TITOUAN LAMAZOU
Au moment où paraît cet article, je suis à la 8ème Biennale des Carnets de Voyages de Clermont-Ferrand …
Je sais que beaucoup d’entre-vous ne peuvent y venir (grèves de la SNCF et mauvais temps aidant), et aussi pour faire écho à plusieurs d’entre-vous qui m’ont récemment parlé de Titouan LAMAZOU, j’ai décidé de vous faire un petit « cadeau » basé sur mes recherches web, (un peu comme un cadeau de Noël avant l’heure, voir en fin d'article), tout simplement parce que j’aime moi aussi énormément Titouan, et que j’en apprécie autant le sportif, l’homme, que l'artiste et l’œuvre …
Biographie sommaire :
Titouan Lamazou est né le 11 juillet 1955 à Casablanca au MAROC .
Grand navigateur on peut dire de lui qu’il a « tout gagné » : il a été équipier d'Yvon Fauconnier, puis d'Eric Tabarly, il a battu le record du tour du monde en 109 jours en solitaire et en monocoque détenu auparavant par Olivier de Kersauzon à l’occasion du Vendée Globe de 1989-1990 sur Écureuil d'Aquitaine II, a été deuxième de la BOC Challenge 1986/87 (victorieux à Sydney), il a tenté de s’attaquer au Trophée Jules Vernes à la barre de Tag Heuer, une goélette de 43 mètres, mais des avaries incessantes qui se soldèrent par le naufrage du bateau le contraignirent à renoncer à prendre le départ …
Artiste, et écrivain, il a étudié aux Beaux-Arts d'Aix-en-Provence, élève autant en voile qu'en dessin d'Yvon Le Corre (Yvon étant l’un de mes maîtres contemporains en carnets de voyages, on lui doit des travaux remarquables et je n’ai jamais raté une occasion d’aller voir sa galerie au moment où elle existait encore dans le vieux Tréguier) .
Titouan se consacre à présent entièrement à la peinture et aux voyages .
On peut citer parmi ses oeuvres littéraires « Le Trésor de l'Atlas », (Éditions Denoël, roman, 1985) et noter dans sa bibliographie « Seuls autour du monde », Éditions Ouest France 2000, de Benoît Heimermann .
Titouan Lamazou expose en ce moment et jusqu’au 30 mars 7 Place du Trocadéro au Musée de l’Homme à Paris, (juste au-dessus du Musée de la Marine) .
« Zoé Zoé ou les femmes du monde » :
Si cet énorme travail (qui s’échelonne sur 6 ans) porte le sous-titre de «Femmes du monde», son véritable intitulé Zoé, Zoé, est le prénom de sa fille .
De chaque rencontre avec une femme est né un portrait (dessins, peintures, photos, vidéos), dont la vocation est de refléter, à travers la destinée particulière de chaque femme, l'évolution du monde tel que le perçoit Titouan .
L’exposition :
Elle bénéficie de la mise en scène d’un excellent scénographe, (évoquant la scénographie ancienne du Musée de l'Homme, mais surtout l'ambiance de l'atelier de Titouan au retour des voyages), où
se côtoient dessins, peintures, photos, photomontages, collages, travaux monumentaux, ainsi que des films et un diaporama haute définition invitant à voyager au coeur de son œuvre), Titouan nous
invite dans cette exposition à le suivre à la rencontre des femmes qui l’ont intéressé, ému, touché lors de ses périples autour du monde .
Voici ce qu’en dit l’excellent magazine Wart : « Ses nouvelles figures de proue sont des femmes de tous les continents dont Lamazou figure les prouesses avec acuité et tendresse .
Comme Blessing, cette jeune Nigériane croisée au nord de la Mauritanie.
… En posant pour Lamazou, Blessing - tout au moins son image - a finalement traversé la Méditerranée pour trôner dans une expo parisienne.
