Flamenco de Grenade à Cordoue …
Aujourd’hui Katia nous a rejoint, et après la journée de peinture, les longs moments passés à dessiner dans l’Alhambra, une fois les séances d’aquarelle terminées, tout le monde est plus ou moins épuisé lorsque nous rentrons à l’hôtel …
Rares seront ce soir les « survivants » à pouvoir goûter les soirées nocturnes de Grenade, et tout le monde sait bien qu’ici la soirée ne commence guère avant minuit ou 1 h du matin .
Le groupe s’est dispersé, beaucoup dorment déjà du sommeil du juste, quand un groupe très réduit de six d’entre-nous à peine, déambule à ces heures tardives dans les rues de la basse ville, en quête de ce moment privilégié que nous a promis Katia au sous-sol d’une tasca obscure du côté de la Calle de Elvira : du flamenco vivant, populaire, estudiantin et authentique, loin de toute présence touristique .
Photo Alain MARC
Quand nous arrivons à la tasca, au fond d’une impasse plutôt lugubre, nous tombons sur une porte close : il est « trop tôt » (il n’est que minuit et demi) et nous devons aller boire un verre ailleurs en attendant que l’établissement ouvre ses portes !
Enfin la patience finissant par payer nous sommes les premiers clients à y pénétrer un peu plus de demi-heure plus tard … Je précise que ce n’est pas un « tablao » (lieu de représentation et spectacle traditionnel où l’entrée est payante et où des artistes se produisent devant un public venu spécialement pour cela, souvent des touristes d’ailleurs) .
Non, il s’agit ici d’un simple bar, ouvert aux jeunes et moins jeunes qui en connaissent l’existence, un coin fréquenté uniquement par des habitués (beaucoup d’étudiants) où on vient boire un verre, refaire le monde, parler de tout et de rien tout en écoutant de la musique (si on veut bien se donner la peine d’apporter soi-même ses propres instruments pourvu que ce soient des guitares et des percussions) . Il faut du temps pour « préparer » individus et instruments … Pour qui veut entrer en communion avec le flamenco la patience est de mise .
Enfin sur le coup de deux heures du matin c’est la magie de l’instant : on s’empare des guitares, on marque le rythme sur un coin de table, on tape dans ses mains . L’un d’eux s’est mis à chanter . Cela vient du fond des siècles, du fond du corps, des méandres de la mémoire . Un frisson parcourt l’assistance . Un, puis deux, puis trois jeunes, garçons et filles, se lèvent et se mettent à danser .
Toute petite image du groupe des musiciens : il fait presque noir dans la cave voûtée, le rythme est déjà là depuis de longues minutes quand l’un d’eux se met à chanter, ce n’est que le début de la nuit …
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Émotion, émerveillement : ils dansent comme des dieux, rythment leurs pas par des claquements de talons . Leurs corps souples s’entrelacent sans jamais se toucher dans une chorégraphie séculaire où je retrouve un gestuel de passes de capéador et de figures sévillanes à l’envoûtante sensualité .
« La tradition n’est pas prête de se perdre avec des jeunes comme ceux-là et nous avons beaucoup de chance d’en être témoins » pensions-nous en quittant les lieux quelques instants plus tard .
Car il fallait bien rentrer, ne pas trop se fatiguer pour être en forme le lendemain matin, de longues journées de peinture et de trajet nous attendant sur la route de Cordoue …
Photo Alain MARC
Cordoue une semaine plus tard : retrouvailles avec le flamenco .
