Vous avez certainement remarqué, si vous suivez régulièrement ce journal, que je ne m’étais pas manifesté depuis longtemps ?
Eh bien, une actualité récente très édifiante m’amène à vous retrouver en sortant un peu de ma série de publications habituelles, car elle nous touche tous et toutes si nous sommes acteurs (trices) de l’art actuel.
Il y a une semaine exactement, je terminais la visite du salon d’art contemporain de Toulouse (assez bien fréquenté lors de ma visite), par sa traditionnelle vente aux enchères.
Pratiquement aucun tableau ne s’y est vendu (enfin, si peu…) malgré des mises à prix se situant autour de 150 à 200 € pour la plupart, certaines bien inférieures à 100 €, même pas de quoi payer le châssis et les couleurs utilisées !
Nombre de toiles étaient pourtant intéressantes et de bonne facture, et de format fort honorable de surcroît…
- Alors ? - Que penser de cela ?
Parmi différentes réponses, je vous laisse choisir parmi celles-ci, celles sous forme de questions qui vous conviennent le mieux :
1) - Que les acheteurs potentiels n’étaient pas au rendez-vous, les acheteurs potentiels aptes à faire de « bons placements » (sauf exception) ne s’intéressant guère à de jeunes (et moins jeune) artistes qui ne sont pas déjà « portés » par un autre marché de l’art privilégié et « verrouillé » par la branche élitiste du pouvoir culturel ?
2) - Que hormis l’intellectuelle centralisation parisienne (et ses proliférations provinciales) point de salut ?
3) - Que la crise touche en priorité l’artiste peu ou pas coté ?
4) - Que le nombre considérable d’artistes (ou se définissant comme tels) est en incessante augmentation, et qu’il sature un marché dans lequel le public de masse est complètement « déboussolé » puisqu’il y a perdu ses repères liés aux valeurs fondamentales de l‘histoire de l‘art ? Cela expliquant fort bien par ailleurs l’immense succès des expositions artistiques concernant surtout les artistes et les œuvres d’un passé allant jusqu’à l’impressionnisme et jusqu’aux périodes modernes, mais où ces valeurs (sous ses différents aspects) continuent de véhiculer une réelle « déontologie » de la création artistique, …ah, farceur de Duchamp, qui t‘a réellement compris ?
5) - Que bien des « dogmes idéologiques» de l’art contemporain depuis longtemps dictés par l’élite ou plutôt la secte d’initiés qui en a fait le rapt ont détruit en le déshumanisant le terreau sur lequel poussait traditionnellement le véritable amateur d’art ?
6) - Que la profusion et la banalisation de l’image (sous quelle forme qu’elle soit) donne l’illusion qu’elle est très facilement accessible à tous, devenant banale et sans valeur même lorsqu’elle est le fruit d’une démarche de l’esprit s’appuyant sur l’engagement d’une vie, des études approfondies, un travail acharné, des réflexions et des expériences dans la durée sans démagogie ni compromission ?
J’ai bien d’autres questions qui me brûlent les lèvres, d’autres constats à apporter… mais je ne voudrais pas gâcher votre fête de Pâques !
- D’ailleurs pour Pâques (qui est symbole de renouveau, de résurrection), je me surprends ainsi à ma façon de vous apporter (j’espère), un vent nouveau d’esprit critique et de regard différent sur le printemps…