C’est à une belle exposition que nous invite Laurette GÉVAUDAN .
Peut-être vous souvenez-vous de cette superbe traversée du Yunnan que nous avons réalisée en carnet de voyage l’an dernier pendant plusieurs semaines ?
Laurette y était …
- Si vous voulez en avoir une idée, vous pouvez revoir l’extrait vidéo ci-dessus que j’ai réalisé à notre retour, mais vous n’en aurez vraiment qu’une toute petite idée à travers ces simples images : on ne peut pas en quelques minutes résumer trois semaines de découvertes, d’émotion, de rencontres, de joie de peindre, partager, échanger entre passionnés à 10000 km de la France, dans un pays magnifique !
On ne peut pas non plus traduire l’esprit d’une équipe enthousiaste et solidaire, alors que beaucoup ne se connaissaient pas avant de partir …
Sur le fond d’un mur bien plus beau que beaucoup de toiles abstraites, quelque part dans les rizières des «sculpteurs de montagnes», Laurette GÉVAUDAN en compagnie de deux jeunes femmes de la minorité ethnique Yi .
Mais ce que l’on peut constater au retour, c’est ce que chacune, chacun en a rapporté à travers son carnet de voyage et son vécu personnel .
On se rend alors compte que c’est bien plus qu’un stage hors du commun, plus qu’un superbe voyage, plus qu’un rêve qui s’est accompli : c’est une véritable aventure artistique et humaine qui débouche sur quelque chose d’autre, quelque chose de profond et de beau, d’apte à un véritable enrichissement individuel, et cela, Laurette GEVAUDAN nous le prouve à son tour à travers l’exposition de ses œuvres, résultat de sa quête personnelle à la rencontre des minorités ethniques du Yunnan bel hommage rendu à ce pays après celui de Ling et Antoine PERRELET .
Ces rizières en étage qui sculptent la montagne du côté de Yuanyang, Laurette en a bien saisi l’atmosphère dans ce lavis . Quand on sait que le lavis est l’une des premières disciplines à maîtriser pour avancer en aquarelle que c’est une technique plus difficile et technique qu’il n’y parait on se rend mieux compte en voyant ces rizières aux contours compliqués descendre vers la vallée dans une miroitante perspective que Laurette a réussi là l’un des plus complexes exercices de ce voyage …
Ce qui me frappe le plus en revoyant les carnets et aquarelles réalisés par tous les participants c’est l’originalité et la singularité de leur regard ! Laurette GÉVAUDAN nous le démontre encore dans son travail : on pourrait imaginer qu’en abordant ainsi en groupe des sujets communs ou très proches (d’abord tout le monde n’a pas peint le même sujet pendant une séquence donnée de travail) le résultat en est des motifs identiques, mais il n’en est rien .
Non seulement chacun voit et traduit à sa façon, mais en plus l’impression d’être en groupe disparaît presque lorsqu’on est captivé par son sujet, impression bien plus grande encore lorsque son autonomie d’expression et de maîtrise d’exécution en temps donné étant acquise, on traite un sujet à l’écart du groupe : là se dégage le plus le sentiment de réussir une aventure individuelle magnifique, comme si on faisait seul son voyage tout en profitant de la logistique, de l’organisation et de l’amitié que ce groupe apporte par ailleurs …
N’hésitez pas si vous passez par là (où êtes de la région de Valence) à aller rue Mondan encourager Laurette lors de son vernissage : vous y serez récompensés par un superbe travail et vous pourrez évoquer avec elle les souvenirs extraordinaires qui habitent son carnet de voyage et ses aquarelles sur les cimaises !
Le carnet de Laurette justement : en voici quelques aquarelles, qui traduisent ce que son regard attentif et sensible a saisi de ces autres lieux, ces autres gens, ces atmosphères si différentes des nôtres .
On devine des odeurs, des bruits, des impressions prégnantes ou subtiles, des moments saisis rapidement de ce temps qui passe trop vite, conservés dans leur fragilité, leur fugacité, mais ô combien intenses, plus encore que la photo les aurait éternisés .
Car si la photo a la particularité de figer l’instant, de le sublimer parfois dans une sorte de «sacralisation», l’aquarelle le restitue au sein même de la vie comme s’il suffisait de la regarder pour qu’elle réveille l’éphémère préciosité de choses disparues, aptes à revivre dans le cœur et dans l’esprit de l’observateur, un peu comme le baiser magique du prince charmant réveille la Belle au bois dormant . Car avec l’aquarelle nous ouvrons les portes du magique …
Nous sommes donc toutes et tous des «princes charmants» lorsque nous regardons une aquarelle : nous réveillons une princesse endormie !
Et les aquarelles du voyage de Laurette sont toutes des princesses endormies que nous réveillerons en les découvrant .
Ici nous sommes à Kunming, la capitale du Yunnan … La vie y grouille comme dans toutes les grandes villes de Chine, mais Laurette nous en montre le visage plaisant, plein de joie de vivre et de diversité . Nous entendons les bruits de la rue, mais ne pouvons détacher le regard de ces mille petits métiers qui colportent plus que des denrées : ils tissent des échanges dans l’un des pays les plus peuplés du monde, depuis la nuit des temps …
Extrait d’une page du carnet de Laurette : le pont du Double Dragon à Jianshui . Nous avons passé là une extraordinaire après-midi loin de la foule du tourisme traditionnel : un tel lieu chez nous serait envahi de touristes le photographiant sous toutes les coutures !
Sur le marché de Shaping : l’un des temps forts du voyage, ce fut notre première rencontre avec les minorités ethniques Bai et Yi …
Ici, au cœur des territoires Naxi, le pont de Longchuan, en technique humide à peine rehaussée au trait, image vaporeuse d’une Chine d’un autre âge …
Cette vielle femme appartient à l’ethnie des Hani . Elle porte la coiffe et l’habit traditionnels . C’était un vrai bonheur que d’avoir autant de sujets intéressants à aborder ; lorsque nous étions à Yuanyang par exemple, les vêtements des habitants étaient si beaux qu’il y aurait eu à dessiner et peindre au moins une année entière !
Retour des champs pour deux paysans de Shanxi : Laurette les a saisis tandis qu’ils passaient sur le pont de la vieille ville alors que nous dessinions l’un des lions de pierre ornant les bouts de parapets .
Femme Mosuo rentrant en barque sur le mythique lac Lugu (voir l’article que j'avais publié sur cette passionnante société matriarcale) .
Laurette GÉVAUDAN a su voir dans cette rencontre entre les paysages et les cultures qui s’y sont développées, ce que le temps et l’histoire n’ont pu effacer : l’identité d’hommes et de femmes qui par leurs traditions et la solidité de leurs liens sociaux ont su transmettre à nos générations des valeurs éternelles, mais de plus en plus fragiles dans notre monde contemporain …
Votre prochain beau voyage vous emmènera au Vietnam au mois d'octobre prochain : ce sera une nouvelle découverte et le nouveau point de départ pour d'autres carnets de voyages et de nouveaux projets d'exposition, peut-être les vôtres : il ne reste plus que deux places à prendre (pour quelques jours seulement) avant que ne soient définitivement clôturées les inscriptions à ce groupe, si l'aventure vous tente, faites-le moi vite savoir !