Aveyron, sur les hauteurs du pays d'Olt : le volcan de Roquelaure . Je voulais pour ce premier article « anniversaire » , une page de carnet plus complète qu'à l'habitude, à la fois simple et exceptionnelle, qui nous permette de partir à la recherche de symboles forts et beaux comme la vie . Dans un voyage sans prétention mais où nous rencontrerions la présence de ce « souffle » que je recherche en toutes choses, à commencer par les êtres que j'aime . Il fallait que le rêve et l'évasion commencent sur le pas de ma porte ou pas très loin du point de départ de tous mes voyages, (ce petit coin d'Aveyron où je me ressource lorsque je ne suis pas en chemin) . Afin qu'à travers cette « célébration », ce nouveau commencement, vous soyez comme invités chez moi à fêter ce 1er anniversaire . Pour vous remercier de vos visites comptabilisées à 37400 ce jour, de votre fidélité, de la consultation des 163000 pages que vous avez vues ! Avec un grand bouquet d'air pur et de lumière qui puisse vous parvenir sans effort particulier : ici même à la lecture de cet article . Cela commence par le soleil qui perce la brume dans la forêt : une image toujours magique et un signe de bon augure pour tout le reste de la journée ! (Photo Alain MARC) C'est donc par une modeste mais originale randonnée, que je vous invite à commencer avec Ptit'Jo et moi-même la série des « articles anniversaires » . Si je l'associe avec joie à ce projet, c'est que depuis la naissance de ce carnet en ligne, vous connaissez Ptit'Jo : il n'a jamais raté une aventure dans laquelle puisse se projeter son regard d'enfant, nous éclairant de sa spontanéité et de sa pureté, nous renvoyant à la nécessité de rechercher l'émerveillement sur chacun de nos pas, et puis c'est lui aussi un jeune « carnettiste » à sa façon ! La condition la plus élémentaire selon mon point de vue pour aborder le carnet de voyage . Curiosité, pouvoir d'écoute et d'adaptation, éveil et création, être colporteur de souvenirs pour compléter . La Toison d'or de Ptit'Jo : un trésor inestimable qu'il n'abandonnera pas pendant les kilomètres de la randonnée ! (Photo Alain MARC) Nous partons donc sur les hauteurs du pays d'Olt sur les pentes d'une butte basaltique singulière dominant de plusieurs centaines de mètres la vallée du Lot, appelée communément ici « le volcan de Roquelaure » à cause de ses étonnantes coulées de basalte prismatique et de ses dykes, portant le nom d'un petit village qui s'appuie contre l'un d'eux . On ne dit pas pour désigner cette contrée « pays du Lot » mais « pays d'Olt », en continuité de son ancienne appellation évoquant la vivacité de ses coutumes, la beauté de ses paysages, et la douceur de son climat (voir mon carnet de voyage "Aveyron, carnet de routes" ) . Notre randonnée est une boucle qui de la pointe la plus occidentale du « volcan » traverse le flanc nord pour aller jusqu'à l'extrémité orientale et revenir au point de départ par un très panoramique sentier de crête . Elle ne fait que quelques kilomètres et on peut flâner à sa guise au gré des rencontres et des découvertes sur le trajet, parcourir ses immenses éboulis de prismes basaltiques (attention, le parcours sur les éboulis peut s'avèrer dangereux pour des chevilles fragiles), s'arrêter pour déjeuner à mi-parcours à l'excellent petit restaurant du village de Roquelaure et rentrer face au soleil en empruntant en grande partie le GR 620 depuis lequel la vue s'étend vers le nord du plateau de l'Aubrac jusqu'aux cimes du Lévézou et au Causse Comtal au sud . On peut très bien faire la randonnée sans traverser les coulées de prismes basaltiques . Mais elles sont inévitables dans la première partie du trajet, lorsque celle-ci traverse la forêt hors sentier . (Photo Alain MARC) Nous étions sur les éboulis basaltiques lorsque monta de la vallée une rumeur étrange et mystérieuse comme un tumulte sourd et lointain . Le bruit était parfois recouvert par celui du vent, mais il se rapprochait par vagues sonores comme un écho qui n'en finissait pas, étonnante mélodie aux consonances multiples d'où émergeaient des beuglements de vaches . Quand il se précisa, plus accentué dans la pente, nous