gorges du tarn - canyons et grands causses - Aquarelliste et peintre voyageur
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  • : En peinture, l'art de l'aquarelle est un mode d'expression qui va des carnets de voyages à la création de tableaux : en voici les différentes facettes inspiratrices, techniques et créatives selon Alain MARC ...
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Andalousies

«Andalousie, la Route d’Alain MARC», carnet de voyage de Pierre NAVA
Découvrez article après article en cliquant sur les vignettes ci-dessous le carnet spontané de Pierre m’accompagnant en Andalousie, et les «Petites Histoires vidéo» qu’il m’a inspirées :

La-Barca-1b-Pierre-Nava.jpg

Préambule

La Barca 2a Pierre Nava

L'étape de Peniscola

Andalousie b Pierre Nava

Sur la route de l'Andalousie...

Moulin-b Pierre-San Jose 2

Au Cabo de Gata

Bateau Pierre Isleta 3b

La Isleta del Moro

Huebro Pierre vignette

Huebro, la montagne enchantée

Pierre-Nava-Guadix-4-copie-1

Guadix, les maisons troglodytiques

Rio Fardès

Le rio Fardés

5 mai 2011 4 05 /05 /mai /2011 20:51

Aquarelle de reportage : le Pétassou de Trèves .

Voici la nouvelle rubrique promise, dont je pense qu’elle va beaucoup vous intéresser !  ... Lisez-là pausément  (même si elle est assez longue) avant de lancer la vidéo, cela vous permettra de bien la comprendre et de mieux l'apprécier .

L’aquarelle de reportage :

Elle est le fruit d’un travail qui même s’il parait rapide et facile sur le terrain, n’en est pas moins approfondi, faisant appel à de nombreux médias et demandant un minimum de recherche et d’enquête pour s’affirmer pleinement . La mise en ligne d’articles nouveau dans cette rubrique sera moins fréquente que pour celle des carnets de voyages, car l’aquarelle de reportage et ses investigations demandent qu’un minimum d’éléments soient réunis pour offrir toute leur potentialité .

Mais le résultat débouche toujours sur une expression multiple, où l’aquarelle seule bien qu’étant un élément de l’ensemble, est un élément déterminant, car c’est autour d’elle (comme dans le carnet de voyage) que vont s’articuler les principales lignes de force dégageant l’identité du reportage et la mise en valeur du sujet dont il est l’objet .

Ce qui différencie l’aquarelle de reportage et son produit global (dont écriture, photos, documents multimédias, etc.) du carnet de voyage, c’est que l’aquarelle de reportage est assujettie pendant la durée d’un évènement aux trois grandes lois du classicisme dans les principes de la tragédie : unité de temps, de lieu, d’action, principes dont elle est tributaire, et pour lesquels « l’aquarelliste reporter » pour être plus performant dans sa démarche, doit être préparé .

Elle se double par conséquent de recherche d'informations et d’une enquête préalable de terrain (ce qui n’est pas nécessaire en carnet de voyage, le voyage lui-même avec ses rencontres et aventures constituant la matière du carnet), permettant de suffisamment connaître l’évènement afin d’être plus « attentif » au moment de s’y confronter, et par la suite de compléter son investigation pour en finaliser le reportage de la façon la plus élaborée et la plus fidèle possible .

Elle s’implique aussi davantage, en élargissant sa démarche de base à une action dans laquelle elle participe à l’évènement en devenant l'un de ses supports et de ses prolongements . La boucle est ainsi bouclée, l’artiste devenant objet de son art, ( - la vie elle-même pouvant alors être « art » à son tour … - ) son produit pictural devenant donc acteur de l'évènement auquel il participe .

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Le matériel de peinture de l’aquarelliste de reportage est réduit à sa plus simple expression : il doit contenir sans encombrement dans les poches du gilet, sans crayon, sans gomme, ni eau . (Photo Alain MARC )

Sur le plan purement technique, l’aquarelle de reportage doit être libérée de toute contrainte d’exécution (accentuation et adaptation de certains procédés déjà efficaces en carnet de voyage et apparition de nouveaux procédés) : pas ou peu de dessin (celui-ci étant directement réalisé par la mise en forme des couleurs), adaptation des prises de notes selon le déroulement de l’évènement, maîtrise parfaite de la technique « aquarelle de terrain », des mélanges de couleur, très grande rapidité d’exécution, disponibilité permanente par rapport au sujet (ce n’est pas lui qui doit s’adapter à nous, mais nous qui devons être capables de « le suivre » quelle qu’en soient les difficultés), improvisation et mémorisation pour restituer au mieux l’éphémère, matériel très léger et fonctionnel (ce qui fait de l’aquarelle le seul médium « élaboré » offrant autant de possibilités d’expression, le pinceau à réservoir, la boîte pliable et le gilet de pêcheur avec carnets de peinture dans les poches devenant alors indispensables) .
C’est donc autant dans la forme que dans le fond que cette approche de l'aquarelle se différencie de celle généralement utilisée dans le carnet de voyage (bien qu'elle en emprunte certains aspects et que son utilisation dans ce cas bénéficie de ses plus performants moyens) !

Sa complémentarité avec les autres formes de support (écrit, photo, multimédia, etc. qui restent quant à eux comparables à ceux du carnet de voyage) en tant qu’outil d'expansion et de vie propre de l'évènement en question, lui permettant de s'inscrire dans la durée non seulement avec la valeur d'un témoignage, mais resituant ses valeurs et son existence dans une intemporalité sans distanciation .

Le Pétassou de Trèves : 

Pour l’aquarelle de reportage il faut des sujets forts, captivants, hors du commun . Peu importe que l’évènement soit médiatisé ou pas, très connu ou tout à fait confidentiel …
Le choix du Pétassou pour ce qui est du premier article me permettant de lancer ce concept nouveau « d’aquarelle de reportage » n’est pas anodin : ce personnage est selon Jean-Marie LAMBLARD l’un des archétypes de celui d’Arlequin, Arlequin évocation de la Commedia dell’arte, le mouvement humaniste produit par la renaissance qui donna aux bateleurs et aux artistes dans une dimension tout à fait novatrice, leur véritable droit de cité …

Ne soyez pas étonnés de me voir avec une minerve à la fin de cette vidéo : elle est le produit d’un monumental vol plané effectué dans les Gorges du Trévezel !

En ce qui concerne ce clip, (merci à Isabelle qui en me véhiculant m’a permis de le réaliser) c’est pour des raisons d’espace que j’ai dû compresser en les accélérant légèrement les images d’introduction de cette première vidéo consacrée à l’aquarelle de reportage (la démo de peinture des chevaux et leurs cavaliers) .

Quant à moi, j’espère maintenant que les ondes positives du Pétassou vont m’aider à surmonter la présente passe et à guérir vite de tous les soucis associés . (Vidéo Alain MARC, la laisser se télécharger avant de la relire)

Dans le cas du Pétassou de Trèves, nous partons à la découverte de l’une des plus anciennes et des plus étranges traditions, qui relève plus de l’ethnologie que du folklore, car il s’agit d’une tradition bien vivante, toujours inscrite dans notre époque et qui joue un rôle social en véhiculant des valeurs de référence pour toute une communauté . Un héritage qui, bien qu’il soit liée aux manifestations carnavalesques, demeure une originalité par sa spécificité autant que par le lieu de sa manifestation .

Trèves est effectivement un petit village du nord des Cévennes, au fond des Gorges du Trévezel, dont le destin, avant même que le lieu-dit n’existe, puisait déjà ses racines dans les profondeurs de l’irrationnel par la magie de pratiques sépulcrales néolithiques des plus mystérieuses, en témoignent les vestiges (classés) de la grotte du Pas-de-Joulié dominant (elle n’est pas la seule) le village . À noter dans ce domaine du monde souterrain, la proximité de l’Aven Noir, ce qui m’amène à vous révéler qu’une partie de cet article est extraite des pages consacrées à Trèves dans mon carnet d’exploration de ce gouffre (édition à venir de cette exploration menée par Roland PÉLISSIER et de ses équipes, dont je témoigne dans ce carnet) .

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Trèves : le joli pont romain sur le Trévezel, avec en fond le Causse Noir sur les pentes duquel se trouve l‘entrée de l'Aven Noir . ( Aquarelle extraite du Carnet d’exploration de l’Aven du même nom )

Mais la présence du Pétassou en ces lieux ne remonte pas aussi loin …

Trèves viendrait du mot « carrefour » - en latin « trivium » - ici croisée de trois importantes voies de communication . On y vivait autrefois en autarcie quasi-totale, de différentes cultures, du ramassage des châtaignes et de l’élevage de petit et gros bétail, de volaille, d’apiculture . En parallèle avec ces activités, un artisanat saisonnier florissant à base de textiles (laine, soie, coton et surtout chanvre), permettait au village de commercer avec l’extérieur, d’affirmer son identité à travers cette particularité . En atteste mon ami Daniel ANDRÉ, historien et spéléologue, dont certains ancêtres vivaient dans la vallée du Trévezel, qui me dit : « …il y avait des Canaguiers et un dénommé Canaïer possédait des propriétés dans le secteur de la Baume Saint-Firmin (autre grotte dominant le village où se serait réfugié ce saint aux débuts du christianisme) il est curieux que ce secteur s'appelle aujourd'hui "causse de Canayères".

