'entrée de la grande vasque en bas de la source du Lison (à 100 m environ en aval du bas de la chute rive droite dans le mur en bordure du Lison), à l'endroit à peu près, où Courbet avait peint le plus connu de ses fameux tableaux de cette source (voir https://france3-regions.blog.francetvinfo.fr/vallee-de-la-loue/wp-content/blogs.dir/131/files/2015/07/sourcedulison.jpg), cet arbre magnifique donc, a été coupé !
C'était le seul arbre qui nous faisait de l'ombre à l'entrée du terre-plein d'accès à la source (sans doute pour en "dégager la vue" ? ...Mais quel four à cet endroit en plein été !), ce qui en massacre totalement et définitivement l'aspect pour tous les peintres qui s'y mettaient à l'ombre afin de peindre la source depuis le point de vue de Courbet.
Arrivée sans ombre côté rivière près de la source de la Loue (l'arbre coupé qui faisait une ombre magnifique était au centre de la photo - derrière la petite fille en rouge -).
Ainsi, l'arrivée à la vasque d'eau vive se retrouve en plein soleil et complètement à contre-jour (y compris pour les photographes) repoussant aussi de la sorte les touristes souhaitant pique-niquer à l'ombre de cet arbre disparu, tout à gauche de l'esplanade calcaire quand on est face à la source, sous les frondaisons restantes loin du Lison (ou à la seule et unique table - encore - ombragée un peu plus haut), nous repoussant à nous peintres sur le côté en amont, à un endroit où on a la cascade de profil et aucune vue sur l’exsurgence karstique.
Gustave Courbet, "Source de Lison près de Nans", (c'est un arbre comme celui qu'il a peint sur sa toile sous lequel nous nous mettions à l'ombre pour peindre la même source, qui a été abattu)...
Erreur paysagère irréversible et totalement contre-productive puisqu'au lieu de mettre en valeur ce site (même chose qu'à la source de la Loue !!!!) on lui retire de cette façon-là son charme et son mystère séculaire, en en faisant un objet de spectacle perdu dans un cirque disproportionné, où l'harmonie des masses n'est plus équilibrée par rapport à la récente époque où on la découvrait au dernier moment au milieu de sa végétation naturelle : - les "aménageurs" du site auraient-ils oublié les toiles et esquisses du grand peintre COURBET qui avait si bien traduit ces lieux (et dont ils sont si fiers par ailleurs) ?
On voit, à gauche sur cette belle photo de Jean-Jacques BERNARD (allez visiter son intéressant site en cliquant sur sa photo), le fameux arbre qui a été coupé : imaginez la même photo sans l'arbre, et vous aurez une idée de la "nudité" actuelle de cette berge, et de la disparition de son écrin de verdure...
Je sais de quoi je parle ayant participé à la mise en valeur de sites tout aussi importants, où de telles erreurs n'ont pas été commises, car nous n'avons pas seulement pensé "rapport aménagement - sécurité - point de vue - affluence et accueil touristique" mais équilibres naturels, prise en compte des valeurs culturelles et inscription du contexte esthétique dans la durée...
On ne pourra donc plus peindre à présent en groupe la cascade que sous cet angle-là et sans recul, ce qui, avouons-le, a bien moins d'intérêt que de face, où nous avons réalisé pendant des décennies de jolis motifs dont sont extraites les aquarelles ci-dessous :
Celle, ci-dessus à gauche, fait partie de mon carnet "D’hiver en été, exercices d’aquarelle autour de La Fresse, en Saugeais" (cliquer dessus, pour aller voir des extraits de ce carnet).
Ce motif fait partie des croquis de synthèse destinés à réaliser quelque chose de complexe en 10 mn maximum : un régal quand on est à l'ombre et en face de son sujet, une vraie galère dans le cas contraire (comme à présent où on ne peut même pas traduire la profondeur de la voûte, tant elle est à contre-jour et difficilement perceptible de côté) !
Le porche d'entrée de la source et sa voûte, justement, quand on pouvait se mettre en face à l'ombre de l'arbre pour la peindre...
La source du Lison toujours, (ici abondante), aquarelle réalisée il y a quelques années.
Allez, j'arrête là, des sources du Lison j'en ai des dizaines, vous comprendrez que c'est un sujet que je connais parfaitement, raison de plus pour dire en connaissance de cause que ces "aménagements" sont plutôt des calamités !
Et puis, retombées économiques m'impliquant personnellement à travers certaines structures hôtelières et touristiques de la région que je faisais "travailler" ici : j'ai emmené sur ce site des sessions entières de peintres amateurs lors des formations que j'anime, ceci depuis 40 ans tous les étés pendant plusieurs semaines d'affilée (ainsi que nombre de mes collègues, soit environ 1500 personnes depuis que je viens), où nous nous mettions toujours à l'ombre de cet arbre pour peindre en y ayant le meilleur point de vue, propageant ensuite son intérêt lors de publications, expositions, etc., en le faisant connaître et le valorisaient ainsi souvent bien loin du Doubs, je vais donc à présent amener ailleurs mes élèves, et dissuader tous mes amis de venir peindre dans cet endroit (et je ne suis même pas sûr qu'on revienne à Ornans au musée Courbet - , les deux sites majeurs du peintre ayant été abîmés par leur "mise en valeur" - on ira donc voir ses peintures au Musée d'Orsay, au Petit Palais et à Montpellier) !
La seule espérance (et possible chance) de cet endroit est de voir combien la nature est plus sage que l'homme : de petites repousses repartent du tronc, espérons qu'un (e) imbécile ne viendra pas les saccager, et si elles redonnent un bel arbre dans 20 ans, ce seront au moins nos enfants qui pourront en profiter !
J'ajoute que laisser les voitures et le (s) minibus sur le parking de ce site devenu au mois d'août un véritable four sans ombre (où on a également supprimé les petits arbres qui y poussaient - décision tout aussi "rationnelle" et intelligente -), n'incite pas plus à s'arrêter à la source du Lison que d'y venir peindre en plein soleil pour le moment !
Par contre, finissons sur un point positif : la réussite de "La maison du Lison" en bordure de ce même parking, qui est sobre, esthétique et fonctionnelle (peut-être un peu chaud l'abri pique-nique en été)...