Andalousie, Grenade : charme secret de l’Albacin …
L’Albacin à lui seul mérite plusieurs jours de visite .
C’est le cœur de l’ancienne ville arabe qui s’élève sur l’une des plus hautes collines de Grenade .
Son dédale de ruelles dégringolant vers la rivière Darro et la rue d’Elvire lui donne un charme incomparable .
Entrée d’un « carmen », ces charmantes maisons aux jardins invisibles de l’extérieur . (photo Alain MARC)
Il faut s’y perdre et flâner au hasard entre les « carmens » plus ou moins vastes aux jardins secrets cachés par de hauts murs (maisons typiques du quartier fermées sur elles-mêmes) . Aller de miradors en adorables placettes, d’anciennes portes moresques en vielles citernes de brique flanquées de fontaines, découvrir les innombrables églises « mudéjares » avec leurs antiques minarets transformés en clochers dont la sonorité cristalline des cloches égrène les heures et sonne le moment des offices …
Croquis de Yolande, dans le quartier de l’Albacin . (croquis Yolande GERDIL)
Placette et église San Miguel el Bajo, construite sur une ancienne mosquée (arc outrepassé à gauche de la façade derrière les parasols blancs) non loin de la nouvelle mosquée de l’Albacin, (toute neuve celle-la) qui a été financée par le Maroc et les Emirats Arabes . (photo Alain MARC)
J’aime l’Albacin à toutes les saisons … L’hiver comme un îlot déserté des touristes, au printemps pour le chant des oiseaux et les fleurs aux balcons, l’été lorsque les ruelles dégagent à la tombée de la nuit une douce chaleur, l’automne enfin pour les teintes roses et dorées dont se parent les façades au coucher du soleil .
Une porte moresque place de Las Minas, comme il en reste beaucoup à découvrir en parcourant les rues . (Photo Alain MARC
Une autre dessinée par Yolande en haut d‘une « cuesta » . (croquis aquarellé Yolande GERDIL)
Nous cheminons longtemps jusqu’au soleil couchant . Les ruelles sont maintenant désertes . Il faut savoir que c’est le moment où peuvent se produire certaines agressions (surtout vol de sacs à main) dans les rues les plus reculées, mais à plusieurs, aucun danger . On ne le dirait pas tant cette promenade est agréable .
Les places y sont exquises : San Miguel Bajo, Plaza Larga, Placeta de Fatima, del Salvador, de Ortega …
Rue Candil, avec ses ombres bleues et ses jardins fleuris qui débordent dans la rue, et calle Valenzuela avec ses escaliers de galets . (Aquarelles Alain MARC)
C’est dans ce moment particulier où le soleil se couche, que l’Albacin se révèle le plus sûrement : il faut écouter le chant des oiseaux dans les patios, les rumeurs lointaines montant de la ville basse, les bruits de voix et autres rires d’enfants venant des fenêtres entrouvertes . Ces sonorités vous accompagnent comme une douce musique tandis que la lumière décline .
Quelques-unes des fenêtres qui font le charme de l’Albacin . (Photos Alain MARC)
La fraîcheur bien normale à cette heure-ci en cette saison décide Yolande et Pierre à pousser la porte d’un salon de thé au décor mudéjar de la plus grande finesse .
Quant à moi, je pars à l’écoute des voix multiples de l’Albacin : chants d’oiseaux s’échappant des patios, fontaines coulant au pied des murailles, petits bruits familiers trahissant la vie quotidienne des habitants du quartier …
C’est en cheminant de ruelle en ruelle que j’arrive au Mirador de San Nicolas, petite place ombragée qui offre sur le palais de l’Alhambra, la Sierra Névada, la ville basse et la « Véga » l’une des plus belles vues de Grenade .
Il y a encore en cette heure tardive de nombreux promeneurs, des jeunes surtout, et un guitariste qui joue quelques notes sur un banc sous les acacias . C’est un endroit rêvé pour les amoureux de paysages romantiques . (Photo Alain MARC)
"L'Alhambra au coucher du soleil" (Aquarelle Alain MARC)
J’y ai par le passé réalisé de nombreuses aquarelles, mais ce soir je me contente de voir la nuit tomber avec ces notes de guitare en contemplant le paysage qui heureusement n’a pas changé depuis des années . Je suis perdu dans mes rêveries quand soudain une voix m’interpelle : « Alain » !
Je l’avais complètement oubliée, mais nous devions nous revoir lors de mes passages en Andalousie : c’est Katia qui sort de l’université et qui vient nous rejoindre pour la soirée …
De la côte d’Aceituneras au Mirador San Nicolas : enfants jouant dans les ruelles, chants d’oiseaux dans les patios, cloches sonnant à San José ou au monastère San Isabel la Réal, fontaine de l’«algibe » de San Nicolas, arrivée au mirador avec son guitariste qui jouait si merveilleusement tandis que tombait la nuit, et puis une étrange musique montant de la vallée du Darro qui se mêle aux éclats de voix de la jeunesse regardant l’Alhambra …