La nuit va tomber sur les souffles chauds qui viennent du sud, plus bas que l'Atlas .
Ils n'ont pu se refroidir sur les neiges du Toubkal .
Aux derniers feux du soir la porte Bab Doukkala se revêt de pourpre sauf sa partie centrale dont les hautes et massives tours blanchâtres renvoient la lumière jusqu'à l'éblouissement .
La place grouille de monde et il reste encore quelques petits groupes d'artisans espérant toujours louer leurs services à cette heure tardive . Ils attendent assis près de leur vélo transformé en véhicule publicitaire : leurs portes-bagages croulent sous des échafaudages d'ustensiles et d'outils illustrant le mieux possible le savoir-faire et la compétence de chacun .
On entends par dessus le hourvari de la circulation routière et les bruits de Klaxons des ciris joyeux d'enfants jouant au ballon .
- Comme j'aime Marrkech dans cette chaleur du soir !
Des martinets volent en tourbillons au ras des voitures dans des nuages de poussière ...
Parfois de nauséabondes et âcres odeurs parviennent jusqu'à moi soudain remplacées par les effluves parfumées de fleurs d'orangers . Leurs pétales blancs tombent sur ma boîte d'aquarelles . Je m'arrête de peindre pour regarder en écoutant cette vie qui foisonne s'effilocher en lambeaux de prégnante beauté .