Le retour à la montagne …
C’était il y a presque 30 ans sur le perron du refuge . Les Alpes resplendissaient, et le soleil couchant déchiquetait en mille lambeaux les nuages accrochés aux sommets qui nous dominaient encore et que nous allions gravir le lendemain . Il lançait dans l’espace des gloires de braise et de feu …
D’aquarelle en aquarelle, je notais ces instants uniques, persuadé que l’aquarelle seule pouvait me donner cette prodigieuse faculté de pouvoir arrêter le temps … Oui, dirai-je, car si je ne me retrouve plus dans la photo où je peignais cette aquarelle, la fragile peinture que je réalisais est restée quant à elle bien vivante, bien présente dans son pouvoir à transmettre la vie dans ma mémoire ! C’est sans doute le plus extraordinaire privilège de ce type d‘expression : conserver le vivant dans sa spontanéité, alors que la photo ne fait selon mon point de vue, que le « figer » . Toutes les deux « éternisent » l’instant, certes, mais il y a cette subtile différence qui fait que l’aquarelle « palpite » dans sa secrète réalité jusqu’à saisir le « souffle de l’instant » , et à le projeter en nous avec la constante émotion de la découverte ! En redescendant, je peignais encore … Nulle remontée mécanique ne défigurait à cette époque la belle vallée suspendue que nous traversions, le cœur et les yeux remplis d’étoiles et de cristaux de neige étincelants .
J’avais à l’époque réalisé toute une collection d’aquarelles dans un esprit un peu naïf consacrée à la vie des sommets et des alpages . Commercialisée par les Éditions Mythra de Sallanches, elle était distribuée dans les vallées alpines sous forme de cartes postales, et peut-être en avez-vous acheté une lors d’un passage par Chamonix ou dans le Val d’Aoste ? … Si c’est le cas conservez-la précieusement, car ces petits motifs un peu désuets sont à présent cotés en cartophilie !
Il n’empêche : la montagne est toujours aussi belle dès qu’on s’éloigne un peu des stations à la mode, de la foule des estivants, et des installations modernes plus ou moins hideuses qui la défigurent tout en l’exploitant !
Sur les hauteurs de La Plagne, (où se tenait ce week-end le Salon du livre et des Carnets de voyages), je me suis évadé quelques courts moments dans l’univers des alpages et des sommets, et je vous en ramène ces deux photos remplies d’air pur et de beauté :
Le Mont-Blanc vu des alpages de Belle Plagne, avec tout en bas la vallée de la Tarentaise . (Photo Alain MARC)
Rencontre avec un symbole indissociable des sommets, un peu plus haut : la fragile et merveilleuse edelweiss … (Photo Alain MARC)
Revenons à ce Salon du livre et des carnets de voyages …
Vue partielle du Palais des Congrès de la station, où se déroulait la manifestation . (Photo Alain MARC)
Étrange coïncidence que l’emplacement de mon stand dans cette salle : il se trouvait entre deux auteurs pour lesquels la montagne est une raison d’être, en tout cas une extraordinaire source d’inspiration .
C’est d’autant plus un plaisir lorsqu’on est auteur et illustrateur de faire connaissance avec les autres exposants, qu’ils sont sympathiques et talentueux .
Ce fut donc le cas de mes deux voisins de stand immédiats, et c’est avec plaisir que je vais vous les présenter :
Patrick JAGER, a publié aux Éditions Glénat plusieurs ouvrages magnifiques où la montagne est toujours présente, quand elle n’est pas le sujet même de ses livres . Une écriture incisive, tantôt fidèle reflet de l’action, tantôt empreinte d’émotion contemplative, où la force, la beauté et la simplicité de ses aquarelles nous plonge dans l’univers fascinant des hauteurs du Népal, de la traversée des Alpes, ou dans la grandeur du Vercors ou de la Chartreuse, autant que sur les pas infinis des chemins de Compostelle .
Patrick anime aussi comme moi des stages d’aquarelle, et si vous voulez le suivre dans les montagnes qu’il aime vous pouvez partir avec lui en Himalaya ou ailleurs : n’hésitez pas, il sera le guide parfait de vos itinérances picturales sur les marches des toits du monde !
Aquarelle de Patrick JAGER retirée de sa collection des paysages de Chartreuse .
EBAN, mon autre « voisin », nous offrait quant à lui une vision tout à fait épurée de la montagne à travers certains de ses ouvrages où sa présence proche ou lointaine laissait une empreinte orientale et poétique gaie, lumineuse, d'une grande richesse à la limite de l'abstraction, à chaque image de son évocation . Si vous voulez découvrir son site, il vous suffit de cliquer ici : vous y trouverez quelques-unes de ses très intéressantes créations .
Eban sur son stand à côté du mien . Il est né en 1954 à Banméthûot (Sud Viêtnam). Il est originaire d'un peuple minoritaire de l'ancienne Cochinchine : les "Ede" . C’est un personnage sympathique et ouvert, à l’intarissable créativité, un être de grande valeur qui mérite d’être toujours plus connu et apprécié .(Photo Alain MARC)
Une évocation de montagnes plongeant dans les eaux des fleuves ou de la mer, en généreuse dédicace pour une passante sur son stand : sa peinture dégage une musicalité, une beauté, une finesse à la rare densité, où s’exprime mieux que nulle part ailleurs le souffle de la vie si merveilleusement révélateur des plus belles cultures d’extrême orient … (Aquarelle EBAN)
Vous trouverez l’un de ses plus intéressants ouvrages « Voyages » à la FNAC, ou pourrez le commander directement, en cliquant ICI .