L’inspiration de celle-ci me vient de l’époque où au club archéo -spéléologique albigeois, alors que j’étais encore jeune collégien, je suivais sur les traces de la préhistoire régionale un ami de mon père qui en était le président : Jean LAUTIER .
Faire partie de son équipe, même en suiveur passif et timide comme je l’étais à l’époque était pour moi un honneur et un émerveillement .
J’avais pour lui la même admiration et la même déférence que celle de mon copain Roland PÉLISSIER pour ses initiateurs à lui : Édouard-Alfred MARTEL et Louis BALSAN .
Ces hommes-là étaient pour nous des maîtres et nous les aurions suivis jusqu’au fond de la terre …
Je n’ai pas connu E.A. MARTEL, ai à peine eu l’occasion de croiser L. BALSAN, mais accompagner Jean LAUTIER et ses amis dans les méandres d’une caverne récemment inventoriée pour partager avec eux dans l'irréelle lumière de nos lampes acétylène la découverte de griffades d’ours paléolithiques jusqu’alors inconnues mêlées à quelques tracés préhistoriques sur les parois de calcaire, était quelque chose de magique et je ne l’oublierai jamais .
Cette indescriptible et bouleversante émotion ne me quittera plus, magnifiée d'extraordinaire façon lors d'une sortie au fond des Gorges de l’Aveyron avec Jean LAUTIER et son équipe, lorsqu’il me montrèrent les émouvants bas-reliefs magdaléniens de la Magdelaine-des-Albis, pure merveille des origines de la sculpture en causses mineurs .
Ce jour-là nous nous arrêtâmes aussi dans un abri sous roche qui dominait l’Aveyron .
Il avait été fouillé par l’Abbé BREUIL qui avait laissé sur les parois des strates témoins où des silex enrobés de calcite brillaient encore sous la lumière diaphane du jour qui pénétrait jusqu’au fond de l’abri .
«L'abri près du torrent», Acrylique, pigments et sable sur toile 25 F (Alain MARC, collection particulière)
À travers l’ouverture béante d’accès à la grotte on entendait couler la rivière et il était facile d’imaginer l’endroit protégé par un mur de défense autant que de supposer les poutres de l’habitat rudimentaire qui étaient enchâssées dans leurs niches de blocage, taillées dans les parois .
Les étranges vibrations se dégageant du lieu projetaient dans ma tête des visions bouleversantes et je me sentais tomber à la renverse au creux des millénaires dans un Eden sauvage et dangereux où vivre était déjà un miracle et un exploit à réussir sans cesse dans une nature d’une immense beauté ...
Bien des années plus tard je revins en prospection spéléologique dans la région avec mes amis Louis et Jean PÉRIÉ, (Jean étant déjà bien engagé dans ses explorations, études et découvertes préhistoriques à ce moment-là, cliquez sur son nom ci-avant pour voir sur son blog sa dernière découverte, vous verrez c'est passionnant), mais «L’abri près du torrent» naquit dans mon esprit et dans mon cœur à ce moment-là .
Ce n’est que près de 45 ans plus tard que je le «réalisais» !
Je ne sais plus à présent qui m’a acheté cette toile que je dus vendre lors d’un salon d’art contemporain il y a quelques années à mon plus grand regret, mais je serais prêt aujourd’hui à la racheter au double de sa valeur de l’époque, car elle représente pour moi bien plus qu’une scène de pêche au pied d’un abri préhistorique près d’un torrent : elle est aussi une grande part de ma jeunesse portant en elle l’éternité de la vie ...