Sur la route de l’Andalousie, du Levant aux rivages d’Alméria …
De Péniscola presque jusqu’à Alicante, la côte méditerranéenne n’est en cette saison qu’un immense jardin fleuri s’épanouissant dans une grande douceur !
Ne seraient ces infâmes usines, raffineries, centrales, zones industrielles, et le passage de l’abominable concentration immobilière de Bénidorm, la descente vers les plaines de Mourcia serait un enchantement .
Autoroutes plus que chargées, les kilomètres défilent ...
La traversée de toutes ces régions nous permet de constater à quel point l’essor touristiquo-économique est en train de ravager les dernières parcelles encore authentiques du littoral espagnol, combien son développement industriel, démographique et commercial bien légitime, nécessaire mais anarchique, bouleverse le paysage périurbain qui a perdu son âme autour de la quasi-totalité des grandes agglomérations .
Sur la route, falaises surplombant la mer, châteaux mauresques et amandiers en fleurs .
Aussi, pour retrouver la beauté originelle du pays de Cervantès il faut s’enfoncer dans l’arrière pays en quête de lieux sublimes qui existent encore tels des trésors cachés . Il faut affronter le barrage des laideurs bétonnées, fumantes et polluantes, ou les patchworks blanchâtres et brillants des immenses serres agricoles, les filets et bâches plastiques emprisonnant des pans entiers de « campos » en cultures forcées . Alors seulement la récompense est là et on retrouve cette Espagne de mon enfance (la dictature en moins et la richesse en plus) qui ne se livre qu’aux véritables voyageurs, ceux qui l’ont méritée !
Orangers dans la région de Valence croulant sous les agrumes, les fruits jonchent le sol et sont succulents !
Il en est ainsi comme en Catalogne de tout l’arrière pays Levantin : les Sierras sauvages sont les remparts et l’écrin de véritables petits paradis parfumés par ses arbres fruitiers merveilleusement fleuris en cette saison .
Notre regard se délecte sur leurs pentes de ces terrasses verdoyantes qui bénéficie en beaucoup d’endroits de l’irrigation inspirée des antiques systèmes de la « huerta de Valencia » (le jardin valencian), héritage des traditionnels moyens de répartition d’eau des pays arabes et méditerranéens . Ils sont simplement aujourd’hui très modernisés et généralement automatisés .
C’est sur l’une de ces terrasses aux effluves printanières que nous ouvrons à nouveau nos boîtes d’aquarelles et carnets de croquis . Les couleurs y sont aussi chatoyantes qu’à la surface de nos palettes dans la lumière qui inonde les jardins et les vergers . (photo Pierre NAVA)
La terre rouge, les arbres fruitiers fleuris, les citronniers, mandariniers et orangers : des parfums d’abondance, de printemps et de beauté à ne plus en finir . (aquarelle Alain MARC)
Une page très évocatrice du carnet de Yolande …(carnet de voyage Yolande GERDIL) Nous traversons rapidement la région d’Alicante et dépassons l’incomparable palmeraie d’Elche (la plus grande d’Europe, magnifique héritage phénicien saccagé lui aussi par les promoteurs en tout genre) pour foncer vers la fournaise poussiéreuse du pays de Murcia, bientôt franchie grâce à l’aménagement (à présent terminé) de l’itinéraire d’autoroute reliant les grandes voies littorales des deux côtés méridionaux de la péninsule .
Ravinement d’une « rembla » dans la province d’Alméria .
Les portes de la province d’Alméria, immense territoire de roches dénudées et de « remblas » désertiques sont en train elles aussi de se transformer en réservoirs à agrumes et maraîchages de toutes catégories et les légumes y poussent en abondance sous des océans de plastique blanc . De triste lambeaux de ces oriflammes sans gloire s’accrochent parfois arrachés par le vent aux nobles branchages d’oliviers séculaires miraculeusement épargnés au milieu des serres immenses …
Yolande peignant face au large extrême pointe orientale de l’Andalousie .
Ces visions surréalistes sont le prix à payer pour atteindre la pointe la plus orientale de l’Andalousie, premier grand rendez-vous pour qui veut comprendre et remonter le cours de l’histoire jusqu’à l’empreinte mauresque, point de départ de notre fascinante route du califat .