Bonne Année 2006 : émerveillez-vous !
Toujours en Aubrac : la forêt est aussi jolie que celle du « Monde de Narnia » !… (photo Alain MARC)
Dire que je vous avais préparé une magnifique page pour le jour de l’an !
… Et puis rien, sur mon blog rien du tout ce jour-là, j’étais aux abonnés absents .
Surtout ne vous en fêtes pas (non ce n’est ni un lapsus ni une faute de frappe), je ne vous avais pour autant pas oublié, vous étiez simplement avec moi différemment .
En voici la preuve par laquelle vous en viendrez à constater comme moi que la notion du temps est relative, et bien qu’elle nous assomme tous les ans d’une année de plus il est possible comme le pensait ce cher Einstein de la considérer autrement .
C’est ce qui se produisit pour moi le jour et le lendemain de la Saint-Sylvestre, grâce à la puissance de l’émerveillement …
C’est comme un conte de Noël déplacé au jour de l’an, comme un retour dans un monde oublié depuis pas mal de temps déjà .
Mais voilà, quand un petit Jo déboule du haut de ses huit ans (appelons-le « Jo » pour protéger son anonymat), au diable réveillon et cotillons, vive un retour dans l’enfance bien plus intéressant !
Pour lui l’après-midi avait déjà bien commencé : avec sa première leçon de ski de fond sur le plateau de l’Aubrac .
Nous étions passé louer des skis dans la jolie petite station de ski de Laguiole, mais c’est loin de la foule bariolée et des remonte-pentes qu’il fit ses premières foulées dans le silence et l’immensité de la montagne balayée de brumes et de vent . (photo Alain MARC)
Il a patiemment appris ses premiers gestes nordiques, équilibre et souplesse, dosage des appuis, pas tournant, alternance de la foulée, synchronisation de la poussée, positions de montée et de descente, freinages les plus simples, techniques de relance, etc., etc.
Il est tombé de moins en moins souvent, assimilant vite, en redemandant encore alors que la nuit allait tomber …
Le soir en guise de réveillon, cette journée s’est terminée par une séance de cinéma : nous avons été voir « Le monde de Narnia » qui vient de sortir sur les écrans .
On peut plus que jamais parler de 7ème Art, car même si le coréalisateur de « Srek » peut être critiqué sur la façon dont il a adapté le conte de C.S. Lewis (la critique est facile !), Adamson a eu le mérite d’empreindre de magie cette belle histoire grâce à ses effets spéciaux magnifiques et à son immense talent de spécialiste du film d’animation .
Il y a longtemps que je n’avais été touché de la sorte par un comte merveilleux . Pas simplement parce qu’il allumait des étoiles de bonheur dans les yeux du petit Jo, mais aussi parce qu’il réveillait en moi le garçonnet que je suis resté au grand désespoir d’une bonne partie de ma famille .
Sans doute aussi parce qu’il touche à la mythologie et qu’il redonne au rêve sa part de réalité, tentative risquée dans la matérialité du monde qui nous entoure au quotidien .
Des traces en relief ? … Par quel sortilège le monde se mettrait-il à l’envers ? (photo Alain MARC)
Au retour, nous avons beaucoup discuté : de la capacité à s’émerveiller, de l’importance de l’imaginaire, de celle des mythes, de leur rôle dans l’histoire des cultures et des civilisations, du rapport entre les personnages de la mythologie et le sens du voyage comme approche d’autres formes de connaissance …
Petit Jo n’est pas avare de remarques et de questions . Il admet que si les belles histoires n’existaient pas, il faudrait les inventer pour nous faire rêver, pour nous aider à échapper à la dureté de l’existence, et aux difficultés du quotidien .
Il comprend déjà que ce qui est primordial en tout cela c’est ce que nous pouvons y puiser, ce que nous allons en retenir, le sens et la force des symboles qui doivent s’en dégager . Il voit qu’il suffit de chercher pour trouver derrière les apparences d’étonnantes réalités .
En s’endormant ce soir-là entouré de minotaures effrayants, de faunes et de centaures bienveillants, il pressent bien qu’il y a deux façons de se divertir : pour oublier le temps qui passe sans se poser de questions, ou pour élargir sa conscience en nous enrichissant intérieurement, autre moyen plus accomplissant pour nous libérer de l’emprise du temps …
Animal étrange et fantastique : est-il sculpté par le vent, ou monte-il la garde à l’entrée du territoire de la Sorcière Blanche ? (photo Alain MARC)
Le lendemain matin, pour envoyer ses vœux à son oncle d’Afrique, il a dessiné un skieur et un bonhomme de neige, en me disant : « - tu sais, je veux en faire un dessin animé : ce sera l’histoire d’un bonhomme de neige qui évite de se faire écraser ! »
Nous nous sommes mis à l’ordinateur . J’ai expliqué à Jo le fonctionnement du logiciel de dessin, l’enchaînement des images, leur réduction de poids et de dimension, leur compression au format GIF, etc., je vous assure qu’il a voulu se débrouiller seul .
Voilà le résultat :
"Skieur et bonhomme de neige" la première animation du petit "Jo" .
Nous sommes tous petits bonhommes de neige ou skieurs .
On fonce ou on contemple la vie .
On se déplace ou on voyage sur place .
Lorsqu’on est bonhomme de neige, si on rêve un peu trop la tête dans les nuages, on risque bien de se faire écraser par quelque skieur : il faut vite réagir lorsqu’on nous fonce dessus si on ne veut pas disparaître !
Et si l’on veut reprendre sa place, on vous fonce toujours dessus !
Et Jo de me poser de nouvelles questions : « - qui est le plus fort ? le skieur ou le bonhomme de neige ? - vaut-il mieux affronter ou esquiver ? - l’art de l’esquive n’est-il pas un art de combat ? » Et de conclure : « … le bonhomme de neige vivra plus longtemps s’il maîtrise l’art de l’esquive . »
C’est-ce que je vous souhaite également avec mon petit Jo en plus de tout le reste pour cette nouvelle année 2006, ... en attendant le dégel !