Entre "canayères" et "Canabières", il n'y a pas grand chose !

Les champs qui pouvaient produire du chanvre étaient toujours siliceux ; c'est le cas des abords de Canayères » .

C’est dont tout naturellement que la petite communauté s’en remettait à un autre saint et en faisait le saint patron du lieu : Saint Blaise, évêque arménien martyrisé en 316 dont le corps fut lacéré par des peignes à carder, ce qui en fit le patron des tisserands et des peigneurs de chanvre, ainsi que d’autres métiers dont la plupart des métiers du textile ; il est aussi le « maître des vents », ce qui est très important dans de nombreuses cultures, particulièrement celle du Languedoc .

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Le Pétassou dans sa première version, tel que je l’ai dessiné pendant sa tournée des fermes de la commune de Trèves . C’est la spontanéité et le ressenti qui priment dans l’exécution de ce type de travail . (Aquarelle extraite du Carnet d’exploration de l’Aven Noir)

Ainsi, le 3 février, Trèves fête la Saint Blaise : c’est le jour de la fête votive, (on dit en occitan la « voto ») . Nous sommes au lendemain de la chandeleur, et c’est à cette occasion que sort le « Pétassou », personnage central de mon reportage .

Les origines de sa présence au village restent mystérieuses, (elles seraient associées à l’apparition du carnaval à la fin du Moyen-Âge et au début de la renaissance), mais j’ai de la part de Régis VALGALLIER, (l’un des habitant de Trèves interrogé pour cette enquête et connaissant le mieux son village et ses environs), une fort intéressante hypothèse : « Ce serait une famille de tisserands gitans d’Andalousie, la famille  TREVES  originaire de Trevélez (notez la similitude des noms et leur force symbolique) le plus haut village d’Espagne dans les Alpujaras de la Sierra Nevada, qui l’aurait amené à Trèves (le village) lorsqu’à l’époque de Charles Quint, elle vint s’y réfugier » . À cette époque les populations gitanes de la région de Grenade, déjà pourchassées au même titre que les mauresques, s’étaient réfugiées avec elles au lendemain de la chute de la dynastie nasride (et de la prise de la ville par les catholiques en 1492) dans les contrées les plus reculées des Alpujaras . Hors un décret (dit de Tolède en 1539), signé par Charles Quint, leur intima l’ordre de se soumettre (ce que certains firent en s’enrôlant dans les troupes de l’empereur d'où le mot « flamenco » - flamand - dans l’argot des gitans de l’époque, Charles Quint étant d’abord ce souverain qui bien que petit fils d’Isabelle la Catholique venait des Pays Bas), ou de quitter le royaume, ce que firent les andalous réfugiés à Trèves . Ils y apportèrent leurs coutumes dont celle du Pétassou (car il paraît que le Pétassou est toujours fêté en août dans le village de Trevélez - information en cours de vérification par mon amie Katia FERSING spécialiste des contes et légendes d’Andalousie - ) .

Régis VALGALLIER a eu la chance et le mérite pour fonder cette hypothèse de recueillir le témoignage d’un descendant direct de cette famille vivant aujourd’hui en Vendée .

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Dans cette version je me suis davantage attaché à traduire du personnage son côté naïf, primitif, révélant sous le bouffon l’ogre débonnaire et protecteur ... (Aquarelle extraite du Carnet d’exploration de l’Aven Noir)

Le Pétassous est vêtu d’un habit recouvert de centaines de « pétas », chutes de tissus multicolores plutôt longs et étroits comme des rubans, conservées par les couturières et servant généralement au rapiéçage, cousues les unes au dessus des autres sur une blouse de paysan comme les écailles d’un poisson . Ce costume était autrefois entretenu par les jeunes du village, qui, après collecte des « pétas » par les garçons célibataires dans les fermes et maisons des environs, (garçons de la tranche d’âge des conscrits de l’année mais ceux qui avaient contracté mariage étaient exclus) se retrouvaient à la veillée pour préparer avec les filles dans les longues soirées d’hiver, la fête du Pétassou . Parmi tous ces garçons était désigné la semaine avant la fête celui d’entre eux qui allait porter l’habit et ses attributs (le masque, le balai de genêt et une vessie de porc remplie d’air et accrochée dans son dos) .

Cette tradition est aujourd’hui relancée grâce à l’association des Ganels, animée par les jeunes du village, qui se réunit deux semaines avant la fête du Pétassou pour en préparer le déroulement tout en rafistolant son habit . 

Le masque change chaque année et nul ne doit reconnaître le Pétassou : celui-ci est porteur des forces surnaturelles venant purifier la communauté de ses culpabilités (fautes, erreurs et péchés), un être magique sur lequel on va aussi projeter ses vœux les plus secrets !

La vessie de porc gonflée d’air est très importante car c’est elle qui contient les « souffles », les esprits assimilés à l’air, au vent, véhicule des âmes à naître autant que celui libérant celles des morts portée en soi par chacun, la métaphore du souffle cosmique, celui de la vitalité en cette période de Carnaval qui marque la fin de l’hiver et l’arrivée du printemps …

Elle est également assimilable aux symboles liés aux « pets » (comme l’ours sortant de son hibernation aux alentours de la chandeleur qui se purge de diverses façons), symboles d’ailleurs repris sous différents aspects par d’autres bouffons carnavalesques, tels que les « buffétaïres » de Lunas .

Au sortir de l’hiver, en jouant avec les souffles, Pétassou tente symboliquement de maîtriser la mort en exaltant la vie et en affirmant son triomphe dans la joie et les facéties . Il est le bon génie du village, sorte d’ogre débonnaire apte à éloigner les maléfices et les mauvais esprits .

C’est pour cela qu’il va défendre cette vessie accrochée dans son dos de qui s’en approcherait, avec son balai de genêt . On retrouve ici le mythe carnavalesque du balai fertilisateur, un balai qui lui sert à bien des drôleries comme celle d’effrayer les passants ou les chiens, ou d’arroser l’assistance en le trempant dans la fontaine du village .

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La danse avec le Pétassou . Ici, ayant plus de temps pour travailler, j’ai eu recours pour le dessin au crayon à papier, on se trouve alors dans la classique problématique des carnets de voyages, qui vient en complément de celle de l’aquarelle de reportage . (Aquarelle extraite du Carnet d’exploration de l’Aven Noir) .
Le rite du Pétassou se déroulait traditionnellement sur trois jours, le dernier d’entre eux, celui où son habit en flammes était précipité du haut du pont de Trèves en contrebas dans le Trévezel ayant aujourd’hui disparu faute de participants pour en maintenir la tradition .

Mais les deux autres se déroulent toujours avec le même enthousiasme et la même implication de la part des habitants de la localité et des environs, prouvant ainsi la vitalité de leur jeunesse d’esprit tant au niveau individuel que collectif, ayant su conserver une tradition identitaire apte à regrouper toute une communauté autour de son mythique personnage tutélaire et fédérateur :

Le premier jour, le samedi, c’est la tournée des fermes pour le droit de quête exercé par les garçons . Les filles, qui ne boivent pas, (ou le plus sobre des garçons) conduisent la fourgonnette transportant la jeunesses environnante avec le Pétassou (ne portant pas à ce moment-là sa vessie accrochée dans le dos pour des raisons pratiques) et l’accordéoniste accompagnant la petite troupe de ferme en ferme sur les routes communales . Quelques habitants suivent dans une ou deux voitures tous warnings allumés pour sécuriser le cortège .

À chaque arrivée dans les fermes, à grands renforts de coups de klaxon et de cornet à piston, au son de l’accordéon qui joue des airs de fête et du folklore régional, le Pétassou va frapper aux portes, suivi par les filles qui portent la fougasse et un gros couteau pour en couper des parts (on prononce ici « fouasse », c’est une brioche parfumée à la fleur d’oranger en forme de couronne préparée par le boulanger du village) ainsi que la boîte à offrandes, sorte de grande tirelire destinée à recevoir l’obole de chaque maître de maison .

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La tournée des fermes se continue tard dans le froid piquant de la nuit cévenole … On la termine aux lampes de poche avant de rejoindre le bal populaire à la salle des fêtes du village . (Photo Alain MARC )

Le Pétassou est toujours attendu avec impatience et accueilli comme un véritable ami . On prend plaisir à danser avec lui, à rire de ses facéties, et on lui offre ainsi qu’aux différents convives la « goutte » (liqueur familiale et alcoolisée comme le vin de noix, la prune ou l’eau de coing) quand ce ne sont pas toutes les boissons à la fois d’un copieux apéritif ! Le maître ou la maîtresse de maison est alors invité à découper sa part de fougasse (d’autant plus importante que sa famille est nombreuse), et il ou elle dépose ensuite dans la boîte à offrande son obole, qui en s’ajoutant à toutes les autres servira à couvrir les frais occasionnés par cette fête .

