L’arganier de la plaine .
Les spécialistes disent que l'arganier daterait de l'ère tertiaire à l'époque où il existait probablement une jonction entre la côte marocaine et les îles Canaries . Il se serait alors répandu sur une grande partie du Maroc mais au quaternaire l'invasion glaciaire en aurait limité l’extension au Sud-Ouest du pays .
Il ne reste donc en dehors des zones colorées en rouge de la carte mise en ligne précédemment, que quelques îlots de sa présence dans le nord vers Rabat et près de la côte méditerranéenne .
On l’appelle « Arbre de fer », « Olivier du Maroc » , « Arbre à chèvres », Argân ( en berbère ), ou « targant » (au pluriel targinin), et arganier (unité) aussi usité pour parler d’un petit nombre d’arganiers en langage Achtouken (l’une des plus grandes confédérations tribales des amazighs du Souss) .
Son rôle social, familial, domestique et économique est considérable dans l’histoire rurale des régions traditionnellement très pauvres où il pousse .
Dans les lieux arides où il participe au maintien du sol par ses profondes racines, il fournit tout : un bois très solide qui sert à faire de nombreux outils et les charpentes, excellent combustible pour la cuisine et le chauffage l’hiver, très bon fourrage principalement pour les chèvres qui l’escalade et en sont très friandes, mais aussi pour les dromadaires qui ne craignent pas ses épines, aussi bien pour vaches et moutons qui le consomment de diverses façons .
Enfin, de ses noix on extrait une belle huile parfumée qui sert autant dans le domaine culinaire que diététique et cosmétique .
Les tourteaux, déchets obtenus en fin de fabrication de l’huile d’argan sont donnés au bétail durant l'hiver et la brisure de coque est utilisée comme combustible, et ses feuilles autant que son huile servent aussi à la confection de cataplasmes pour soigner les blessures des animaux, ce qui fait que rien ne se perd et que cet arbre est vraiment un « arbre de vie » .
Je peins cette aquarelle, où nous voyons un arganier dont la strate arborescente a été réduite à un arbre torturé sous la pression agro-pastorale séculaire du parcours forestier méditerranéen traditionnel, c'est la formation la plus dégradée de l’individu avant sa disparition . Aucun signe de régénération décelable sur le sol décapé entourant quelques épineux (touffes de jujubier sauvage et rampant sans doute un « zizyphus spina christi » - qui pourra m’éclairer ?) et un vieux mur écroulé, le pâturage suspendu à l'usage des chèvres a pleinement joué son rôle depuis des décennies, mais le vieil arbre donne toujours des fruits dont les petites chèvres acrobates sont très friandes .
Je vous laisse à la contemplation de ce sujet biblique, au berger indifférent (d’habitude il accourt pour monnayer la photographie ou la peinture des petites chèvres sur l’arbre, … quand il ne les attache pas carrément aux branches pour arrêter les touristes qui passent sur la route tout à côté !), et au beau soleil qui illumine la scène, pour me consacrer à la rédaction du prochain article qui concernera le fruit de l’arganier, sa fameuse noix .