Vous savez qu’Évelyne DAUVERGNE expose dans 3 jour à Essaouira jusqu’ au 22 juin ...
Hors, en marge et préambule à cette exposition elle a bien voulu nous faire part, (vous faire part) de son ressenti par rapport à sa démarche et à cette exposition,
en vous dévoilant en exclusivité quelques-unes de ses œuvres .
Aujourd’hui, si je ne choisis pas nécessairement des aquarelles dans les œuvres qu’elle nous confie en avant-première mais des travaux qui me paraissent tout aussi
intéressants, souvent aboutis à partir de son travail d’aquarelliste, des notes de terrain et des dessins, c’est parce que son travail releve totalement de la démarche carnettiste : aller au plus
près de l’humain et du monde dans lequel il vit, avec toute son âme et le traduire à notre façon !
Elle nous dit, avec la gentillesse et l’ouverture d’esprit qui la caractérisent, pour vous, pour moi, tout ceci qui est beau et très précieux :
«Comme vous ne verrez pas l'exposition, voici quelques extraits du travail que je présente à Essaouira, sur les gens d'Essaouira. Un travail sur l'amitié, un pont
que je jette entre nos deux cultures . Cette exposition a un sens profond pour moi et j'espère toucher des gens par ce travail, déjà mes amis d'Essaouira...»
«Le marchand de gâteaux des remparts», peinture empreinte de vie où la présence et la beauté émanent de toute la profondeur
de l’être par delà la plasticité réaliste du portrait … Peinture Évelyne DAUVERGNE
«Quand j’étais enfant, mon horizon se limitait aux collines alentour. Douces. Enveloppantes. Montagnes changeantes à la lumière. Immobiles et face à
moi. Elles cachaient le monde.
De ce petit pays, les gens ne partaient jamais. Immobiles comme ce paysage, ils restaient là de père en fils, de mère en fille accrochés à leurs pierres à leurs
champs aux temps lointains à leurs ancêtres.
Dans ce petit pays de bocages habité par les fades, où je vivais il y a longtemps l’autre était l’étranger. Il fallait s’en méfier. Moi je rêvais à d’autres
paysages à d’autres visages. Je voulais voir le visage de l’autre. L’autre. Qui vit là-bas, de l’autre côté. Aux confins. À la lisière...
Puis un jour est venu
le temps du voyage, le temps de l’ailleurs et du passage. . .
Un jour est venu
Le temps de la rencontre
Et des matins toujours bleus,
Un temps où nous lancions avec Youssef la possibilité
d’un pont d’une rive vers l’autre rive...
«Rachid» Dessin au crayon d’Évelyne DAUVERGNE
La réalité qui s’est imposée à mon regard à chacun de mes séjours à Essaouira s’est transformée peu à peu en poésie par l’alchimie de la peinture.
Car dans la simplicité de tous les jours, sur le port, dans les ruelles, dans les souks, où j’ai marché à l’infini, m’est apparue une beauté simple,
évidente. Certains regards m’ont emmenée vers des territoires humains que j’ai eu envie de raconter, mêlant à mes couleurs leur histoire à la mienne.
«Sur le marché d'Ida Ougourd » Gouache 50 x 65 cm d’Évelyne DAUVERGNE
J’ai aimé peindre ces femmes, simples passantes que je ne reverrai peut-être jamais, se racontant leur quotidien, petites histoires murmurées au coin d’une
rue,
J’ai aimé peindre leurs gestes, leur allure, leurs couleurs, leur démarche.
J’ai aimé peindre le vent dans l’étoffe du vêtement de l’homme qui marche.
J’ai aimé peindre ces regards qui disent des secrets plus forts que les mots, j’ai aimé pendant des heures durant dessiner le regard et le
sourire de Rachid, petit frère sensible, les pensées de Youssef, mon frère, mon ami.
«Chibani(Ida Ougourd)» huile d’Évelyne DAUVERGNE
Loin d’Essaouira, quand je reviens à mes collines, dans mon atelier très loin de vous, quand je reprends mes photos, mes croquis, quand l’odeur des épices me
revient par effluves se mêlant aux odeurs de peinture, je retrouve la lenteur, la beauté unique, fragile, le temps d’hier se mêlant à celui d’aujourd’hui, espace-temps étrange où nos deux mondes
différents se rejoignent autour des mêmes valeurs de respect de l’autre, de tolérance, de partage, où j’exprime ma « quête libre et sensible d’une humaine chez les humains », quand la
peinture devient un lien, une passerelle, un dialogue entre nos cultures.
"Ombre et lumière" Acrylique 60 x 60 d’Évelyne DAUVERGNE
Dans cette ville mon regard a changé. Et chaque peinture y prend son sens, s’inscrit dans une réflexion sur la différence, sur l’idée que j’ai du voyage, sur la
rencontre avec l’Autre, si différent et pourtant si proche de moi.
Dans cette ville, je ne me suis jamais sentie étrangère.
De ces différences, de ces singularités, de ces mélanges, de ces rencontres, de l’amitié avec des Souiris, est née l’idée de ce travail sur Essaouira et les
gens qui y vivent.
Essaouira est cette matière vivante où je peux puiser la substance essentielle de mon travail de peintre entre réalisme et poésie, le lieu qui absorbe
mes émotions.»
Evelyne Dauvergne
«Les brumes d'Essaouira», une intéressante toile d’Évelyne DAUVERGNE, qui va à mon avis bien plus loin que la perception que nous
en avons lorsque venant du port notre regard embrasse les remparts et la vielle ville …
Cette peinture contient à elle seule tout le mystère de Mogador : une richesse secrète, enfouie dans les brumes de l’histoire où l’ombre et la
lumière se côtoient à l’image des visages profondément humains de ses habitants, comme lorsque les rayons du soleil traversent par moment les embruns venus du large qui envahissent les rivages
par vagues successives et brèves éclaircies, laissant soudain deviner pour quelques instants seulement derrière les murailles ocres toute la splendeur d’Essaouira .
Heureux qu'Evelyne ait un jour participé à mes stages je lui souhaite à présent pleine réussite dans son exposition .
Si vous passez à Essaouira en ce moment surtout ne la ratez pas et dites-lui combien son travail reflète l'âme profonde et émouvante de cet endroit magique et enchanteur !