Les enfants sont parfois amusés parfois apeurés par cet ogre à l’allure sauvage et au comportement inattendu, mais c’est avec ravissement qu’ils se joignent au cortège pour suivre toute l’équipe dans les fermes voisines …

Quant aux chiens, qu’ils soient de berger ou de garde (ils assument généralement les deux rôles ici), je les ai toujours vu aussi féroces soient-ils reculer, même en aboyant, certains manifestant une sacré frousse devant le Pétassou !

La tournée se termine parfois tard dans le nuit, tant sont isolées les fermes dans cette région des Cévenne et Grands Causses … Un bal a lieu au retour du Pétassou dans la salle des fêtes .

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La farandole dans les rues de Trèves le dimanche matin : temps fort du rôle social et symbolique du Pétassou . (Aquarelle extraite du Carnet d’exploration de l’Aven Noir)

Le lendemain, (le dimanche), a lieu le matin la farandole menée par le Pétassou (dont la vessie accrochée dans son dos au niveau de l'omoplate gauche n’est aujourd'hui plus celle d’un porc mais de son cousin sauvage le sanglier) sur la place et dans les rues du village, avec la tournée des maisons avoisinantes . Elle avait traditionnellement lieu après la messe, mais il n’y a plus de messe à Trèves ce jour-là, le seul prêtre disponible du secteur officiant à tour de rôle pour plusieurs paroisses .

Les sympathiques restaurants du village proposent en cette occasion pour les repas de midi et du dîner des menus de circonstance souvent terminés par des « pérals » (fromages de chèvre), du Roquefort et des oreillettes (savoureux gâteaux de pâte fine, craquante et sucrée cuite dans l’huile) .

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Danses traditionnelles du dimanche après-midi à la salle des fêtes : moments de partage de toute la population autour d’un évènement ludique et joyeux . (Croquis extrait du Carnet d’exploration de l’Aven Noir)
L’après-midi marque les retrouvailles de tous les habitants à la salle des fêtes pour assister à un spectacle, un moment de grande convivialité apprécié tant des grands que des petits fascinés par un retour aux sources avec des danses folkloriques ou des tours de magie .

Enfin, c’est un grand bal qui clôture en soirée ces deux journées de « voto », occasion pour tous les jeunes des environs de se rencontrer une fois encore autour du Pétassou .

Je tiens pour terminer cet article à remercier toutes les personnes (citées dans le texte) qui m’ont aidées à approfondir mes sources et à effectuer ce reportage, à commencer par les habitants de Trèves et la dynamique association des Ganels (mot qui a plusieurs significations en occitan mais veut localement dire « les gens curieux ») qui perpétue la tradition du Pétassou et a entrepris d’animer le village .

Grâce à elle cette très rare mémoire collective continue de vivre dans nos campagnes, et l’esprit du Pétassou ne cesse de jouer son rôle protecteur et fédérateur, s’inscrivant ainsi dans les plus intéressantes manifestations culturelles du vivant .

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J’ai bien besoin moi aussi en ce moment de la protection et de l’aide du Pétassou ... (Photo Isabelle DONDRILLE )

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18 septembre 2009 5 18 /09 /septembre /2009 13:55

De la civilisation des Treilles à notre réalité …


       Où en suis-je déjà ?

  … Ah oui, dans l’extraordinaire grotte de la tribu des Revénols !

Envoûté par ces indigènes qui m’accueillent, sont en apparence si différents, et pourtant nous ressemblent tant . Un témoignage bouleversant d’humanité en marche . Une vaste et inexorable ascension, venue à travers eux depuis le fond des âges s’ancrer au coeur de nos entrailles, c’est bien cela que je ressens . Soudain, sans l’avoir vu arriver en face du vaste porche de roche compacte, le soleil entre dans la cavité, s’empare de l’abri, enveloppe toute chose, tout être, et je suis inondé de lumière jusqu’à l’éblouissement, je n’arrive plus à voir où je suis, je perds tout repaire, aveuglé, étourdi, balayé par un vertigineux tourbillon d’énergie qui me projette au sol .


Soleil levant sur le causse

(détail Aquarelle Alain MARC)  


    Je me cogne violemment et suis en train de perdre conscience lorsque je perçois le chant d’un oiseau, d’une étrange pureté, sublime sensation des bruits de la nature qui pénètrent mon esprit avant même que j’ai pu rouvrir les yeux …

    Ma première réaction en les ouvrant est de détourner mon regard de cette lumière qui m’aveugle et de m’apercevoir que je suis dans mon duvet !

    Ainsi donc ce n’était qu’un rêve, et c’est bien le soleil qui m’éveille : je suis toujours dans mon abri rupestre en haut des falaises, mais je reviens d’un incroyable voyage dans le temps …


Le soleil qui m’a réveillé entrant dans ma grotte suspendue .

(Photo Alain MARC)  


    Si je vous ai fait partager cette expérience, c’est que par delà sa portée symbolique, elle démontre combien, par la force du rêve, le «voyage» est possible à chacun de nous .

    Car tout voyage commence par un rêve, par le désir de se projeter dans un «ailleurs» apte à nous nourrir d’un renouvellement de notre être qui s'affirme par la projection de notre regard sur d’autres horizons, d’autres espaces, d’autres accomplissements . Il suffit de le vouloir de tout son cœur, de toute son âme . Les chemins nouveaux sont aussi vecteurs de joie de vivre, d’enthousiasme d’entreprendre, et de capacité à transformer toute chose, toute idée, en opportunité de réussir, d’innover, de liberté d’être, d’aimer et de construire même avec des moyens très réduits, quel que soit le rêve que nous portons en nous .    Quel que soit le «voyage» auquel nous aspirons . Tout est dans la force de l’esprit et dans notre aptitude à la transmettre autour de nous, à la partager et à l’amplifier avec autrui .

 

 

Ce que je ne vous avais pas dit, c’est que la grotte traverse la falaise, et que la vue du deuxième balcon de mon «logis en plein ciel» était aussi belle que depuis le premier … (Aquarelle extraite du carnet «Aven Noir, carnet d’exploration» d’Alain MARC ) 

   C’est pour cela que vous avez été nombreux à me suivre avec autant d’enthousiasme dans cette expérience qui m’a réellement emmené plusieurs jours loin de chez moi . Pas «loin» géographiquement, certes, (à peine plus d’une heure de voiture pour le point de départ de ma «randonnée») mais loin, très loin dans le pays de l’imaginaire, du rêve et de la poésie qui font aussi partie des frontières de l’absolu .


 

La même vue, vertigineuse et infinie, depuis la «terrasse» d’accès à ma grotte . Les deux petits points au milieu des brumes sont des hirondelles de rocher qui chassaient au ras des falaises jusqu’à me frôler le visage parfois . Ici les animaux n’ont pas peur de l’homme, et si on sait se fondre dans la nature, la respecter avec humilité, entrer en connivence avec elle, se faire oublier, elle nous offre alors de sublimes et émouvants cadeaux … (Photo Alain MARC)


    Bien sur l’aquarelle, le croquis, y ont contribués, car ce sont des supports qui permettent avec peu de moyens et une certaine «facilité» de matérialiser ces éléments, aussi insaisissables qu’ils soient .

    Dans cet article, je tiens aussi à démontrer que le réel peut se décliner, se vivre et se traduire dans de nombreux niveaux de perception .

    Je vous reparlerai de la façon dont je conçois tout cela plus tard, mais pour l’instant, voici quelques «clés» sur la façon concrète dont j’ai réalisé cette expérience :

 

    - 1) le but : il était pour moi à travers des repérages destinés à compléter ma connaissance des gorges, canyons et grands causses qui entourent l’Aven Noir, d’y réaliser quelques aquarelles destinées à en illustrer les extérieurs (pour mon fameux carnet d’exploration, toutes les aquarelles publiées dans ces 2 articles en font partie), dans de véritables conditions de découverte . Car c’est en sortant des sentiers battus qu’on peut apercevoir ce qui est à la fois rare et beau .

    Il fallait donc que je sois le moins possible tributaire des routes, chemins et sentiers qui sillonnent la région . Heureusement qu’elle est restée relativement authentique, peu peuplée et suffisamment isolée pour pouvoir réussir un tel projet . La nature y est grandiose et étonnamment sauvage .

    Hors je vous assure que si vous partez en réelle autonomie depuis le fond des gorges (Jonte ou Dourbie), gravissez les quatre à cinq cent mètres de dénivelé qui le séparent du plateau, puis le traversez avec ses ravins et dépressions pour vous rendre jusqu’à ses confins face au Causse Bégon et aux pentes du Mont Aigoual, vous en aurez pour quelques jours !


