Abdeslam KABBAJ, artiste peintre à Casablanca
Il y a longtemps que je voulais vous présenter Abdeslam et sa peinture, Abdeslam KABBAJ, un ami précieux que je n’oublie pas,
dont le talent est aussi grand que sa gentillesse, sa générosité, son insatiable curiosité intellectuelle et artistique !
Je lui consacre donc ce premier portrait de l’année car il fait partie des artistes de qualité trop méconnus qui méritent plus ample reconnaissance, en nous offrant une vision d’émerveillement et de nouveauté avec une force telle, qu’elle vient en complémentarité de tout ce que l’art nous a déjà légué pour enrichir notre sensibilité et élargir notre conscience en apportant le meilleur à notre regard autant qu’à notre pensée .
Portrait d’Abdeslam (Gouache aquarellée Alain MARC)
Artiste plasticien, licencié en Arts appliqués, Abdeslam KABBAJ est diplômé de l'École des Beaux-Arts de Casablanca . Il est né à
El-Jadida en 1936, et vit à Casablanca depuis 1947 .
Dans sa première période ses toiles reflètent des souvenirs empreints d’une autre dimension de l'espace-temps qui fut celle de son enfance dans sa ville natale .
Abdeslam KABBAJ, peinture .
Dans une rue d’El Jadida (Photo Alain MARC)
Par la suite ses oeuvres ont suivi un cheminement qui, partant d’un travail figuratif assez marqué, l’a amené à l'abstraction lyrique dans
un esprit relevant des grands caractères donnés par l'art contemporain aux principaux courants de ce type d’expression .
Chez Abdeslam cet accomplissement informel se révèle à travers une plasticité née de jaillissements faits de rondeur et de verticalités où la spontanéité et la gestualité constituent le fil conducteur source vive de chacune de ses toiles .
La vivacité de ses couleurs dominantes où réapparaissent avec une étrange prégnance le bleu azur du ciel d’El
Jadida, le vert profond de sa mer, l'ocre jaune des murs de la vielle citadelle, le noir et le blanc des mouettes qui virevoltent au dessus des remparts, viennent comme des coups au cœur et à
l’âme nous parler du vent du large, des courses éperdues dans les rues éblouissantes de soleil, de ces cris d’enfants qui sont comme les cris de tous les enfants du monde : désespérants quand ils
sont malheureux, porteurs d’un espoir insensé lorsque brille la joie dans leurs yeux .
Abdeslam KABBAJ, peinture .
Porte à El Jadida (Photo Alain MARC)
En nous révélant l’univers de ses expériences intérieures, Abdeslam nous parle de ces atmosphères perdues qui étaient les siennes, fragiles,
merveilleuses, il nous les lègue, il nous les rend parce qu’elles sont universelles : nous les avions égarées et pourtant elles nous habitent depuis déjà très longtemps, lui sait à travers ses
toiles nous donner des clés pour les retrouver !
Elles sont là derrière chaque forme, derrière chaque couleur, dans la subtile et délicate perception du petit
monde des enfants mazaganais, protégées, sublimées par sa mémoire d’intériorité, laissant aux mystères de son âme la force d’en faire peinture, produit pictural des plus beaux moments de sa vie
.
Abdeslam KABBAJ, peinture .
Dans le port à El Jadida (Photo Alain MARC)
J’ai avec un bonheur fou, une timidité enfantine, une curiosité fébrile qui me faisait battre le cœur, découvert El Jadida après avoir
rencontré Abdeslam KABBAJ parce que j’étais nourri des toiles de mon ami peintre .
Alors j’ai compris à quoi servait la peinture, j’ai compris à quoi servait l’amitié, comment en ouvrant les
cages de l’obscurité du monde on pouvait avec l’art faire naître des colombes pour les laisser s’échapper vers des horizons qui n’ont ni frontières ni agressivité .
Abdeslam KABBAJ, peinture .
La citadelle à El Jadida (Photo Alain MARC)
Abdeslam KABBAJ, peinture .
Une porte de la citadelle à El Jadida (Photo Alain MARC)
Abdeslam KABBAJ, peinture .
El Jadida, barques dans le port (Photo Alain MARC)
Abdeslam KABBAJ, peinture .
El Jadida, la citerne portugaise (Photo Alain MARC)
Alors me sont revenues les questions qu’il se pose souvent quand il évoque sa démarche :
« - Est-ce un plaisir pour moi de projeter sur les subjectiles toilés mes sentiments de douleur, de nostalgie, d’idées de procréation, de gestation, de fertilité, de compassion, en me souvenant des soins traditionnels pratiqués par ma mère jadis pour apaiser mes maux de tête, en y appliquant des lambeaux d'algues venus de l’Océan tout proche qu’on entendait gronder lorsque le vent venait du large ?
- Est-ce un plaisir d’exprimer mes sentiments enrichis des émotions ressenties lors de mon itinéraire artistique grandi des connaissance et des expériences acquises par le biais des écoles d'art plastique, des expositions ? »
Peut-être est-ce à la fois un plaisir et une souffrance, en tout cas le besoin de plus profondes nécessités, car s’il projette aujourd’hui d'aller à la recherche d'autres « ailleurs » au moyen de matières et de supports différents, c’est peut-être pour se rapprocher plus encore des horizons de pureté vers lesquels volent les colombes de l’art qui ressemblent un peu aux mouettes noires et blanches qui caressent l’horizon d’El Jadida …
Puissions-nous faire de son expérience le projet d’une recherche personnelle pour mieux nous retrouver, puisque sa peinture est là pour nous en prouver la nécessité !