Veille de Noël sur la route de l’aéroport à Accra …
Ce soir à minuit, ce sera Noël …
Sans réveillon comme nous en avions organisé la surprise à Florent, Adeline et sa sœur venue nous rejoindre . Sans nos autres affaires si nous n’arrivons pas à récupérer nos valises à l’aéroport ce matin, c’est vraiment un épisode qui dure et dont nous n’arrivons pas à sortir avec l’impossibilité de joindre les assurances à Paris ni les organismes concernés, à commencer par la compagnie aérienne dont le bureau à Accra (lorsqu’il est ouvert) est totalement incompétent et dépassé . Hier au soir par exemple, une longue liste des personnes aux valises perdues avec leurs numéros de bagages est apparue sur un panneau d’affichage au bureau des réclamations de l’aéroport . Mais aucun de nos noms ni identification des valises sur cette liste ! Surprise, stupéfaction, nous essayons de comprendre : on nous explique que la feuille sur laquelle a été déclaré notre perte (et celle d’autres personnes dans notre cas) a été …perdue ! Nous renouvelons les formalités . Seulement, la réserve de nos traitements préventifs contre le palu (entre autres) est dans ces valises « égarées », nous n’avons plus avec nous, puisé dans nos bagages à mains, que de quoi tenir une semaine encore : là, il ne s’agit plus seulement de surprises de réveillon, ni de batteries, et la situation peut devenir critique … 7h ce matin : nous partons voir si l’avion de cette nuit (le seul venu de Lomé) a ramené quelque chose pour nous . 8h : il fait chaud, le soleil est déjà haut, brûlant, et dans la poussière qui trouble la lumière d’un voile laiteux, la masse fantomatique des bâtiments de l’aéroport se détache à contre-jour . De grands corbeaux blancs et noirs et des vautours à la tête décharnée sont posés sur les corniches de la façade tandis que d’autres tournoient juste au dessus … Vision surréaliste, on n’entend même pas d’avion, il ne s’en pose pas un ici toutes les 5 mn bien que l’aéroport soit le plus important du pays . Nous avons réussi à trouver un endroit pour nous garer, mais voilà la police qui arrive en vociférant . Après âpre (mais diplomatique) discussion nous nous en sortons plutôt bien : sans PV ni « bakchich », car il n’y avait pas d’interdiction particulière où nous étions, et une fois de plus on a essayé de profiter de notre bonne bouille "d'obrowni" ! … Nous trouvons plus loin un autre emplacement de parking hors du regard des argousins, mais avec le père d’Adeline je reste près de la voiture, on ne sait jamais .
En attendant l’ouverture du bureau des réclamations je dessine un pylône électrique original : un simple tronc d’arbre devant l’entrée, à peine dégrossi, d’où un paquet de fils emmêlés comme des spagettis apporte l’électricité à des hangars touts proches, et les oiseaux qui volent au dessus de nous tandis que ceux de la corniche des bâtiments nous narguent avec un regard sournois . Il y a déjà pas mal de monde dans la file d’attente, mais comme Adeline (la mieux habilitée parmi nous avec Florent à palabrer et marchander notre dû en anglais en conformité avec les traditions locales) s’est placée parmi les premières personnes à attendre, cela ne devrait pas être trop long … 9h : - victoire, miracle, la valise de Michèle est récupérée ! Pas les autres, mais il y a des médicaments et de la charcuterie aveyronnaise, on a de quoi voir venir, et comme l’espoir fait vivre et que nous avons de quoi fêter Noël, nous filons à Kokrobite Beach où nous avons hâte de nous évader et de nous détendre un peu au bord de l’océan . Sur la route, ce sont les embouteillages, indescriptibles, la majeure partie de la circulation du pays se concentrant ici . À chaque feu rouge (ou chaque fois qu’il y a un ralentissement) nous découvrons la ronde et la précipitation des petits vendeurs de rue qui se pressent autour des voitures, des trotrots et des camions, allant de l’un à l’autre dans une joyeuse improvisation . À peine ralentissons-nous que chacun se précipite pour avoir le meilleur client, le trotrot de devant étant le premier visé !
Nous ne sommes même pas arrêtés en arrivant au feu rouge, que les petits vendeurs de rues nous entourent en nous proposant leur marchandise bariolée …
Odeurs de vanille et de pots d’échappement mêlées, invectives et appels, sourires et échanges de menues marchandises contre des billets à travers les vitres baissées . Sucreries, fruits divers, boissons, sachets de pain, petits objets de toutes sortes passent ainsi du stock ambulant en équilibre sur les têtes aux véhicules fumants, klaxonnants et pétaradants qui redémarrent dans la poussière . Combien de fois, n’avons-nous pas assistés effrayés et ébahis à la traversée périlleuse et acrobatique d’une femme ou d’un enfant s’extirpant du trafic en pleine circulation, pour rejoindre le bas-côté sans renverser son incroyable chargement céphalique !
Mais déjà le paysage commence à changer, le ciel est plus pur, la pollution de la capitale loin derrière nous, et les cocotiers commencent à apparaître par petits bouquets dans le paysage alentour : l’océan est tout proche à présent !
Vivement l’air pur de l’océan !