reconnûmes l'émouvante marche des troupeaux descendant de la montagne : de retour de transhumance les bêtes rentraient sur les fermes du causse Comtal après 5 mois d'estive dans les verts pâturages d'Aubrac . La tradition est toujours là, et même si la fête ne draine pas des foules comme à la montée du mois de mai, c'est toujours un moment magique qui nous remplit d'émotion . Un signe fort et un symbole de vie qui continue et se renouvelle, un joli un clin d'oeil du destin pour notre « randonnée anniversaire » ! C'était au mois de mai pour fêter la transhumance . Le troupeau accompagné des bergers, d'un accordéoniste et d'un « cabrétaïre » sort du village d'Aubrac pour rejoindre l'estive (on dit ici la « montagne ») qui lui est désignée . Il a parfois parcouru près de 40 km depuis les fermes lointaines du causse ou de la vallée . (Aquarelle Alain MARC) Nous avons accompagné un troupeau et ses bergers quelques centaines de mètres, toujours autant attendris par la beauté de cette race d'Aubrac, unique en son genre avec son superbe pelage fauve, et ses grands yeux tendres et doux . C'est l'arrière-garde du troupeau que nous avons accompagné . Tradition séculaire . Il y a moins de drapeaux et de trophées entre les cornes, mais l'émotion est toujours là : c'est un pur bonheur et un privilège que de pouvoir encore y assister . Je rajoute cette phrase après avoir suivi le très beau reportage de TF1 ce midi sur le retour des troupeaux dans les Pyrénées : la sonnaille au ton le plus grave et le plus sourd, (que l'on entend en nombre dans mon enregistrement ci-dessous), applelée en Rouergue la "clape", est destinée à donner le rythme de la marche au troupeau . En écoutant l'enregistrement, on le comprend bien, mieux : on le "voit" ! (Photo Alain MARC)
Vous entrez dans ce voyage sonore en cliquant sur le bouton de lecture ; s'il ne se charge pas immédiatement attendez un peu et recommencez . Si vous n'avez pas de lecteur cliquez sur l'image et attendez le téléchargement du fichier son, cela ne durera plus d'une ou deux minutes (vous pourrez même enregistrer ce fichier sur votre ordinateur pour le réécouter quand il vous plaira) . Nous avons aussi vu des troupeaux qui descendaient presque autant décorés qu'à la montée . De toute façon les vaches d'Aubrac sont toujours aussi belles et fières même peu ou pas pomponnées . (Aquarelle Alain MARC) La halte de Roquelaure fut aussi un grand moment de complicité et de découverte : son château bâti sur le piton volcanique domine le village et coiffe l'ensemble d'une harmonieuse touche offrant au site une allure de lieu privilégié empreint de quiétude et d'intemporalité . Un endroit idéal pour oublier toutes les furies de la terre ! Le hameau de Roquelaure dominant la vallée du Lot sur fond d'Aubrac dans la lumière du soir . Je n'ai pas eu le temps d'en faire une aquarelle car nous n'étions qu'à la moitié du trajet et le soleil commençait grandement à décliner ! (Photo Alain MARC) Quant au retour, il nous donna des ailes tant nous étions justement au dessus du monde sur cette crête lumineuse, si haute et paisible à la fois qu'on aurait cru marcher sur un sentier fait des rayons du soleil et de parcelles de ciel bleu . En arrivant à la voiture, Ptit'Jo, serrant dans ses bras un trésor inestimable (un tapis de mousse ramassé dans la forêt), me dit des étoiles plein les yeux : « - Tu sais, avec ton logiciel de synthèse sonore, je te ferai une musique pour l'anniversaire de ton blog ! » À suivre ... Voici en orange le trajet de notre randonnée : on peut laisser la voiture au hameau de Fraysse (ce qui veut dire « le frêne » en occitan) et descendre depuis l'antenne située dans le village à travers la forêt de Cervelaure vers le premier éboulis de basalte . Attention ce trajet entre les points notés A et B est difficile : le sentier est peu marqué au départ, la traversée des éboulis est difficile surtout en forêt, et il n'y a plus de sentier entre la première coulée de basalte et les granges de Guzoutou . Ensuite c'est une partie de plaisir avec un dénivelé positif de 200m environ . Carte IGN au 25000 Espalion 2438 E . (Carte ci-dessus : croquis d'Alain MARC)