Le passage à la meule des amandes d’arganier .
Voici venu le moment tant attendu où l’huile d’argan commence à exister (en partie) grâce à la meule de pierre appelée « azerg’n tîznin » avec laquelle on va moudre les tiznin (amandes) . Travail de force non négligeable, car pendant qu’on introduit les amandes d’une main dans le conduit central de la meule (ouverture traversant la pierre à cet effet), il faut de l’autre main faire tourner la partie supérieure de la meule avec le manche de bois, ce qui devient vite fatiguant .
J’ai toujours été ému et émerveillé par le patient et ingénieux travail de ces femmes qui participent depuis la nuit des temps à l’équilibre et à la nourriture de leur foyer, à travers l’élaboration de cette huile si précieuse qui nous est restée inconnue si longtemps . (Aquarelle Alain MARC 21 x 29,7 cm)
On dispose en dessous de la meule qui est légèrement surélevée un plat de terre spécial, le « tazlaft’n yîzmi », muni d’un conduit qui servira plus tard à verser l’huile dans les récipients à filtres destinés à la récupérer . Mais nous n’en sommes pas encore là, car toutes les opérations ne sont pas encore terminées .
Effectivement, ce n’est pas de l’huile mais une sorte de pâte nommée amlû qui sort de la meule et s’écoule dans le tazlaft’n yîzmi !
Ma réponse : - généralement et chaque fois que je le peux je fais mes aquarelles sur le motif, surtout si je veux traduire une atmosphère qui lui est intimement liée . Il m'arrive aussi très souvent de faire sur le motif (ou tout à côté si je ne peux plus le voir car il a disparu - animaux, scènes fugaces -) une aquarelle très synthétique ou "abstraite" qui se détache complètement de la réalité en essayant d'en conserver "l'essence", (l'âme ou l'esprit en quelque sorte), ou bien à partir de la vision qu'il m'en reste en mémoire lorsque cette réalité a été forte et surtout très prégnante (exemple mes aquarelles de vol libre) .
Dans le cas qui nous intéresse ici, où j'avais peu de temps pour faire un travail élaboré, je te réponds "les deux", puisqu'un (ou plusieurs) croquis ont été réalisés sur le motif, généralement en prise de notes rapides (car je n'avais le temps de peindre entièrement plus d'un ou deux sujets) et terminés ou recommencés ensuite grâce à ces prises de notes .
C'est à partir de ces croquis que j'ai réalisé les motifs de ces femmes travaillant pour la fabrication de l'huile d'argan : directement (mais un peu plus tard comme je l'explique) en peignant sur les croquis eux-mêmes, ou bien carrément recommencés et peints sur une autre feuille dès que j'ai 5 mn et que ma mémoire de la scène est encore vivace .
Lorsque j'ai un tout petit peu plus de temps je mets en place les couleurs les plus importantes (celles qui sont déterminantes pour la compréhension, la mise en valeur ou l'impact visuel du sujet), et je laisse le reste du croquis inachevé, comme dans l'ébauche du village de Coubisou .
Quand je n'ai pratiquement pas de temps du tout, je travaille d'après photos, mais le résultat est toujours moins spontané .
Le plus important quand on débute ce genre d'approche sur le motif est d'évaluer au premier contact avec le sujet le temps qu'il va nous falloir pour le traiter dans tous les cas de figure :
- en aquarelle "aboutie",
- en croquis aquarellé (ou aquarelle rehaussée si on est bon dans cette expression),
- en croquis et prise de notes,
- en prise de notes sommaire seule .
Il faut alors du premier coup d'oeil voir dans quel type de travail s'engager si on veut être efficace .
Il est souvent préférable de faire plusieurs croquis aquarellés ou prises de notes qu'une seule aquarelle aboutie, mais ce choix dépend de chacun, et le contexte de travail autant que la nature du motif, (son importance ou non dans une démarche globale par exemple), sont déterminants .
Dans le cas de l'aquarelle qui nous concerne ici, j'ai travaillé d'après le croquis ci-dessous, d'autant plus qu'il me fallait "recomposer" la scène, (des sacs très gênants cachaient le tri des noix, et on ne comprenait rien à ce qu'elle faisait) :
La plupart des aquarelles des prochains articles sont faites ainsi sauf une entièrement faite sur le vif .
Quand on fait cela, il faut sans arrêt penser à noter les couleurs et les ombres ne serait-ce que par des hachures .
L'habitude et l'expérience permettent de terminer "en aveugle" par la suite, en ne se trompant que très peu par rapport aux couleurs, au modelé et à la lumière .
Je préciserai plus tard comment réussir une "prise de notes" ce qui fait progresser, tout en cultivant sa mémoire ...