La nouvelle route de l’Atlas …
Quelques semaines sont passées depuis le retour de Ptit-Jo …
Mais les beaux dessins de son carnet de voyage sont toujours là, comme d’immenses trésors .
Nous étions dans le désert et son incontestable magie .
La lumière et le vent, les dunes de sable, les regs infinis, les djebels sauvages et les verdoyantes oasis, l’impression que tout pouvait être simple et pur comme aux premiers jours des commencements du monde . Que tout y était beau et inscrit dans la durée .
Mais il fallait rentrer, retourner « chez nous », là où le destin avait placé notre existence, dans un processus de vie qui nous en rendait (au moins en cet instant) complètement prisonniers, et auquel nous ne pouvions échapper .
Le ciel plus bleu dans son reflet que dans la réalité . - Est-ce là, (ici tout près de Ouarzazate dans le désert), que nous percevons combien nos illusions ressemblent à ce reflet dans l’eau : l’image idéalisée d’un impossible espoir ? (Photo Alain MARC)
… Il en est toujours ainsi des fins de voyages, des fins de vacances, des fins de tout ce qu’on veut lorsque c’était beau : l’impression d’une inéluctable fatalité qui nous précipite sans ménagement dans une réalité bien éloignée de tous les rêves que nous avions un instant concrétisés « ailleurs », et où nous nous étions tellement projetés .
On peut toujours se dire qu’on reviendra, que tout recommencera, que ce qui est fini ne l’est peut-être pas, on sait bien au fond de soi que ce qui est fini est bien fini et que nos espoirs ne sont que des illusions, qui sauf miracle ne sont rien d’autre qu’une facette de l’effroyable broyage du temps qui passe .
Dernier regard au charmant hôtel de « La Vallée » (celui même où nous avions rencontré notre ami Allali El HOUSSAIN), sous le brillant soleil du matin qui se levait dans un ciel sans nuages comme si nous devions toujours rester ici, avec un jus d’orange frais en arrière goût dans le palais, afin de mieux garder en nous ces saveurs au goût si éphémère et si précieux … (Photo Alain MARC)
Nous avions sur la route comme des brumes de chaleur au fond des yeux, et les diables de poussière avaient bien du mal à les dissiper en les emportant dans les cieux avec leurs bouffées de sable chaud en guise d’adieu …
On peut les voir dès 9 ou 10 h dans le désert ou au pied des djebels, ces tourbillons de poussière, qui correspondent aux premières ascendances thermiques : elles détachent une énorme bulle d’air chaud qui s’arrache du sol au milieu d’un air environnant encore refroidi par la fraîcheur de la nuit … (Photo Alain MARC)
Sur la route, avant d’attaquer les pentes de l’Atlas, une dernière halte dans un souk de campagne : Ptit-jo dit « au revoir » à ce placide animal qui n’a certainement pas dû recevoir beaucoup de caresses dans sa vie de petit âne ! (Photo Alain MARC)
Il existe une nouvelle route pour traverser l’Atlas, qui depuis Ouarzazate permet d’éviter le Tizi’n Tichka et ses innombrables camions : elle est un véritable enchantement pour tout amateur d’itinéraires sauvages et isolés . Praticable dès la belle saison, (à éviter absolument l’hiver où elle est généralement dangereuse et enneigée), elle permet, si on dispose d’un véhicule en bon état et de provisions pour la journée, de s’enfoncer dans les farouches montagnes de l’arrière pays glaoua, et, en passant par des cols élevés (jusqu’à 2500 m), de redescendre versant nord sur la tranquille localité de Demnate, avant de rejoindre Marrakech .
Hautes vallées aux cultures en terrasses, très rares arbres (quelques noyers en bordure des talus), roches aux couleurs de soufre et de braise sur fond de sommets enneigés, images incontournables sur ce magnifique trajet . (Photo Alain MARC)
L’un des cols les plus élevés se situe entre le Ghat (3825 m) et l’Ighil M’Goun (4071m), c’est dire s’il vaut mieux s’abstenir de s’engager sur cette route une bonne partie de l’hiver … (Photo Alain MARC)
Par contre les paysages y sont merveilleux, et les rares villages d’altitude y ont gardé leur authenticité . Il est important si vous vous y rendez, de respecter profondément l’âme du pays, de ne troubler en rien la vie des habitants, et de faire preuve d’une grande humilité devant autant de beauté … (Photo Alain MARC)
C’était versant nord, en traversant un joli village d’altitude . Nous nous sommes arrêtés au bord de la route pour en savourer la sereine beauté et la vie paisible de ses habitants . Ptit-Jo en a fait cette aquarelle éclatante de couleurs, dernière page de son carnet de voyage, qui résume tant de choses, que je ne peux plus rien ajouter … (Aquarelle Ptit-Jo)