L'art du carnet de voyage et de l'aquarelle au service du peintre voyageur : ce blog en explique les différentes facettes inspiratrices, techniques et créatives à travers une vie d'aquarelliste . Il vous convie à partir en voyage pictural . C'est donc le journal d'un peintre qui aime découvrir et partager, mais pas seulement ...
Présentation
:
Aquarelliste et peintre voyageur
:
En peinture, l'art de l'aquarelle est un mode d'expression qui va des carnets de voyages à la création de tableaux : en voici les différentes facettes inspiratrices, techniques et créatives selon Alain MARC ...
(pour les tarifs et disponibilités me les demander directement en cliquant ici)
- Les stages "aquarelle" dans l'Hexagone sont ouverts aux débutants et aux pratiquants déjà confirmés souhaitant se perfectionner : ils ont pour but d'apporter efficacité et aisance d'expression à l'aquarelliste de terrain. Nombreux sont les aquarellistes issus de mes stages ou passés s'y perfectionner depuis 4 décennies...
- Les stages"carnets de voyages" sont une véritable immersion dans la pratiquedu carnet de voyage et de l'aquarellesur le terrain, orientés "autonomie" ils sont ouverts aux stagiaires ayant assez de pratique pour en profiter pleinement. De la Provence au Jura Orientalet jusqu'en Andalousie,ce sont quelques destinations où vous pourrez aller en 2024...
- Tous les stages sont différents, n'hésitez pas à m'en demander les informations par courriel (voir plus haut) .
personnels de fournitures et couleurs les plus belles et efficaces
en aquarelle de voyage il vous suffit de cliquer sur mon nuancier ci-dessous. Ensuite, en cliquant sur chacun des produits que j'utilise, vous arrivez directement sur leurs références sans avoir à les chercher dans le catalogue d'Aquarelles et Pinceaux où je me fournis habituellement, vous pouvez ainsi les commander en gagnant beaucoup de temps :
Fournitures, produits et couleurs aquarelle
Vous aimez ce blog ?
Alors, découvrez le site d'Alain MARC :
Et abonnez-vous à sa newsletter,
cliquez sur ce bouton :
vous y retrouverez tous les futurs articles publiés ici,
plus complets, plus documentés,
plus riches, dans le respect et
la confidentialité de vos données personnelles !
(Et n’oubliez pas de confirmer dans l'e-mail sui vous sera envoyé pour vérifier votre adresse !)
«Andalousie, la Route d’Alain MARC», carnet de voyage de Pierre NAVA Découvrez article après article en cliquant sur les vignettes ci-dessous le carnet spontané de Pierre m’accompagnant en Andalousie, et les «Petites Histoires vidéo» qu’il m’a inspirées :
J'ai changé le titre de mon dernier article car de nombreux moteur d'antispam l'avaient classé en spam : si c'est le
cas pour vous allez retrouver ma newsletter dans votre boîte spam et remettez-là dans les messages amis, si non vous ne recevrez plus mes newsletters !
Je reprends l'article là où il en était, et je disais :
- Ou le signifiant premier dans l’art révèle-t-il le carrefour entre la perception sensorielle, l’intention,
l’inconscient, des forces et énergies immatérielles, certaines formes de mémoire collective et leur quête matérialisée par le produit pictural ?
Après avoir interrogé nos rapports avec le temps, les commencements de la vie et de ses développements dans ce que la peinture peut y
puiser d’enseignements et de sources autant que de possibles réponses à nos questions existentielles, c’est l’imaginaire et la puissance intellectuelle, mentale et spirituelle de l’homme
confronté à sa survie face aux forces naturelles sur lesquelles il devait s’affirmer depuis ses origines, que j’essaie d’interroger à travers l’inconnu dans mes toiles …
Car si le monde a bien changé (et il n’est pas devenu tendre et facile pour autant loin de là même si la durée de vie humaine s’est
considérablement rallongée), nos fondamentales interrogations restent nécessairement les mêmes, au moins par rapport à la souffrance, à la signification de l’existence, à la mort : nous ne sommes
que des grains de poussière dans l’univers …
Alors, même si la peinture n’apporte pas de réponse formelle, elle édifie une tête de proue sur laquelle nous pouvons nous pencher
pour essayer de voir le fond de l’océan dans cette traversée remplie de points d’interrogation .
En cela, faire pour moi référence à ces artistes de la préhistoire qui étaient très certainement des chamanes, à essayer de me
lover dans les traces de leur art, c’esttenter de "remonter" à ces sources indéfinissables en utilisant
leurs évocations, pour mieux me "connecter" au mystère de cette mémoire, de ces forces et énergies enfouies dans les arcanes d’un temps non quantifiable ...
Il n’y a donc pas de différence dans cette quête entre ses manifestations «formelles» proches d’un mimétisme d’expression et ses
productions de nature informelle bien plus proche dans ses apparences plastiques de ce dont à quoi nous a habitué l’art moderne et ses débuts contemporains .
«Le grand bouquetin», Acrylique, pigments et sable sur toile 25
F (Alain MARC collection particulière)
Griffures et signes, évocations et appel aux
«ressentis»perçus au fond des gouffres et des cavernes (tels ceux de l’Aven Noir, qui fait partie pour moi d’une expérience réelle de dépassement au contact d’une nature restée vierge depuis l’aube de
l’humanité) font partie de cette quête ...
«Grande toile informelle» Acrylique et sable sur toile (180 x 180
cm Alain MARC Collection particulière) .
Pas de différence donc, dans l’aventure picturale entre la toile précédente et celle-ci (jamais éloignées d’un très fort rapport à
la nature) : toujours à la recherche dela mémoire enfouie d’une quête universelle, de la communication avec des entités incertaines qui
me renvoient à des images mystérieuses, comme des signes ou des visions me rappelant un vécu indéfinissable …
- Suis-je seul à avoir cette impression ?
Cet entretien avec le préhistorien Michel LORBLANCHET nous donne-t-il des clés ?
Parmi les nombreux articles du dernier numéro de la revue «ARTISTES
Magazine», il en est un qui risque fortement de vous intéresser !
D’autant plus à regarder de près qu’il nous concerne tous, que nous soyons aquarellistes de terrain ou d’atelier, illustrateurs, encadreurs ou dessinateurs,
calligraphes et même graphistes, parce que dans cet article j’ai le plaisir de vous faire part des tests que j’ai effectués pour cette revue et pour vous (pages 24 - 25 «d’ARTISTE») de nouvelles
encres végétales de très bonne qualité que vient de mettre sur le marché «l’Artisan Pastellier», encres fort attrayantes puisque totalement élaborées à partir de très anciennes recettes, et 100% naturelles .
Le numéro 145 de la revue «ARTISTES Magazine»
(numéro de mai - juin que vous pouvez sommairement consulter en cliquant sur l’image de sa couverture ci-dessus), que vous pouvez trouver dans les kiosques, ou bien vous abonner en cliquant
ici …
Je peux vous faire une confidence : malgré un planning débordant je n’ai pas compté mon temps ni mes efforts pour réaliser ces tests, qui se sont déroulés en deux
parties :
1) - les tests techniques (de la fluidité à la résistance aux UV)
2) - les tests créatifs (de la réalisation des nuanciers chromatiques à celle de motifs d’illustration et de carnets de voyages)
Il en résulte donc une analyse poussée qui permet aussi bien au professionnel qu’à l’amateur de se faire une très bonne idée du produit et de l’acquérir en toute
confiance en sachant exactement pourquoi il va l’utiliser .
Parmi les essais réalisés celui-ci sur papier Canson Montval 300 gr : un berger cévenol peint à partir de différents croquis réalisés sur le
motif lors de la transhumance il y a quelques années et que je n’avais pas eu le temps de mettre en couleur (que vous retrouverez dans l’article «d’Artistes») .
Le travail sur le motif pour ce genre d’exercice demande un minimum de dextérité et un maximum de rapidité si on veut le traiter (et le réussir)
directement à l’aquarelle car croyez-moi, des brebis pendant la transhumance ça va vite, et même très vite, il faut dire qu’elles ont hâte d’arriver dans la fraîcheur des verdoyants et gras
pâturages, on les comprend . Ici sur la grande draille du Mont Aigoual .
Et là sur la draille du Parc aux loups, au col du Haut de Côte toujours dans les Cévennes .
Là, il faut choisir : croquer ou peindre car croquer «et» peindre est presque illusoire ! Pour mon «Berger cévenol», c’est à partir des notes prises et des croquis de terrain que je l’ai peint
avec ces excellentes encres végétales …
Pour terminer ce billet, voici le nuancier du test «lavis» de ces fameuses encres qui n’est pas dans «ARTISTES Magazine» (mais dans la revue il y en a un autre de
tout aussi intéressant), qui donne une idée de la réaction à l’eau de la couleur et dont ma conclusion est qu’elles gardent toute leur luminosité, leur transparence, et leur intensité même
désaturées . Un tableau comparatif des différents tests que j’ai réalisés vous permettra également de voir couleur par couleur comment ces encres se comportent dans tel ou tel cas .