Et quelle expo ! Des centaines d’originaux, gouaches écarlates, photos géantes, collages, croquis… autant de visages qui illuminent l’immense Musée de l’Homme. Blessing y côtoie les fossiles de Lucy, Éthiopienne de l’aube de l’humanité, les pinceaux de Daisy, pimpante militante américaine, les fantômes de Dayu, princesse Indonésienne ou encore la poitrine sculpturale d’une poupée sexuelle américaine. Au final, près de 200 portraits constituent les escales d’un périple idéal autour d’un gynécée planétaire. Il n’y manquait qu’un membre du gouvernement. Lacune comblée lors du vernissage en grande pompe (mécénat L’Oréal oblige) avec la visite de Rama Yade . Notre féline Secrétaire d’État semblait sortie tout droit d’une gouache de Lamazou .
L’artiste n’a peut-être pas la dextérité d’un Jean Giraud dans le maniement du pinceau, sans doute n’a-t-il pas l’œil d’un Sebastião Salgado dans le cadrage photographique, ni la précision d’un Joseph Kessel dans le verbe. Il envie peut-être la justesse du coup de crayon d’un Marin-Marie . Mais Lamazou a autre chose : un peu des talents de tous ceux-là qui, cumulés, forment un talent unique et inédit. Il croque, photographie, filme, interroge. Et surtout reprend son ouvrage, peint d’après les photos qu’il projette sur des feuilles, ajuste allègrement ses couleurs, dessine sur des étoffes, cale minutieusement une multitude de photos pour créer des tableaux aux perspectives redressées. La force de l’auteur réside dans sa pugnacité. Pour nous faire partager ses rencontres et ses émotions, tous les moyens sont bons. Aucun média ne suffit à Lamazou, il les lui faut tous. Qu’on les lui laisse ! »
Au sujet des "moyens" dont il dispose, comme je me posais la question de savoir comment il arrivait à faire tout cela en même temps lors de la réponse à l’un de vos commentaires
récents, j’ai aujourd’hui quelques éléments de réponse car je me suis renseigné du mieux que j’ai pu : après un travail de repérage en amont avec des associations locales et les grandes ONG, il
s’est rendu sur place, avec ses appareils photo, ses pinceaux, et ses carnets dans ses bagages . Une femme caméraman et un photographe l'accompagnaient . Dans le suivi et au retour c’est de tout
un « staff » dont il bénéficiait aussi (une équipe de 3 personnes - infographistes -, rien que pour le scan, l'assemblage et la retouche de ce que Titouan appelle ses "instanporels" : sortes de
tableaux photo de très grand format contenant une foule de détails) .
Je n’aborde pas les moyens financiers et la puissance des outils d’édition qui l’épaulent formidablement (par exemple l’équipe Gallimard pour l’édition de son livre ou la coproduction par France
5 / Capitaine Flint, avec le soutien du CNC pour les films diffusés à la télévision) !
Aussi cette exposition ne ressemble à aucune autre, tant par sa diversité, son originalité que par son ampleur . Titouan veut faire « autre chose » et il l’a fait, on ne pourra plus aborder le carnet de voyage après lui tel qu’on le faisait auparavant après une telle prestation !
Son talent est immense, et il mérite vraiment la reconnaissance qu’il a pour tout ce qu’il a fait et qu’il réalise encore, j’en suis vraiment très heureux pour lui et c’est avec beaucoup d’enthousiasme que j’écris cet article .
