Sous le soleil qui décline lorsqu’il éclaire la vallée en passant à travers les nuages, les pentes de l’ubac du Bégon sont multicolores elles aussi et on peut plus facilement qu’à tout autre moment de l’année étudier le caractère du paysage : parfois, affleure l’argile rouge sur certaines terrasses, mais elles sont généralement colonisées par la végétation des milieux buissonnants à amélanchiers, buis, genévriers, qui envahissent les emplacements d’anciennes cultures constituant une zone de broussailles aux chaudes ternaires mi-fruticée mi-matorral, en dessous des forêts de chênes pubescents parfois ponctuées du vert vif des pins sylvestres et de celles des plantations artificielles de conifères où se mélangent de nombreuses essences ….
C’est une somptueuse pièce de théâtre dans laquelle nous sommes entrés avec l’étrange impression que notre petitesse, notre insignifiance, notre solitude n’est rien dans cette immensité de grandeur, de beauté, de magnificence : nos minuscules rôles d’acteurs qui traversent la scène parait même dérisoire face au lyrisme de la musique légère du vent d’autant qui lèche les strates arbusives, et de celle de quelques craves qui tourbillonnent dans le ciel au dessus de nous et dont le cri joyeux se répercute de falaise en falaise .
Bientôt, le trou béant de l’Aven Noir est à nos pieds .
Nous nous dépêchons d’installer la corde qui va nous plonger dans les pénombres souterraines, car la nuit arrive de son voile carthame qui recouvre tout, jusqu’à relier les ténèbres du ciel à celles de la terre …