Enfin vous trouverez aussi dans cet article de la revue «Artistes» deux autres œuvres (et avis correspondants) de deux consoeurs : Claire DUPOIZAT et Fleur
DESCHAMPS
Peut-être vous souvenez-vous de cette incroyable aventure qui m'est arrivée l'an dernier lorsque je suis parti à la rencontre de cette lointaine civilisation, et de
mon accueil au sein de la tribu des Revenols ?
Elle est aujourd'hui reprise dans une très intéressante revue en ligne consacrée aux voyages publiant tous les 3 mois jusqu'à 5 carnets de voyages choisis parmi les
nouveautés de la presse, de l'édition et du Web, en portfolio (l'un des meilleurs magazines du genre qui se différentie par son exigence de qualité) je vous laisse découvrir cet article en
cliquant sur l'image ci-dessous :
Cliquez sur cette image et vous arriverez directement sur
la page de la revue en ligne GreatFive consacrée à
mon aventure de la civilisation des Treilles ...
Mais ce billet est d'abord pour moi l'occasion de vous présenter cette excellente revue : CreatFive
C'est un magazine en ligne qui publie tous les 3 mois jusqu'à 5 de vos meilleurs carnets de voyage ou portfolio .
Dédié en particulier au voyage "sac à dos", ils souhaitent vous présenter le monde à travers ses diverses cultures et ses magnifiques paysages .
Vos témoignages peuvent s'avérer être une mine d'or pour tous ceux qui désirent découvrir les récits de voyage d'autrui, d'où l'originalité de leur site .
C'est une sympathique et dynamique équipe de 4 globe-trotters qui en est à l'origine (trois suisses et un sud-africain) .
Voici leur démarche, elle est toute faite pour vous :
"Vous aimez voyager . Vous ne manquez pas une occasion de prendre la plume ou votre appareil photo avec vous ?
Alors ce site est pour vous ! Vous êtes allés à la rencontre des continents, de ses peuples, de ses nombreux regards, de ses somptueux paysages qui façonnent le monde d'aujourd'hui
?
GreatFive a pour but, par vos photographies et vos récits de voyage, de donner l'opportunité aux amateurs passionnés de partager leurs
expériences de voyageur . Vos histoires sont des rencontres, des images, des mots, des odeurs et des souvenirs . Un coquillage ramassé sur une plage, une carte postale, un timbre ou encore
une fleur séchée collée dans une page de votre journal ...
Le carnet, c'est comme le livre d'Or du voyageur, qui relu plus tard, permet de faire revivre ce qui avait pu être oublié. Vous êtes d'imperturbables
rêveurs, toujours prêts à décoller (vous enfuir) vers d'autres aventures humaines à l'autre bout du monde, ou même tout près de chez vous. Ramasseurs de babioles, curieux observateurs et
infatigables récolteurs de sensations, ce sont vos histoires qui feront notre magazine ."
En vous enregistrant sur GreatFive.net vous pourrez découvrir tous les carnets de voyage et portfolios de ses membres . Et
ceci gratuitement !!! Enregistrez-vous vite...
Puisque je suppose que ma peinture vous intéresse, (enfin me semble-t-il car nous nous éloignons ici du concept de l’aquarelle), je vais un peu
vous parler d’elle .
Je ne veux pas vous embêter avec cela, mais je suis sûr que vous aurez plaisir à voyager également avec moi en sa compagnie, puisqu’elle existe et que votre regard,
votre pensée peuvent aussi la nourrir sur les chemins du devenir …
Car elle continue de vivre et de grandir à travers le regard de celui qui se sent concerné, interpellé ou attiré par elle .
D’abord il m'est très difficile de parler de "ma" peinture .Je n'aime guère le faire car cela peut paraître
prétentieux hors je ne voudrais pas l'être, mais je me disaussique pour permettre aux autres d'ouvrir certaines
portes, il faut leur donner des clés ...
Ce qui compte c’est de la produire, de la réaliser, car à travers elle c’est un cheminement intérieur qui se révèle, qui vient parfois de fort «loin» et qui peut
même souvent dépasser l’acte déjà très complexe de l’accomplissement pictural …
Mais si on perçoit une partie de ce qu’il se passe à travers cette alchimie on perçoit en même temps que le monde qui nous entoure, tout aussi laid, pourri,
impitoyable, ou (et) beau, riche et flamboyant qu’il soit en même temps dans ses incroyables paradoxes, n’est qu’une apparence qui nous cache un univers palpitant et secret qu’il nous
appartient de chercher, peut-être de «retrouver», en tout cas d’essayer d’entrevoir de toute son âme …
«Le poisson originel», Acrylique et sable sur toile (170 x 115 cm collection
personnelle)
À l’origine la vie … Si loin dans notre mémoire collective que nous ne pouvons y remonter . Peut-être une
tentative de profonde communication avec le passé nous rapprocherait-elle seulement des premiers vertébrés, des
paysages inconnus de l’éocène ?
J’aimerais que mes toiles soient empreintes des espaces insondables qui m’ont inspirés, nous rendent aux sables, aux algues, à
la terre, aux limons, aux cendres originels . Qu’elles nous ouvrent des portes sur les profondeurs des forces qui sous-tendent l'existence, établissant une communication nouvelle avec les
mystères et les questionnements qui nous ramènent à l'éternité de la vie ...
Donatella Micault, critique d'Art, (Association des Historiens et Critiques d'Art), a écrit à mon sujet il y a déjà
près de 30 ans de cela :
«Alain Marc est le peintre de la pensée qui nous échappe .
Deux techniques picturales ont sa préférence : l'aquarelle et la peinture .
Les aquarelles sont figuratives . Elles révèlent les formes visuelles que la conscience ordinaire appréhende . Les formes sont familières . Nous sommes dans
le monde du connu .
Après avoir séduit le spectateur, le peintre nous entraîne dans l'univers de ses toiles .
L'artiste s'évertue à franchir les frontières du visuel . Sa recherche, véritable marche en avant perpétuelle, puise ailleurs sa création .»
- Avait-elle perçu la quête (peut-être désespérée ? … mais dans le fond qui m’a tout de même délivrée d’intimes et troublantes certitudes) entreprise avec ma
réflexion picturale ?
En tout cas elle avait nettement perçu que ma peinture n’est pas spécialement faite pour séduire, éblouir, flatter .
Il s’agit plutôt pour tous les collectionneurs qui m’en ont acheté une ou plusieurs d’une sorte de "fascination intériorisée" …
«L'hipparion rouge» Acrylique et sable sur toile 25 F (Collection privée en Allemagne) .
Comme sur les parois des bouleversantes
cavernes explorées par mon ami Jean PÉRIÉ au cœur du Matogrosso, j’essaie de toucher par ces «réminiscences
visuelles»la mémoire enfouie d’une quête universelle, d'entrer en communication avec des présences incertaines, subtiles, qui parfois se
révèlent, parfois non, mais me renvoient souvent à des images mystérieuses, soit comme des signes ou des images prémonitoires, soit comme des éléments me reliant à des visions échappant à
la notion du temps quantifiable : un autre, différent de celui que nous pouvons voir passer …
La réalisation ?
Parfois mon travail est si long et laborieux, demande tant de réflexions passant par mille doutes (non pas techniques mais de connivence avec ma quête),
qu’il me faut des années pour réaliser une toile .
Parfois, c’est immédiat, foudroyant, comme si c’était un autre qui peignait .
Quelquefois je peux «peindre» sans réaliser la moindre toile .
Je la vois dans la tête comme une vision, un acte accompli . Et je peux ne jamais la réaliser car elle s’efface vite et disparaît dans l’inconnu d’où elle
m’est apparue .Je me dis «la toile est terminée, elle a existé» et pourtant je ne l’avais pas commencée : elle a cependant vraiment existé pour moi
.
... C'est pour cela qu'il m'est arrivé de détruire de nombreuses toiles (bien réalisées celles-là), que personne (sauf certains proches) n'a jamais
vues (j'en ai tout de même conservé des photos pour ne pas être taxé de menteur) .
D’ailleurs je peux rester dix ans sans réaliser la moindre peinture .
C’est-ce que je viens de faire …
Il me fallait des «réponses» à des questions que je me posais .
Dix ans pour les trouver et simplement, ce matin en m’éveillant, d’une incroyable clarté : je savais .
Alors je vous confie : dès la première heure, avant mes autres «chantiers» je me suis remis à peindre, à retravailler …
Pour terminer ce premier article consacré à l’un des principaux questionnements de ma quête picturale je
vous emmène avec ce beau documentaire d’Arte, dans un voyage à la fois dans l’espace, (au fond de la fosse de Messel) et dans le temps jusqu’à l’Éocène : un jour je vous reparlerai de
cette conjonction entre la science, l’art et la spiritualité qui fascinait tant Jean Guitton, et qui pour clôturer cet article a ici tout à fait sa
place …
C’est à une belle exposition que nous invite Laurette GÉVAUDAN .
Peut-être vous souvenez-vous de cette superbe traversée du Yunnan que nous avons réalisée en carnet de voyage
l’an dernier pendant plusieurs semaines ?
