Marrakech, le tour des remparts …
Je vous ai promis lors du dernier article paru dans ce blog, de vous offrir en exclusivité le tour des remparts de Marrakech en calèche …
Marrakech est l'une des destinations classiques de mes stages "carnets de voyages" où chacun peut apprendre ou se perfectionner dans une ambiance totalement dépaysante, mais en l'occurence cette fois-ci c'est Ptit'Jo qui a le privilège d'être mon seul et unique stagiaire, et je vais le récompenser de ses premiers efforts par une magnifique promenade !
Vous allez donc revivre et découvrir avec nous (Ptit-Jo en a gardé un très beau souvenir) grâce à la vidéo que nous avons réalisée pour vous, cette magnifique promenade qui est l’une des « classiques » de la Ville Rouge, légendaire capitale du Grand Sud marocain .
Vous savez que les murailles de terre rose qui entourent la médina font une longueur approximative de 19 km . Je dis « approximative » car il y a aussi par endroit des bouts de remparts « intérieurs » dont certains correspondent à des époques plus anciennes où la médina était plus petite .
Les remparts en prolongement de Bab Jdid : derrière les créneaux de pisé ocre rouge, les palmiers de jardins de la Mamounia et le minaret de la Koutoubia … (Croquis aquarellé Alain MARC)
C’est donc l’une des plus belles ceintures de remparts du Maroc (je consacrerai un jour d’autres articles à celles de Taroudant et de Fès), merveilleuses au lever et au coucher du soleil, que nous vous proposons dans sa presque totalité (car nous n’avons pas longé la partie jardins de l’Agdal - Bâb Agnaou - Mamounia pour n’avoir pas disposé d’ assez de temps) .
Ces constructions en pisé d’argile mélangée de pierraille et de chaux, extrêmement solides malgré leur âge (certaines parties datent du XII ème siècle, à l’époque ou l’Almoravide Ali Ben Youssef fit construire la ville pour la protéger des attaques extérieures), font près de 2 m d’épaisseur (parfois plus) pour 8 à 10 m de hauteur et sont percées d’une dizaine de portes anciennes (nommées « Bâb », dont plusieurs présentent un passage défensif coudé très particulier) et de quatre portes modernes mieux adaptées aux contraintes de circulation actuelle .
Bab Doukkala, avec son parvis aux palmiers étriqués où des petits artisans en vélo attendent le passage de clients providentiels qui les embaucheront pour un menu travail et quelques dirhams … (Aquarelle Alain MARC)
Les successeurs des Almoravides s’attachèrent à entretenir et étendre les murailles au fur et à mesure de l’extension de la cité, les dotant de plus de 200 tours de défense, leur donnant leur aspect actuel, avec un cachet à la fois si esthétique et poétique que Marrakech doit beaucoup à ses remparts lorsqu’on évoque son image romantique de « perle du sud » .
J’éprouve personnellement une grande affection pour cet ensemble architectural très évocateur du rêve auquel il est attaché, surtout lorsqu’au début du printemps, depuis le bas de l’esplanade de Bâb El Khemis ou du côté de Bâb Nkob je vois les neiges de l’Atlas se parer de rose alors qu’au premier plan les murailles derrière lesquelles se balancent les palmiers rougeoient sous les derniers rayons du soleil .
Bâb Agnaou, (ce qui veut dire « porte du bélier sans cornes ») permet d’accéder au quartier de la Kasbah . C’est une porte plus décorative que défensive (c’est Bâb Er Rob sa voisine qui avait le rôle défensif du quartier, mais comme « décorations » on y exposait les têtes de prisonniers exécutés !), elle reste cependant l’une des plus belles portes de la ville, exemple même de l’art almohade du XII ème siècle, contemporaine de la mosquée de la Koutoubia, et il faut avouer quand on la contemple qu’elle est pleine de mystère (la légende veut que les pierres utilisées par sa construction aient été ramenées d’Andalousie par les Maures chassés d’Espagne, quant au beau grés bleu de ses caractères coufiques, il provient du Jebel Guéliz au nord de Marrakech) . Cette porte est l'une de celles que nous dessinons lors du stage carnet de voyage de Marrakech, Atlas, Essaouira ...
