Le fruit de l’arganier, une drupe pleine de richesses .
Nous avons découvert lors des précédents articles combien l’arganier est utile, combien il fut même irremplaçable pendant des générations pour de très nombreuses tribus amazighs du sud-ouest marocain .
Intéressons-nous aujourd’hui à sa plus grande richesse : son fruit tant apprécié des animaux qui le consomment pour se nourrir, que des populations qui l’exploitent pour son huile aux nombreuses vertus .
Observons une branche en faisant bien attention de ne pas nous piquer à ses épines pour la saisir : les feuilles, d’un vert allant d’un vert tendre à un turquoise verdâtre peuvent parfois s’assombrir et devenir rousses à kaki-orangé, elles sont lancéolées, petites, persistantes et coriaces.
La floraison a lieu au printemps ou à l’automne en fonction des conditions climatiques, car cet arbre peut voir ses feuilles repousser et refleurir au gré d’une rentrée pluvieuse Atlantique après une longue période de sécheresse qui l’aurait laissée à nos yeux comme moribond .
Les fleurs ont une couleur jaune, légèrement verdâtre . Le fruit est une drupe verte, ovoïde, au bout de laquelle pointe souvent une toute petite épine « l’ajdur » (pluriel ijduren - ijdar) : fleur d’arganier en langage Achtouken, qui tombe par la suite, quand la fleur devient fruit (« aghray », qui veut dire « fruit à peine formé ») .
La maturation a lieu de d’avril - mai à septembre - octobre .
Sur mon aquarelle, ce sont les fruits d’en bas qui sont les plus jeunes, ce sont encore des « idmamen » (fruits formés) ; ils sont rougeâtres légèrement tachetés de vert . Puis ils vireront au vert (tizêrgwmma) en tombant leur petite « épine », et au jaune vert et jaune ce seront alors des « bilzîz », avant de commencer à sécher en roussissant (les noix sont alors devenues des « tifiyyict ») . C’est à ce moment-là seulement, que s’il n’a pas été mangé par les chèvres (la pulpe seulement, les noyaux n’étant généralement pas ingurgités mais recrachés), il tombera de lui-même ou sera gaulé pour être récolté .
Il faut savoir qu’un hectare d’arganiers produit environ 800 kg de noix (bilzîz en amazigh), qui ne fourniront que 40 kg d’amandes destinées à l’élaboration de l’huile d’argane (ou d’argan, les deux expressions sont utilisées) .
Nous découvrirons dans les prochains articles l’histoire des noix, qui, des branches de l’arganier, va jusqu’à à l’élaboration de cette fameuse huile …