Laurette y était …
- Si vous voulez en avoir une idée, vous pouvez revoir l’extrait vidéo ci-dessus que
j’ai réalisé à notre retour, mais vous n’en aurez vraiment qu’une toute petite idée à travers ces simples images : on ne peut pas en quelques minutes résumer trois semaines de découvertes,
d’émotion, de rencontres, de joie de peindre, partager, échanger entre passionnés à 10000 km de la France, dans un pays magnifique !
On ne peut pas non plus traduire l’esprit d’une équipe enthousiaste et solidaire, alors que beaucoup ne se
connaissaient pas avant de partir …
Sur le fond d’un mur bien plus beau que beaucoup de toiles abstraites, quelque part dans les rizières des «sculpteurs de
montagnes», Laurette GÉVAUDAN en compagnie de deux jeunes femmes de la minorité ethnique Yi .
Mais ce que l’on peut constater au retour, c’est ce que chacune, chacun en a rapporté à travers son carnet de voyage et son vécu personnel
.
On se rend alors compte que c’est bien plus qu’un stage hors du commun, plus qu’un superbe voyage, plus qu’un rêve qui s’est accompli : c’est une véritable
aventure artistique et humaine qui débouche sur quelque chose d’autre, quelque chose de profond et de beau, d’apte à un véritable enrichissement individuel, et cela, Laurette GEVAUDAN nous le
prouve à son tour à travers l’exposition de ses œuvres, résultat de sa quête personnelle à la rencontre des minorités ethniques du Yunnan bel hommage rendu à ce pays après celui de Ling et
Antoine PERRELET .
Ces rizières en étage qui sculptent la montagne du côté de Yuanyang, Laurette en a bien saisi l’atmosphère
dans ce lavis . Quand on sait que le lavis est l’une des premières disciplines à maîtriser pour avancer en aquarelle que c’est une technique plus difficile et technique qu’il n’y parait on se
rend mieux compte en voyant ces rizières aux contours compliqués descendre vers la vallée dans une miroitante perspective que Laurette a réussi là l’un des plus complexes exercices de ce
voyage …
Ce qui me frappe le plus en revoyant les carnets et aquarelles réalisés par tous les participants c’est l’originalité et la singularité de
leur regard ! Laurette GÉVAUDAN nous le démontre encore dans son travail : on pourrait imaginer qu’en abordant ainsi en groupe des sujets communs ou très proches (d’abord tout le monde n’a
pas peint le même sujet pendant une séquence donnée de travail) le résultat en est des motifs identiques, mais il n’en est rien .
Non seulement chacun voit et traduit à sa façon, mais en plus l’impression d’être en groupe disparaît presque lorsqu’on est captivé par son sujet, impression
bien plus grande encore lorsque son autonomie d’expression et de maîtrise d’exécution en temps donné étant acquise, on traite un sujet à l’écart du groupe : là se dégage le plus le sentiment
de réussir une aventure individuelle magnifique, comme si on faisait seul son voyage tout en profitant de la logistique, de l’organisation et de l’amitié que ce groupe apporte par ailleurs
…
N’hésitez pas si vous passez par là (où êtes de la région de Valence) à aller rue Mondan encourager
Laurette lors de son vernissage : vous y serez récompensés par un superbe travail et vous pourrez évoquer avec elle les souvenirs extraordinaires qui habitent son carnet de voyage et ses
aquarelles sur les cimaises !
Le carnet de Laurette justement : en voici quelques aquarelles, qui traduisent ce que son regard attentif et sensible a saisi de
ces autres lieux, ces autres gens, ces atmosphères si différentes des nôtres .
On devine des odeurs, des bruits, des impressions prégnantes ou subtiles, des moments saisis rapidement de ce temps qui passe trop vite, conservés dans leur
fragilité, leur fugacité, mais ô combien intenses, plus encore que la photo les aurait éternisés .
Car si la photo a la particularité de figer l’instant, de le sublimer parfois dans une sorte de «sacralisation», l’aquarelle le restitue au sein même de la vie
comme s’il suffisait de la regarder pour qu’elle réveille l’éphémère préciosité de choses disparues, aptes à revivre dans le cœur et dans l’esprit de l’observateur, un peu comme le baiser
magique du prince charmant réveille la Belle au bois dormant . Car avec l’aquarelle nous ouvrons les portes du magique …
Nous sommes donc toutes et tous des «princes charmants» lorsque nous regardons une aquarelle : nous réveillons une princesse endormie !
Et les aquarelles du voyage de Laurette sont toutes des princesses endormies que nous réveillerons en les découvrant .
Ici nous sommes à Kunming, la capitale du Yunnan …
La vie y grouille comme dans toutes les grandes villes de Chine, mais Laurette nous en montre le visage plaisant, plein de joie de vivre et de diversité . Nous entendons les bruits de la rue,
mais ne pouvons détacher le regard de ces mille petits métiers qui colportent plus que des denrées : ils tissent des échanges dans l’un des pays les plus peuplés du monde, depuis la nuit des
temps …
Extrait d’une page du carnet de Laurette : le pont du Double Dragon à Jianshui . Nous avons passé là une extraordinaire
après-midi loin de la foule du tourisme traditionnel : un tel lieu chez nous serait envahi de touristes le photographiant sous toutes les coutures !
Sur le marché de Shaping : l’un des temps forts du voyage, ce fut notre première rencontre avec les minorités ethniques Bai et
Yi …
Ici, au cœur des territoires Naxi, le pont de Longchuan, en technique humide à peine rehaussée au trait, image vaporeuse d’une
Chine d’un autre âge …
Cette vielle femme appartient à l’ethnie des Hani . Elle porte la coiffe et l’habit traditionnels .
C’était un vrai bonheur que d’avoir autant de sujets intéressants à aborder ; lorsque nous étions à Yuanyang par exemple, les vêtements des habitants étaient si beaux qu’il y aurait eu à
dessiner et peindre au moins une année entière !
Retour des champs pour deux paysans de Shanxi : Laurette les a saisis tandis qu’ils passaient sur le pont de la vieille ville
alors que nous dessinions l’un des lions de pierre ornant les bouts de parapets .
Laurette GÉVAUDAN a su voir dans cette rencontre entre les paysages et les cultures qui s’y sont développées, ce que le temps
et l’histoire n’ont pu effacer : l’identité d’hommes et de femmes qui par leurs traditions et la solidité de leurs liens sociaux ont su transmettre à nos générations des valeurs éternelles,
mais de plus en plus fragiles dans notre monde contemporain …
Votre prochain beau voyage vous emmènera au Vietnam au mois d'octobre prochain : ce sera une nouvelle découverte et le nouveau point de départ
pour d'autres carnets de voyages et de nouveaux projets d'exposition, peut-être les vôtres : il ne reste plus que deux places à prendre (pour quelques jours seulement) avant que ne
soient définitivement clôturées les inscriptions à ce groupe, si l'aventure vous tente, faites-le moi vite savoir !
Terre de découverte par excellence, le Mato Gosso est le troisième État du Brésil de par sa superficie, immense zone de transition entre Cerrado et Amazonie, l’un
des territoires les moins connus et les plus extraordinaires d’Amérique du Sud .
C’est en plein cœur de ses paysages grandioses et particulièrement sauvages, qu’un couple d’amis est en ce moment en train de vivre une aventure extraordinaire loin
de la médiatisation que devrait normalement susciter une telle épopée .
Si j’utilise ce dernier mot, c’est que cet évènement est le dernier et l’un des plus intéressants épisodes d’une histoire hors du commun commencée il y a 40 ans,
lorsque mon copain Jean PÉRIÉ jeune explorateur, (qui allait bientôt être lauréat de la Fondation de la
Vocation), entrait pour la première fois avec une petite équipe de scientifiques et d’aventuriers, en contact avec les fameux indiens aux «lèvres de bois» .
«Indiens à plateau», dessin pour Jean PÉRIÉ , à la manière des
premiers croquis d’explorateurs .
Voici un extrait de son journal pendant l’expédition de contact avec ces indiens à plateau de la jungle amazonienne du Mato Grosso en 1969 (Manuscrit « Lèvre
de Bois ») :
«... L'attente est chaque jour plus terrible . Doublée d'incertitude, elle mine les nerfs, rend fou. Nous ne savons pas encore quand nous allons les voir, quand
nous découvrirons leur visage avec cette lèvre en plateau qui en fait des êtres étranges. Nous ignorons même si nous parviendrons à les apercevoir ne serait-ce qu'une minute. Nous savons en
revanche avec certitude qu'ils sont anthropophages, que pour eux notre chair est bonne à manger .» .
Vous pourrez retrouver d’autres extraits de ce passionnant récit en cliquant
ici . C’était ainsi le début d’une longue histoire qui se continue donc en ce moment pour Jean PÉRIÉ et son amie Chantal sur la piste des grottes ornées par les lointains ancêtres de ces indiens d’Amérique du Sud, à
travers un tout aussi passionnant périple que celui qui avait conduit Jean sur ces territoires il y a de cela tant d’années .
- Qui ne rêverait pas de ressentirr les fabuleuses émotions qu’ils sont en train de vivre sur place, dont la teneur scientifique, photographique, littéraire et
"vidéographique" a valeur de carnet de voyage à travers leur journal traduisant si bien leurs découvertes actuelles, dans un environnement qui n’a guère changé ?
