Aquarelles en Provence, « La route des peintres de la lumière » (B) ...
Au cours de notre stage de peinture (voir «La route des peintres de la lumière» A ), nous parcourons la campagne à la recherche de ces motifs qui ont enchantés les grands peintres de la lumière comme les plus modestes, les plus anonymes ...
Années après années de recherches et de repérages, j'ai retrouvé de nombreux endroits très précis, où Cézanne, Van Gog, Yves Brayer et bien d'autres avaient planté leur chevalet, et je peux à présent les faire partager à mes stagiaires .
Il m'a fallu être très observateur et opérer par recoupements car beaucoup de ces endroits ont énormément changés : modifications parfois considérables qui font que les endroits restés authentiques sont à présent relativement rares, bonheur supplémentaire de s'y retrouver !
Miraculeusement préservée du récent tracé de TGV qui ne passe qu'à quelques dizaines de mètres, la magnifique chapelle de Saint Symphorien illumine la garrigue de ses murs de pierres blanches sur le fond bleuté du Luberon .
J'en ai tiré cette pochade, toujours sans dessin, de quelques coups de pinceau, car comme je l'ai déjà dit je n'aime pas passer un temps fou sur une aquarelle, à plus forte raison si elle est peinte sur le motif ! (Aquarelle Alain MARC 12 x 18 cm)
Ce qui caractérise la Provence au printemps, c'est sans aucun doute la beauté de la floraison : il y a des fleurs partout, et on ne sait des senteurs qui parfument l'air, lesquelles sont les plus subtiles . Ces parfums sans fin se mêlent à l'odeur des plantes aromatiques qu'on foule en marchant, et à celles des aiguilles de pins qui se balancent dans le vent . C'est un bonheur que d'attendre le chant des premières cigales en se glissant au milieu des genêts, pour en saisir l'éblouissante blondeur qui se mêle à la chevelure bleutée des oliviers . Et puis aller de champs de coquelicots en talus violets et parme débordants de vesses, ou aux aguets des premières cerises qui mûrissent dans les vergers . Voici pour clore cet article sur le stage d'aquarelle en Provence, quelques souvenirs visuels dont certains ne sont pas près de s'effacer de notre mémoire ...
Cette photo est retirée d'une vidéo en VHS que j'avais tournée dans les années 90 en bas du village de Vernègues : le paysage y était somptueux, on avait du mal à imaginer que ce champ fleuri n'était que le fruit du travail de la nature, et qu'il était voué à une disparition programmée par l'homme et ses intérêts matériels les plus spéculatifs ! ... Nous irons peindre sur des sites aussi beaux même s'ils deviennent de plus en plus rares (voir ci-dessous) .
La preuve avec cette photo prise il y a quelques jours à peine au même endroit ? Il y a maintenant un lotissement sans âme, et c'est un des lieux des plus charmants de Provence qui est définitivement gâché, détruit, perdu . C'est comme cela tous les ans partout où je vais peindre : nos sites se réduisent à peau de chagrin, et quand ils sont classés ils sont parfois «si bien gérés», qu'on ne peut même plus y peindre librement en groupe ou que les contraintes pour y projeter nos rêves et y promener nos pinceaux sont si dissuasives qu'on n'a même plus envie d'y aller (sans compter les «aménagements» sensés contribuer à la conservation du site qui gâchent le plaisir de s'y retrouver ) !
C'était quand j'avais tourné la petite vidéo des années 90 à cet endroit-là . J'y avais aussi réalisé cette modeste aquarelle . (Aquarelle Alain MARC 21 x 29,7 cm)
Les pique-niques de nos stages en Provence font partie des temps forts de nos journées de peinture : c'est un moment privilégié pour se retrouver entre nous et partager en toute convivialité les bons repas de campagne préparés par nos amies cuisinières à l'abbaye .
Heureusement que d'autres lieux ont gardé tout leur charme ... Nous voici installés dans la plaine des Baux de Provence, à l'endroit même où Yves Brayer peignit son fameux « Amandier aux Baux » . On le devine sur la photo derrière le personnage de droite debout à la veste beige . Endroit magnifique . Pourtant, quelle ne fut pas notre stupéfaction lorsque le propriétaire des lieux détruisit à la tronçonneuse cet amandier (et les deux autres à côté) sous prétexte "qu'ils ne donnaient plus rien" ! Lui, comme tant d'autres, était totalement insensible à la beauté de cet amandier décharné qui résumait si bien le passé agricole et rural de ce superbe endroit . Au fond sur la colline, le château de la citadelle des Baux se confond avec les rochers sur lequel il est édifié .
Je n'ai rien pu faire pour sauver le bel amandier, mais je venais de le peindre (en démonstration pour expliquer ma façon d'interpréter les lieux), et cette aquarelle reste l'une de mes préférées faites en cet endroit, sans aucun doute pour des raisons sentimentales ! Comme quoi la peinture est un acte de témoignage très fort dont il faut avoir conscience, particulièrement lorsqu il s'agit de travaux destinés à un carnet de voyage . (Aquarelle Alain MARC 21 x 29,7 cm)
Dans les Alpilles toujours, au milieu des gigantesques genêts d'Espagne des Hauts de Eygalières, (le vieux village qui disparaît littéralement derrière) et le parfum de ces milliers de fleurs éclatantes comme le soleil autant que le charme secret de ce lieu, accompagnent nos aquarelles jusqu'à la fin de l'après-midi .
Voilà le croquis aquarellé que j'y ai réalisé, où l'on devine la profusion de toute cette merveilleuse végétation servant de piédestal aux vieilles pierres qui dominent les oliveraies . (Aquarelle Alain MARC 18 x 32 cm)