Ecrire un article et le mettre en ligne depuis certains endroits du Vietnam, n’est pas si évident que cela … Je n’avais pas eu le temps de poster celui-ci depuis Hanoï, et d’ici, depuis les montagnes du nord, c’est même compliqué!
Pourtant je voulais vous faire partager ces instants si particuliers où l’histoire nous fait de nostalgiques clins d’œil, au cœur du hourvari des grandes villes .
Ainsi en est-il du pont Long Biên anciennement nommé Paul Doumer (du nom du gouverneur général de l'Indochine, Paul Doumer, fervent amateur de transports ferroviaires) à Hanoï.
Voilà un ouvrage qui pur produit de l’Indochine Française du 19ème siècle est devenu au fil du temps l’un des monuments auxquels les Hanoïens sont le plus attachés .
Il faut dire qu’il permet de relier en franchissant le Fleuve Rouge, la capitale au Nord Vietnam, et, plus loin au Yunnan le centre et la gare de Hanoï étantt sur la rive droite du Fleuve Rouge, le pont Long Biên permettant à la voie ferrée de passer sur la rive gauche.
Partie du pont franchissant le boulevard Au Co entre la gare de Long Bien et le Fleuve Rouge.
Avec une longueur totale de 1682 m, une hauteur de 13,5 m et une profondeur de 30 m, le pont Long Biên fut le premier pont en acier à enjamber le Fleuve Rouge. Ce pont est caractérisé par ses 19 travées basées sur des poutres en porte-à-faux et par les deux passages piétons de chaque côté de la voie ferrée centrale.
Il a été construit comme de très nombreuses structures métalliques de l’époque dans le style Eiffel en 1898, les travaux se sont achevés le 28 février 1902, le pont a été mis en service en 1903. À cette époque il était seulement accessible aux vélos, aux trains et aux piétons, les motos, très nombreuses s’étant rajoutées aujourd’hui.
La rapidité de cette construction est exceptionnelle vu l'éloignement géographique de la France, ce fut donc une véritable prouesse logistique. Il était alors l’un des quatre plus longs ponts du monde et le plus marquant en Extrême-Orient, un grand symbole de la révolution industrielle imposée en Asie.
Un certain manque d'entretien et surtout les intenses bombardements qu'il a subis de la part des États-Unis lors de la guerre du Viêt Nam, s'ils n'ont jamais pu le détruire définitivement, mais ont considérablement endommagé sa structure.
C’est dire si l’ouvrage est l’un des plus atypiques et incontournables de la capitale vietnamienne !
Aussi le rendez-vous pictural que nous avons avec lui est-il des plus complexes : traduire son étonnante silhouette, impressionnant amas de ferraille à la fois complexe et aérien, et la resituer dans le contexte de son environnement bruyant, klaxonnant et pétaradant, puisque le boulevard qu’il enjambe avant le Fleuve Rouge, est le fidèle reflet de l’incroyable circulation urbaine de cette ville grouillante, vivante au possible, attachante comme nulle autre. La circulation en dessous (et « sur », puisque piétons, vélos et motos y circulent de chaque côté de la voie ferrée) le pont : une marée motorisée incessante, assourdissante, étourdissante !
C’est donc avec une certaine incrédulité que la plupart d’entre nous s’installe sur le trottoir du boulevard d’Au Co pinceaux et aquarelles en mains, car à première vue se lancer dans la représentation d’un tel amas de ferraille au milieu d’un bruit assourdissant et de la puanteur des gaz d’échappement, n’est pas très réjouissant…
Pour ma part, si j’ai amené ici mes amis(es) aquarellistes, c’est pour une approche nouvelle de la réalité, que je veux ludique, rapide, expressive et créative, car le carnet de voyage tel que je l’entends doit être une fête chargée de symboles et d’accomplissements comme celui de non seulement dessiner des ponts, mais aussi en créer qui relient les hommes et les femmes, tous les êtres vivants, les objets et les choses qui, parce qu’ils sont différents, font de la diversité du monde la plus grande des richesses dans le bonheur d’exister . Je dirai que vous êtes formidables, chères et chers amis (es) carnettistes de m’avoir suivi jusqu’ici, et d’avoir essayé avec autant de succès ma méthode synthétique, informelle et décomplexée, pour réaliser un motif à priori aussi rébarbatif ! Dans un hourvari de poussière, de gaz d’échappement et de bruit, un jour ordinaire sous le pont Paul Doumer de Hanoï… Deux interprétations différentes au hasard du pont Long Biên selon ma « méthode » de travail par des aquarellistes ne l’ayant jamais essayée auparavant : celles de Marie et d’Elisabeth .