Tandis que se poursuit notre route en Andalousie et que je prends le temps nécessaire pour monter le clip de la prochaine «Petite histoire» vidéo que j’ai décidé de
vous offrir en accompagnement du carnet de voyage que Pierre NAVA vous fait découvrir page après page, je vous présente «Timeless» (traduction littérale : intemporel, éternel, hors du temps) :
«Timeless» c’est le titre que j’ai donné à cette grande toile (1,80 x 1,80 m) peinte il y a plus de dix ans maintenant,
acrylique et sable sur toile, évoquant l’Andalousie avec du sable que j’avais justement ramené de cette lumineuse province en 1985 ou 1986 (avant que ne soit créé le parc naturel du Cabo de
Gata), d’une plage où le sable est rose doré .
J’y traite à travers le "temps andalou" de questions existentielles : du temps qui n’est pas quantifiable, de celui qui passe, du temps compté de la vie mais que
nous ne pouvons pas évaluer par rapport à nous-même, de la question de l’existence liée au temps puisque tous les êtres existent, car c'est une évidence de dire que la pensée (et même
l'imaginaire) et l'action supposent l'existence. Exister c'est être; être c'est exister. Ainsi l'existence est-elle quelque chose d'immédiat, qui constitue le commencement de tout.
C’est pour cela que vous verrez dans cette peinture de nombreux symboles liés au temps, (par exemple plusieurs sabliers schématisés et des éléments plus abstraits
évoquant nos notions du temps global par rapport à notre existence : le passé relatif à la mémoire, le présent relatif à la perception immédiate, le futur au sujet de l'avenir relatif à
l’attente)…
Donc, si je vous parle de cette toile aujourd’hui c’est pour deux raisons :
- La première, son rapport à l’Andalousie puisque c’est le fil conducteur de mes articles actuels. Nous verrons lors de notre voyage à travers la suite de mes
«Petites histoires andalouses» en cours de préparation pour vous, combien le rôle de la notion de temps immédiat mais aussi passé et futur marqués par le «tempo» (mot si proche de «tiempo»),
notion essentielle sur la terre du flamenco (le «compas» des êtres et des choses que nous retrouverons chaque fois différent dans tous les lieux où nous irons), et le rythme qui scande la
pulsation de la vie ici, sont importants pour le peuple andalou, c’est ce que j’ai aussi essayé d’exprimer dans cette toile.
- La seconde c’est que j’ai failli nommer cette peinture «Timeout» (ou temps dépassé, délai dépassé, arrêt de jeu), allusion
aux arènes, lieu circulaire, où la vie s’arrête (arbitrairement) pour l’animal mythique symbole de toutes les terreurs archaïques de la nuit. C’est cette course du caractère andalou au devant de
la mort plutôt que d’attendre qu’elle vienne le cueillir que j’ai aussi voulu exprimer là. Car il y a en cela beaucoup plus que l’évocation des rapports de la culture andalouse à la puissance
génésique derrière l’affrontement du taureau : il y a les obscures lueurs qui nous ramènent à l’histoire de l’inquisition, à celle des morisques, des gitans, et plus proche de nous, dans un
destin tragique, à celle de Lorca et des miasmes du franquisme, et soudain, jaillissant de ces lueurs, une flamboyance presque aveuglante, un cri
bouleversant, d’une extraordinaire beauté, qui vous font chavirer dans une ivresse et une volupté langoureusement vertigineuses !
Des paradoxes très difficiles à comprendre pour qui ne sait pas, imperceptibles derrière l'écran du folklore qui travestit et déforme l'âme secrète de tout un peuple, les racines d'une déroutante splendeur...
Ne croyez pas que je mélange tout, Michel Del
Castillo, (andalou de coeur et d'esprit) écrit si bien : «Se mourir voluptueusement, s’enrouler dans la mort pour mieux éprouver le souffle de la vie, vivre la mort et mourir la vie :
tous les extrêmes se rejoignent parce qu’ils sont dans la réalité inséparables» .
Hors, un film de Andrew
Niccol (avec Justin Timberlake et Amanda Seyfried) sort le 23 novembre 2011 qui se nomme justement "Time Out" !
- Et quel en est le scénario ?
Celui d’un monde où le temps a remplacé l'argent. Génétiquement modifiés, les hommes ne vieillissent plus après 25 ans. Mais à partir de cet âge, il faut "gagner"
du temps pour rester en vie. Alors que les riches, jeunes et beaux pour l’éternité, accumulent le temps par dizaines d'années, les autres mendient, volent et empruntent les quelques heures qui
leur permettront d'échapper à la mort (j’y vois un étrange parallèle bien qu’il soit traduit de très différente façon dans le film, avec le pauvre hère ibérique hanté par des rêves de fortune et
de gloire s’identifiant aux torero adulé, déifié même de son vivant, se jeter dans l’arène en affrontant le fauve pour quelques minutes de gloire et d’éternité) .
Dans ce film un homme (Justin Timberlake), accusé à tort de meurtre, prend la fuite avec une otage qui deviendra son alliée (Amanda Seyfried). Plus que jamais,
chaque minute compte…
On verra derrière le polar de science fiction des questionnements qui vont plus loin que le poncif du genre en faisant du temps et de ses conséquences le fil
conducteur de son intrigue. Réflexions existentielles, sociales, axiomes philosophiques pourraient donner à ce film la dimension d’un «Bienvenue à Gattaca», mais on dirait que la critique
(surtout américaine) accueille plutôt fraîchement cette sortie. Je ne sais personnellement quoi en penser en visionnant la seule bande annonce, mais je vous conseille d’aller vous rendre compte
par vous-même en cliquant sur la vidéo ci-dessous, vous pourrez d’ailleurs visionner cette bande annonce en excellente qualité et grand format en cliquant sur le player lui-même après la première
lecture, qui vous emmènera directement sur le site du film où vous aurez également accès à la synopsis et aux galeries : à visionner en plein écran sur votre ordinateur si vous aimez le cinéma
!