Bâb Doukkala, (Almoravide également), marque la limite entre la médina et le quartier du Guéliz . Elle porte le nom d’une tribu berbère de la plaine séparant Marrakech d’El Jadida . La photo prise du haut des murailles montre bien l’impression de puissance qui se dégage de cette porte, l’une des entrées les plus actives de la médina qui se situe à gauche sur la photo (on peut remarquer qu'une avenue assez large sépare ici les remparts des premières maisons de la médina) .
Bâb Berrima (à gauche la porte ouverte à la circulation routière, à droite celle réservée aux piétons) permet d’accéder à la place des Ferblantiers, l’une des plus jolies de Marrakech . Ses tours coiffées de nids de cigognes ont un charme incontestable et leur jolie couleur ocre rose est l’un des atouts de nos aquarelles lorsque nous nous y arrêtons à l’occasion des stages …
Bâb El Khémis (à gauche extérieur, à droite côté médina) est l’une de mes portes préférées et veut dire « porte du jeudi » . J’aime l’authenticité de ce quartier, ses petits artisans, la beauté sobre et puissante de cette porte, et surtout l’atmosphère tout à fait exotique qui s’en dégage le matin, lorsqu’à contre-jour, la lumière rasante et poussiéreuse du soleil se teinte de bleu derrière les mobylette qui la franchissent, et que les silhouettes des passants y deviennent fantomatiques et diaphanes dans leur irréelle et transparente légèreté …
Pur bonheur aussi, mêlé d’impatiente curiosité, que de pressentir avant chaque passage de porte le mystère du quartier qui se cache derrière elle, qui est toujours différent, et qui comme un coffret au trésor va nous offrir mille découvertes car c’est là que bat le cœur de la ville, là où se révèle l’âme de la médina, ce qui me fait dire qu’on ne connaît pas la médina de Marrakech si on ne s’y est glissé par les différentes portes de ses remparts, à toutes les heures du jour et de la nuit (mais si vous voulez tenter l’expérience la nuit dans certains quartiers promenez-vous-y à plusieurs, et restez malgré tout prudents) .
Voici la carte du trajet de notre calèche autour des remparts et dans la médina . Avant de vous laisser découvrir notre promenade grâce à la vidéo ci-dessous, je voudrais vous donner quelques conseils pour ne pas vous faire arnaquer par les cochers qui peuvent vous demander des prix exagérés, en négociant le forfait de votre itinéraire : il existe un tarif horaire de base généralement affiché à l’intérieur des calèches (qu’ils feignent d’ignorer), mais il vaut bien mieux discuter avant votre départ un forfait correspondant au parcours que vous souhaitez réaliser plutôt que de payer à l’heure (où si le cheval « traîne la patte » vous ne ferez pas la moitié de ce que vous auriez aimé) !
Pour un circuit comme le nôtre il faut prévoir 1h30 à 2 h de trajet suivant l’heure à laquelle vous partez (les calèches aussi peuvent être victimes d’embouteillages), et la principale station de calèches se trouve à côté de la Place Jemaâ El Fna en face le Club Méditerranée .
Voici à présent la vidéo (laissez-la se télécharger malgré les coupures du streaming, vous la relirez tranquillement en entier une fois complètement chargée) de cette belle promenade qu’il vaut mieux faire en fin d’après-midi (ou au coucher du soleil car les remparts se colorent des teintes ocres, roses, et orangées les plus nuancées et l’atmosphère y plus empreinte encore de la magie qui agite Marrakech chaque soir en fin de journée) : vous allez découvrir ici en moins de 7 mn au départ de la Koutoubia et de la place Jemaâ El Fna le résumé de 2 h de découvertes, de surprises, d’étonnement et parfois d’émerveillement . Nous vous laissons avec Ptit-Jo vous étourdir des sonorités autant que des images, il ne manque que les odeurs ...