La brebis gravide aux yeux tendres !
J’avais commencé de vous faire l’article qui viendra après celui-ci, dans la flamboyance de ce bel automne éclatant de soleil et de couleurs indicibles vues sur le chemin de l’Aven Noir, quand j’ai rencontré la brebis gravide aux yeux tendres …
Elle était avec les premières bêtes du troupeau, dans un endroit du causse que les feux de l’automne n’ont pas encore embrasé, comme si l’été était encore la saison présente, comme si son nouveau statut de « future mère » n’était pas arrivé .
Elle me regardait d’un air étrange, la seule à s’intéresser à moi tandis que les autres continuaient de paître avec l’avidité de la gourmandise comme si ces fonds de dolines à l’herbe toujours verte représentaient le seul intérêt des valeurs du causse, en tout cas à leurs yeux et papilles de brebis !
Alors j’ai voulu la dessiner et en faire l’animal qui se détache du troupeau, le mouton singulier qui même s’il n’a pas cinq pattes n’est est pas moins celui qui voit ce que les autres ne voient pas, celui qui s’intéresse à ce que les autres délaissent, une sorte de brebis dont le Roquefort pourrait être meilleur parce qu’il a le goût d’un « ailleurs » qui commence par un regard différent de celui de la masse du troupeau !
Mais de quelle race une telle brebis me direz-vous ?
Peu importe la race, même s’il s’agit ici d’une brebis de Lacaune, celles-là même qui produisent le lait destiné à la fabrication du nectar que vous savez, fabriqué dans la secrète fraîcheur des
fleurines du Causse du Combalou qui domine Roquefort, la Mecque du fromage français de brebis, l'un des "haut-lieux" d'un département aux très anciennes traditions et qui inspire les
artistes dans tous les registres .
Elle aurait pu être une Raïole (la cévenole aux belles cornes torsadées), une Caussenarde des Garrigues (son infatigable cousine aux longues pattes), ou bien même une Barbarine (cette Rouge du Roussillon, parente orientale et nord-africaine qui s’est si bien habituée ici), tout est dans le regard je vous l’ai toujours dit, tout est question de ce qu’on regarde et qui nous intéresse dans la vie !
Si comme moi vous aimez le Roquefort et les falaises du Combalou, si vous aimez tout simplement les brebis, les bergères et le bergers, je vous invite à les faire vôtres en ouvrant les pages 188 à 197, 201 et 202 entre autres de mon livre « Aveyron, Carnet de routes » paru aux Éditions du Rouergue qui vient d’être réédité, foncez chez votre libraire pour voir s’il peut vous en procurer un exemplaire, sinon commandez-le sur le Web à Amazon ou à la FNAC …
Je vous reparlerai plus tard des brebis citées plus haut à propos du dernier berger transhumant du Causse Noir dont je fais le portrait dans mon futur ouvrage sur l’Aven Noir (ouvrage qui ne parlera pas seulement du gouffre et de nos exploration mais nous emmènera à la rencontre d’une région envoûtante et de ses très sympathiques habitants) …
Mais avant de repartir ensemble vers l’Aven Noir en traversant l’un des plus beaux paysages qui soient en ce moment (les Gorges de la Dourbie), je voulais juste partager avec vous le regard attendrissant de cette petite brebis gravide, espérant qu’il vous aura un instant distrait de la grisaille du monde où nous vivons avec ses hourvaris pas bucoliques du tout et ses crises financières qui le sont encore moins, et que la direction dans laquelle nous regardons nous permet de surmonter bien plus facilement !
Les falaises du Combalou où se cachent les fleurines à Roquefort si secrètes et rares où je vous emmène dans « Aveyron, Carnet de routes » .