 


Le cours de la Dourbie, point de départ de mon voyage, tantôt calme dans les «planiols», tantôt tumultueux dans les rapides, est un idyllique havre de paix . Malheureusement, la surfréquentation touristique qui ne tient aucun compte des équilibres naturels fait fuir castors, loutres, oiseaux nicheurs des berges et autres animaux craintifs de plus en plus loin, jusqu’à les faire disparaître en de nombreux endroits . …Quand je pense aux précautions que je prends pour ne troubler aucun espace naturel, je me sens très triste et impuissant devant tant de destruction, même si je comprends le besoin bien légitime de baignades insouciantes et du camping sauvage non raisonné, inconscient de ses conséquences sur l’environnement au plus chaud de l’été … (Aquarelle extraite du carnet «Aven Noir, carnet d’exploration» d’Alain MARC )


 

Il faut dire que les gorges sont superbes et que leur cadre grandiose, leur lumière, leur parfum de senteurs sauvages méditerranéennes, leur fraîcheur en été, ont depuis toujours attiré l’homme pour y vivre et y développer ses activités … (Aquarelle directe - sans dessin préalable - extraite du carnet «Aven Noir, carnet d’exploration» d’Alain MARC )  


 

Mais les milieux naturels en sont pour moi la priorité, ils en sont même le principal trésor qu’il faut à tout prix préserver : car si certaines espèces migratrices venant des pays chauds comme le loriot continuent de se fondre à la cime de la ripisylve, d’autres tels le guêpier d’Europe ne font plus que passer pour aller nicher dans des berges plus sauvages en amont ou vers les vallées de la Jonte et du Tarn … (Aquarelle extraite du carnet «Aven Noir, carnet d’exploration» d’Alain MARC )

 


Écoutez cet enregistrement du chant des oiseaux que j’avais fait près d’un rapide de la Dourbie un matin du début de l’été, vous comprendrez combien on peut s’imaginer, en fermant les yeux et en se laissant porter par un tel environnement sonore, être dans une lointaine, très lointaine contrée !


 


Ciel étoilé et nébuleuses au dessus des gorges et du Causse Noir une nuit d’été : rêves d’infini illuminant nos yeux … (Aquarelle extraite du carnet «Aven Noir, carnet d’exploration» d’Alain MARC )

 


L’enregistrement sonore qui va avec . Je l’ai réalisé presque au même endroit que le précédent, il y a une semaine à peine, à quatre heures trente du matin… La constellation d’Orion était juste dans l’axe de la vallée, fermez encore les yeux et écoutez, vous entendrez la nuit vous envelopper de ses ailes de velours ! (C’est le chant des grillons d’Italie et de la chouette hulotte qui se mêlent à l’eau coulant sur les galets de la Dourbie) .


    - 2) la civilisation des Treilles : j’avais aussi en partant, un autre projet (toujours dans le même but d’enrichir mon carnet) : retrouver quelques grottes où le groupe néolithique des Treilles avait vécu et même déposé les sépultures de ses morts .   J’en connais déjà quelques unes, mais pas sur le secteur que je voulais visiter . (-     Peut-être un jour, dans l’Aven Noir ou ses ramifications, découvrirons-nous également des vestiges de cette civilisation ?) … Il fallait que je «m’ imprègne» de leur «mémoire» pour mieux parler d’eux et de cette éventualité !

    La civilisation des Treilles a réellement existé dans les Grands Causses du Néolithique final au Chalcolithique (ainsi nommée par différents préhistoriens, particulièrement G. Constantini qui en a étudié les principaux éléments culturels à partir de la grotte éponyme des Treilles située dans la commune aveyronnaise de Saint-Jean et Saint-Paul) .

    Quant à la tribu des «Revénols», je l’ai «nommée» ainsi car la grotte où je l’ai rencontrée dans mon rêve (c’était bien le 26 août mais sans doute …2009 avant notre ère !), se situe sur la commune de Revens, à la limite du Gard et de l’Aveyron


 


L’un des nombreux mégalithes que l’on peut attribuer au groupe des Treilles . Il y en a beaucoup sur le Causse Noir, et certains endroits à leur proximité dégagent réellement une énorme charge émotionnelle : - quel était leur rôle exact ? Je consacrerai plus tard différents articles à une civilisation apparentée (ou du même groupe ?) qui a donnée à un causse voisin une dimension complètement mystique, particulièrement troublante, mystérieuse, envoûtante, où le culte de la féminité (à travers la «déesse mère» ?) parait omniprésent … (Croquis extrait du carnet «Aven Noir, carnet d’exploration» d’Alain MARC )

 

Les spécialistes attribuent les statues menhirs du Rouergue et Grands Causses à la civilisation du groupe des Treilles . Elles sont particulièrement émouvantes et troublantes elles aussi . Allez les voir au musée Fenaille de Rodez où elles sont merveilleusement présentées : vous en serez bouleversés, d’autant plus que c’est ici la plus belles collections au monde de ce type de mégalithe ! (Croquis extrait de la page 198 du livre «Aveyron, Carnet de routes» d’Alain MARC paru aux Éditions du Rouergue)  


    - 3) Le rêve : je ne vous ai jamais parlé de mes rêves, encore moins de mes rêves «visionnaires» ou prémonitoires . Seuls quelques proches ou amis intimes savent que cela m’arrive parfois, je veux bien passer pour un rêveur, mais pas pour un … illuminé (je préfère l'être par le soleil) ! Maintenant peu importe ce qu’on pensera de moi … Cependant ils m’ont souvent permis de vivre des moments complètement magiques, grâce à l’aquarelle et au dessin qui m’ont aidés à les mémoriser et surtout à en reproduire les images les plus caractéristiques dans l’immédiateté de l’éveil (je me lève parfois la nuit pour prendre des notes et dessiner, peindre, lorsque l’un d’eux le nécessite, avant de me rendormir) . J’ai ainsi pu «visualiser» des lieux que je ne connaissais absolument pas où je me suis rendu des années plus tard, ou rencontrer des gens que je retrouvais dans d’autres rêves régulièrement .

    Il faut dire que j’ai un temps suivi certains préceptes rapportés des indiens Yaqui par Carlos Castaneda (le fameux anthropologue si logiquement controversé), indiens dont les chamans ont le pouvoir d’agir à l’intérieur du rêve lui-même, et j’ai pu constater que pour moi «ça marche», au moins partiellement, je dirai même «jusqu’à un certain point» !

    Alors pas étonnant que je sois aussi sensible à «la mémoire des lieux» et que je puisse me souvenir ici de certaines images de ce rêve / voyage «préhistorique», même si dans le cas des aquarelles le concernant j’ai vérifié que mes dessins soient à peu près en conformité avec les objets de fouilles exposés dans différents musées régionaux (le reste est pure imagination, sauf peut-être les tatouages ou peintures corporelles bien visibles sur certaines statues menhirs attribuées à cette civilisation) !


 


La vaste grotte hématite de mon rêve où s’abritaient temporairement des tribus du Groupe des Treilles . Une grotte voisine, plus difficile d’accès en falaise a servi de grotte sépulcrale à la phase finale du Chalcolithique, et a livré comme celle-ci d’intéressants témoignages sur la vie des homme et des femmes qui les fréquentaient . (Photo Alain MARC)

 

    - 4) les aquarelles : hormis celles dont je viens de parler, elles correspondent à ce que j’ai vu et vécu dans les Gorges de la Dourbie et sur le Causse Noir . L’abri dans la falaise, la grande grotte des «Revénols», les hautes falaises, la rivière encaissée, les oiseaux multicolores de mes aquarelles (loriot et guêpier) existent réellement . J’en dessine aussi des différents dans mon carnet d’exploration de l’Aven Noir, avec d’autres animaux superbes qui vivent dans son environnement (insectes rares, papillons, mammifères peu communs, etc.) .


