Pas bête d’avoir pensé à des pétroglyphes, cette gravure puise ses sources dans des temps immémoriaux et confus avant même que se dessine l’aube de nos civilisations, elle m’a été inspirée par les traces sédimentaires laissées sur la paroi de l’Aven Noir (souvenez-vous) par les crues successives de la rivière primitive qui l’a creusé, et que les diverses actions du temps ont transformées en merveilleux graphismes dans la nuit du paléokarst …
Elle est aussi symbole «de chemins, de sentiers, de venelles qui se croisent, s'entrelacent, s'enchevêtrent comme toiles d'araignées, se recoupent, se poursuivant, se séparant
pour finalement continuer et aller on ne sait où, peut-être à la rencontre de ces êtres fantastiques, animaux, oiseaux, êtres humains» (comme me dit Lydie) que nous n’avons pas connus, dont nous
n’avons même pas conscience ...
En tout cas cette gravure fait partie d’un ensemble de peintures que pourront très bientôt découvrir les Millavois, et dont vous avez ici la primeur .
Je vais les mettre en parallèle avec des extraits du carnet d’exploration (non encore édité car en cours de finition) que j’ai en partie réalisé au fond de ce gouffre de l’Aven Noir en compagnie de mon camarade spéléologue Roland Pélissier .
Si vous êtes ou passez par Millau c’est donc avec plaisir qu'avec Monsieur le Maire et son adjointe déléguée à la culture je vous invite au vernissage de cette
exposition :
Mais avant, son titre : elle aurait donc pu s’appeler «Futur antérieur» car il ne s’agit que de la première phase d’un projet plus ambitieux (une
action future, avant une autre action future) ou même «Futur d’un passé simple» tant la conjugaison de mes descentes au fond de cette extraordinaire cavité m’amena à revenir sur ma démarche
picturale, mais je lui donnais finalement le nom de «Démarches créatives autour d’un carnet d’exploration» car cela résume mieux mon propos et celui qui m’amène à vous en faire part .
Vous savez que je relate depuis plusieurs années (7 ans déjà !) dans un «carnet d’exploration» la reconnaissance des nouveaux réseaux «Macary - Pélissier» de l’Aven
Noir, cet important gouffre du causse du même nom visité pour la première fois par Louis Balsan dont les plus récentes extensions sont le fruit des découvertes du spéléologue Roland PÉLISSIER
?
J’ai donc régulièrement accompagné R. Pélissier et ses camarades (un carnet de ce type ne se fait pas en quelques jours) en notant lors de chaque descente les
avancées et travaux effectués sur le terrain par mes compagnons, prenant croquis et aquarelles de la cavité autant que temps forts des explorations, complétant mon carnet de terrain par de
nombreuses photos et vidéos réalisées in situ.
S’en est suivi une réflexion débouchant sur des peintures sur toile et gravures monotypes inspirées par les profondeurs du karst et la vie préhistorique des régions
caussenardes, qui viennent s’ajouter à un travail antérieur évoquant déjà cette thématique (souvenez vous de la petite jument magdalénienne, des chevaux oranges dans la prairie bleue, et d’autres «visions artistiques» plus
anciennes …) .
L’exposition «Démarche créative autour d’un carnet d’exploration» n'est donc pas la présentation du carnet de l'Aven Noir en tant que tel mais de quelques-uns des
principaux extraits de ce carnet associés à un choix de peintures et de gravures qui ont rapport à la géologie, à la préhistoire, et par-là même à l'évocation des régions karstiques autant qu'à
la "mémoire" dont elles sont le réceptacle .
Cette toile (acrylique, pigments et sable de dolomie sur toile 20 F) fait partie de l’exposition et se nomme
« Sentinelles » .
- Y avait-il des sentinelles autour de l’Aven Noir au cours de son histoire récente ? … Certainement y en avait-il au moment des
«caps barrés», (ces enceintes protohistoriques érigées sur les promontoires des causses environnants dès le fin du néolithique), sans aucun doute au temps des Camisards lorsque les protestants
des Cévennes et d'une partie de la plaine du Bas-Languedoc entrèrent en lutte armée contre le pouvoir royal de 1702 à 1705, et qu’ils y descendaient avec une hardiesse inimaginable pour y
fabriquer secrètement du salpêtre destiné à de la poudre à canon !
L'exposition reprend aussi des travaux dont certains sont bien plus anciens que le début du carnet, mais celui-ci permet de les revoir avec une approche et une
signification particulières.
En faisant allusion au gouffre, à la découverte de ses dernières extensions (et indirectement aux richesses cachées du causse et de la vallée auxquels il est
associé) à travers les réalisations graphiques et picturales qui sont présentées dans l'exposition (aussi bien formelles - figuratives, qu'informelles), c'est un autre aspect du monde souterrain
et de ses influences culturelles anciennes que j’ai ainsi voulu aborder, nous découvrirons dans le prochain article d’autres travaux exposés et leur raison d'être …
Vestiges d’un four à salpêtre dans la Fosse au Ours de l'Aven Noir et croquis explicatifs (page 184 du carnet) : la peinture «Les sentinelles»
est à mettre en relation avec cette page (entre autres) et ma correspondance à ce sujet avec le spéléologue auteur et historien spécialiste des Grands Causses Daniel ANDRÉ que j'ai aussi eu le
plaisir de côtoyer dans ce gouffre …
Cette exposition constitue un ensemble qui pourra dès l'an prochain être disponible pour d'autres lieux . Les personnes ou organismes qui seraient intéressés pour la mettre à disposition de leur public peuvent dès à présent prendre contact avec moi en cliquant ici .