Si je vous ai jusqu’à présent réservé des cartes postales des plus beaux stages passés de l’été, j’ai cette fois envie de vous
projeter dans un stage à venir, le dernier de la saison (à l'automne on reprendra le cycle des carnets de voyages lointains), qui se déroulera bientôt à partir de l’un des plus agréables
endroits de la côte méditerranéenne occidentale .
De Collioure à Cadaquès la Côte Vermeille et son prolongement catalan en Espagne vous attendent peut-être du 12 au 18 septembre
prochain puisqu’il reste encore deux ou trois places dans ce stage carnet de voyage qui vous emmènera sur les traces des grands peintres du fauvisme, du cubisme, du surréalisme, de la
création moderne et contemporaine dans des paysages rayonnants et lumineux éclairés par le bleu du ciel plongeant dans celui de la mer .
Eux ne s’y étaient pas trompés qui ont fait la réputation de ce petit coin de paradis à cheval sur la frontière franco-espagnole : Matisse, Derain pour Collioure,
Salvador Dali, Marcel Duchamp pour Cadaquès, en ne citant que ceux-là parmi tant d’autres (Picasso par exemple) qui ouvrirent le chemin …
Quand la lumière tombe toute crue sur les intenses couleurs de Collioure toutes les
autres sont exaltées dans une sorte d’éblouissement qui nous projette sans contexte dans la fulgurance des flamboiements fauvistes où les barques catalanes colorées et aux voiles latines qui
peuplaient les criques incurvées peintes par Matisse et Derain ressurgissent au fond de nous dans l'éclat des couleurs et les vibrations de la lumière ….
Que ne vous dirai-je pas sur Collioure cité des peintres, que l’on contemplerait sans se lasser des décennies durant, que l’on peindrait une vie entière ?
- Qu’il n’est pas un seul instant où les couleurs et la lumière soient pareilles à l’instant d’avant . Que la séduction du vieux village de pêcheurs aux maisons
roses, bleues, jaunes et orangées ne se dérobe jamais à qui parcourt ses rues ruisselantes de bougainvillées, de vignes, de chèvrefeuilles, de figuiers de barbarie et de glycines . Que c’est à
une véritable fête des yeux et du cœur à laquelle vous êtes sans cesse conviés . Que le charme insolent des tons vifs et décalés qui posent sur vos palettes une autre approche de la beauté font
de ce petit port adossé aux contreforts pyrénéens un passage obligé de l'artiste …
Pochade rapidement esquissée en parcourant les rues qui plongent vers le bleu intense de la mer sous le soleil éclatant de Catalogne : ici point
de contrainte à utiliser en graphisme le crayon aquarelle et à renforcer son éclat par l’aquarelle la plus vive … Vite, la lumière n’attend pas !
Citation : «Parvenu là-haut, on est au cœur du ciel. Il faut regarder en bas pour voir griller Collioure . Le grand feu de lumière s'abat sur la mer plate et les
pierres dressées . Les maisons crépitent . Le bleu jaillit de l'eau et éclabousse les murs, les pavés, les barques rouges, les filets roux, les briques roses . Tout est mordu de bleu même le
vermillon . La maison de Mucha est au foyer du miroir, et sa terrasse est le point d'incandescence . Et dans ce point de feu une étincelle noire : l'œil du peintre . Cet œil voit .»
Extrait de la préface de René Barjavel pour «Collioure de Willy Mucha» ouvrage rare consacré à une sélection des dessins de
l’artiste dont vous pourrez avec ravissement découvrir la totalité du texte et certaines reproductions des dessins en cliquant ici .
Allez-y, ne vous en privez pas, cet extrait est l’un des trésors que nous offre l’Internet …comme j’aurais voulu connaître le «Collioure» de Mucha !
Là, plus rapidement encore, j’avais traité au feutre délébile et taches libres d’aquarelle les barques catalanes devant le célèbre
clocher à dôme rose de l'église Notre-Dame-des-Anges, juste derrière au bord de l'eau . C’est l’une des plus célèbres «cartes postales» du village que nous aborderons aussi pendant le stage en
toute simplicité, sans complexe, juste pour le bonheur d’être là et de partager, juste pour le plaisir de peindre en toute liberté …
Plus haut dans les vignes en terrasses souvent battues par la tramontane nous attendent les effluves sauvages et parfumées du massif des Albères à la nature
généreuse, rayonnante, aux ceps de vigne bien enracinés dans un sol que soleil, vent, pluie ou embruns balaient depuis des siècles sinon des millénaires, suspendu dans l’espace avec pour horizon
la verticalité du bleu du ciel et de la mer réunis dans un même vertige d’azur .
Nous emprunterons la route des crêtes au milieu de vignobles abrupts et rocailleux, parmi chênes-lièges, oliviers, cyprès et aloès, avec des regards d’aigles qui se
jouent des frontières, étroits chemins cisaillant la montagne vers le col de Banyuls ou du côté de Port-Vendres et de la tour Madeloc . Nous aurons peut-être la chance d’y entendre les rires et
les chants des vendangeurs, emportés par l’ivresse du vent jusqu’au dessus de la mer …
Vignes et oliveraies s’étagent jusqu’au fort de Saint-Elme au dessus de Collioure : c’est un bonheur que d’y
aller peindre en empruntant les chemins . C’est comme un pèlerinage en hommage aux femmes et aux hommes d’ici qui ont su par leur labeur faire du paysage d’autres écrins à la beauté .
Il faut parfois céder à la fulgurance de l’instant : saisir de quelques coups de pinceau sans dessin préalable,
la beauté dépouillée de quelques chênes-lièges adossés à la mer, aux troncs rouge sang dont on vient de lever l'écorce et qui vibrent comme des hématites dans la végétation gorgée de soleil … Ne
pas les oublier quand on les voit !
