Avant tout, soyez attentifs à une émission d’ARTE qui ne peut que vous plaire : jusqu'au 4 janvier, Carnets de voyage part à la découverte d'un pays à travers le regard d'un reporter dessinateur chaque soir à 20 h 15 . Ces courts métrages de 25 à 30 minutes vous permettent d’accompagner un (e) artiste voyageur (se) sur le motif dans l’exercice de son carnet .
Ce n’est rien d’autre que ce que nous faisons tous régulièrement, mais le style de chacun est mis en avant avec beaucoup de talent par les réalisateurs . Le choix des carnettistes est assez sympathique et cette émission mérite que vous mettiez en route vos magnétoscopes . Si vous avez raté les premiers films, vous les trouverez ici , bon visionnage !
Hors celles et ceux d’entre nous qui ont la chance d’être édités et médiatisés, de très nombreux (ses) autres carnettistes oeuvrent dans l’anonymat avec beaucoup de talent . Je vais vous présenter aujourd’hui deux jeunes femmes qui mériteraient d’être mieux connues, à travers leurs carnets sur deux villes très différentes .
Marie-Hélène PUGET et son carnet de Barcelone :
Voilà une artiste qui mériterait d’être éditée . Son carnet de Barcelone nous entraîne dans la fascination de cette ville passionnante, des quais du port au cœur des Ramblas et du Bario Chino aux chefs-d’œuvres de Gaudi . Il grouille de vie, et on entend en le feuilletant le murmure des vielles maisons de brique, le tumulte des avenues parcourues par la foule, ou les sonorités de la sardane, le dimanche matin devant la cathédrale !
Marie-Hélène PUGET possède comme nombre de carnettistes un parcours atypique : fille de la mer, marin, peintre, elle navigue en Bretagne du sud, partageant sa semaine carnets en poche entre Vannes et l’île de Sein, après huit ans de bourlingages dans l’océan Indien, avec son carnet comme livre de bord . C’est dire si son expérience en vaut bien d’autres, empreinte de cultures et d’acquisitions multiples …
Armelle VOINIER et son carnet de Dijon :
Ce qui m’a beaucoup intéressé dans le travail d’Armelle, c’est qu’elle est une dessinatrice dont l’expression reste profondément ancrée dans un classicisme parfait, (peut-être l’expression « classe » vient-elle directement de ce constat ?), un classicisme pourtant empreint de liberté, où les lignes de fuite, les valeurs hachurées, les équilibres et proportions ne sont pas des freins et des contraintes, des cages rébarbatives et sans issue, mais des traits libérateurs, des moyens d’évasion, de lumière et d’espace .
Son grand mérite est de faire vibrer l’architecture par la seule présence du trait, par la seule dimension d’ombres et de lumières pleinement apprivoisées grâce à la maîtrise du dessin, à la force des contrastes de valeurs en harmonie avec un graphisme de grande qualité .
Combien de prétendus « dessinateurs » en sont-ils aujourd’hui capables ?
Il y aurait beaucoup à dire à ce sujet, nombreux d’entre-nous pourraient aujourd’hui reprendre leurs études là où ils ne les ont ignorées (et pour cause : - quelles valeurs et enseignements transmet-on exactement de nos jours dans les grandes écoles d’art pour être en conformité avec les préceptes de notre temps ?), et revoir des programmes abandonnés pour la plupart bien avant le début du siècle dernier !