Leur aventure est d’autant plus méritoire que c’est sans aucune aide ni soutien, et dans une grande indifférence médiatique qu’ils accomplissent sur place un énorme
travail, difficile, souvent dangereux, mais oh combien passionnant ! C’est pour cela que je leur dédie cet article et que je vous invite à les encourager .
Le «canyon des diamants» l’un des plus inaccessibles sites de prospection de Jean, tel que je l’imagine au milieu des brumes après une pluie
tropicale, à partir de ses récits … Aquarelle A. MARC technique dite «humide» .
Je vous invite à accompagner Jean et Chantal sur leur nouveau parcours à travers les étapes les plus importantes de ce cheminement au bout du monde
sur leur blog, qui, après
leur départ de Paris (cliquer sur les mots soulignés) les a directement plongés dans un univers si éloigné du notre, et à leur laisser quelques commentaires, je suis
sur que cela leur fera un immense plaisir :
Pour terminer cet article voici des images inédites extraites des dernières vidéos que Jean, grâce à un cybercafé
perdu, vient de me faire parvenir (ah, que c‘est formidable Internet utilisé comme cela !) .
Ne vous fiez pas à la qualité de ma maladroite compression en «flash» de ces 3 mn de partage hors du commun : à un moment où tout
le monde «a tout vu» et «sait tout», c’est aussi un exemple de volonté et d’humilité sur notre façon d’aller à la rencontre des beautés du monde que nous envoient Jean et Chantal, comme s’ils
voulaient que nous ayons encore plus de bonheur en collant nos billets d’avion à la dernière page de nos carnets de voyage …
Voici la nouvelle rubrique promise, dont je pense qu’elle va beaucoup vous intéresser !... Lisez-là pausément
(même si elle est assez longue) avant de lancer la vidéo, cela vous permettra de bien la comprendre et de mieux l'apprécier .
L’aquarelle de reportage :
Elle est le fruit d’un travail qui même s’il parait rapide et facile sur le terrain, n’en est pas moins approfondi, faisant appel à de nombreux médias et demandant
un minimum de recherche et d’enquête pour s’affirmer pleinement . La mise en ligne d’articles nouveau dans cette rubrique sera moins fréquente que pour celle des carnets de voyages, car
l’aquarelle de reportage et ses investigations demandent qu’un minimum d’éléments soient réunis pour offrir toute leur potentialité .
Mais le résultat débouche toujours sur une expression multiple, où l’aquarelle seule bien qu’étant un élément de l’ensemble, est un élément déterminant, car c’est
autour d’elle (comme dans le carnet de voyage) que vont s’articuler les principales lignes de force dégageant l’identité du reportage et la mise en valeur du sujet dont il est l’objet .
Ce qui différencie l’aquarelle de reportage et son produit global (dont écriture, photos, documents multimédias, etc.) du carnet de voyage, c’est que l’aquarelle de
reportage est assujettie pendant la durée d’un évènement aux trois grandes lois du classicisme dans les principes de la tragédie : unité de temps, de lieu, d’action, principes dont elle est
tributaire, et pour lesquels « l’aquarelliste reporter » pour être plus performant dans sa démarche, doit être préparé .
Elle se double par conséquent de recherche d'informations et d’une enquête préalable de terrain (ce qui n’est pas nécessaire en carnet de voyage, le voyage lui-même
avec ses rencontres et aventures constituant la matière du carnet), permettant de suffisamment connaître l’évènement afin d’être plus « attentif » au moment de s’y confronter, et par la
suite de compléter son investigation pour en finaliser le reportage de la façon la plus élaborée et la plus fidèle possible .
Elle s’implique aussi davantage, en élargissant sa démarche de base à une action dans laquelle elle participe à l’évènement en devenant l'un de ses supports et de
ses prolongements . La boucle est ainsi bouclée, l’artiste devenant objet de son art, ( - la vie elle-même pouvant alors être « art » à son tour … - ) son produit pictural devenant donc
acteur de l'évènement auquel il participe .
Le matériel de peinture de l’aquarelliste de reportage est réduit à sa plus simple expression : il doit contenir sans encombrement
dans les poches du gilet, sans crayon, sans gomme, ni eau . (Photo Alain MARC )
Sur le plan purement technique, l’aquarelle de reportage doit être libérée de toute contrainte d’exécution (accentuation et adaptation
de certains procédés déjà efficaces en carnet de voyage et apparition de nouveaux procédés) : pas ou peu de dessin (celui-ci étant directement réalisé par la mise en forme des couleurs),
adaptation des prises de notes selon le déroulement de l’évènement, maîtrise parfaite de la technique « aquarelle de terrain », des mélanges de couleur, très grande rapidité
d’exécution, disponibilité permanente par rapport au sujet (ce n’est pas lui qui doit s’adapter à nous, mais nous qui devons être capables de « le suivre » quelle qu’en soient les
difficultés), improvisation et mémorisation pour restituer au mieux l’éphémère, matériel très léger et fonctionnel (ce qui fait de l’aquarelle le seul médium « élaboré » offrant autant
de possibilités d’expression, le pinceau à réservoir, la boîte pliable et le gilet de pêcheur avec carnets de peinture dans les poches devenant alors indispensables) .
C’est donc autant dans la forme que dans le fond que cette approche de l'aquarelle se différencie de celle généralement utilisée dans le carnet de voyage (bien qu'elle en emprunte certains
aspects et que son utilisation dans ce cas bénéficie de ses plus performants moyens) ! Sa complémentarité avec les autres formes de support (écrit, photo, multimédia, etc. qui restent quant à eux comparables à ceux du carnet de voyage) en tant qu’outil
d'expansion et de vie propre de l'évènement en question, lui permettant de s'inscrire dans la durée non seulement avec la valeur d'un témoignage, mais resituant ses valeurs et son existence dans
une intemporalité sans distanciation .
Le Pétassou de Trèves :
Pour l’aquarelle de reportage il faut des sujets forts, captivants, hors du commun . Peu importe que
l’évènement soit médiatisé ou pas, très connu ou tout à fait confidentiel … Le choix du Pétassou pour ce qui est du premier article me permettant de lancer
ce concept nouveau « d’aquarelle de reportage » n’est pas anodin : ce personnage est selon Jean-Marie LAMBLARDl’un des archétypes de celui d’Arlequin, Arlequin évocation de la Commedia dell’arte, le mouvement humaniste produit par la renaissance qui donna aux bateleurs et aux artistes dans une dimension tout à fait novatrice, leur véritable droit de cité
…
Ne soyez pas étonnés de me voir avec une minerve à la fin de cette vidéo : elle est le produit d’un monumental vol plané effectué dans les
Gorges du Trévezel !
En ce qui concerne ce clip, (merci à Isabelle qui en me véhiculant m’a permis de le réaliser) c’est pour des raisons d’espace que j’ai dû
compresser en les accélérant légèrement les images d’introduction de cette première vidéo consacrée à l’aquarelle de reportage (la démo de peinture des chevaux et leurs cavaliers) .
Quant à moi, j’espère maintenant que les ondes positives du Pétassou vont m’aider à surmonter la présente passe et à guérir vite de tous les
soucis associés . (Vidéo Alain MARC, la laisser se télécharger avant de la relire)
Dans le cas du Pétassou de Trèves, nous partons à la découverte de l’une des plus anciennes et des plus étranges traditions, qui relève plus de
l’ethnologie que du folklore, car il s’agit d’une tradition bien vivante, toujours inscrite dans notre époque et qui joue un rôle social en véhiculant des valeurs de référence pour toute une
communauté . Un héritage qui, bien qu’il soit liée aux manifestations carnavalesques, demeure une originalité par sa spécificité autant que par le lieu de sa manifestation .
Trèvesest
effectivement un petit village du nord des Cévennes, au fond des Gorges du Trévezel, dont le destin, avant même que le lieu-dit n’existe, puisait déjà ses racines dans les profondeurs de
l’irrationnel par la magie de pratiques sépulcrales néolithiques des plus mystérieuses, en témoignent les vestiges (classés) de la grotte du Pas-de-Joulié dominant (elle n’est pas la seule) le
village . À noter dans ce domaine du monde souterrain, la proximité de l’Aven Noir, ce qui m’amène à vous révéler qu’une partie de cet article est extraite des pages consacrées à Trèves dans
mon carnet d’exploration de ce gouffre (édition à venir de cette exploration menée parRoland
PÉLISSIERet de ses équipes, dont je témoigne dans ce carnet) .
Trèves : le joli pont romain sur le Trévezel, avec en fond le Causse Noir sur les pentes duquel se trouve l‘entrée de l'Aven Noir . (
Aquarelle extraite du Carnet d’exploration de l’Aven du même nom )
Mais la présence du Pétassou en ces lieux ne remonte pas aussi loin …
Trèves viendrait du mot « carrefour » - en latin « trivium » - ici croisée de trois importantes voies de communication .