Je ne peux que rajouter au passage en ce qui me concerne, que je me sens tout petit et humble devant autant de talent et de réussite et
plutôt découragé quand je pense que ma propre maison d’édition a du mal à me rembourser mes frais de déplacement ou de représentation, et surtout que je m’auto-finance depuis toujours sans la
moindre aide pour tout ce que je fais (un grand merci à toutes celles et ceux qui en participant aux stages que j’anime me permettent ainsi de continuer de réaliser encore quelque chose en me
soutenant tout simplement pour gagner ma vie - et je n’oublie pas non plus mon épouse qui travaille dur, et croit à ce que je fais - , exemple concret : le coût de mon
investissement personnel dans mon aventure de l’Aven NOIR depuis plus d'un an, en engagement physique, moral et financier aux cotés de mes coéquipiers - pas mieux lotis que moi d’ailleurs - afin
qu'elle soit pour nous aussi « quelque chose d’autre » que je crois novateur et veux de qualité -, dans un domaine parallèle et différent - car on est
dans des univers complètement différents de ceux de Titouan - où je souhaiterais que ce "carnet de l’Aven NOIR" renoue avec l’esprit des véritables explorations souterraines de la fin du
19ème siècle… ) !
Cela m'amène à me poser une question : - mon travail dont je sais bien qu'il n'est pas "rien" (faites vôtre cette phrase car je ne pense pas qu'à moi
en disant cela, mais à grand nombre de personnes qui se battent chacune de leur côté dans bien des domaines avec les mêmes préoccupations de survie
pour leurs idées ou continuer leurs travaux - et j'en connais beaucoup -), démérite-t-il parce qu'il n'est pas connu ni médiatisé ?
Si je me permets de partager avec vous cette petite réflexion (qu'il ne faut pas interpréter par de l'amertume - car je partage moralement et avec joie le bonheur de toutes celles
et ceux qui réussissent -) c'est parce qu'elle se veut positive et incisive : une fois la réponse faite, elle doit donner envie de nous remettre en question avec lucidité, se remettre plus dur au
travail avec l'objectif de beaucoup s'améliorer et se battre plus fort encore pour vaincre les difficultés matérielles et aboutir, quelles épreuves que l'on ait à surmonter !
Enfin, pour terminer, voici mon petit « cadeau » promis aujourd’hui, je vous donne ci-dessous ces liens précieux où vous allez passer des moments merveilleux avec Titouan LAMAZOU et ses œuvres
:
1) - L’interview de Titouan LAMAZOU au sujet de son exposition : Titouan nous parle de son aventure fantastique autour du monde à la rencontre des Femmes, à l'écoute de leurs histoires .
2) - Visite de l’atelier numérique de Titouan LAMA ZOU : une autre façon de retrouver toute son âme vagabonde …
3) - Présentation de l’exposition « Zoé, Zoé, Femmes du Monde » : le DVD de l’exposition .
4) - Tous les portraits vidéo des femmes du monde peintes
par Titouan LAMAZOU, grâce au beau site de France 5 : « Programmes courts de 4' d'après une idée originale de Titouan Lamazou, réalisée par Marc
Jampolsky, et coproduite par France 5 / Capitaine Flint, avec le soutien du CNC . Production exécutive : René Denis. Musique : Jean-François Berger et Jean-Pierre Bucolo, 2006 .
Chacun de ces petits films est le récit d'une rencontre entre Titouan Lamazou et l'une des femmes du monde. Ils racontent des parcours remarquables, des destins parfois tragiques ou simplement
des instants de vie. Réalisée à partir de son travail d'artiste (dessin, peinture, photo), des séquences vidéo tournées sur place, des interviews et des textes que Titouan Lamazou a écrit, cette
série emmène le téléspectateur aux quatre coins de la planète, à la rencontre de toutes les femmes... » Une visite qui vous enchantera !
5) - Titouan LAMAZOU à la Galerie Maeght : quelques autres œuvres de Titouan …
6) - Le site officiel de Titouan LAMAZOU !
Et si vous voulez vous procurer son dernier livre (très beau cadeau), il vous en coûtera 160 € version coffret luxe 360 x 280 mm, 992 pages aux éditions Gallimard (je me contenterai en ce qui me concerne du catalogue de l’exposition, 39 €, 245 x 315 mm, et 368 pages, toujours chez Gallimard) …