Marrakech : l’été commençait déjà pour nous sous les remparts de la ville rouge bien avant que le printemps ne soit fini de ce côté-ci de la Méditerranée .
C’est cette belle saison de récoltes picturales et de moissons colorées que je voudrais vous faire partager par ces quelques images glanées comme des cartes postales, pour vous qui n’avez pu nous rejoindre, qui attendiez de mes nouvelles et qui me lisez, vous qui n’avez peut-être pas eu de place si le stage auquel vous auriez aimé venir était complet au moment de votre demande, et vous aussi qui avez eu la chance d’y participer, vous toutes et tous que je n’oublie pas et à qui j’envoie ces petits signes d’amitié .
Ce stage, c’est peut-être celui dont vous rêvez, dont vous rêviez si vous l’avez fait, celui dont vous vous souvenez lorsque vous reprenez vos affaires d’aquarelle pour prendre les chemins de traverse, les chemins de l’été …
Accord conclu avec les porteurs d’eau qui poseront pour nous place Jema-El-Fnaâ, dans la lumière pulvérulente et la chaleur déjà estivale de l’une des plus mythiques places d’Afrique …
Toute petite aquarelle réalisée sans dessin préalable du bout du pinceau lorsque tombait la nuit sur la place Jema-El-Fnaâ, et que les restaurants de plein air voyaient leurs premiers clients s’attabler près des braseros enveloppant le crépuscule de leurs panaches de fumée . Petite aquarelle, petite démo, mais grand bonheur de partager d’aussi beaux souvenirs, de transmettre si vite la façon de les immortaliser et d’emporter avec soi une image qui contient le souffle même de la vie à travers quelques couleurs sur un bout de papier …
Ici, là-bas, ailleurs, avec les programmes que je vous ai depuis longtemps préparés, les stages se suivent et sont comme une fête qui n’en finit plus, les carnets se renouvellent dans une multitude de styles, de talents et de personnalités, parce que chacune, chacun d’entre-vous porte déjà en lui cette possibilité, cet enthousiasme, cette créativité, cette flamme que depuis des décennies je ne cesse de vouloir vous communiquer …
Ce bonheur de peindre que j’exerce pour moi depuis mon enfance ne prend vraiment tout son sens depuis toutes ces années qu’à travers mon plaisir de le transmettre, de le partager .
Les clichés sont de vous si vous y étiez, de moi aussi lorsque j’y pensais, et les aquarelles sont toutes des «démos» qui servaient de base à des exercices rapidement réalisés, parce que j'aime le plaisir de peindre dans la simplicité .
Aller le plus vite possible à l'essentiel dans un dépouillement à la fois poétique et fidèle à la réalité sans trop se casser la tête, c'est entrer dans l'essence des choses et des êtres, c'est élargir sa conscience, c'est vivre plus près d'une certaine notion de la beauté ...
Ensuite il y a eu la Provence pour faire venir l’été sur ce côté-ci de la Méditerranée : des aquarelles dans les plus jolis coins des Alpilles, du Luberon, dans la garrigue à la lavande sauvage, le thym et le romarin, les petits villages, ou comme ici à l’ombre des platanes dans le grand parc ensoleillé du domaine séculaire qui nous accueillait …
Avec cette aquarelle rehaussée selon l’un de mes plus intéressants procédés, nous étions lors de ce stage en Provence sur les quais d’un authentique et méconnu petit port de l’étang de Berre, un petit port qui aurait certainement beaucoup inspiré Marcel PAGNOL s’il avait pu y raconter une histoire à la hauteur des couleurs de ses vieux murs et de toute la poésie que dégagent les barques de pêche et les pointus qui viennent s’y amarrer …
Au petit village d’Ansouis, nous ne passons que quelques instants : le temps de l’esquisser par quelques coups de pinceaux, sur fond de Lubéron plombé ce jour-là par des nuages d’orage …
À Lectoure avec «l’Aquarelle est dans le pré» ce sont les chauds rayons du soleil qui nous faisaient choisir l’ombre autour d’un verre pour peindre et dessiner, sous les arcades entourant les places de villages adorables dans la campagne gersoise où nous retrouvions tout cet art du bien vivre et du bien manger … Cela donnait à nos aquarelles cette gaîté si particulière des gens qui sont déjà en vacances quand les autres continuent de travailler, et si nous avons dessiné tout le charme des marchés gascons c’est pour mieux nous imprégner de la richesse de ce terroir et de toute sa beauté !
Mais oui, ces trois charmants palmiers sont bien à Lectoure, ils sont l’un des premiers exercices réalisés pendant ce stage, et si je les ai choisis, c’est que tout ici nous faisait penser à la Toscane, à l’Italie, avec parfois des airs d’Andalousie et de Provence mélangées sans les essences de la garrigue, mais avec bien d’autres séduisantes beautés …
Comme la lumière du matin par exemple : oui, une douceur et une atmosphère Toscanes ! … C’est Pierre NAVA qui m’a fait connaître cet endroit au milieu des collines de colza et des champs de blé .
Au fond, dans la brune matinale qu’évaporent les ardent rayons du soleil, Lectoure se profile en découpe bleutée d’où émerge le clocher tour de sa cathédrale, et en face de nous le petit village de Terraube se détache doucement des vapeurs montant de la vallée .
Le temps s’est arrêté dans la beauté de ce paysage immortalisé par nos aquarelles et j’attends avec impatience le renouveau de cette fraîcheur et de la chaleur mêlées pour que reviennent au fond de moi ces sensations délicieuses des matins d’été …