On y vivait autrefois en autarcie quasi-totale, de différentes cultures, du ramassage des châtaignes et de l’élevage de petit et gros bétail, de volaille, d’apiculture . En parallèle avec ces
activités, un artisanat saisonnier florissant à base de textiles (laine, soie, coton et surtout chanvre), permettait au village de commercer avec l’extérieur, d’affirmer son identité à travers
cette particularité . En atteste mon amiDaniel ANDRÉ, historien et spéléologue, dont certains ancêtres vivaient dans la vallée
du Trévezel, qui me dit : « …il y avait des Canaguiers et un dénommé Canaïer possédait des propriétés dans le secteur de la Baume Saint-Firmin (autre grotte dominant le village
où se serait réfugié ce saint aux débuts du christianisme)il est curieux que ce secteur s'appelle aujourd'hui "causse de Canayères".
Entre "canayères" et "Canabières", il n'y a pas grand chose !
Les champs qui pouvaient produire du chanvre étaient toujours siliceux ; c'est le cas des abords de Canayères » .
C’est dont tout naturellement que la petite communauté s’en remettait à un autre saint et en faisait le saint patron du lieu : Saint Blaise,
évêque arménien martyrisé en 316 dont le corps fut lacéré par des peignes à carder, ce qui en fit le patron des tisserands et des peigneurs de chanvre, ainsi que d’autres métiers dont la
plupart des métiers du textile ; il est aussi le « maître des vents », ce qui est très important dans de nombreuses cultures, particulièrement celle du Languedoc .
LePétassou dans sa première version, tel que je l’ai dessiné pendant sa tournée des fermes de la commune de Trèves .
C’est la spontanéité et le ressenti qui priment dans l’exécution de ce type de travail . (Aquarelle extraite du Carnet d’exploration de l’Aven Noir)
Ainsi, le 3 février, Trèves fête la Saint Blaise : c’est le jour de la fête votive, (on dit en occitan la « voto ») . Nous sommes au
lendemain de la chandeleur, et c’est à cette occasion que sort le « Pétassou », personnage central de mon reportage .
Les origines de sa présence au village restent mystérieuses, (elles seraient associées à l’apparition du carnaval à la fin du
Moyen-Âge et au début de la renaissance), mais j’ai de la part de Régis VALGALLIER, (l’un des habitant de Trèves interrogé pour cette enquête et connaissant
le mieux son village et ses environs), une fort intéressante hypothèse : « Ce serait une famille de tisserands gitans d’Andalousie, la famille TREVES originaire deTrevélez(notez la similitude
des noms et leur force symbolique) le plus haut village d’Espagne dans les Alpujaras de la Sierra Nevada, qui l’aurait amené à Trèves (le village) lorsqu’à l’époque de Charles Quint, elle
vint s’y réfugier » . À cette époque les populations gitanes de la région de Grenade, déjà pourchassées au même titre que les mauresques, s’étaient réfugiées avec elles au lendemain de la
chute de la dynastie nasride (et de la prise de la ville par les catholiques en 1492) dans les contrées les plus reculées des Alpujaras . Hors un décret (dit de Tolède en 1539), signé par
Charles Quint, leur intima l’ordre de se soumettre (ce que certains firent en s’enrôlant dans les troupes de l’empereur d'où le mot « flamenco » - flamand - dans l’argot des
gitans de l’époque, Charles Quint étant d’abord ce souverain qui bien que petit fils d’Isabelle la Catholique venait des Pays Bas), ou de quitter le royaume, ce que firent les andalous réfugiés
à Trèves . Ils y apportèrent leurs coutumes dont celle du Pétassou (car il paraît que le Pétassou est toujours fêté en août dans le village de Trevélez - information en cours de vérification
par mon amieKatia FERSING spécialiste des contes et légendes d’Andalousie - ) .
Régis VALGALLIER a eu la chance et le mérite pour fonder cette hypothèse de recueillir le témoignage d’un descendant direct de cette
famille vivant aujourd’hui en Vendée .
Dans cette version je me suis davantage attaché à traduire du personnage son côté naïf, primitif, révélant sous le bouffon l’ogre débonnaire
et protecteur ... (Aquarelle extraite du Carnet d’exploration de l’Aven Noir)
Le Pétassous est vêtu d’un habit recouvert de centaines de « pétas », chutes de tissus multicolores plutôt longs et étroits comme des
rubans, conservées par les couturières et servant généralement au rapiéçage, cousues les unes au dessus des autres sur une blouse de paysan comme les écailles d’un poisson . Ce costume était
autrefois entretenu par les jeunes du village, qui, après collecte des « pétas » par les garçons célibataires dans les fermes et maisons des environs, (garçons de la tranche d’âge des
conscrits de l’année mais ceux qui avaient contracté mariage étaient exclus) se retrouvaient à la veillée pour préparer avec les filles dans les longues soirées d’hiver, la fête du
Pétassou . Parmi tous ces garçons était désigné la semaine avant la fête celui d’entre eux qui allait porter l’habit et ses attributs (le masque, le balai de genêt et une vessie de
porc remplie d’air et accrochée dans son dos) .
Cette tradition est aujourd’hui relancée grâce à l’association des Ganels, animée par les jeunes du village, qui se réunit deux semaines avant la
fête du Pétassou pour en préparer le déroulement tout en rafistolant son habit .
Le masque change chaque année et nul ne doit reconnaître le Pétassou : celui-ci est porteur des forces surnaturelles venant purifier la communauté
de ses culpabilités (fautes, erreurs et péchés), un être magique sur lequel on va aussi projeter ses vœux les plus secrets !
La vessie de porc gonflée d’air est très importante car c’est elle qui contient les « souffles », les esprits assimilés à l’air, au
vent, véhicule des âmes à naître autant que celui libérant celles des morts portée en soi par chacun, la métaphore du souffle cosmique, celui de la vitalité en cette période de Carnaval qui
marque la fin de l’hiver et l’arrivée du printemps …
Elle est également assimilable aux symboles liés aux « pets » (comme l’ours sortant de son hibernation aux alentours de la chandeleur
qui se purge de diverses façons), symboles d’ailleurs repris sous différents aspects par d’autres bouffons carnavalesques, tels que les « buffétaïres » deLunas .
Au sortir del’hiver, en jouant avec les souffles, Pétassou tente symboliquement de maîtriser
la mort en exaltant la vie et en affirmant son triomphe dans la joie et les facéties . Il est le bon génie du village, sorte d’ogre débonnaire apte à éloigner les maléfices et les mauvais
esprits .
C’est pour cela qu’il va défendre cette vessie accrochée dans son dos de qui s’en approcherait, avec son balai de genêt . On retrouve ici le mythe
carnavalesque du balai fertilisateur, un balai qui lui sert à bien des drôleries comme celle d’effrayer les passants ou les chiens, ou d’arroser l’assistance en le trempant dans la fontaine du
village .
La danse avec le Pétassou . Ici, ayant plus de temps pour travailler, j’ai eu recours pour le dessin au crayon à papier, on se
trouve alors dans la classique problématique des carnets de voyages, qui vient en complément de celle de l’aquarelle de reportage . (Aquarelle extraite du Carnet d’exploration de l’Aven Noir)
. Le rite du Pétassou se déroulait traditionnellement sur trois jours, le dernier d’entre eux, celui où son habit en flammes était précipité du haut du pont de Trèves en
contrebas dans le Trévezel ayant aujourd’hui disparu faute de participants pour en maintenir la tradition .
Mais les deux autres se déroulent toujours avec le même enthousiasme et la même implication de la part des habitants de la localité et des
environs, prouvant ainsi la vitalité de leur jeunesse d’esprit tant au niveau individuel que collectif, ayant su conserver une tradition identitaire apte à regrouper toute une communauté
autour de son mythique personnage tutélaire et fédérateur :
Le premier jour, le samedi, c’est la tournée des fermes pour le droit de quête exercé par les garçons . Les filles, qui ne boivent pas, (ou le
plus sobre des garçons) conduisent la fourgonnette transportant la jeunesses environnante avec le Pétassou (ne portant pas à ce moment-là sa vessie accrochée dans le dos pour des raisons
pratiques) et l’accordéoniste accompagnant la petite troupe de ferme en ferme sur les routes communales . Quelques habitants suivent dans une ou deux voitures tous warnings allumés pour
sécuriser le cortège .
À chaque arrivée dans les fermes, à grands renforts de coups de klaxon et de cornet à piston, au son de l’accordéon qui joue des airs de fête et
du folklore régional, le Pétassou va frapper aux portes, suivi par les filles qui portent la fougasse et un gros couteau pour en couper des parts (on prononce ici « fouasse », c’est
une brioche parfumée à la fleur d’oranger en forme de couronne préparée par le boulanger du village) ainsi que la boîte à offrandes, sorte de grande tirelire destinée à recevoir l’obole de
chaque maître de maison .