Ce détail des vendanges dans les coteaux du Banyuls, nous avait réunis il y a plus de dix ans autour d’une sympathique équipe de
vendangeurs .
En regardant mon aquarelle j’entends encore leurs rires et leurs chants, je retrouve le parfum du raisin mêlé à l’odeur de la
rocaille, je revois des moments si précieux que je ne peux les décrire .
Ils ont peut-être disparus à tout jamais et c’est la magie du carnet de voyage que de réveiller dans ma mémoire des secrets si
profonds qu’aucun autre support ne peut les restituer …
Vidéo : cette année-là justement, fut la dernière pendant plus d’une décennie où j’animais ce stage si enthousiasmant : aléas de
la vie et chemins différents qui m’amenèrent ailleurs sans que j’oublie ni Collioure ni Cadaquès …
J’y reviens aujourd’hui avec vous pour y retrouver l’appel des couleurs et un nouveau bonheur indicible et intense semblable c’est
certain, à celui que j’y avais déjà si pleinement connu .
À Cadaquès, c’est toujours la lumière de la Méditerranée qui nous attend, et là aussi la joie de se sentir ailleurs, plus loin, comme en
Andalousie tant les maisons sont blanches avec leurs grilles de fer forgé fleuries de géraniums . On ne dirait pas que les côtes françaises sont si proches .
Matisse, Picasso, Marcel Duchamp sont également venus ici . Ils y ont côtoyé Salvador Dali qui avait choisi la petite crique de Port Lligat pour y vivre auprès de
sa femme Gala .
Nous séjournerons juste à côté dans un petit hôtel les pieds dans l’eau qui regarde vers le large, plus oriental encore que Cadaquès le village le plus oriental
d’Espagne, s’est dire si nous serons plus proches du soleil levant !
Dans la petite crique baignée de soleil contre-jour sur la maison de Salvador Dali
(à gauche) et tout à côté, juste derrière les barques catalanes le petit hôtel (à droite) où nous séjournerons pendant la deuxième partie du stage : un coin de paradis les pieds dans l’eau, la
tête à l’ombre des pins dans les senteurs de la garrigue …
J’ai fait cette photo lors des derniers repérages à Pentecôte : la plage était déserte et l’eau était si bleue qu’on se serait crus bien loin de
là sur quelque rivage des Caraïbes !
Si je dis que pour moi Cadaquès est le village Andalou le plus au nord d’Espagne, ce n’est pas seulement à cause de ses maisons blanches et de ses rues aux fenêtres
grillagées ombragées de bougainvillées : c’est aussi parce que plane ici l’esprit de Federico Garcia Lorca poète du cante jondo, poète des gitans, qui y fut invité par Salvador Dali .
Je ne peux donc évoquer Cadaquès sans évoquer Federico, même si son passage y fut très bref : c’est en voyant les maisons du petit port auréolées d’or et de pourpre
dans la lumières du soir lorsque décline le soleil, que je pense le plus à lui en entendant au fond de moi remonter cette bouleversante «solea» de flamenco (cliquez sur le lien, elle est très
belle, empruntée au site flamencoweb,
chantée par la Niña de los Peines, accompagnée par Niño Ricardo en 1927 deux ans seulement après le passage de Federico chez Salvador Dali à Cadaquès) .
Cette musique, ce chant déchirant, même si sa véritable place est indissociable de Grenade dans cette vision nocturne quasiment magique du Sacromonte au crépuscule,
hante aussi pour moi l’atmosphère du petit port catalan, pour toujours liée à quelque émotion poignante que je ne saurai dire mais que je retrouve toujours à présent dans la révélation troublante
et romantique de Cadaquès lorsque tombe le soir …
C’est pour cela que les deux, (Grenade et Cadaquès), par delà l’espace qui les sépare me paraissent liées dans un mystère émouvant et profond évoquant la beauté et
à la fragilité des plus beaux sentiments de la vie . Un mystère en quête duquel nous serons fin avril 2011 sur la Route
du Califat, lorsque le printemps éclate de mille feux dans les splendeurs de Grenade …
Au fond ce sont les sauvages rochers de Cap de Creus, l’un des plus beaux endroits de la Costa Brava où nous irons peindre également : c’est la
seule réserve naturelle d’Espagne qui couvre la mer et la terre en même temps et compose le plus grand secteur inhabité d'Espagne méditerranéenne !
«Crique sauvage au Cap de Creus», aquarelle : - Matisse est-il venu jusqu’ici ? Il aurait pu avec Derain y
réinventer aussi bien le fauvisme tant les couleurs vous sautent aux yeux et vous racontent combien la nature nous a devancés dans la hardiesse de ses choix colorés !
Étrange hasard des choses de la vie (et de la mort…) qui unit encore Collioure à Cadaquès : le célèbre poète Espagnol Antonio Machado repose dans le cimetière de Collioure !
Il n'aura écrit qu'un seul vers à Collioure,
mais qui vaut un poème en résumant une vie : “… estos dias azules, y el sol de la infancia”, ce qui veut dire : "... ces jours bleus et le soleil de l'enfance" .
Hors, qui aime Garcia Lorca aime certainement aussi Machado, et de même qui aime Collioure aimera aussi Cadaquès …
Je vous donne rendez-vous à Collioure le 12 septembre prochain si ce stage vous tente (nous irons à Cadaquès le 15) : vous y découvrirez la lumière, les couleurs et l'atmosphère de lieux magiques dans des sites miraculeusement préservés, et vous partagerez avec moi le bonheur
«d’être fauves» dans une sorte de renaissance du regard bercée par les clapots de la Méditerranée ...