« Les ouvrages en cheveux »,
… un livre passionnant d’Andrée Chanlot .
De quoi nous parles-tu, me direz-vous, alors que vous attendez de moi pour la plupart d’entre-vous des aquarelles ou dessins extraits de mon tout récent voyage en Afrique équatoriale ?
Pour ces extraits ce n’est pas encore aujourd’hui que je les mets en ligne (mais très bientôt), et surtout ne croyez pas que je m’égare : il y a une étrange relation entre la mise en valeur de la personnalité des hommes et des femmes d’Afrique à travers leur coiffure (qui est un élément essentiel de leur parure et donc de leur patrimoine vivant et traditionnel qui m’a fasciné pendant tout mon voyage), et l’histoire artistique de l’usage du cheveu tel que nous la révèlent les étonnantes réalisations des « artistes en cheveux » bien de chez nous, surtout au XIX ème siècle car ils ont aujourd’hui tous disparus . Je n’évoque pas les coiffeurs, non, car ces artistes - artisans opèrent directement sur les cheveux des personnes qu’ils coiffent, mais d’autres artistes - artisans dont l’activité plus proche de la passementerie ou du bijou est fort peu connue . Une page du livre très documenté d’Andrée CHANLOT, que je mets en ligne avec son aimable autorisation .
C’est à Andrée CHANLOT, une spécialiste de ce type de connaissance que je dois cet article .
J’ai beaucoup pensé à elle lorsque j’ai découvert avec surprise sur les petits marchés de l’arrière pays aussi bien que dans les boutiques de cosmétiques ou de coiffure des rues de la capitale ghanéenne, que de savantes tresses et autres magnifiques parures de cheveux naturels étaient vendues non seulement comme postiches et additifs capillaires pour les élégantes, mais aussi comme objet décoratif à part entière dont il serait intéressant de chercher la signification sociologique et culturelle … Mais revenons à son passionnant ouvrage . Il nous fait découvrir d’étonnants chefs d’œuvre à travers une exceptionnelle collection privée, qui trouve sa place au Musée National des Arts et Traditions Populaires : objets insolites faits avec des cheveux, (généralement à des fins sentimentales avec des cheveux d’êtres aimés), tableautins, médaillons, bijoux, accessoires de costume, etc. Toujours extrait du livre « les ouvrages en cheveux », cette miniature ronde de 8,5 cm de diamètre « Le pont », réalisée vers la fin du XVIII ème siècle avec des cheveux châtains clairs et bruns, collés sur soie . Les reliefs sont en poudre de cheveu et le ciel et l’eau rehaussés à la gouache bleutée . Autorisation Andrée CHANLOT .
Andrée a eu un grand mérite d’aller jusqu’au bout de son projet puisqu’elle a écrit ce livre qui est une sorte d’extraordinaire carnet de voyage, au prix de recherches longues et compliquées et d’une formidable ténacité !
Un voyage qui nous permet de suivre son auteur sur des chemins insolites et de voir ce que d’autres ne voient pas, à travers la véritable enquête qu’elle a menée aux sources d’une mémoire complètement oubliée puisque cette coutume a été abandonnée brusquement au début du siècle dernier : ceux qui, passant par ces bijoux, tableaux, broderies, marqueteries, collages, n’en finissent pas de nous étonner en nous révélant l’extraordinaire faculté de création dont ont fait preuve les artistes en cheveux dès la fin du XIII ème siècle et le siècle suivant . Si vous êtes collectionneurs (ses), passionnés (es) d’objets et livres rares ou tout simplement curieux (se) et souhaitez acquérir cet ouvrage n’hésitez pas à me le signaler, je vous mettrai en relation avec Andrée CHANLOT, car elle l’a édité à compte d’auteur et il est introuvable ailleurs . Aussi je la salue ici au nom de tous les amateurs de documentations rares, d’un admiratif, enthousiaste, et amical coup de chapeau !