La tournée des fermes se continue tard dans le froid piquant de la nuit cévenole … On la termine aux lampes de poche avant de rejoindre le bal
populaire à la salle des fêtes du village . (Photo Alain MARC )
Le Pétassou est toujours attendu avec impatience et accueilli comme un véritable ami . On prend plaisir à danser avec lui, à rire de ses facéties,
et on lui offre ainsi qu’aux différents convives la « goutte » (liqueur familiale et alcoolisée comme le vin de noix, la prune ou l’eau de coing) quand ce ne sont pas toutes les
boissons à la fois d’un copieux apéritif ! Le maître ou la maîtresse de maison est alors invité à découper sa part de fougasse (d’autant plus importante que sa famille est nombreuse), et il ou
elle dépose ensuite dans la boîte à offrande son obole, qui en s’ajoutant à toutes les autres servira à couvrir les frais occasionnés par cette fête .
Les enfants sont parfois amusés parfois apeurés par cet ogre à l’allure sauvage et au comportement inattendu, mais c’est avec ravissement qu’ils
se joignent au cortège pour suivre toute l’équipe dans les fermes voisines …
Quant aux chiens, qu’ils soient de berger ou de garde (ils assument généralement les deux rôles ici), je les ai toujours vu aussi féroces
soient-ils reculer, même en aboyant, certains manifestant une sacré frousse devant le Pétassou !
La tournée se termine parfois tard dans le nuit, tant sont isolées les fermes dans cette région des Cévenne et Grands Causses … Un bal a lieu au
retour du Pétassou dans la salle des fêtes .
La farandole dans les rues de Trèves le dimanche matin : temps fort du rôle social et symbolique du Pétassou . (Aquarelle extraite du Carnet
d’exploration de l’Aven Noir)
Le lendemain, (le dimanche), a lieu le matin la farandole menée par le Pétassou (dont la vessie accrochée dans son dos au niveau de l'omoplate
gauche n’est aujourd'hui plus celle d’un porc mais de son cousin sauvage le sanglier) sur la place et dans les rues du village, avec la tournée des maisons avoisinantes . Elle avait
traditionnellement lieu après la messe, mais il n’y a plus de messe à Trèves ce jour-là, le seul prêtre disponible du secteur officiant à tour de rôle pour plusieurs paroisses .
Les sympathiques restaurants du village proposent en cette occasion pour les repas de midi et du dîner des menus de circonstance souvent
terminés par des « pérals » (fromages de chèvre), du Roquefort et des oreillettes (savoureux gâteaux de pâte fine, craquante et sucrée cuite dans l’huile) .
Danses traditionnelles du dimanche après-midi à la salle des fêtes : moments de partage de toute la population autour d’un évènement ludique
et joyeux . (Croquis extrait du Carnet d’exploration de l’Aven Noir) L’après-midi marque
les retrouvailles de tous les habitants à la salle des fêtes pour assister à un spectacle, un moment de grande convivialité apprécié tant des grands que des petits fascinés par un retour aux
sources avec des danses folkloriques ou des tours de magie .
Enfin, c’est un grand bal qui clôture en soirée ces deux journées de « voto », occasion pour tous les jeunes des environs de se
rencontrer une fois encore autour du Pétassou .
Je tiens pour terminer cet article à remercier toutes les personnes (citées dans le texte) qui m’ont aidées à approfondir mes sources et à
effectuer ce reportage, à commencer par les habitants de Trèves et la dynamique association des Ganels (mot qui a plusieurs significations en occitan mais veut localement dire « les gens
curieux ») qui perpétue la tradition du Pétassou et a entrepris d’animer le village .
Grâce à elle cette très rare mémoire collective continue de vivre dans nos campagnes, et l’esprit du Pétassou ne cesse de
jouer son rôle protecteur et fédérateur, s’inscrivant ainsi dans les plus intéressantes manifestations culturelles du vivant .
J’ai bien besoin moi aussi en ce moment de la protection et de l’aide du Pétassou ... (Photo Isabelle DONDRILLE )
Ecrire un article et le mettre en ligne depuis certains endroits du Vietnam, n’est pas si évident que cela … Je n’avais pas
eu le temps de poster celui-ci depuis Hanoï, et d’ici, depuis les montagnes du nord, c’est même compliqué!
Pourtant je voulais vous faire partager ces instants si particuliers où l’histoire nous fait de nostalgiques clins d’œil,
au cœur du hourvari des grandes villes .
Ainsi en est-il du pont Long Biên anciennement nommé Paul Doumer (du nom du gouverneur général de l'Indochine, Paul Doumer, fervent amateur de transports ferroviaires) à Hanoï.
Voilà un ouvrage qui pur produit de l’Indochine Française du 19ème siècle est devenu au fil du temps l’un des
monuments auxquels les Hanoïens sont le plus attachés .
Il faut dire qu’il permet de relier en franchissant le Fleuve Rouge, la capitale au Nord Vietnam, et, plus loin au Yunnan
le centre et la gare de Hanoï étantt sur la rive droite du Fleuve Rouge, le pont Long Biên permettant à la voie ferrée de passer sur la rive gauche.
Partie du pont franchissant le
boulevard Au Co entre la gare de Long Bien et le Fleuve Rouge.
Avec une longueur totale de 1682 m, une hauteur de 13,5 m et une profondeur de 30 m, le pont Long Biên fut le premier pont
en acier à enjamber le Fleuve Rouge. Ce pont est caractérisé par ses 19 travées basées sur des poutres en porte-à-faux et par les deux passages piétons de chaque côté de la voie ferrée
centrale.
Il a été construit comme de très nombreuses structures métalliques de l’époque dans le style Eiffel en 1898, les travaux se sont achevés le 28 février 1902, le pont a été mis en service en
1903. À cette époque il était seulement accessible aux vélos, aux trains et aux piétons, les
motos, très nombreuses s’étant rajoutées aujourd’hui.
La rapidité de cette construction est exceptionnelle vu l'éloignement géographique de la France, ce fut donc une véritable prouesse logistique. Il était alors l’un des quatre plus longs ponts du monde et
le plus marquant en Extrême-Orient, un grand symbole de la révolution industrielle imposée en Asie.
Un certain manque d'entretien et surtout les intenses bombardements qu'il a subis de la part des États-Unis lors de la guerre du Viêt Nam, s'ils n'ont jamais pu le détruire définitivement, mais ont considérablement
endommagé sa structure.
C’est dire si l’ouvrage est l’un des plus atypiques et incontournables de la capitale vietnamienne !
Aussi le rendez-vous pictural que nous avons avec lui est-il des plus complexes : traduire son étonnante
silhouette, impressionnant amas de ferraille à la fois complexe et aérien, et la resituer dans le contexte de son environnement bruyant, klaxonnant et pétaradant, puisque le boulevard qu’il
enjambe avant le Fleuve Rouge, est le fidèle reflet de l’incroyable circulation urbaine de cette ville grouillante, vivante au possible, attachante comme nulle autre.La circulation en dessous (et « sur », puisque piétons, vélos et motos y circulent de chaque côté de la
voie ferrée) le pont : une marée motorisée incessante, assourdissante, étourdissante !
C’est donc avec une certaine incrédulité que la plupart d’entre nous s’installe sur le trottoir du boulevard d’Au Co
pinceaux et aquarelles en mains, car à première vue se lancer dans la représentation d’un tel amas de ferraille au milieu d’un bruit assourdissant et de la puanteur des gaz d’échappement, n’est
pas très réjouissant…
Pour ma part, si j’ai amené ici mes amis(es) aquarellistes, c’est pour une approche nouvelle de la réalité,
que je veux ludique, rapide, expressive et créative, car le carnet de voyage tel que je l’entends doit être une fête chargée de symboles et d’accomplissements comme celui de non seulement
dessiner des ponts, mais aussi en créer qui relient les hommes et les femmes, tous les êtres vivants, les objets et les choses qui, parce qu’ils sont différents, font de la diversité du monde la
plus grande des richesses dans le bonheur d’exister .Je dirai que vous êtes formidables, chères et chers amis (es) carnettistes de m’avoir suivi jusqu’ici, et d’avoir essayé avec autant de succès ma méthode
synthétique, informelle et décomplexée, pour réaliser un motif à priori aussi rébarbatif ! Dans un hourvari de poussière, de gaz d’échappement et de bruit, un jour ordinaire sous le pont Paul Doumer de Hanoï… Deux interprétations différentes au hasard du pont Long Biên selon ma « méthode » de travail par des
aquarellistes ne l’ayant jamais essayée auparavant : celles de Marie et d’Elisabeth .
Il m’a fallu beaucoup de temps pour finaliser cette vidéo, et même si elle est réalisée avec les moyens du bord tant aux
prises de vues (extraites de 10 ans de stages et repérages sur place, où je n’avais ni la place ni le temps d’emporter un pied pour stabiliser la caméra, encore moins de soigner mes plans
surtout quand j’étais en charge de mes groupes qui passent avant tout), qu’au montage (où mon ordinateur poussif est au bord de l’asphyxie), je tenais cependant à ne pas en bâcler la charge
symbolique, et j’espère que vous me pardonnerez ses défauts techniques, ses images bougées et le temps où vous avez attendu ce nouvel article .
De la même façon j’ai travaillé de longues heures sur l’arrangement musical, laissant une part significative (générique de fin) à la musique
que m’avait laissé dans le but précisément d’illustrer le désert, mon fils Jean-Sébastien, quelques jours avant sa trop rapide disparition . Aussi c’est à lui que je la dédie en même temps
que je vous l’offre …
Pour voir la vidéo laissez-là se télécharger entièrement avant de lancer la lecture, vous pouvez alors la lire en basse définition et plein
écran si vous le souhaitez .