 

 

 

Les papillons et fleurs rares support de rêves et de beauté : ceux du site et la flore associée seront aussi pour la plupart dans mon carnet . L’hespérie de la Houque comme l’ascalaphe ne cessent de me fasciner, quant au Sylvain azuré, qui parait triste et sombre sur le dos de ses ailes, il se pare d’un bleu profond et soyeux si on l’observe sous les reflets du soleil . La face antérieure est colorée d’un bel orange cuivré . On le trouve sur le pourtour méditerranéen et du centre de l’Europe à l’ouest de l’Asie, jusqu’en Iran, Syrie, Caucase ; avec les modifications climatiques actuelles il a tendance à remonter vers le nord . (Aquarelle extraite du carnet «Aven Noir, carnet d’exploration» d’Alain MARC)


    En conclusion, «rêvez» votre réalité en la transcendant et «réalisez» vos rêves en les projetant dans la réalité, vous verrez alors le monde changer autour de vous parce que vous serez vous-mêmes en train de vous transformer …

    Et ce n’est pas qu’utopie : pour le seul secteur de l’Aven Noir, sans l’inspiration insensée et l’opiniâtreté du découvreur de ses nouveaux réseaux (R. Pélissier pour ne pas le nommer, à l’origine des demandes de classement du site par les collectivités locales auprès des DIREN Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon), le site ne serait pas en train de se valoriser comme il est en train de le faire (lignes électriques enterrées, architecture sauvegardée, protection des espaces naturels renforcée, voies de communication améliorées, tourisme mieux encadré, etc.) …

    Voilà pour la civilisation des Treilles, et sa rencontre féerique entre rêve et réalité … 

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30 octobre 2008 4 30 /10 /octobre /2008 21:49
Automne flamboyant sur le sentier de l’Aven Noir …

Étrangement, la végétation change en remontant les Gorges du Trévezel, les couleurs sont différentes de celles de la Dourbie toute proche, c’est une autre forme d’enchantement en gravissant le talweg au matorral tout aussi parfumé, plein sud en adret du Causse Noir .
Sous le soleil qui décline lorsqu’il éclaire la vallée en passant à travers les nuages, les pentes de l’ubac du Bégon sont multicolores elles aussi et on peut plus facilement qu’à tout autre moment de l’année étudier le caractère du paysage :  parfois, affleure l’argile rouge sur certaines terrasses, mais elles sont généralement colonisées par la végétation des milieux buissonnants à amélanchiers, buis, genévriers, qui envahissent les emplacements d’anciennes cultures constituant une zone de broussailles aux chaudes ternaires mi-fruticée mi-matorral, en dessous des forêts de chênes pubescents parfois ponctuées du vert vif des pins sylvestres et de celles des plantations artificielles de conifères où se mélangent de nombreuses essences ….  

Pas évident d’être précis quand le temps presse ! Pourtant je tiens à saisir leur différence à ces deux arbrisseaux méridionaux, dont le nerprun alaterne, plus méditerranéen que l’amélanchier m’invite à en faire un gros bouquet au retour pour illuminer une table basse à la maison … (Aquarelle Alain MARC)
Je suis frappé par la couleur brun de pérylène à alizarine cramoisie des parcelles abandonnées, des franges des haies, où règne l’amélanchier commun qui contraste tant avec le rose saumoné presque fluorescent des nerpruns sauvages de la Dourbie . Souvent, surtout vers le fond de vallée, un érable, certainement un érable de Montpellier, lance sa flamme rose, capucine ou orangée dans la mêlée .
C’est une somptueuse pièce de théâtre dans laquelle nous sommes entrés avec l’étrange impression que notre petitesse, notre insignifiance, notre solitude n’est rien dans cette immensité de grandeur, de beauté, de magnificence : nos minuscules rôles d’acteurs qui traversent la scène parait même dérisoire face au lyrisme de la musique légère du vent d’autant qui lèche les strates arbusives, et de celle de quelques craves qui tourbillonnent dans le ciel au dessus de nous et dont le cri joyeux se répercute de falaise en falaise .
Bientôt, le trou béant de l’Aven Noir est à nos pieds .
Nous nous dépêchons d’installer la corde qui va nous plonger dans les pénombres souterraines, car la nuit arrive de son voile carthame qui recouvre tout, jusqu’à relier les ténèbres du ciel à celles de la terre …

Je ne peux m’empêcher de m’adonner à une analyse à la fois picturale et paysagère des lieux avant de mettre ma sous combinaison, et de charger mon kit de spéléo sur mes épaules . Roland, lui, comme à son habitude, a la gentillesse de m’attendre … (Aquarelle Alain MARC)

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26 octobre 2008 7 26 /10 /octobre /2008 19:55
Sur la route de l’Aven Noir, l’automne dans les Gorges de la Dourbie …


Il fait merveilleusement beau cet après-midi dans les Gorges de la Dourbie . Et si chaud, qu’on se croirait un soir d’été, le chant de cigales en moins . D’ailleurs, il n’y a pas très longtemps qu’elles se sont tues .  Quelques jours à peine qu’on ne les entend plus . Elles ont compris que l’automne était déjà là, sans doute, avec sa chaude palette qui embrase les pentes, pose ses touches colorées au gré de son inspiration cabotine relookée certainement par le vent tiède qui venant d’Afrique s’est prélassé au dessus de la Méditerranée avant de déposer ici l’esprit coloré des terres et de la mer qu’il vient de survoler .
Vous souvenez-vous de la peinture de l’érable de Montpellier, petite merveille végétale que l’on ne trouve qu’ici ?
- Et de celle du cornier que j’avais peint lors de la même randonnée ?
Eh bien ils flamboient sur les pentes des gorges, avec une multitude d’autres végétaux typiquement méditerranéens .
Dire que nous allons nous enfoncer à nouveau dans les profondeurs de la terre au cœur d’une nuit éternelle et absolue où les couleurs, bien que tout aussi extraordinaires, vont être à chercher du faisceau de nos frontales !
… Avec le mystère de ne pas savoir les formes qu’elles vont nous révéler, les histoires qu’elles vont nous raconter .
- Halte enchanteresse à dessiner et peindre ces essences toutes aussi chatoyantes les unes que les autres, et parfumées, si parfumées ...

...(Aquarelle d’Alain MARC)

Imaginez que vous n’auriez jamais vu d’automne, surtout un automne aussi beau .
Imaginez que vous n’auriez jamais vu d’arbres de végétaux, d’herbes, de fleurs .
Imaginez votre émerveillement en les voyant pour la première fois : - eh bien c’est-ce que nous vivons un peu à l’envers au fond de l’Aven Noir lorsque nous partons comme ce soir en exploration, (on dit en spéléologie « en première »), car nous serons sans nul doute les premiers à découvrir de nouveaux paysages, de nouvelles formes, de nouvelles couleurs là où nous allons en ce moment .
Mais la contrée que nous traversons est si belle que nous ne nous privons pas de ne pas presser le pas et de voir, regarder, nous étonner, nous extasier : - qu’elle est belle notre terre, combien nous devons la comprendre et la protéger !


- Partout, c’est partout comme cela ici : mon frère du Canada, je partage avec toi le regard d’une symphonie qui ressemble à un prélude cristallin, éclatant et chaud de ce que tu vois, toi, du côté des Laurentides ! (Photo d’Alain MARC)

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10 novembre 2007 6 10 /11 /novembre /2007 17:26
Si vous ne pouvez venir à la 8ème Biennale des Carnets de Voyages de Clermont-Ferrand …


