Sympathiques rencontres à la casbah d’Amerhidil .
Quelques images d’archives pour démarrer cette vidéo : c’est que la casbah d’Amérhidil nous a toujours réservé le meilleur accueil qui soit, et depuis les nombreuses années où nous nous y arrêtons pour peindre, (même si nous ne faisons que passer), c’est avec plaisir que nous y faisons à chaque fois des rencontres sympathiques et chaleureuses ! (Vidéo Alain MARC)
L’un des plus agréables attraits des carnets de voyages est sans aucun doute les rencontres qu’ils permettent . Cela ne donne pas toujours lieu à des portraits mais lorsqu’on peut en réaliser, ils sont toujours intéressants, non seulement comme exercices d’expression, mais surtout comme lieux de mémoire où vont se projeter tous nos souvenirs de l’instant .
En attendant, portraits ou pas, le carnet de voyage est le plus formidable moyen de contact qu’on puisse imaginer : les gens sont curieux de ce que nous faisons, et en voyant l’intérêt que nous portons à travers nos dessins et écrits à leur culture, architecture, paysages, ils sont enclins au dialogue, à l’échange, au contact dénué de toute appréhension, on est souvent aux antipodes de leurs réactions vis-à-vis de la photo . Il n’empêche, il faut tout de même rester sur nos gardes (voir ma mésaventure du Ghana), à plus forte raison si on veut dessiner des personnages (même vus de loin dans certains pays), et éviter surtout de dessiner des monuments dont on ignore l’importance même si on les trouve fort intéressants dans de très nombreux cas (administrations, bâtiments militaires traditionnels ou assimilés, et parfois religieux) …
Aziz (ici dessiné par Pierre NAVA) est l’un de nos sympathiques hôtes de la casbah d’Amérhidil : vous avez vu dans la vidéo ci-dessus sa dextérité (dextréi-thé) dans son approche de la cérémonie du thé ! Une originale façon de le présenter avant de le boire, en tout cas pleine d’humour, et qui vous donnera certainement envie de le boire avec lui en faisant connaissance avec ce bel endroit et tous ses habitants .
L'inspiration à la casbah d’Amérhidil ? Aucun problème de ce côté-là, tout le monde s’en donne à coeur joie, par exemple Yolande, ici, en train de dessiner le patio … (Photo Alain MARC )
Elle a rajouté sur le côté quelques-uns des nombreux ustensiles de la vie quotidienne de ces lieux, manière de montrer combien l’ingéniosité des habitants est ici habile et fonctionnelle sans pour autant manquer de finesse et de beauté, car chaque outil, chaque instrument, de la moindre serrure aux ustensiles de cuisine, pourrait figurer en bonne place dans les collections de tout musée de l’art populaire régional . (Aquarelle Yolande GERDIL )
Un exemple qui m’a frappé, la forme très pure des portes et passages permettant d'aller dans les différentes pièces : l’harmonie des matériaux, leur simplicité alliée à l’irréalité des effets d’ombre et de lumière, donnent de ces lieux où l’espace se définit par les volumes du creux, l’illusion d’images inversées où la perception visuelle perd ses repères pour ne laisser voir à la place du vide qu’un « objet » en relief, dont la plasticité très contemporaine peut faire penser à la plus pure des sculptures de lumière .
Pour bien comprendre ce que je dis, éloignez-vous de l‘écran de votre ordinateur, et regardez à distance cette photo : vous verrez alors comme une sculpture verticale, pointue et aux côtés galbés … (Photo Alain MARC )
L’ombre et la lumière justement . Ce dessin d’Edith FINET, nous emmène dans l’un des plus grands mythes de l’orient : celui du regard . Voir sans être vue, être dans la lumière en restant dans l’ombre, regard porté au-delà de soi-même pour revenir à soi, comme le passage d’un cheminement vers l’âme … (Aquarelle Edith FINET )
Presque mystique cette lumière pénétrant dans la cuisine abandonnée . Chaque ouverture comme une icône, exhume de son éblouissante vibration les formes simples des ustensiles oubliés . La flamme du foyer n’existe plus depuis longtemps, elle est devenue lumière intemporelle qui résonne en moi comme cette phrase puisée dans « Une enquête aux pays du Levant » de Maurice BARRÈS : « Je n’y vais pas chercher des couleurs et des images mais un enrichissement de l’âme . » Et, citant les grands peintres de l’orientalisme : « C’est par ce chemin de leur romantisme que je suis allé d’imagination à la part éternelle de la vie » . (Photo Alain MARC )
Cela m’inspire cette étude : rayonnement et réfraction de la lumière dans les couleurs des images du désert . Reflet des palmes et du ciel dans le bleu de l’oued, teintes chaudes des murs de pisé et éclat des rayons de soleil traversant les moucharabiehs pour se poser sur le regard des femmes … (Aquarelle Alain MARC )
Edith s’attache à ces outils et instruments qui ont permis à la vie de se perpétuer ici depuis des générations . Le puits du patio, une vielle serrure, quelques photos, le four à pain, et en souvenir de ce bel endroit la carte de visite de nos amis de la « Kasbah d’Améridil » . (Carnet Edith FINET)
La magie de ces endroits tient sans doute au fait que rien ne parait vraiment changer dans le temps : il y a une dizaine années déjà j’y avais rencontré Mansour, le prédécesseur d’Aziz qui avait posé pour nous devant la casbah, en nous offrant le thé (voir vidéo de cet article), et le côté quasi sacré des lieux m’avait immédiatement frappé, je l’avais associé au petit marabout, à la vie qui passe et qui vient au pas du dromadaire et aux envoûtants levers de soleil sur les dunes de l’erg Chebbi . (Carnet Alain MARC)