Je ne veux pas revenir vers l’Extrême Orient et notre rencontre avec les H’Mong Fleuris des montagnes du nord Vietnam sans évoquer Sakura («Fleur de cerisier»), jeune et jolie Tokyoïte née à Naha, amoureuse de la région de Takahagi sur la côte nord-est où elle se rendait souvent, entité symbolique, inspiratrice créative empruntée à mon imaginaire, …mais à peine seulement !
Elle est liée (et à travers elle tout le peuple japonais) à une partie de mon être comme le sont pour nous tous ces inconnus aujourd’hui en souffrance au Pays du Soleil Levant auxquels nous ne pouvons que penser, que nous ne devons abandonner ne serait-ce que par la force de notre pensée .
Je ne peux vous dire plus de Sakura, mais elle restera en éternelle beauté liée à tout jamais en cette période de l’année aux chemins du hanami venu comme elle de l’archipel d’Okinawa, autant qu’à une importante période de ma vie .
Elle était pour moi comme un Somei Yoshino dans son kimono de soie blanche brodée de fleurs au rose pâle évanescent.
Mais c’est dans la blancheur de sa nudité fragile à l’image de la vie que j’aimais le plus Sakura… «Sakura» sur fond de forêts et montagnes nipponnes, un etegami sur papier de riz peint il y a déjà si longtemps (en 1984) mais que je n’ai jamais envoyé à qui que ce soit comme carte postale parce qu’il n’appartenait qu’à ma mémoire . D’ailleurs il était trop grand, et j’ai préféré ne pas le terminer avec l’ajout d’un texte qui aurait pu le dénaturer …
Où es-tu Sakura ?
Le vent pousse vers la mer
L’exhalaison des fleurs
Blanches et roses
Avec l’exosmose
De terribles radiations …
À travers la neige qui tombe
Sur le silence des îles du nord
Et sur le vide immense
Qui a remplacé la ville,
Qui a remplacé le port,
Je recherche ton visage
À l’infinie douceur…
Tu me disais
Accepter la singulière Iphigénie
D’une nature pouvant
Sans aucune mesure
Décimer autant
Les enfants de ton pays
Que tout étranger
Venu en ta Tauride
Essayer de te conquérir.
Je découvrais alors
Ton regard perdu
À la seule pensée
De l’orgueil démesuré
Des hommes qui croient
Maîtriser le monde
En manipulant
Les forces de l’atome,
En imposant
À leurs semblables
Le dictat insensé
De leur unique pensée .
Tu fredonnais la musique inoubliable
De la venue du hanami
Cette métaphore de la vie
À la fois lumineuse et belle
Mais aussi fragile et éphémère
Qu’une floraison de cerisiers.
Ainsi dans tes yeux
Je voyais perler
Des larmes de cristal
Aux reflets indescriptibles
De pétales roses et blancs
Se mêlant aux flocons de la neige,
Qui dispersaient dans ma mémoire
Un grand chiru silencieux
Et déchirant…
- Où es-tu Sakura ?
Cerisiers en fleurs, aquarelle 50 x 65 cm réalisée en 1985 pour la Foire d’Art Contemporain de Tokyo…
Innocence débute par une citation : «Si nos dieux et nos espoirs ne sont rien d'autre que des phénomènes scientifiques, alors notre amour est également scientifique.» - l'Ève Future de Auguste de Villiers de l'Isle-Adam (1886).
Ce film apparaît plus sombre, plus épiméthéen et plus désenchanté vis à vis des promesses prométhéennes de la technique ou de l'évolution de la conscience qu'avait suscité son illustre prédécesseur, Ghost in the Shell… Innocence faisait partie de la sélection officielle du Festival de Cannes 2004.
Dans une expression très différente «Hiver au Mont Fuji» est une petite aquarelle réalisée en 1985 sur fond texturé qui fait partie d'émotions créatives liées aux souvenirs «forts» de cette époque des salons d’Osaka et de Tokyo …
C’est en 1984 que je fus invité par l’association «Bilan de l’Art Contemporain» à exposer mon travail d’aquarelliste à Osaka au «Festival International Paris - Osaka» . J’y exposais par le biais de l’association quelques-unes de mes plus représentatives aquarelles grand format .
Cette époque fut remplie de coïncidences extraordinaires ; je m’intéressais à cause de cela pour la première fois avec autant de passion à l’Extrême Orient et à ses principales cultures .
J’ai «rencontré» Sakura à ce moment-là . Je ne le savais pas encore, mais 15 ans plus tard je devais la retrouver à Hong-Kong au cours d’une exposition singulière dont très certainement un jour, je vous reparlerai, à travers de nouveaux mythes, légendes et traditions proches de ceux liés à Sakura …
C’est en tout cas grâce à l'exposition d’Osaka que mon travail fut apprécié de collectionneurs japonais et que je fus invité de la même façon l’année suivante à participer à la Foire d’Art Contemporain de Tokyo .
J’ai depuis longtemps abandonné ma participation à ce genre de salon car la reconnaissance est aussi éphémère que l’illusoire prétention de penser laisser à l’histoire une trace de son art, alors que tant d’artistes majeurs malgré toute la puissance médiatique du monde dans lequel nous vivons ne seront jamais connus ni reconnus …
Visiteurs devant mon travail à Osaka . L’attrait pour l’art occidental a toujours été très vif en Extrême Orient …
L’année suivante à Tokyo pendant l’inauguration de la Foire d’Art Contemporain. Une photo parmi tant d’autres .
Ces fragiles documents font partie des souvenirs solidement ancrés dans la mémoire de tout artiste qui a un jour où l’autre choisi d’emprunter certains chemins. Mais ils ne sont qu’un témoignage pour dire que tout est aussi éphémère et illusoire que la prétention d’un rêve humain …
Ajout de ce matin 18-03-2011, pour agir concrètement : outre la Croix Rouge Française à laquelle on peut faire un don ponctuel pour aider le Japon, j'ai entendu ce matin également sur radio Monte-Carlo dans l'émission de Jean-Jacques BOURDIN "Bourdin and Co" l'intervention de Monsieur David MARTIN, Directeur Général des Éditions SUDARENES, qui lance une généreuse opération de solidarité en faveur des sinistrés du séisme japonais : il offre sur la vente du livre "Sakura, les fleurs de l'éphémère" (je vous assure que je ne connaissais pas l'existence de cet ouvrage lorsque j'ai écrit cet article) 10 € par livre vendu (le livre vaut 20 €) . Une occasion unique de découvrir un beau livre et son auteur (Brigitte Lascombe), de s'approprier une émouvante histoire romantique, tout en faisant une bonne action .
Pour en savoir plus et agir, cliquez ici .