Voici en « avant première » pour vous, une page extraite de mon carnet d’exploration à l’Aven Noir .
Celle-ci ne sera pas exposée car c’est une page d’écriture, (de notes de terrain), mais on oublie trop qu’un carnet de voyage c’est aussi un condensé de nos émotions et de nos aventures à travers les textes que nous écrivons pendant notre voyage (le plus possible comme les dessins et peintures sur le moment) .
Ainsi, vous avez là votre « exclusivité » bien à vous, chères et chers amis internautes !
Mais je reviens à ce court extrait, et au contexte de cet ouvrage : vous savez que j’ai entrepris ce carnet d’aventures il y a plus d’un an maintenant, et qu’il est consacré à l’extraordinaire gouffre de l’Aven Noir, situé sur le Causse du même nom, à l’orée des Cévennes, dans notre beau midi sauvage et secret …
Hors, même si la narration de l’exploration en cours et la description des incroyables merveilles du monde souterrain où se déroule l’action sont le principal sujet de mon travail, la découverte du site de surface, son environnement naturel et humain, son terroir et la vie qui s’y déroule, enfin de façon un peu plus élargie le pays du Causse Noir et ses passionnantes particularités, constituent une part essentielle de mon carnet, et ce n’est pas la moindre au niveau de l’enchantement qu’elle souhaite faire partager .
Car il faut bien le dire, ce gouffre ne s’ouvre par dans un karst banal, une région sans caractère : non, tout ici est magique, et ce pays de légendes vit au souffle des prodiges et du merveilleux, qui vous envahissent et dont on revient changé .
Par exemple ce jour d’automne tout proche où nous assistâmes avec deux de mes camarades d’aventures à un véritable événement féerique  .
Nous sortions de l’Aven Noir en plein milieu d’après-midi, il faisait vraiment très bon, et décidions à l’invite de ce beau temps d’escalader l’une des abruptes falaises qui en dominent l’entrée .
Là, je reprends mes notes du moment mot à mot (je vous ferai le plan un autre jour, il est dans mon carnet d’exploration) :
« Nous voici au sommet de la massive tour dolomitique située au nord-est du gouffre . Elle domine les falaises du talweg de Long Bédel et toute la vallée, à l’exception du canyon amont du Trévezel caché par l’ubac et la crête de la Serre du Carla . Splendide point de vue !
L’automne est dans sa magnificence . Les chaudes couleurs de la nature environnante nous renvoient la lumière en autant d’éclats dorés, roux, orangés, et même saumons à rose vif pour les taches flamboyantes des érables de Montpellier qui parsèment les pentes . À gauche en dessous de nous la première coupure verticale dans le ravin de Long Bédel est le cirque de falaises blanches et grises du banc de dolomie bathonienne : elles réfléchissent la lumière du soir sur les frondaisons colorées qu’elles couronnent en vaste miroir circulaire .
De l’autre côté de la vallée, en face de nous, dans l’ombre du contre-jour : l’ubac du Causse Bégon, luminescent d’un bleu profond, transparent, indéfinissable comme si toute l’eau du Trévezel qui en a creusé le sillon pendant des millénaires nous plongeait à travers un mirage dans le lac de sa mémoire .
Enfin sur notre droite les gorges de cette rivière enfouie sous le calcaire se prolongent vers l’aval en obliques convergeant vers le bas, diminuant en enfilade jusqu’à dessiner  à l’horizon un vaste V à l’élégante perspective soulignée à notre pente par les rayons du soleil déclinant .
On devine à peine tout au fond la silhouette altière et mystérieuse du petit hameau de Cantobre aux maisons blotties les unes contre les autres, accrochées au vertigineux et énorme champignon de roche qui les soutient en équilibre par dessus la Dourbie .
En fond de décor, absorbant presque ce bout de vallée à l’incomparable découpe, le Causse du Larzac signe l’horizon de ses pentes bleutées où le regard se perd .
Il y a comme une fragilité dans l’air, un sentiment d’absolu qui c’est posé sur nous, car les jours déclinent et nous devinons bien la fugace tendresse de cet été indien qui nous étreint en lui et rend l’instant précieux .
Soudain, perçant le silence du somptueux panorama qui nous absorbe, le cri d’un oiseau nous arrache à notre contemplation . Un cri familier, joyeux, repris en écho par les falaises du cirque de Long Bédel . Il vient de notre dos et nous le reconnaissons immédiatement !
Il résonne à nos oreilles comme une bonne nouvelle .
Nous nous retournons aussitôt .
On ne voit pas âme qui vive, mais nous découvrons émerveillés la pente qui nous domine et qui était derrière nous  .
Elle se pare des mille couleurs des fêtes de l’automne . On dirai que l’innombrable foule du monde végétal est venue chamarrée de ses plus beaux atours pour s’asseoir en silence sur les gradins immenses des strates de calcaire qui s’en vont dans l’espace à l’assaut de l’azur .
On dirait qu’un signal vient d’être donné, et que ce peuple végétal attend quelque prodige …
Nous le regardons sans un mot prendre vie sous nos yeux, découvrant fascinés la présence étrange d’un colossal rocher qui paraît présider tel un monarque de pierre l’intemporelle assemblée, depuis son piédestal .
- Quel fabuleux rocher ! À une centaine de mètres au dessus de nous il ressemble à un personnage assis, portant sur son épaule quelque cape ou besace  . Sa tête est tournée vers le couchant . Il a un bec comme un oiseau et un regard curieux dans le soleil qui descend .
C’est alors que des lèvres du causse, dans la direction même qu’il paraît scruter, trois silhouettes agiles et ténues comme des fragments d’arabesques s’envolent vers le ciel, puis quatre, cinq, six et même sept en autant de points noirs qui montent au zénith . »
Si vous voulez en connaître la suite et découvrir ce qui s’est produit d’incroyable ensuite, je vous recommande de guetter la parution de mon livre prévue (si pas de retard) fin 2008 .
Mais pour accompagner votre impatience potentielle, et vous combler de cette bonne nouvelle qui, par delà le prodige auquel nous avons assistés muets d’admiration nous a tant réjouis, je vous dirai prochainement de laquelle il s’agit, et je ne doute pas que les plus perspicaces (s’ils ou elles ont lu avec attention les articles précédents concernant l’Aven Noir) auront deviné ce que j’évoque ainsi ? 

 
cantobre.jpg

Non, ce ne sont pas de vautours dont il s‘agit dans mon texte ! Mais voici un croquis de Cantobre un matin brumeux, (hameau que les vautours viennent justement frôler souvent du bout de leurs ailes - certains stagiaires du dernier stage des Gorges du Tarn savent l’émotion qu’on ressent quand un de ces géants des airs vient voler au ras de vous - ). Cantobre est-ce petit village du bout des Gorges du Trévezel, au confluent de celles de la Dourbie, dont je parle dans mon texte . Du haut de la falaise où nous étions ce n’est pas ce côté que l’on voit mais l’arrière par rapport à cette aquarelle, côté qui est beaucoup plus impressionnant car surplombant complètement le vide sur une bien plus grande hauteur . L’aquarelle correspondant à la vue dont je parle sera dans le livre qui devrait paraître fin 2008 . (Page extraite du carnet d’exploration de l’Aven NOIR d’Alain MARC)

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7 mars 2007 3 07 /03 /mars /2007 19:32

Spéléologie : retour de l’Aven Noir …

Me voici remonté des profondeurs du monde souterrain …

Véritable bonheur à vous retrouver après toutes ces nuits et ces journées passées dans cet univers de ténèbres absolues hors du commun, qui, quoi que très éprouvantes physiquement et psycholo-giquement sont réellement extraordinaires . Avec les pluies de ces derniers jours les puits étaient assez arrosés et les nuits plutôt glaciales au fond du duvet trempé et des vêtements qui l’étaient tout autant (en tout cas les miens) . Je vous en reparlerai un jour avec le même enthousiasme que celui que j’avais quand je vous ai déjà fait partager mes premières descentes dans les nouveaux réseaux récemment découverts au fond de ce gouffre par Roland Pélissier .

Bonheur étrange fait d’émotion, de fébrilité et aussi d’un véritable sentiment de suspens (au moins en ce qui me concerne), lorsque après une escalade difficile au plafond d’une grande salle ou tout au fond d’un puits inconnu vous entrez dans des galeries ou de nouvelles salles, étincelantes de cristaux, où nul être humain n’a pénétré avant vous : derniers coins de planète encore totalement vierges !

Les spéléologues qui ont déjà vécus des « premières » savent bien cela .

Encore plus d’une centaines de mètres de découverte cette fois-ci : une nouvelle salle baptisée «  Salle Anaïs » et le plaisir de partager cette campagne avec des gens exceptionnels .

L’image est sombre (je ne suis pas doué comme Serge !), mais on devine nos deux camarades près du plan d’eau des grands gours dans l’étage intermédiaire de l’Aven Noir … (Photo Alain MARC)

Hormis Roland et Jean-Louis (voir avant-dernière photo de l'article "Aven Noir, rencontre avec une magnifique aventure") que vous connaissez un peu, nous avions la chance d’avoir parmi nous cette fois-ci Serge Caillault et sa fille tous deux spéléologues de grande valeur . 

Serge est le Directeur de rédaction de la revue « Spéléo Magazine », très belle revue totalement consacrée à la spéléologie, dont je vous recommande vivement la lecture même si vous n’êtes pas spéléologue car chaque nouveau numéro est un fabuleux voyage dans les profondeurs du karst, un plaisir des yeux et de l’esprit sans cesse renouvelé grâce à des photos d’exception (dont Serge est souvent l'auteur), et des articles passionnants . Quant à l’équipe de ce trimestriel il n’est qu’a aller faire un petit tour sur la page qui leur est dédiée sur leur site pour voir qui la compose, … c’est sans commentaire !

Et puis il faut que je vous dise : cette revue, en plus d’être belle, vous fait participer à des découvertes extraordinaires qui sont souvent passées sous silence par les médias à grande diffusion, car n’est-il pas plus vendeur pour ceux-ci, que d’avoir de gros titres qui choquent, frappent les esprits et ramènent à tous les drames, toutes les terreurs, et toutes les horreurs du monde ?

Alors qu’il y a tant de belles choses qui pourraient nous étonner et nos émerveiller tous les jours, nous apportant espérance et joie de vivre, humanité et confiance en l’existence, nous permettant de contrebalancer toutes les terribles autres vérités .

Et aussi : - qui n’aurait en son temps aimé être témoin des aventures des grands explorateurs ? … De Marco Polo à Charcot ou Amundsen, vivre leurs aventures au quotidien, s’évader avec eux et percevoir leurs émotions à travers leurs écrits et leurs expériences ?

Les spéléologues de « Spéléo Magazine » sont de ceux-là qui vous font vibrer au tempo de leurs témoignages, de leurs aventures, de leurs découvertes, car ils sont les derniers véritables explorateurs des entrailles de notre planète et partir avec eux à la découverte des secrets de notre sous-sol, c’est je vous l’assure un immense bonheur .

Sachez si vous voulez découvrir cette superbe revue que son abonnement n’est que de 22 Euros par an pour l’Hexagone (voir leur page « abonnement ») et que vous pouvez même vous offrir un numéro découverte pour 8 Euros ce qui ne vous engage pas à grand-chose, je vous le dis en passant car après les éloges que je viens de leur faire (et c’est tout à fait désintéressé croyez-le bien), vous devez être nombreux (et nombreuses) à vous demander quel est le prix de ce magazine ?