Mais pour l’avoir en haute définition ouvrez le lien «La musique du désert » (très peu
de perte mais ADSL rapide conseillé : laisser également la vidéo se charger, pour la lire en toute fluidité), ici le plein écran prend toute sa valeur : cliquez sur le bouton « HD » (pour
être en haute définition), puis sur le bouton « Full » du lecteur représenté par 4 petites flèches groupées en bas à droite du lecteur après le curseur de lecture et du volume audio . ("La
musique du désert", vidéo d’Alain MARC)
De retour avec vous pour terminer ce beau voyage dans le Grand Sud Marocain, je vous emmène aujourd’hui jusqu’aux immensités de roches et de sable qui se
dévoilent au voyageur se rendant aux ergs Chebbi et Lihoudi
.
Vous savez combien il m’importe ici de vous offrir des moments que je souhaite de qualité, avec des articles authentiques, (même si leur teneur en est parfois
modeste), des articles qui (en dehors des liens) ne soient pas constitués d’éléments « pêchés » dans d’autres sites ou blogs .
Quoi qu’il en soit, certains d’entre eux me demandent un énorme travail en amont, ils vous font alors attendre un peu leur parution (je suis loin de la cadence
d‘un article par jour !), mais je suis très fier de vous « récompenser » à chaque fois pour votre patience et votre fidélité .
Plutôt que de développer dans ce nouvel article les particularités des Ergs Lihoudi et Chebbi, que d’en illustrer le propos par une peinture sur le motif ou par
la reproduction d’aquarelles figuratives, j’ai préféré vous transmettre quelques réflexions inspirées par le désert de sable à propos de la peinture et du carnet de voyage en général, j’ai
surtout souhaité vous mettre au contact de cette beauté à l’état pur qu’est le désert tel que je l’aime …
En repérages en 2006 avec Pierre et Yolande au sud de M’Hamid . Là, nous sommes ensablés et plutôt en mauvaise posture : si un sympathique
berbère ne nous avait tiré de ce mauvais pas nous y serions encore ! … Comme quoi la peine que je me donne, (parfois des années à l’avance), pour aller préparer sur place et de façon
novatrice mes stages « carnets de voyages » n’est pas toujours récompensée sur le moment . (Photo Alain MARC)
J’avais intitulé cet article « Notre conscience du réel est-elle transformée par l’art ? … ou la musique du désert ? », mais
c’est le sujet du bac philo qui me fait inverser cette phrase, en guise de clin d’œil à tous les enseignants de France et de Navarre .
Nous avions pris, lors de l'avant dernier article de cette série, une journée de repos à Zagora pour nous ressourcer et peindre, l’occasion pour nous de
voir comment exécuter très rapidement et de façon assez libre une petite pochade à l’aquarelle apte à mémoriser un lieu,
une rencontre, un moment de notre voyage .
Dunes à perte de vue dans l’erg Lihoudi … (Photo Alain MARC)
Tout au long de ce périple, notre attention picturale s’est portée sur la réalité du monde telle que nous la percevions, en nous posant sans
cesse la question de savoir comment nous devions le traduire par l’aquarelle :
- soit avec une grande fidélité descriptive (afin que ceux qui voient notre description aillent au plus près de ce que la majorité d’entre-nous perçoit, je
repense au portrait d’Ahmed) - car le voyage (découverte qui nous sort du quotidien) peut déjà en soi être considéré
comme un objet créatif qui « nous ouvre le regard » et que la transcription de cette réalité dans sa compréhension nécessite une fidélité au sujet formel afin de ne pas le trahir et
en rapporter la vision la plus « objective » possible permettant de l’identifier ou de l’imaginer facilement en conservant dans son authenticité cette « ouverture du
regard » - ,
Kaïmas du bivouac du Fort Bou Jérif automne 2006, travail descriptif . (Aquarelle Alain MARC)
Kaïmas du campement dans l’erg Lihoudi, stage Grand sud printemps 2005, (la tente caïdale blanche était notre atelier en
cas de tempête de sable) . (Photo Alain MARC)
- soit avec notre liberté d’expression et notre sensibilité créative (plus conforme à notre affect, à notre perception intuitive, à notre
puissance imaginative ou à nos référents culturels et artistiques), traduisant du sujet l’interprétation que nous en avons individuellement ou la lecture que nous en percevons (par exemple
avec mes différentes interprétations d’Aït-Ben-Addou).
Mon attitude face à ce dilemme a toujours été soit d’en effectuer les deux
approches (si l’une ne devait pas nuire à l’autre), soit de privilégier l’approche informelle et intuitive lorsqu’il
est possible de la compléter par des éléments descriptifs, soit d’utiliser une expression de synthèse qui sans trop
s’éloigner du formel s’affranchit de détails ou de lourdeurs inutiles afin d’être plus proche de l’atmosphère d’un lieu, du caractère d’un personnage, de l’esprit d’une scène, de l’importance
d’un moment éphémère .
Aquarelles généralement synthétisées, réalisées par les participants (tes) au stage Grand Sud Maroc 2007 . (Photo Alain
MARC)
On y parvient mieux dans ce dernier cas en se mettant à « l’écoute du vivant » par une attention, (déjà Ptit’Jo avait compris l’importance de cette démarche lors de sa découverte du désert au cours de son premier voyage dans le Grand
Sud), un éveil de tous les instants, et une compréhension de la lumière, des formes et des couleurs où notre éducation du regard et notre réceptivité jouent un grand rôle, mais aussi par la
liberté qu’on va bien vouloir s’accorder dans l’expression, dès l’instant où nous dépassons les contraintes techniques, environnementales ou conjoncturelles (celles de la rapidité d’exécution
faisant partie des difficultés à maîtriser pour une plus grande force d’expression) .
S’il n’est pas très écolo, le 4 x 4 possède au moins un immense avantage pour l’aquarelliste : il permet de peindre
en servant d’abri en cas de vent de sable ! (Photo Alain MARC)
« Sable soulevé par le vent devant une dune » , aquarelle de synthèse . (Aquarelle Alain MARC)
Avec ce nouvel article, nous entrons aujourd’hui dans une dimension complémentaire aux précédentes, de l’expression carnettiste :
l’expression informelle, qui allant à l’essence des choses par notre intériorité, n’exclut en rien la puissance évocatrice du réel sur lequel elle repose, et lui reste fidèle dans l’esprit,
sublimant même sa dimension émotionnelle .
Nous rejoignons en cela le sujet de philosophie du bac 2008 « L'art transforme-t-il notre conscience du réel ? », j’ai même été étonné de voir ce
sujet apparaître au moment où cet article était presque terminé alors que la vidéo ci-dessus était en cours de finalisation !
Il faut dire que le sujet est aussi passionnant qu’on soit esthète ou artiste, simple « consommateur » d’art ou créateur soi-même, quand ce n’est pas
les deux à la fois !
« Dans les vagues de sable » . Aquarelle informelle .(Aquarelle Alain MARC)
« Les œuvres d’art, qu’elles soient figuratives ou abstraites, sont des créations qui se superposent aux êtres et aux
choses, sans avoir la même réalité que celle qu’on attribue au monde » : certes oui si on n’en considère que l’objet, mais leur pouvoir de véhiculer une certaine dimension de cette réalité
permet d’en prendre conscience de façon différente et complémentaire, en même temps qu’elles donnent au monde une existence inaccoutumée, une qualité supérieure, le métamorphosant même
parfois à l’état de merveille, le rendant quoi qu’il en soit plus intelligible .
Dans les grandes dunes de Chigaga … (Photo Alain MARC)
En nous montrant que l’art nous fait prendre conscience d’une réalité supérieure à celle que nous avons l’habitude de ne plus regarder,
l’évidence dans laquelle est engagé tout individu en démarche créative (aussi bien que tout voyageur - dans « démarche » il y a « marche » -), l’amène à constater (allez
voir ce qu’en pensait Nietzsche) que c’est par l’art qu’on prend « conscience que la réalité est elle-même une œuvre
à laquelle chacun doit participer » … Alors que dire si on est voyageur et artiste en même temps, cela, sous un aspect trivial, « nous crève les yeux » !
Notre carnet et voyage, en devenant « morceau de mémoire », rend plus réelle et intemporelle l’éphémère durée du voyage en éternisant les êtres et les
choses que nous y avons rencontrés . Il rend même permanents nos souvenirs et notre propre existence à travers sa réalisation alors que nous ne sommes que poussière traversant la vie .
Peu importe sa qualité graphique ou plastique car c’est l’acte lui-même qui compte : c’est de l’acte que naît la beauté et non de la seule contemplation du
monde dès l’instant où le regard s’approprie la beauté du monde pour mieux la partager ou la transcender (il y a beaucoup à dire aussi au sujet de « la beauté » - autre sujet de
philo -, j’y reviendrai un autre jour) .
En croquis sur le motif avec les chameliers de l’erg Chébbi .
