Le stage aquarelle - carnet de voyage se déroulant dans cette belle contrée de Catalogne vient de se terminer .
Nous avons eu la chance d’y vivre une semaine ensoleillée exceptionnelle côté météo, juste avant que la perturbation apportant froidure et pluie sur l’Hexagone ne touche cette région protégée .
Je vous ai déjà parlé de ce stage, unique en son genre puisqu’il se déroule de part et d’autre de la frontière séparant deux pays : la France et l’Espagne, aux intéressantes perspectives pour aller à la rencontre de la culture catalane, expression à part entière de toute l’âme d’un peuple .
D’un seul regard dans les rues de Collioure ou en flânant sur le port : les couleurs de la Catalogne …
Une façon d’entrer en contact avec d’autres formes de perception que celles qui régissent notre quotidien, un peu comme un prolongement des vacances et de l’été, et une première incursion en Ibérie que nous approfondirons lors de notre voyage de la Route du Califat en avril - mai 2011 sur une terre et une cultures très différentes mais complémentaires, celles d’Andalousie (stage depuis longtemps complet en préinscriptions) .
La Méditerranée est déjà un voyage, ne serait-ce que parce qu’elle est le berceau de notre civilisation . Peindre ici face à la mer est à la fois aller à la rencontre de racines mythiques ancrées dans notre imaginaire et exalter une source d’inspiration pétrie sans que nous en ayons trop conscience des récits fondateurs qui ont façonné l'imaginaire méditerranéen …
I
ls survivent dans notre civilisation d'aujourd’hui et nous n’y pensons pas toujours dans d’aussi admirables contrées, mêlant d’une étrange façon leur mémoire ancrée dans l’arc gréco - latin et celle des autres rivages où juifs et musulmans, arabes et berbères ont toute leur place …
Aussi, une simple pochade comme celle-ci n’est pas qu’une petite aquarelle de plus dans notre carnet de voyage : elle est l’expression à travers les symboles qui la matérialisent (barques catalanes, architecture spécifique, végétation particulière où dominent le cyprès, les tamaris, les palmiers, etc.), de sonorités méditerranéennes et d’échos de l’Histoire plongeant notre mémoire dans tout ce qui fut à l’origine de l’identité et de toute la richesse du pays catalan .
C’est donc la suprématie de l’aquarelle sur les autres formes d’expression et de techniques illustratives du carnet de voyage que de pouvoir extraire et traduire d’une telle façon l’âme et l’esprit des êtres et des choses à partir de la réalité perçue du vécu du voyage .
Un stage comme celui là ne peut laisser indifférent : il s’y passe une foule de choses, le vécu de chacun y est plus intense, on peut en revenir changé (e), et des tas de facteurs additionnés peuvent nous en laisser des goûts très différents …
Dominique VILLARD nous avait quant à elle rejoint en amie (comme Anne-Marie MARY et Pierre NAVA, eux aussi heureux d’être là non plus en stagiaires - ils le furent pendant des années et n’ont plus rien à apprendre aujourd’hui, mais pour le simple plaisir de peindre en notre compagnie, - c’était donc une aubaine pour les autres participants de voir à travers eux ce que peut donner un cursus abouti, et pour moi une véritable richesse de pouvoir apprécier une fois de plus les vertus de l’amitié en leur compagnie …) .
Dominique est catalane, elle vit entre Collioure et Cadaquès (lorsque ses périples ne l’emmènent pas à l’autre bout du monde) : nous étions en quelque sorte ses invités, découvrant son pays en profitant des bonnes adresse qu’elle nous prodiguait avec gentillesse et discrétion, partageant avec elle ce lumineux et chaud soleil qui fait mûrir le bon raisin des vignobles du Collioure et du Bagnouls sur les coteaux en terrasses dominant la mer . Suivons-là à travers son carnet de voyage, réalisé lors de nos séances d’aquarelle, tout autour de chez elle :
«Les Armes de la Catalogne, d’or à quatre pals de gueules, sont les armes des comtes de Barcelone, devenues par la suite celles de la couronne d'Aragon : la légende veut que Charles le Chauve, qui, en 870, vient de donner à Guifred le Velu, les comtés d’Urgell et de Cerdagne, lui demande de lui prêter main-forte contre les Normands.
Dans la bataille, Guifred est atteint par une flèche. Le soir, l’empereur franc se rend dans la tente du comte catalan, allongé sur sa couche près de laquelle se trouve son bouclier, un champ d’or vierge de tout décor. Il trempe quatre doigts dans la blessure ouverte de Guifré et trace, d’un geste, les quatre barres rouges donnant ainsi à la Catalogne, ses armoiries d’or à quatre pals de gueules.