Serge et Anaïs en plein travail lors des relevés photographiques de concrétionnements très rares (l’approche de telles merveilles a auparavant été balisée par Roland et son équipe afin de ne toucher ni abîmer aucune formation minérale de grande valeur, c’est un principe qu’il a mis en place dès le début de ses découvertes et que nous appliquons en permanence au fur et à mesure où nous avançons) . Je profite de cet article pour remercier Serge de m'avoir permis de profiter de son éclairage lors de certaines photographies particulièrement difficiles à réussir … (Photo Alain MARC)

Vous avez compris que cette aventure me passionne . On perd vite la notion du temps et celle de l’espace change aussi … Je vois que cela influence mon travail sous terre . Les aquarelles ne sont plus les mêmes, les croquis sont différents et les notes quant à elles prennent une dimension qui me surprend toujours quand je les relis . Je vous reparlerai de tout cela un jour, vous ferai partager, c’est promis .

Mais il faut que je travaille bien davantage avant de vous en livrer les fruits car cette campagne d'exploration doit encore durer des mois, et mon carnet (ne serait-ce qu’à cause des contraintes techniques) ne se remplit qu’assez lentement …

Allez, parce que c’est vous je vous offre celle-ci, ne le dites à personne, elle vous fera patienter en attendant d’en découvrir quelques autres plus tard . (Il s‘agit d‘une aquarelle inspirée par des concrétions de calcite et d’aragonite en cours de formation) …

En attendant je vais continuer de vous livrer des extraits de mes autres carnets de voyages (dont celui du Ghana où nous attend la nuit de Noël), vous informer d’une actualité foisonnante avec en particulier des expositions intéressante et variées, continuer portraits et coups de cœurs, présentation d’œuvres que vous m’avez envoyées et que je n’ai pas encore eu le temps de mettre en ligne, et ouvrir très prochainement une rubrique qui devrait vous passionner (si j’arrive à dégager assez de temps disponible pour m’y consacrer suffisamment …) .

Alors donc ne ratez pas tout cela, surveillez bien ce site au cas où mes newsletters ne vous parviendraient pas régulièrement, et à très bientôt pour une belle exposition de nus féminins : surprise, c’est pour le prochain article dans cette colonne !

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4 novembre 2005 5 04 /11 /novembre /2005 00:00

Pour ce blog, j'ai décidé d'en fractionner les articles et de les remanier afin de permettre à mes lecteurs équipés des modems les plus lents de ne pas être pénalisés en les chargeant !

Où en étais-je donc ?

Sur le bord de la terrasse rocheuse, appuyé à l'entrée de la grotte de Saint-Pons, en train de dessiner les érables de Montpellier dont le vent remontant le ravin a déposé les feuilles roses, cuivre, saumon et dorées sur ce formidable perchoir ...

J'en ramasse quelques-unes : elles sont parfaites pour en  observer les trois lobes qui donnent à sa feuille sa forme simple, harmonieuse, parfaitement équilibrée .

Plus loin d'autres érables de Montpellier agayent la pente comme autant de taches colorées, et c'est un enchantement de dessiner cette symphonie où participent toutes les couleurs de la palette : tonalités douces des calcaires bleutés, sonorités vertes et profondes des pins sylvestres qui jouent les équilibristes sur les rochers, terres ocres et rouges dans les talus ravinés ... 

Il faut faire le plus possible d'études de couleur : vite, avant que le vent, la pluie, et les premières gelées ne viennent défaire ce décor pour le nouveau spectacle de l'hiver qui va commencer !

Le sentier du retour (ou tout au moins ce qui y ressemble) est assez aérien, il suit une crête dentelée qui se prolonge au dessus des deux vallées, cheminant de rocher en rocher, magnifique belvédère pour observer l'étagement de la végétation et la répartition des couleurs dans ce gigantesque et désordonné damier ...

Tout en bas, droit devant, c'est le rocher de Capluc, avec en dessous au fond le petit village de Peyreleau ; on voit bien les érables de Montpellier qui colonisent la pente à gauche du chemin, presqu'à la verticale en dessous de mes pieds .

Plus bas dans la pente, je suis arrêté par un éclat d'un jaune inespéré : c'est un cormier, cousin éloigné du sorbier de oiseleurs qui m'invite à m'arrêter, (car il est trop beau), pour le dessiner .

Le dessin des arbres, (en général des végétaux) est excellent pour développer son sens de l'observation, et pour apprendre à faire le choix des lignes générales, principaux axes et sructure logique de la composition, avant de rajouter branches et rameaux sans se perdre au milieu de détails inutiles . 

Dans un dessin d'arbre bien charpenté, les rameaux et les branches doivent être reliés au troncs de façon logique, on ne doit pas voir des éléments "flotter" en l'air, détachés de la ramure mère comme dans une mystérieuse sustentation, à moins qu'un coup de vent ne les aient arrachés !

Moments inoubliables car le temps presse, la nuit va tomber, mais on dirait que ce cormier a décidé de m'éclairer ...

 

"Cormier en automne", Gorges de la Jonte 2005 .Aquarelle format 21 x 15 cm, papier Lukas grain satiné 150g/m2 . Réalisation : croquis crayon graphite 2B et peinture au pinceau à réservoir "Pentel" .Couleurs utilisées : jaunes auréoline et Indien, rose permanent, or vet, bleu de cobalt . Temps total de réalisation : environ 35 mn .

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3 novembre 2005 4 03 /11 /novembre /2005 00:00

Le haut des corniches du Méjean offre une vue superbe et dégagée sur la vallée de la Jonte, les pentes du Causse Noir vers l'autre rive, et l'enfilade des rochers ruiniformes qui jalonnent le parcours comme autant de gigantesques créneaux . C'est l'endroit idéal pour faire quelques croquis des 2 "vases" et du "Rocher décollé", qui doit bien faire 200m de haut, encore un souvenir de grimpe :

quand je m'étais coincé en passant le surplomb !

J'abandonne bientôt mon point de vue "idéal", car le vent a failli m'arracher le bloc de papier et la palette d'aquarelle s'est refermée sur mes doigts ... Pourtant le croquis est terminé, et les quelques couleurs qui l'habillent sont suffisantes pour traduire l'incroyable diversité des tons de la roche oxidée par les minéraux et patinée par les intempéries, le soleil, le temps . Enfin, des rehauts au feutre noir pointe fine pour lui donner plus de "nervosité" .

Croquis aquarellé du "Vase de Chine", et du "Rocher décollé" . 

"Les rochers du Vase de Chine et Rocher décollé" (vue partielle) , Gorges de la Jonte 2005 : Croquis aquarellé de 3 motifs sur format 23 x 31,5 cm, papier Montval grain fin 300g/m2 . Réalisation : croquis aquarellé au crayon graphite 2B, peinture au pinceau à réservoir "Pentel", graphisme de rehauts "Pitt" artist pen Faber Castell noir pointe fine. Couleurs utilisées : rose permanent, alizarine cramoisie, jaune de Naples et Indien, bleu outremer clair, terre d'ombre brûlée, or vert WN . Temps total de réalisation : environ 25 mn pour les 3 motifs .

Au fond du sac, boissons, nourriture, fruits sec, vêtements chauds et imperméables, corde et frontales, on ne sait jamais …

Katia marche bien, elle me parle de ses études et du passionnant livre qu’elle vient d’écrire dans la langue même de Cervantès : je vous en reparlerai quand il aura paru, car il est en cours d’impression et je lui ai promis de ne pas trahir ce secret .

Le rocher de "l'Enclume" porte bien son nom !  Il paraît suspendu en plein ciel, sur cette arête tortueuse comme pour mieux se rapprocher du dieu Vulcain qui ne le renierait pas ... Un cairn non loin de sa base permet de retrouver son chemin au milieu d'impasses aboutissant toutes sur d'impressionnants a-pics .

Des parois on entend les grimpeurs qui s’interpellent, de l’odorante forêt de pins montent des chants d’oiseaux, et très bas, la rumeur sourde de quelque camion qui enchaîne les lacets . Les premiers vautours viennent nous frôler, à la recherche des thermiques s’échappant des combes et des falaises chauffées par le soleil .

La balade est ici lumineuse, parfumée de résine et de lavande sauvage .

Les couleurs d’automne sont peut-être plus belles que partout ailleurs sur les montagnes des Cévennes, et les rivières qui y prennent naissance paraissent en parer tous les versants de leur lit .

A chaque pas une aquarelle nouvelle pourrait être réalisée …

C’est très enivrant de peindre ainsi au bord du vide : la verticalité donne une autre dimension au paysage : une sensation que je connaissais déjà en escalade .