Ainsi, comme à travers nombre d’engagements basés sur le partage, on peut faire de sa vie une œuvre d’art .
Bien sur, si une excellente maîtrise s’ajoute à une plénitude d’expression accomplie, l’acte artistique n’en sera que plus porteur des valeurs qu’il diffuse
.
Mais la première des nécessités pour comprendre l’importance de cette prise de conscience est de ne pas croire que l’art est un simple divertissement sans
influence décisive sur notre conscience du monde . De ne pas croire non plus que la suffisance de notre intelligence, de nos acquis et certitudes autant de nos biens matériels peut répondre à
toutes les questions de notre existence .
Être toujours à l’écoute, en éveil, toujours en aptitude d’apprentissage, avec amour pour nos semblables et humilité me parait être l’indispensable consigne de
vie pour qui veut en transmettre des éléments essentiels, à plus forte raison si notre position sociale nous distingue de nos semblables par les recours ou les références qu’elle produit . Le
cas du peintre voyageur n’échappe pas à cet exemple …
Se laisser absorber par la beauté des éléments, y laisser nos traces, n’est-ce pas déjà créer une œuvre éphémère qui
nous englobe et dans laquelle nous sommes acteurs ? (Photo Alain MARC)
Pour qui est sensible aux milieux naturels c’est dans le désert, les forêts sauvages, en haute montagne, en haute mer, dans les profondeurs
de la terre que se trouvent les réponses à ces questions .
Et le désert me direz- vous ?
- C’est en vous parlant de l’art et de notre conscience du réel que je vous ai parlé du désert .
S’il y a des mirages dans le désert, c’est parce que le réel y est différent, que notre conscience de la réalité doit y faire un apprentissage différent de la
beauté .
Deux petits points dans l’océan de sable : aquarellistes lovés au creux d’une dune saisissent de bon matin les premiers
rayons de soleil léchant le désert … (Photo Alain MARC)
Il n’y a rien de plus éphémère et de plus permanant qu’une dune .
Hors, non seulement les dunes se déplacent sous l’effet du vent, mais leur forme, leur couleur, évoluent sans cesse selon les conditions météo, la lumière, et
la position du soleil ou de la lune …
Les dunes, ce sont un peu les nuages de la terre . Parfois dans les tempêtes de sable ils rejoignent même ceux du ciel pour aller jusqu’au cœur de l’Afrique
avec le vent de l’harmattan .
C’est pour cela que je privilégie pour le désert l’expression informelle, trouvant que nulle représentation n’est assez forte pour le traduire et l’évoquer
.
Petit jour sur l’Erg Chebbi : l’incroyable beauté des dunes de Merzouga . (Photo Alain MARC)
Lever de soleil dans les dunes de Chigaga … (Photo Alain MARC)
« Hamada du Drâa », la peinture informelle qui a servi de trame à la vidéo ci-dessus : encres, aquarelle et acrylique . (Technique
mixte sur papier, Alain MARC)
Trouvant que seule sa musicalité est significative des beautés qu’il révèle à qui veut bien se donner la peine d’aller les chercher … Sans doute la musique et
la poésie sont-elles aptes plus que la peinture à restituer l’abstraction du désert à travers les émotions et les sentiments qu’il nous procure .
Alors je préfère, moi qui ne suis pas un homme du désert, qui ne sais rien de l’adaptation à cet univers de rigueur et de beauté au quotidien, laisser la
conclusion de cet article et de notre voyage pictural dans le Grand Sud Marocain à Fati, fille du désert, poète méconnue des grands espaces et des verdoyantes oasis qui nous écrit depuis le
bord des rives du Drâa (confirmant en cela dans son poème de façon très simple par un constat d'amour né de son contact permanent avec le désert, que la réalité est elle-même
une œuvre à laquelle chacun doit participer) :
«J’aime la magie des lumières du grand sud,
J’aime les caresses du souffle chaud, dans le climat aride,
J’aime la tendresse de l'aurore dans le désert,
J’aime la lune, dans ses apparitions les plus claires,
J’aime la majesté du soleil, qui prépare son coucher,
J’aime le rugissement du vent dans les rochers,
J’aime le déferlement des vagues contre les falaises,
J’aime ces regards troublants qui provoquent le malaise,
J’aime ce silence paisible lorsqu'il vient m'enlacer,
J’aime les étoiles aux yeux des enfants qui passaient,
J’aime les chants des oiseaux au petit matin,
J’aime ces fleurs épanouies, qui exhalent leurs parfums,
J’aime ces discussions surréalistes d'après minuit,
J’aime cette présence qui vient hanter mes nuits ! »
Lever de soleil sur l’erg Lihoudi . (Photo Alain MARC)
« Vagues de sable », peinture informelle : encres, aquarelle et acrylique . (Technique mixte sur papier, Alain
MARC)
«TOUENTOU, FILLE DU FEU» sur France 5
Je vous en avais averti un peu tard samedi, mais c’était mieux que jamais ...
Pour celles et ceux qui n’ont pu venir avec nous au carnet du voyage «Yunnan Intime», dont la thématique était consacrée aux minorités ethniques de cette splendide
province chinoise, le documentaire «TOUENTOU, FILLE DU FEU» a été rediffusé
sur France 5 samedi 7 novembre à 21 h 30 .
Pour en savoir plus je vous recommande d’aller sur le site de France 5 voir la présentation par Isabelle Ducrocq de ce film (écrit et réalisé par Patrick Profit, un talentueux réalisateur spécialiste de ce type de documentaire) .
Vous y découvrirez la vie de Touentou, une jeune femme Mosso, appartenant à ce peuple des rives du lac Lugu, aux confins du Yunnan, où la société est régie par les
règles du matriarcat .
Notre petit bus sur la piste (qui sera bientôt une
belle route) nous menant au petit village de Whang, en territoire Mosso .(Photo Alain MARC extraite du film à venir «Yunnan Intime, carnet de voyage»)
Les Mossos sont environ 30 000 et vivent encore de l'agriculture et de la pêche, mais l'ouverture de leur territoire au tourisme leur offre de nouvelles
perspectives où chacun lorsqu'il a la chance de se trouver sur ces routes providentielles peu apporter son talent, ses bras et sa contribution, les revenus étant redistribués au sein de la
famille et de la communauté . Cette rencontre avec Touentou, mère de deux enfants, illustre bien une telle existence (comme nous l’avons en partie découverte avec notre petite guide locale Wang)
partagée entre les travaux à la ferme une partie de l'année et comme femme de chambre dans un hôtel sur les bords du lac Lugu (Wang bénéficie d’un sort un peu plus appréciable, en percevant ses
honoraires et pourboires de «guide») .
La particularité du peuple Mosso vient de leur organisation sociale, qui est fondée sur le matriarcat . Ce sont les femmes qui sont au centre de la société et de la
cellule familiale, et si le mariage n'est pas reconnu, les couples ne sont pas régis sur un rapport de domination .
L’une de nos pirogues dans la traversée du lac
Lugu vers l’île sacrée du temple Liwubi . .(Photo Alain MARC extraite du film à venir «Yunnan Intime, carnet de voyage»)
Nous étions donc sur place il y a à peine plus de 15 jours et ce fut l’un des temps forts de ce stage, Wang nous ayant invitée à
partager le déjeuner Mosso traditionnel chez sa grand-mère . Dans leur ancienne maison de bois, sur les grandioses rives du lac Lugu, auprès du foyer central, elles eurent même la patience et la
gentillesse de pauser pour nous . Quant à Wang, je peux vous assurer que c’est une femmejeune, mais une … femme de caractère !!!
Auprès de l’âtre autour duquel nous avons mangé,
dans la pénombre de la maison familiale, Wang et sa grand-mère posent pour nous dans leur habituel et superbe habit traditionnel . (Photo Alain MARC extraite du film à venir «Yunnan Intime,
carnet de voyage»)
Je reviendrai dans l’hiver sur les travaux
réalisés cette journée-là, en particulier sur mon propre travail avec une nouvelle rubrique de ce blog, mais pour l’instant je vous laisse découvrir cette image extraite du futur film de notre
stage carnet de voyage, c’est Wang et sa grand-mère en cours de réalisation (voir photo ci-dessus, merci Antoine pour la vidéo de cette séquence, et merci FU pour avoir favorisé cette belle
rencontre) .
Il n’empêche, nous ramenons de la rencontre avec les Mosso, de l’accueil chez la grand-mère de Wang, de la traversée en pirogue, de l’île du temple Liwubi, des
balades au bord du lac, de la fascinante danse nocturne « du feu », enfin de ce petit bout de Chine, l’impression étrange et indéfinissable d’avoir vécu quelques jours dans un vrai coin de
paradis …
Je vous reparlerai plus tard de ces quelques semaines de stage et des magnifiques carnets de voyages qui en sont nés . Pour aujourd’hui, je vous laisse découvrir
Touentou et sa vie au bord d’un lac aux eaux toujours transparentes et bleues …
Je vous laisse rêver au lac Lugu en vous offrant cette photo réalisée sur ses rives, qui donne une bonne idée du
paysage merveilleux où vivent les Mosso … (Photo Alain MARC)