Abstraction : un début de vérité …
Vous l’avez peut-être remarqué, l’abstraction existe partout dans la nature !
Seulement on ne nous apprend guère à la voir, la percevoir, la ressentir .
Il en est du monde « extérieur » comme du monde « intérieur » : la sensibilité et le regard s’éduquent se cultivent .
Même chose dans le monde de l’art, et pour peu que l’on conserve un minimum de bon sens ou de logique en observateurs bien avertis, cette « éducation » est même la plus efficace des protections contre ces vessies qu’on voudrait parfois nous faire prendre pour des lanternes …
Nous en reparlerons un jour, tant l’arrogance de ceux qui se sont spécialisés dans le « rapt » de la culture (pensant détenir l’entière vérité) est grande, de certains milieux du marché à d’autres de l’Institution, s’autorisant ainsi à avoir la seule autorité pour la transmettre .
Mais aujourd’hui ce n’est pas mon propos, je me réserve la liberté de revenir sur ce débat ultérieurement .
Regardons plutôt cette photo :
Je l’ai prise cette semaine pendant le stage des techniques mixtes . Il n’y a pas le moindre trucage, ce n’est que le reflet de l’atelier à la surface de la vitre donnant sur les arbres de la rue, ce qui m’intéressait c’était ce dialogue entre le « dedans » et le « dehors », le net et le flou, les valeurs, les couleurs et le graphisme flottants dans un espace indéfini, celui peut-être de l'abstraction …
Tout le monde aurait pu la réaliser, elle prouve combien il faut être à l’écoute du monde et de soi-même avant d’ouvrir les ouvrages de définitions pour chercher celle du mot « abstrait » . Essayer de comprendre ce que ce mot peut exprimer, et se faire une opinion ensuite seulement …
L’abstraction était donc au cœur de notre quête, même si celle-ci passait également par des travaux plus formels .
C’est l’une des dernières toiles de la semaine réalisée sur mes conseils par Monique ASSUNÇÂO-PETIT dans un esprit vivant et informel, empreint de lyrisme et de liberté .
Mais ce que nous apprîmes surtout à travers les exercices que j’avais le plaisir de proposer, c’est que le champ d’une création véritable commence aux limites de notre connaissance et de nos goûts habituels, dès l’instant où l’on est conscient de ce qui s’est fait (héritage de l’histoire de l’art), de ce qui se fait aujourd’hui, et des potentialités qu’il nous appartient d’explorer .
Cultiver ses qualités d’écoute et d’éveil, être conscient qu’on n’atteindra jamais l’Absolu : exigence certes, mais pas jusqu’à l’insatisfaction maladive et totale, terrible frein à la spontanéité, la simplicité, la liberté .
Toile abstraite en cours de réalisation par Rose-Marie HENRI, l’un des nombreux travaux alliant matières et ransparences dont l’énumération serait trop longue, mais dont je remercie leurs auteurs pour leur enthousiasme et leurs efforts . Que les personnes que je ne cite pas et dont je ne peux présenter ici les toiles veuillent bien me pardonner car tout était très intéressant, méritoire, valable …
Pour peindre il faut commencer par oublier sa suffisance, ses préjugés, ses certitudes .
Savoir à quoi s’attendre quand on s’engage en art : épreuves de toutes sortes à commencer par celle du doute, ténacité, volonté, travail et constance . Accepter l’échec autant que les joies de la découverte, admettre la nécessité du temps dans le processus d’accomplissement individuel, toujours se remettre en question afin d’être rompu au dépassement, savoir s’émerveiller, et cultiver l’Amour et l’enthousiasme .
Quant aux personnes prétentieuses et sans véritable ouverture d’esprit, elles ne peuvent à mes yeux pas prétendre à un véritable engagement créatif, la moitié de leur « talent » étant dès le départ inexorablement gâché par cette perte d’énergie .
Une « abstraction » de Marie-Claire GRISON qui mériterai une large étude en gros plan, tant les effets de matière y sont riches et variés .
Enfin toujours se battre : pour vérifier la justesse, l’objectivité et la valeur de nos concepts, mais aussi pour défendre nos idées dès l’instant où la somme de nos connaissances, de nos expériences, de nos capacités d’écoute et de jugement nous prouvent qu’elles sont bonnes et justes, aptes à permettre à quiconque (et pas seulement à nous-mêmes) d’avancer . Alors ne rien craindre quand bien même nous serions seuls contre tous .
Grand format sans titre de Jean-Luc LASTMANN, (fin de semaine également) dont les fort intéressantes réalisations dénotent un véritable talent, empreint de force et de vitalité …