Cette légende n'est évidemment pas fondée : l'héraldique n'existe pas au temps de Charles le Chauve, et il n'y a aucune preuve que Guifred le Velu soit allé secourir le roi contre les Normands. On peut remarquer qu'une légende similaire a été utilisée en Écosse pour expliquer l'origine des armes du clan Keith, qui porte d'argent au chef palé d'or et de gueules.
Il existe plusieurs théories sur l’origine des armoiries des comtes de Barcelone, dont la première apparition datée est un sceau du comte Raymond Bérenger IV de 1159 .»
D’autres légendes et hypothèses sont proposées pour l’origine des armoiries sang et or de la Catalogne, mais celle-ci en est la plus répandue .
Belle double page pour ce panoramique, où la notion de synthèse en matière d’illustration permet d’éviter les pièges de la représentation formelle dans laquelle comme bien d’autres, Dominique aurait pu se perdre !
En arrivant sur la crête au dessus des vignes et des oliveraies qui s’étagent jusqu’au fort de Saint-Elme au dessus de Collioure, la très ancienne fortification se détache sur le bleu de la mer .
Ainsi se terminait l’excursion picturale de la «route des vignes» qui nous avait accueillie dès les premières esquisses du matin en accédant de virage en virage à un panorama de plus en plus vaste .
Promenade dans les rues de Collioure : tissus catalans, immortelles cueillies sur les murettes bordant des escaliers descendant vers le port, dessins d’une végétation toute méditerranéenne agrémentent les notes du cheminement au cœur de la cité des peintres éclatante de couleurs …
On revient toujours au port … Que ce soit à Collioure ou à Cadaquès nous étions toujours au contact des gens de la mer, et s’il ne reste plus à Collioure que des souvenirs nostalgiques liés à la pêche de l’anchois, Cadaquès vit encore au rythme des petites barques traditionnelles qui partent vers le large lorsque tombe la nuit …
Croquis rapidement exécuté dans la petite crique de la plage Sarenella où le ciel était en train de se voiler, mais où la température franchement estivale nous garantissait un magnifique sursis de beau temps .
Images de voyage : vieilles portes, ceps de vigne, pêcheurs en attente derrière un rocher, évocations végétales, collages de fleurs du pays, donnent un rythme au carnet, prouvant qu’il n’est pas besoin de beaucoup de jours disponibles pour réaliser un carnet vivant et diversifié .
Indissociables de la sardane les espadrilles catalanes évoquent tout un art de vivre, Dominique ne pouvait pas les oublier dans son carnet, et dans la page suivante elle nous en confie le nom si particulier :
Notre voyage entre Collioure et Cadaquès se termine avec ce carnet de Dominique VILLARD et avec cette aquarelle de l'un des talentueux participants à ce stage :
Il s'agit de barques catalanes réalisées par Cédric POCHON, dont je vous invite à découvrir le carnet de voyage en cliquant ici (pensez à cliquer sur le lien "Cliquez ici si vous souhaitez afficher ce contenu" lorsque vous aurez ouvert la page Flickr de Cédric, pour en visonner le carnet) .
Je reviendrai peut-être un jour revoir ces paysages lumineux et y retrouver des amis (es) comme Dominique, Pierre ou Anne-Marie, mais je n’y amènerai plus un groupe en stage, les morsures du tourisme effréné qui détruit tout le charme de ces petits ports et le mauvais caractère de certains hôteliers en fin de saison ont eu raison de ma patience, de mon enthousiasme et de mes efforts : finie la certitude d’être reçu comme un porte-monnaie et presque avec mépris par certains restaurateurs ou de recommencer à payer 7,40 Euros un café offert à une visiteuse dans notre propre hôtel à Port Llegat, il y a des adresses où je ne vous conseille pas d’aller, à celle-là qui ne m’avait pas été conseillée par Dominique il était un temps où nous y fûmes mieux reçus !!!
De Collioure je préfère ne garder que cette image du petit port la nuit, (lorsqu’il n’y a plus de touristes ni de restaurateurs impolis), et aussi les belles images des carnets de tous mes camarades stagiaires et amis (es) carnettistes de longue date confondus …
… Et de Cadaquès ce dernier regard vers le vieux village dominant la mer qui nous projette déjà dans l’Andalousie de la Route du Califat et des villages blancs, où je sais que nous serons bien mieux reçus par les commerçants que par ceux qui déshonorent à travers leur attitude revêche et leur manque d’amabilité le légendaire accueil catalan, qu’heureusement quelques hôtels (mais il faut bien les chercher) et des personnes comme Dominique ou Anne-Marie réhabilitent de leur côté si généreusement !