Le lieu est complètement différent et le groupe d’aquarellistes presque au complet car j’ai organisé pour lui (avec la complicité du chauffeur de notre bus qui est d’origine andalouse et que je connais depuis longtemps) une soirée « tablao » . J’ai déjà dit ce qu’est un « tablao », sorte de café-concert où se produit le spectacle du flamenco, qui s’il n’a pas toujours le mérite de l’authenticité a au moins celui de rendre cet art accessible au plus grand nombre . Depuis la fin du dix-huitième siècle où les premiers tablaos s’ouvrent dans le quartier de Tirana à Séville, ces établissements se sont multipliés à travers l’Espagne, particulièrement en Andalousie . Ne me demandez pas dans lequel vous allez pouvoir entendre du « vrai » flamenco, le « vrai » flamenco n’existe pas, et c’est une grosse faute de prétention et d’imbécillité que de poser ce genre de question, surtout si vous la posez à un andalou qui vous prendra aussitôt pour un ignare ou même un idiot de touriste qui ne comprendra jamais rien à l’âme andalouse . La seule chose que je puisse vous certifier c’est que certains « tablaos » sont meilleurs que d’autres, et que si vous avez de la chance le soir où vous y allez, vous pouvez y trouver « le chant », c’est-à-dire la flamme qui précède souvent le fameux « duende » qui vous transcende comme il peut vous faire pleurer . … Mais comme je crois l’avoir déjà dit ceci peut se produire n’importe où, pas besoin de « tablao » pour cela .
Photo Alain MARC
Il n’empêche ce n’est pas une raison pour bouder les « tablaos » car d’excellents artistes s’y produisent souvent, et vous pourrez comme les puristes y apprécier toutes les nuances du flamenco . Et si vous aimez vraiment le flamenco, je vous dirigerai vers l’un des festivals de chant organisé dans toute l’Andalousie surtout en cette période festive de l’année : vous y entendrez des artistes de grande renommée comme de simples paysans qui s’y produiront avec foi et authenticité .
J’ai donc choisi en ce qui nous concerne le « Tablao Cardenal » 10 rue Torrijos, face à la mosquée cathédrale de Cordoue, je vous recommande cette adresse .
Cet établissement a le mérite de produire des artistes reconnus internationalement, qui ont souvent gagné des prix importants et ont un réel prestige . De la « soléa » (tronc commun du « cante ») au « cante jondo » (forme la plus épurée du flamenco), des seguidillas (danses empreinte de fièvre et de douleur proche des origines) aux sévillanes (expressions plus « légères » empreintes de moins de gravité), les thèmes de travail étaient innombrables pour notre groupe, arrivé aquarelles, carnets et pinceaux à la main …
Parmi les nombreuses aquarelles et croquis réalisés sur le motif, en voici deux de Marianne SCHNEITDER qui traduisent bien l’ambiance de cette belle soirée …
Fougue et sensualité, grâce et défit, racines de l’âme gitane, cri libérateur, affranchissement de toutes les gangues de la vie, le réel se transfigure à travers le gestuel et la musique qui nous emportent vers un « ailleurs » où le temps comme en peinture, est aboli …
(croquis Marianne SCHNEITDER)
À la guitare Alberto LUCENA (prix national de guitare) et son accompagnateur, une troupe de chanteurs et danseuses venant ce soir-là de Grenade, une petite idée de notre soirée au « CARDENAL » … Je ne donne que ce très court extrait d’enregistrement pour respecter le droit des interprètes qui ont eu la gentillesse de nous dédier ce morceau, ne ratez surtout pas le CARDENAL pour voir le spectacle si vous passez par Cordoue !
Vous entrez dans ce voyage sonore si vous avez le lecteur multimédia Quick Time, vous pouvez l'arrêter en cliquant sur le bouton d'arrêt, le relancer avec celui de lecture (cliquez plusieurs fois sur le bouton de lecture et d'arrêt si la lecture ne démarre pas immédiatement) ; si vous n'avez pas ce lecteur cliquez sur l'image et attendez le téléchargement du fichier son, cela ne durera plus d'une ou deux minutes (vous pourrez même enregistrer ce fichier sur votre ordinateur pour le réécouter quand il vous plaira) . Taille du fichier : 487 Ko . Enfin, si le flamenco vous passionne et que l’Andalousie vous manque, voici un lien fort intéressant qui, bien que ce soit un site commercial est une mine d’informations, un beau magasin de CD, DVD et objets de flamenco . Donc si vous avez un cadeau à faire à un amoureux de l’Espagne vous devriez y trouver votre bonheur : http://www.flamenco-world.com/