Une fois faite la jonction avec le sentier Brunet, après l’ivresse de l’air pur, la joie de marcher et de peindre sur cette sorte de haute muraille de rochers dolomitiques aux formes fantastiques entre deux profondes vallées, c’est déjà la descente que l’ont fait toujours à regrets, car on sait qu’en rejoignant « le monde des hommes » on perd un peu cette forme de vérité, de pureté, de beauté que nous donnent les choses d’en haut, celles qu’il a fallu mériter …

Quitter la magie de ces lieux, abandonner ses pensées, ranger son matériel de peinture, regagner la vallée . Fini la contemplation, il faut à nouveau être actif, vigilant, attentif et prudent car dans la descente, nombreuses peuvent être les fissures ou les plaques humides sur le parcours du sentier en versant nord à cette saison . Le dénivelé est vite avalé . Un seul regret : la journée est trop vite passée, heureusement qu'il reste quelques aquarelles, beaucoup de photos, et un beau souvenir aux couleurs de l'amitié ! 

Cela fait exactement six heures que nous nous sommes élancés ; de nouvelles aquarelles sont au fond du sac, nous avons les jambes plus lourdes mais le cœur plus léger .

Le soleil va se coucher, et il y a de grandes gloires sur le rocher de Capluc, juste au dessus de l’endroit où la Jonte et le Tarn vont se rencontrer au Rozier .

"Contre-jour sur le rocher de Capluc" (vue partielle) , Gorges de la Jonte 2005 : Aquarelle format 21 x 29,7 cm, papier Lukas grain satiné 150g/m2 . Réalisation : peinture directe au pinceau à réservoir sans dessin préalable . Couleurs utilisées : rose permanent, jaune de Naples, bleu outremer clair et de cobalt, terre d'ombre brûlée . Temps total de réalisation : environ 20 mn .

 

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3 novembre 2005 4 03 /11 /novembre /2005 00:00

Aujourd’hui je pars en « rando-aquarelle » avec Katia sur les sentiers des corniches occidentales des Gorges du Tarn et de la Jonte .

Temps splendide, tout juste un peu de vent d’autan qui apporte une grande douceur, de la chaleur même, il fait aussi bon qu’à Marrakech avant-hier !

Nos connaissons tous les deux les moindres détours de ces pentes, de ces falaises abruptes, souvent surplombantes, qui dominent de plusieurs centaines de mètres les deux rivières au-dessus desquelles nous allons peindre et randonner (on devrait dire grimper) .

C'est la base du "Révérend", superbe paroi d'escalade . Des grimpeurs sont d'ailleurs dans les premières longueurs . On le trouve en partant de la vallée de la Jonte au Rozier, sur l'itinéraire de la Corniche du Méjean .

Au programme : la montée jusqu’au « Pas du Loup » pour faire quelques croquis, et voir l’arrivée des grandes voies d’escalade à l’aplomb de la corniche du Méjean, sous les « Vases de Sèvres » et de « Chine », qui sont d’immenses rochers ruiniformes ressemblant aux fameux récipients, mais hauts de plus de 20 mètres, pesant des centaines de tonnes et en équilibre au bord du vide ; puis enchaînement avec la descente sur la Fontaine du Teil, petit miracle de la nature qui coule en toute saison en plein flanc de falaise juste au dessus de l’ermitage St Pons .

Un peu plus haut la vue se dégage sur la vallée de la Jonte . On arrive vite aux vires du cirque des "vases" ... La balade est merveilleuse au milieu d'un tel paysage ...

Quand on arrive à proximité du "Pas du Loup", un grimpeur est dans la dernière longueur du socle du "Vase de Sèvres" : tout petit en bordure de la paroie blanche en bas et à droite de la photo . On voit au fond le rocher de Capluc et le départ du sentier commun corniches et Brunet .

La fontaine du Teil est plus loin, il faut traverser le causse et plonger sur les gorges du Tarn pour la rejoindre .

 

Katia à la fontaine du Teil . L'eau fraîche et l'ombre de cette petit exurgence contraste l'été avec les falaises alentour brûlées par le soleil .

Nous voici à l'Ermitage St Pons . Quel mérite ou quelle foi pour l'ascète qui vivait ici à flanc de falaise il y a quelques siècles entre plateau et vallée ? L'ermitage s'appuie à la paroi, protègé par un surplomb comme pour mieux se blottir contre la roche . Comment avait-il pu apporter ici autant de pierres de taille ?

Elles sont bouleversantes ces ruines romantiques accrochées à une vire, blotties très haut contre la falaise au dessus des Gorges du Tarn . On ne peut les voir du bas de la vallée car les arbres qui les cachent ont envahis la petite corniche terreuse sur lesquelles elles sont bâties .

Ensuite, c'est la traversée de la grotte qui jouxte l’ermitage et qui permet de ressortir un peu plus haut à flanc de rocher .  

La grotte est juste à côté des murs ouest de l'ermitage . Elle permet de traverser la roche pour poursuivre son chemin sur les vires ; c'est un passage inattendu, dont l'éclairage particulier donne aux chaudes couleurs de l'argile et des roches oxydées des reflets de pierres précieuses comme si tout à coup on traversait le coeur d'un rubis, d'un grenat ou d'une serpentine d'agate mélangée !

Voici la sortie de la grotte : c'est le point de départ d'un sentier intermédiaire au dessus de la paroi médiane du canyon ; ici commence la recherche du meilleur passage hors sentier, qui nous permettra la jonction avec le sentier Brunet, tout en haut, l’un des plus beaux du secteur, aérien comme un fil de funambule, car dominant les deux gorges à la fois avant qu’elles ne se rejoignent en aval, en contrebas du rocher de Capluc .

Nous avons remonté hors sentier le seul ravin praticable sans encordement pour accèder au sentier Brunet .

En voici un passage : escalade facile dans un petit dièdre, on trouve la même chose souvent, plus ou moins escarpée à franchir en descente ou bien en montée même si nous sommes en fait en train de redescendre vers la vallée .

Le programme aquarelle est un peu moins ambitieux car il faut prévoir au moins 5 heures de randonnée parfois sportive à cadence soutenue pour effectuer la boucle, sans compter une heure en plus comme marge de sécurité (puisque nous avons aussi effectué une jonction par une remontée qui pouvait s’avérer aléatoire si on s'était perdus entre les vires en remontant le ravin intermédiaire), on ne se remet vraiment à l’aquarelle que lorsque nous atteignons le sentier Brunet …

Croquis aquarellé d'un rocher dolomitique sur le trajet : le "Dromadaire" . Il y ressemble bien . Le voici vue d'en dessous côté nord . Il doit faire dans les 15 m de hauteur .

 

 

"Le rocher du Dromadaire", (détail) Gorges de la Jonte 2005 : Croquis aquarellé de 2 motifs sur format 21 x 29,7 cm, papier Lukas grain satiné 150g/m2 . Réalisation : croquis aquarellé au crayon graphite 2B, peinture au pinceau à réservoir  "Pentel", sans graphisme de rehauts . Couleurs utilisées : rose permanent, jaune de Naples et Indien, bleus outremer clair et de cobalt , terre d'ombre brûlée . Temps total de réalisation : environ 20 mn pour les 2 motifs .

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3 novembre 2005 4 03 /11 /novembre /2005 00:00

Je continue ma randonnée picturale sur les sentiers des corniches occidentales des Gorges du Tarn et de la Jonte .

Le temps se gâte un peu, mais les couleurs d’automne sont flamboyantes !

Quatre essences végétales y contribuent grandement : les buis qui vont du vert lumineux aux madères cuivrés, les sorbiers des oiseleurs, cormiers, tour à tour jaunes brillants, ors ou cuivres dorés, les trembles et autres bouleaux au fragile feuillages passant de citron à blond argenté, et surtout le plus éclatant, le plus merveilleusement coloré, l’érable de Montpellier qu’on ne trouve qu’ici, arbre emblématique de cette région des Cévennes .

C’est à lui que je vais me consacrer, car il offre sur le fond bleuté des pins sylvestres qui plonge vers la vallée une incroyable palette des teintes les plus chaudes, les plus ensoleillées, les plus chatoyantes qu’un peintre puisse imaginer .

 

 

 

 

Quand le soleil éclaire les érables, les couleurs de l'aquarelle paraissent fades et ratées ...

"Erable de Montpellier automne", Gorges de la Jonte 2005 . Aquarelle format 21 x 15 cm, papier Lukas grain satiné 150g/m2 . Réalisation : croquis crayon graphite 2B et peinture au pinceau à réservoir "Pentel" . Couleurs utilisées : jaunes auréoline, Indien, pierre de fiel, or vert, rose permanent, rouge de Chine, brun de pérylène, bleu outremer clair . Temps total de réalisation : environ 35 mn .

Poste d'observation idéal, je m'installe sur l'entrée de la grotte de St Pons ...

En dessous, la végétation s'accroche à cette vire suspendue au dessus des Gorges du Tarn .

Un érable magnifique y flamboie : c'est celui que je dessine, il est éclairé sur le côté gauche, mais on dirait que c'est lui-même qui rayonne tant, de cuivre et d'or  !

 

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