Peut-être vous souvenez-vous de Mohamed BOUSTANE ?
Je lui avais consacré un article il y a un certain temps déjà, et c’est avec plaisir que je vous reparle de lui aujourd’hui (je lui consacrerai à l’avenir un reportage complet), car la série de ses belles expositions dans de grandes galeries Marocaines continue à la célèbre librairie - galerie «Carrefour des Arts» de Casablanca, du 5 au 27 avril prochain .
Si vous passez bientôt par cette belle ville d’Afrique du Nord, n’hésitez pas à pousser les portes de ce lieu d’échange et d’esprit, qui participe au rayonnement intellectuel et culturel de la vaste métropole .
Si Mohamed y est accueilli bientôt ce n’est pas un hasard, tout au moins la marque d’une nouvelle reconnaissance s’inscrivant dans celle de ses précédents succès, particulièrement celui de la Biennale Internationale de Sharjah en 2010 qui lui fit un grand honneur en l’invitant pour un «one man show», dans ce «phare» spirituel et culturel très sélectif des Émirats Arabes et même du Golfe Persique tout entier .
On ne peut que rester muet d’admiration devant une telle calligraphie : tout en lui rendant hommage elle s’affranchit de la lettre qui devient dans un élan d’énergie une projection d’harmonie vers un absolu de pure liberté …
Nous qui sommes relativement ignorants du rayonnement de la calligraphie contemporaine, ne pouvons imaginer la puissance spirituelle se dégageant de ses différentes tendances .
Or, elles sont autant le reflet de la pensée d’un artiste et d’un maître que celui des mouvances intellectuelles de l’époque qu’elles reflètent avec des expressions parfois «visionnaires», (ou tout au moins que j’interprète comme telles), particulièrement au travers d’œuvres comme celles de Mohamed BOUSTANE .
Connaissant Mohamed, sa grande sagesse, sa bonté naturelle et son érudition autant que l’inscription de son art dans une véritable foi et la perception visible d’une intériorité ouvrant sur l’universel, je ne peux m’empêcher de voir dans son travail comme le pressenti de tous les tourbillons de liberté et d’affirmation de l’être qui de tout temps sont les précurseurs des grands changements de civilisations plus même maintenant que jamais dans un monde arabe en plein devenir …
- Sans doute son questionnement présent s’affirme-t-il pour lui en priorité par la remise en question de la lettre dans l’art de la calligraphie ?
Tout ici est écriture et non-écriture …
Statique et irréversible mouvement . Mais c’est surtout comme une grande mutation, une fabuleuse explosion solaire, une vague cosmique suspendue, figée dans l’espace temps comme pour mieux nous aider à comprendre l’immensité du Devenir …
En tout cas «ce sont de telles réflexions qui fondent actuellement cette nouvelle forme d’art.
La conscience des limites de toute écriture rend libre le calligraphe. Et, en désarabisant son écriture, plus exactement, en créant des lettres transarabes, Mohamed Boustane crée une forme de liberté bien plus radicale que celle qui existait autrefois chez les autres calligraphes arabes. Et, de plus en plus, Mohamed Boustane crée une écriture «in vue» .
Il se fait naître par la naissance de ces lettres-signes qui n’ont rien d’autre à dire sinon que tout est à lire et que toutes les lectures sont infinies. Cette
calligraphie, ou postcalligraphie, est l’analogon d’une naissance qui se déroule sous nos yeux.
A proximité Mohamed Boustane lorsqu’il relie ses œuvres à un au-delà de l’esthétique, cette dernière étant en Occident centrée sur la sensibilité du corps
humain, sur sa capacité émotionnelle face à certaines formes. Le beau est donc bien présent, mais non comme création humaine. Cette nouvelle forme de calligraphie ne marque pas une revendication
d’autonomie de l’artiste qui traduirait, par des signes insignifiants, son intériorité à un moment de son évolution propre.
Ce qui y apparaît est une nouvelle conception de l’espace avec l’abandon des formes circulaires au profit de formes brisées vivant d’une variation ténue de
couleurs internes. Ce sont dans ces espaces que s’inscrivent les lettres-signes créées par le calligraphe. Ces lettres se recouvrent elles-mêmes. Il leur arrive aussi de participer à des
explosions. S’opposent des lettres-signes de grande taille et ces formes géométriques brisées où se succèdent les petites lettres signes. Les couleurs, parfois l’or, mais aussi l’opposition des
pleins et des vides, contribuent, non pas au sens de l’ensemble, mais à sa signifiance. On est alors en face d’une écriture à la fois contemporaine et primordiale car immédiatement
universalisable…»
- Les grands calligraphes, comme tous les autres grands artistes, créateurs et penseurs, ne seraient-ils pas aussi (souvent à leur insu) par leurs rapports à l’universel et à l’intemporalité, des capteurs extéroceptifs hypersensibles et clairvoyants des mutations de leur civilisation en devenir ?
Le Carrefour des Arts
vous invite au vernissage de
l'exposition de Mohamed Boustane
le mardi 5 avril à partir de 19h
Exposition du 5 au 27 avril 2011
Carrefour des Arts
Rue Essanaâri - Quartier Bourgogne, Casablanca MAROC
05 22 29 43 64